boulardtraductioninterlineaire

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boulardtraductioninterlineaire [2017/04/03 11:12] – créée Franziska Blaserboulardtraductioninterlineaire [2022/08/15 21:33] – [Présentation d'ensemble] Morgane Tironi
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 ====== Boulard, Essai de traduction interlinéaire ====== ====== Boulard, Essai de traduction interlinéaire ======
  
-===== Présentation de l’œuvre =====+===== Présentation d'ensemble =====
  
-... (//Essai de traduction interlinéaire//1802). +Dans son //Essai de traduction interlinéaire des cinq langues, hollandaise, allemande, danoise, suédoise, et hébraïque// (1802), [[boulard|Boulard]] présente divers textes étrangers, accompagnés d'une **traduction mot à mot en français, intercalée entre chaque vers**Son projet est essentiellement **didactique**, comme il l'indique au seuil de son avertissement\ :
-===== Citation =====+
  
-Avant de présenter +<WRAP round box 60%> 
 +L'utilité de l'étude soit des langues étrangères, soit des langues anciennes, est généralement reconnue. Il est donc nécessaire de faciliter les moyens d'acquérir ce genre de connaissances. Ce motif m'a incité à rassembler et publier plusieurs traductions de différentes langues[(Antoine-Marie-Henri Boulard, //Essai de traduction interlinéaire des cinq langues, hollandaise, allemande, danoise, suédoise, et hébraïque//, Paris, Fuchs, 1802, p.v.)]. 
 +</WRAP>
  
-Le vers "Et voulez-vous encore embellir le voyage?" p+L'ouvrage articule six sections :
  
-\\ <WRAP round box 60%> +  * les //Distiques de Caton// sont donnés en vers latinpuis français et enfin hollandais, ces derniers seuls faisant l'objet d'une glose interlinéaire en français
-Quoi! les humbles tribusle peuple immense d’herbes +  * la **traduction allemande de //L'Homme des champs//** par [[muellerderlandmann|Müller]] (1801) est à son tour reproduitedépourvue de tout paratexte en prose et avec une traduction interlinéaire qui ne restitue pas l'originalmais propose en français un mot à mot du texte allemand; 
-\\ Qu’effleure l’ignorant de ses regards superbes, +  * une traduction danoise des //Fables// de Lessingdonnée là encore sans l'original allemandet glosée en françaisest curieusement intercalée entre le premier chant du texte de Delille et les trois suivants 
-\\ N’ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ? +  une traduction suédoise des odes d'Anacréon prend la suite du poème de Delilleavecde nouveau, uniquement la version suédoise et sa glose interlinéaire en français 
-\\ Le même Dieu créa la mousse et l’univers. +  * puis les //Conseils d'un père à son fils// de Muret sont proposés en vers françaislatins et allemands – ces derniers seuls faisant l'objet du mot-à-mot\ ; 
-\\ De leurs secrets pouvoirs connoissez les mystères, +  * enfinplusieurs psaumes et cantiques en hébreux font l'objet d'une glose française. 
-\\ Leurs utiles vertus, leurs poisons salutaires: + 
-\\ Par eux autour de vous rien n’est inhabité, +===== Remarques générales sur L'homme des champs ===== 
-\\ Et même le désert n’est jamais sans beauté. + 
-\\ Souvent pour visiter leurs riantes peuplades, +Dans l'avertissement initialBoulard rappelle que "la traduction de l'//Homme des champs// en vers iambes […] a paru à Lepisick, chez //Linke//, en 1801[(//Ib.//p.!!vi!!.)]". Il la juge "en généraltrès-fidelle. Le nombre des vers est à peu près le même que dans le poème originaldont le premier chant contient 786 versle second 704, le troisième 650, et le quatrième 502[(//Ibid.//)]"
-\\ Vous dirigez vers eux vos douces promenades************** + 
-\\ Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli, +Puis il justifie ainsi la place accordée au poème de Delille\ : 
-\\ Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli. + 
-\\  +<WRAP round box 60%> 
-\\ <tab>Et voulez-vous encore embellir le voyage ? +Ce poème, malgré ses imperfections, est encore l'un des plus beaux monuments de notre poésie dans le genre didactiqueL'auteur y excelle dans la partie descriptive; et la partie morale lui fait honneur. J'engage à relire les vers contre l'usage de jouer la comédie en société, le bel éloge d'un bon curéles vers contre le suicide et les prostituéesdans le quatrième chantenfin [les] excellents Conseilsqui sont vers la fin du premier chant [et] le morceau sur l'apothicairerie des maisons de campagne[(//Ibid.// Boulard renvoie ainsi à des segments des chants 1 et 4.)].
-\\ Qu’une troupe d’amis avec vous le partage ; +
-\\ La peine est plus légère et le plaisir plus doux : +
-\\ Le jour vient, et la troupe arrive au rendez-vous. +
-\\ Ce ne sont point ici de ces guerres barbares +
-\\ Où les accents du cor et le bruit des fanfares +
-\\ Épouvantent de loin les hôtes des forêts ; +
-\\ Paissezjeunes chevreuilssous vos ombrages frais +
-\\ Oiseauxne craignez rien : ces chasses innocentes +
-\\ Ont pour objets les fleurs, les arbres, et les plantes +
-\\ Et des prés et des bois, et des champs et des monts, +
-\\ Le porte-feuille avide attend déjà les dons. +
-\\ On part : l’air du matin, la fraîcheur de l’aurore +
-\\ Appellent à l’envi les disciples de Flore. +
-\\ Jussieu marche à leur tête ; il parcourt avec eux +
-\\ Du règne végétal les nourrissons nombreux : +
-\\ Pour tenter son savoir quelquefois leur malice +
-\\ De plusieurs végétaux compose un tout factice ; +
-\\ Le sage l’apperçoitsourit avec bonté, +
-\\ Et rend à chaque plant son débris emprunté +
-\\ Chacun dans sa recherche à l’envi se signale ; +
-\\ Étaminepistilet corolle, et pétale, +
-\\ On interroge toutParmi ces végétaux +
-\\ Les uns vous sont connus, d’autres vous sont nouveaux +
-\\ Vous voyez les premiers avec reconnoissance, +
-\\ Vous voyez les seconds des yeux de l’espérance ; +
-\\ L’un est un vieil ami qu’on aime à retrouver, +
-\\ L’autre est un inconnu que l’on doit éprouver. +
-\\ Et quel plaisir encor lorsque des objets rares, +
-\\ Dont le sol, le climatet le ciel sont avares, +
-\\ Rendus par votre attente encor plus précieux, +
-\\ Par un heureux hasard se montrent à vos yeux ! +
-\\ Voyez quand la pervenche, en nos champs ignorée, +
-\\ Offre à Rousseau sa fleur si long-temps désirée ; +
-\\ La pervenche, grand Dieu ! la pervenche ! Soudain +
-\\ Il la couve des yeux, il y porte la main, +
-\\ Saisit sa douce proie : avec moins de tendresse +
-\\ L’amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse.+
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 +Après ces louanges, Boulard formule toutefois une série de remarques plus critiques\ : il ne faudrait pas "louer et citer" autant Rousseau, puisqu'on a fait "des reproches bien graves à ce philosophe moderne[(//Id.//, p. !!vii!!.)]", qui n'a rien d'un modèle de bienfaisance ; le portrait railleur du maître d'école sous-estime le rôle important des enseignants ; la description de Paris est trop sombre, la capitale étant également le berceau des talents et un lieu de charité. En conclusion, Boulard motive ces réserves, concentrées sur certains vers, en expliquant\ :
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 +Je crois entrer dans les vues bienfaisantes de notre illustre poète, en avertissant du mauvais usage que malheureusement on peut faire de ces passages, où la précision des vers et la marche rapide de la poésie, ne lui ont pas permis de développer assez ses idées. Chaque vers d'un poète supérieur peut avoir une grande influence, et j'espère qu'il voudra bien regarder comme
 +une marque d'estime et de respect, la liberté que je prends de lui exposer ici ces réflexions. Ce poète célèbre a la gloire de n'avoir jamais rien écrit ni contre la religion, ni contre les mœurs, ni contre aucun individu[(//Id.//, p. !!viii-ix!!.)]. 
 +</WRAP>
 +
 +Il ressort clairement de ces considérations que la visée pédagogique de la compilation est autant linguistique que **morale**. Mais cet éloge du caractère de Delille est aussi à rapprocher de la polémique qui a commencé à faire rage, dès 1802, sur la publication prochaine de //La Pitié//, poème où une partie de la critique accusait Delille, alors toujours exilé à Londres, de traîtrise envers la Révolution et sa patrie. Cette **dimension défensive** est confirmée par le contenu du dernier des trois petits poèmes de son cru que Boulard place à la fin de son avertissement[(//Id.//, p. !!xii!!.)]. Le poète y est présenté comme un des fleurons de l'ancienne Université, désormais désorganisée\ :
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 +{{::boulard1.png?500|}}
  
 +===== Exemple de mise en page =====
  
 +Voici la manière dont se présente la fin du passage sur le **grain de marbre** du chant 3[(//Id.//, p. 204.)]\ :
  
-\\ Vers concernés [[chant3#v407|chant 3, vers 395-444]].+{{::boulard2.png?500|}}
  
  
 ===== Liens externes ===== ===== Liens externes =====
  
-Accès à la numérisation du texte : [[ http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6117038b?rk=128756;0|Gallica]].+  * Accès à la numérisation du texte : [[https://books.google.fr/books?id=w30QAAAAIAAJ&printsec=frontcover&dq=intitle:essai+intitle:de+intitle:traduction+intitle:interlinéaire&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjYs6KI9rDTAhVGK8AKHRYwCJoQ6AEIMzAC#v=onepage&q&f=false|GoogleBooks]].
  
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-Auteur de la page --- //[[franziska.blaser@stud.unibas.ch|Franziska Blaser]] 2017/04/03 09:35//+Auteurs de la page --- //[[franziska.blaser@stud.unibas.ch|Franziska Blaser]] 2017/04/03 09:35// et //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2019/06/09 16:19//