gourmontculture

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gourmontculture [2017/02/17 19:26] – [Présentation de l'œuvre] Hugues Marchalgourmontculture [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-//La Culture des idées// est un essai publié en 1900 par Remy de Gourmont, qui y propose une série d'études sur la création littéraire. //L'Homme des champs// est cité dans la première section, "Du style ou de l'écriture", où Gourmont dialogue avec un manuel pédagogique d'Albalat, //L'Art d'écrire enseigné en vingt leçon//.+//La Culture des idées// est un essai publié en 1900 par [[gourmont|Remy de Gourmont]], qui y propose une série d'études sur la création littéraire. //L'Homme des champs// est cité dans la première section, "Du style ou de l'écriture", où Gourmont dialogue avec un manuel pédagogique récent, //L'Art d'écrire enseigné en vingt leçons//, d'Albalat.
  
-Gourmont commence par ironiser sur l'ambition générale du projet. Valable à l'école mais non pour la création, le bien-écrire d'Albalat pourrait n'être qu'une autre "façon d'écrire très mal" car, chez les écrivains, le "travail d'écrire échappe [et doit échapper] en grande partie à l'autorité de la conscience[(Remy de Gourmont, //La Culture des idées//, Paris, Mercure de France, 1900, p.17-18)]". Puis Gourmont reconnaît à l'ouvrage des vertus: à défaut de former de grands écrivains, sa lecture pourra du moins enseigner comment écrire moins mal, et "le détail est excellent[(Id., p. 21)]". C'est dans ce contexte qu'après avoir notamment loué les pages qu'Albalat consacre aux clichés, Gourmont aborde les **périphrases**, "curieuse tendance des hommes à remplacer par une description le mot qui est le signe de la chose alléguée[(Id., p. 31)]"qui, pour le critique, aurait mérité de la part d'Albalat de plus ambles développements.+Gourmont commence par ironiser sur l'ambition générale du projet. Valable à l'école mais non pour la création, le bien-écrire d'Albalat pourrait n'être qu'une autre "façon d'écrire très mal" car, chez les écrivains, le "travail d'écrire échappe [et doit échapper] en grande partie à l'autorité de la conscience[(Remy de Gourmont, //La Culture des idées//, Paris, Mercure de France, 1900, p.(nbsp)17-18.)]". Puis Gourmont reconnaît à l'ouvrage des vertus(nbsp): à défaut de former de grands écrivains, sa lecture pourra du moins enseigner comment écrire moins mal, et "le détail est excellent[(Id., p. 21)]". C'est dans ce contexte qu'après avoir notamment loué les pages qu'Albalat consacre aux clichés, Gourmont aborde les **périphrases**, "curieuse tendance des hommes à remplacer par une description le mot qui est le signe de la chose alléguée[(Id., p. 31)]" et pratique qui, pour le critique, aurait mérité de la part d'Albalat de plus amples développements.
  
      
 ===== Citation ===== ===== Citation =====
  
-Gourmont n'attaque pas la périphrase en elle-même: il y voit au contraire une **marque fondamentale de la poésie**. Il dénonce en revanche son emploi par les poètes "didactiques" de la fin du XVIII/^e^/ siècle et cite rapidement Lebrun, avant d'emprunter à Delille une série d'exemples qu'il présente les preuves de son piètre talent. Mais les dernières lignes nuancent cette accusation d'**impuissance** créatrice: elles invitent les lecteurs à apprécier le poème.+Gourmont n'attaque pas la périphrase en elle-même(nbsp): il y voit au contraire une **marque fondamentale de la poésie**. Il dénonce en revanche son emploi par les poètes "didactiques" de la fin du XVIII/^e^/ siècle et cite rapidement Lebrun, avant d'emprunter à Delille une série d'exemples qu'il présente comme des preuves de son piètre talent. 
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 +Mais les dernières lignes nuancent cette accusation d'**impuissance** créatrice: elles invitent les lecteurs à apprécier le poème[(Revenant à Delille dans une autre section du livre, Gourmont indiquera le considérer comme un poète comparable à Chénier, tout en insistant sur la nécessité de le ranger parmi les auteurs du XVIIIe siècle: "Il faut se souvenir que l'abbé Delille n'est pas du tout, comme on le croit, un poète de l'Empire. Presque tous ses poèmes et sa gloire, datent de l'ancien régime" (id., p. 120).)].
  
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-<tab>La périphrase, telle que maniée par les poètes didactiques, n'est peut-être ridicule que par l'impuissance poétique dont elle  témoigne, car il y a bien des manières agréables de ne pas nommer ce que l'on veut évoquer. Le véritable poète, maître de son langage, n'use que de périphrases si nouvelles à la fois et si claires dans leur pénombre que toute intelligence un peu sensuelle les préfère au mot trop absolu; il ne veut ni décrire, ni piquer la curiosité, ni faire preuve d'érudition. Mais quoi qu'il fasse il écrit par périphrase et il n'est pas sûr que toutes celles qu'il a créées demeurent longtemps fraîches\; la périphrase est une métaphore\: elle dure ce que durent les métaphores. […] Delille s'est rendu célèbre par son goût pour la périphrase didactique mais je crois qu'il a été mal jugé. Ce n'est pas la peur du mot propre qui lui fait décrire ce qu'il faudrait nommer, c'est la raideur de sa poétique et la médiocrité de son talent; il n'est imprécis que par impuissance et il n'est très mauvais que quand il est imprécis. Méthode ou impéritie, cela nous a valu d'amusantes énigmes:+<tab>La périphrase, telle que maniée par les poètes didactiques, n'est peut-être ridicule que par l'impuissance poétique dont elle  témoigne, car il y a bien des manières agréables de ne pas nommer ce que l'on veut évoquer. Le véritable poète, maître de son langage, n'use que de périphrases si nouvelles à la fois et si claires dans leur pénombre que toute intelligence un peu sensuelle les préfère au mot trop absolu(nbsp); il ne veut ni décrire, ni piquer la curiosité, ni faire preuve d'érudition. Mais quoi qu'il fasse il écrit par périphrase et il n'est pas sûr que toutes celles qu'il a créées demeurent longtemps fraîches(nbsp); la périphrase est une métaphore(nbsp): elle dure ce que durent les métaphores. […] Delille s'est rendu célèbre par son goût pour la périphrase didactique mais je crois qu'il a été mal jugé. Ce n'est pas la peur du mot propre qui lui fait décrire ce qu'il faudrait nommer, c'est la raideur de sa poétique et la médiocrité de son talent(nbsp); il n'est imprécis que par impuissance et il n'est très mauvais que quand il est imprécis. Méthode ou impéritie, cela nous a valu d'amusantes énigmes(nbsp):
  
 <tab>Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil.  <tab>Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil. 
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 \\ <tab>Donne la vie aux fleurs qui s'empressent d'éclore,  \\ <tab>Donne la vie aux fleurs qui s'empressent d'éclore, 
 \\ <tab>Soit que l'astre du monde, en achevant son tour,  \\ <tab>Soit que l'astre du monde, en achevant son tour, 
-\\ <tab>Jette languissamment les restes d'un beau jour[(Extrait du chant 1.)] [(Remy de Gourmont, //La Culture des idées//, éd. cit., p.32-34.)]. +\\ <tab>Jette languissamment les restes d'un beau jour[(Extrait du chant 1.)] [(Remy de Gourmont, //La Culture des idées//, éd. cit., p.(nbsp)32-34.)]. 
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-\\ Vers concernés : [[chant3#v246|chant 3, vers 246]], [[chant3#v510|510-512]], [[chant3#v515|515-51§]], [[chant3#v523|510-524]], [[chant3#v532|532]]. +\\ Vers concernés : [[chant3#v246|chant 3, vers 246]], [[chant3#v510|510-512]], [[chant3#v515|515-516]], [[chant3#v523|523-524]], [[chant3#v532|532]].
  
 ===== Liens externes ===== ===== Liens externes =====