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colnetcompterendujournaldopposition [2017/08/25 15:55] – créée Nicolas Leblanccolnetcompterendujournaldopposition [2017/08/25 18:00] Nicolas Leblanc
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 ===== Présentation de l’œuvre ===== ===== Présentation de l’œuvre =====
-Propriété du satirique royaliste Colnet du Ravel, le //Journal de l'opposition// publie en 1800 une recension positive de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, les prenant parfois à parti. Selon lui, l'oeuvre réunit tant de beautés qu'elle ne peut qu'emporter l'adhésion   +Propriété du satirique royaliste Colnet du Ravel, le //Journal de l'opposition// publie en 1800 une **recension positive** de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, prenant parfois ceux-ci à parti. Selon lui, l'harmonie, l'élégance, les contrastes, le style et les images de la poésie dellilienne produisent un tel enchantement qu'elles rachètent amplement les défauts liés au plan, aux descriptions ou aux épisodes    
  
 ===== Les raisons d'un triomphe  ===== ===== Les raisons d'un triomphe  =====
  
-Colnet débute son article en revenant sur le succès inouï que connaît //L'Homme des champs//. L'ouvrage de Delille plaît ainsi aussi bien aux lettrés qu'aux amatrices de madrigaux galants, et touche toutes les tranches d'âge : +Colnet débute son article en revenant sur le succès inouï que connaît //L'Homme des champs//. L'ouvrage de Delille plaît selon lui à un public très large. Il attire aussi bien les lettrés que les amatrices de madrigaux galants, et touche toutes les tranches d'âge : 
  
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 \\ <tab> Depuis douze ans, la poésie française est en proie à de misérables écoliers, qui, réunis dans leur lycées, fatiguent ceux qui les entendent de leurs insipides productions. Les règles du bon goût méconnues, les principes posés par nos grands maîtres audacieusement violés, le bon sens et la raison outragés, voilà ce que nous présentent les ouvrages publiés par ces apprentis versificateurs. Depuis douze ans, c'est-à-dire, depuis l'origine d'une révolution qui a réduit les Muses françaises au silence, nous soupirions après de bons vers, qui nous rappelassent le tems où notre langue étoit celle des poëtes et des dieux. Les Géorgiques françaises ont paru, et elles ont été pour nous ce qu'après une sécheresse brillante, fut, pour l'agriculteur impatient, la pluie bienfaisante qui fertilisa ses champs [(//Ibid.//, p. 287-88.)]    \\ <tab> Depuis douze ans, la poésie française est en proie à de misérables écoliers, qui, réunis dans leur lycées, fatiguent ceux qui les entendent de leurs insipides productions. Les règles du bon goût méconnues, les principes posés par nos grands maîtres audacieusement violés, le bon sens et la raison outragés, voilà ce que nous présentent les ouvrages publiés par ces apprentis versificateurs. Depuis douze ans, c'est-à-dire, depuis l'origine d'une révolution qui a réduit les Muses françaises au silence, nous soupirions après de bons vers, qui nous rappelassent le tems où notre langue étoit celle des poëtes et des dieux. Les Géorgiques françaises ont paru, et elles ont été pour nous ce qu'après une sécheresse brillante, fut, pour l'agriculteur impatient, la pluie bienfaisante qui fertilisa ses champs [(//Ibid.//, p. 287-88.)]   
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 +  * **La sympathie pour la personne de Delille**
 +L'autre raison du tirage exceptionnel de //L'Homme des champs// réside selon Colnet dans l'affection qu'ont les français pour Delille, dont l'exil n'a fait qu'augmenter le capital sympathie. Colnet interprète la réussite de //L'Homme des champs// en termes politiques, car soutenir Delille, c'est s'opposer au pouvoir actuel et à l'Institut :
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 +\\ <tab> Une autre cause paroît avoir contribué au succès des Géorgiques. M. l'abbé Delille est généralement aimé; tout ce qu'il a souffert depuis quelques années, le fait encore aimer davantage. Il semble qu'on veuille le venger d'un exil qui ne flétrit que ses proscripteurs. Enfin, l'horreur et le mépris qu'inspire les littérateurs de l'Institut, semblent ajouter à cette affection universelle[(//Ibid.//, p. 288.)]   
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 +===== La critique du chant III  =====
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 +Lorsqu'il aborde le troisième chant, Colnet commence comme il en a l'habitude par pointer quelques défauts. À l'en croire, Delille s'y est montré quelque peu négligent en matière de versification. Les mêmes rimes reviennent trop souvent et c'est selon Colnet un signe de la méthode de composition disparate de l'auteur. Un peu à la manière de Chaussard, le critique aligne un nombre impressionnant d'exemples pour étayer ses dires :
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 +\\ <tab> C'est en partie à cet isolement des différents tableaux, qu'il faut attribuer les nombreuses négligences dont ce poëme fourmille. Le troisième chant est celui qui prête le plus à la censure, par les répétitions des mêmes rimes, que l'on rencontre à chaque instant. Il est vrai que les auteurs anglais,
 + dont la langue est beaucoup plus riche que la nôtre, se permettent ces répétitions, sans choquer leurs lecteurs; mais chez nous, on les impute à la pauvreté de l'écrivain. Qui croiroit donc que, dans un petit nombre de vers, M. l'abbé Delille ait pu rapprocher des autres ceux que je vais citer [(//Ibid.//, p. 300-301.)]   
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