delilletroisregnes

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delilletroisregnes [2019/07/14 19:29] – [Citation 1] Hugues Marchaldelilletroisregnes [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-Dernier grand "poème scientifique" de Delille, //Les Trois règnes de la nature// (1808) entretient des liens étroits avec le troisième chant de //L’Homme des champs//+Dernier grand "poème scientifique" de Delille, //Les Trois Règnes de la nature// (1808) entretient des liens étroits avec le troisième chant de //L’Homme des champs//
  
-  * La proximité est d’abord **générique** et **thématique**, car le volume de 1808 constitue une sorte de développement de cette seule section du texte de 1800, consacrée aux connaissances scientifiques. //Les Trois règnes// abordent en effet de multiples disciplines: géologie, astronomie, botanique, zoologie, chimie, physique, optique, etc., et chacun de leurs huit chants est suivi de notes dues à l’auteur, mais surtout à trois savants contemporains (le naturaliste et paléontologue Georges Cuvier et le chimiste Louis Lefèvre-Gineau, tous deux membres, comme Delille, du Collège de France, et le physicien Antoine Libes, professeur d’université), trio de commentateurs occupant dès lors la même fonction que celle assumée par Jean Hermann dans //L’Homme des champs//.+  * La proximité est d’abord **générique** et **thématique**, car le volume de 1808 constitue une sorte de développement de cette seule section du texte de 1800, consacrée aux connaissances scientifiques. //Les Trois Règnes// abordent en effet de multiples disciplines(nbsp): géologie, astronomie, botanique, zoologie, chimie, physique, optique, etc., et chacun de leurs huit chants est suivi de notes dues à l’auteur, mais surtout à trois savants contemporains (le naturaliste et paléontologue Georges Cuvier et le chimiste Louis Lefèvre-Gineau, tous deux membres, comme Delille, du Collège de France, et le physicien Antoine Libes, professeur d’université), trio de commentateurs occupant dès lors la même fonction que celle assumée par Jean Hermann dans //L’Homme des champs//.
  
-  * Le lien est aussi **génétique**. Dans la préface des //Trois règnes//, Delille explique que le projet du poème de 1808 naquit d’une demande d’un autre savant, le chimiste [[darcet|Darcet]], qui l’avait incité à consacrer un poème entier aux sciences, **après l’avoir entendu lire la description du cabinet d’histoire naturelle présente dans //L’Homme des champs//**. Cette demande n’ayant pu intervenir après 1795, date du départ de Delille hors de France, ce dernier médita donc //Les Trois règnes//, et sans doute y travailla-t-il de front, selon sa coutume, au moins cinq ans avant de publier //L’Homme des champs//.+  * Le lien est aussi **génétique**. Dans la préface des //Trois Règnes//, Delille explique que le projet du poème de 1808 naquit d’une demande d’un autre savant, le chimiste Darcet[(Jean Darcet, ou d'Arcet (1724-1801) est un important **chimiste** français. Lié à Montesquieu, il permit notamment la production de porcelaines en France. Professeur au Collège de France et membre de l’Académie des sciences, il finit sénateur. – Notice sur Wikipédia : [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_d%27Arcet|lien]].)], qui l’avait incité à consacrer un poème entier aux sciences, **après l’avoir entendu lire la description du cabinet d’histoire naturelle présente dans //L’Homme des champs//**. Cette demande n’ayant pu intervenir après 1795, date du départ de Delille hors de France, ce dernier médita donc //Les Trois Règnes//, et sans doute y travailla-t-il de front, selon sa coutume, au moins cinq ans avant de publier //L’Homme des champs//.
  
-  * Enfin, le texte même des //Trois règnes// contient des **emprunts au poème de 1800**. Une partie de la critique a dénoncé ce type de reprises comme un signe d’incurie (Delille n’aurait pas hésité à plagier ses propres textes pour allonger sa copie), de négligence des éditeurs, voire de sénilité du poète (on doutait que Delille, déjà fort âgé, et de surcroît devenu pratiquement aveugle, pût efficacement relire ses épreuves et y corriger ses propres réminiscences). On peut cependant aussi y voir un jeu pleinement volontaire de sa part. Rivalisant souvent avec lui-même, Delille reprendrait alors ponctuellement un ou deux vers du texte-germe de 1800, pour mieux inviter les connaisseurs de son œuvre à comparer son premier traitement du motif à la version qu’il en proposait huit ans plus tard.+  * Enfin, le texte même des //Trois Règnes// contient des **emprunts au poème de 1800**. Une partie de la critique a dénoncé ce type de reprises comme un signe d’incurie (Delille n’aurait pas hésité à plagier ses propres textes pour allonger sa copie), de négligence des éditeurs, voire de sénilité du poète (on doutait que Delille, déjà fort âgé, et de surcroît devenu pratiquement aveugle, pût efficacement relire ses épreuves et y corriger ses propres réminiscences). On peut cependant aussi y voir un jeu pleinement volontaire de sa part. Rivalisant souvent avec lui-même, Delille reprendrait alors ponctuellement un ou deux vers du texte-germe de 1800, pour mieux inviter les connaisseurs de son œuvre à comparer son premier traitement du motif à la version qu’il en proposait huit ans plus tard.
  
  
 ===== Citation 1 ===== ===== Citation 1 =====
  
-Extrait du "Discours préliminaire"\ :+C'est dans son "Discours préliminaire" que Delille expose le rôle joué par Darcet, si enthousiasmé par la fin du troisième chant de //L'Homme des champs// (qu'il avait entendue le poète lire en public) qu'il lui demanda de tirer des sciences la matière d'une œuvre beaucoup plus ample – une demande qui devait aboutir à la composition des //Trois Règnes de la nature//.
  
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-<tab>On conçoit aisément que j’ai été plus d’une fois effrayé de la difficulté et de l’immensité de cette entreprise, et je me plais à payer ici un juste tribut de reconnaissance au savant distingué (I) à qui je dois le projet de ce poëme et le courage de l’exécuter. Il m’avait entendu lire la description d’un cabinet d’histoire naturelle, qui termine le troisième chant des //Géorgiques françaises//. Après m’avoir assuré qu’il n’avait trouvé aucune erreur dans cette description, il m’invita à faire un grand tableau de cette esquisse, en chantant les quatre éléments et les trois règnes de la nature. Je lui représentai que le sujet, ainsi envisagé, pourrait paraître manquer d’unité: il me répondit que les quatre éléments étant combinés dans les trois règnes, ces deux parties de l’ouvrage n’avaient rien d’incohérent, et pouvaient composer un tout régulier. Je cédai à ses observations et à ses instances; mais en supposant que cet ouvrage obtienne quelque succès, il manquera toujours à mon plaisir d’en offrir l’hommage au savant vertueux dont il ne reste plus qu’un nom cher aux sciences qu’il a enrichies, et à l’amitié qui le pleure.+<tab>On conçoit aisément que j’ai été plus d’une fois effrayé de la difficulté et de l’immensité de cette entreprise, et je me plais à payer ici un juste tribut de reconnaissance au savant distingué (I) à qui je dois le projet de ce poëme et le courage de l’exécuter. Il m’avait entendu lire la description d’un cabinet d’histoire naturelle, qui termine le troisième chant des //Géorgiques françaises//. Après m’avoir assuré qu’il n’avait trouvé aucune erreur dans cette description, il m’invita à faire un grand tableau de cette esquisse, en chantant les quatre éléments et les trois règnes de la nature. Je lui représentai que le sujet, ainsi envisagé, pourrait paraître manquer d’unité(nbsp): il me répondit que les quatre éléments étant combinés dans les trois règnes, ces deux parties de l’ouvrage n’avaient rien d’incohérent, et pouvaient composer un tout régulier. Je cédai à ses observations et à ses instances(nbsp); mais en supposant que cet ouvrage obtienne quelque succès, il manquera toujours à mon plaisir d’en offrir l’hommage au savant vertueux dont il ne reste plus qu’un nom cher aux sciences qu’il a enrichies, et à l’amitié qui le pleure.
  
-<tab>(I) M. Darcet, de l’Académie des sciences, et de l’Institut[(Jacques Delille, //Les Trois Règnes de la nature// [1808], Paris, Giguet et Michaud, Librairie stéréotype, 1809, t.I, p.33-34.)].</WRAP>+<tab>(I) M. Darcet, de l’Académie des sciences, et de l’Institut[(Jacques Delille, //Les Trois Règnes de la nature// [1808], Paris, Giguet et Michaud, Librairie stéréotype, 1809, t.(nbsp)I, p.(nbsp)33-34.)].</WRAP> 
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 +Delille renvoie ici à la description du cabinet d'histoire naturelle ([[chant3#v481|chant 3, vers 481-650]]).
  
-Delille renvoie à la description du cabinet d'histoire naturelle ([[chant3#v481|chant 3, vers 481-650]]). 
 ===== Citation 2 ===== ===== Citation 2 =====
  
-Dans le chant 3, sur "L’eau", Delille revient sur les propriétés curatives de certaines sources, occasion d’évoquer, comme dans le chant 3 de //L’Homme des champs//, le monde des curistes, et d’en offrir la satire amusée. Or il reproduit //in extenso// deux vers du texte de 1800 (nous les soulignons par des italiques), au moment où commence une description beaucoup plus étendue de la société réunie dans les stations thermales.+Dans le chant 3 des //Trois règnes//, sur "L’eau", Delille revient sur les propriétés curatives de certaines sources, occasion d’évoquer, comme dans le chant 3 de //L’Homme des champs//, le monde des curistes, et d’en offrir la satire amusée. Or il reproduit presque //in extenso// deux vers du texte de 1800 (nous les soulignons par des italiques), au moment où commence une description beaucoup plus étendue de la société réunie dans les stations thermales.
  
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 \\ Les métaux de Cybèle et les feux de Vulcain,  \\ Les métaux de Cybèle et les feux de Vulcain, 
 \\ Et de qui la vertu, riche en métamorphoses,  \\ Et de qui la vertu, riche en métamorphoses, 
-\\ Rend au teint pâlissant et des lis et des roses+\\ Rend au teint pâlissant et des lis et des roses(nbsp)
-\\ //Là viennent tous les ans, exacts au rendez-vous, +\\ Là viennent tous les ans, //exacts au rendez-vous, 
 \\ Les vieillards écloppés, un jeune essaim de fous,//  \\ Les vieillards écloppés, un jeune essaim de fous,// 
-\\ La sottise, l'esprit, l'ennui, le ridicule:  +\\ La sottise, l'esprit, l'ennui, le ridicule(nbsp):  
-\\ Le vaudeville court, l'épigramme circule+\\ Le vaudeville court, l'épigramme circule(nbsp)
 \\ Là, la coquette vient, réparant ses attraits,  \\ Là, la coquette vient, réparant ses attraits, 
-\\ Aux fats de tout pays tendre encor ses filets+\\ Aux fats de tout pays tendre encor ses filets(nbsp)
 \\ Là, même lieu rassemble, et l'aimable boudeuse,  \\ Là, même lieu rassemble, et l'aimable boudeuse, 
 \\ Et la jeune éventée, et la vieille joueuse,  \\ Et la jeune éventée, et la vieille joueuse, 
 \\ Que l'aube au tapis vert surprend à son retour,  \\ Que l'aube au tapis vert surprend à son retour, 
 \\ Veillant toute la nuit, se plaignant tout le jour. \\ Veillant toute la nuit, se plaignant tout le jour.
-\\ <tab>Plus la foule est nombreuse, et plus elle est active+\\ <tab>Plus la foule est nombreuse, et plus elle est active(nbsp)
 \\ L'un vient et l'autre part, l'un part et l'autre arrive. […] \\ L'un vient et l'autre part, l'un part et l'autre arrive. […]
 \\ Assemblage piquant de costumes, d'humeurs,  \\ Assemblage piquant de costumes, d'humeurs, 
-\\ D'âges, de nations, et d'états, et de mœurs+\\ D'âges, de nations, et d'états, et de mœurs(nbsp)
 \\ <tab>Peindrai-je du matin les fraîches promenades,  \\ <tab>Peindrai-je du matin les fraîches promenades, 
-\\ Les bruyants déjeuners, les folles cavalcades+\\ Les bruyants déjeuners, les folles cavalcades(nbsp)
 \\ Chaque belle a choisi son galant écuyer.  \\ Chaque belle a choisi son galant écuyer. 
 \\ Les deux pieds suspendus sur son double étrier,  \\ Les deux pieds suspendus sur son double étrier, 
-\\ Assise de côté, l'une trotte à l'anglaise;  +\\ Assise de côté, l'une trotte à l'anglaise(nbsp);  
-\\ L'autre va sautillant sur la selle française;  +\\ L'autre va sautillant sur la selle française(nbsp);  
-\\ L'autre lance un wiski[(Voiture légère.)]; d'autres, de leur talon +\\ L'autre lance un wiski[(Voiture légère.)](nbsp); d'autres, de leur talon 
 \\ Aiguillonnant en vain un paresseux ânon,  \\ Aiguillonnant en vain un paresseux ânon, 
 \\ Maudissent de Sancho l'indocile monture.  \\ Maudissent de Sancho l'indocile monture. 
-\\ Mais déjà midi sonne, et l'appétit murmure+\\ Mais déjà midi sonne, et l'appétit murmure(nbsp)
 \\ La table les appelle, et chacun à son choix  \\ La table les appelle, et chacun à son choix 
-\\ Court de son médecin suivre ou braver les lois[(//Les Trois Règnes de la nature//, //id//., p.207-209.)].+\\ Court de son médecin suivre ou braver les lois[(//Les Trois Règnes de la nature//, //id//., p.(nbsp)207-209.)].
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-Vers concernés : [[chant3#v285|chant 3, vers 285-286]]. +Vers concernés : [[chant3#v285|chant 3, vers 285-286]] 
-===== Liens externes =====+===== Lien externe =====
  
-  * Accès à la numérisation du texte (deux volumes):  [[http://solo.bodleian.ox.ac.uk/primo_library/libweb/action/display.do?tabs=detailsTab&ct=display&fn=search&doc=oxfaleph012340686&indx=1&recIds=oxfaleph012340686|University of Oxford]].+  * Accès à la numérisation du texte (deux volumes)(nbsp):  [[http://solo.bodleian.ox.ac.uk/primo_library/libweb/action/display.do?tabs=detailsTab&ct=display&fn=search&doc=oxfaleph012340686&indx=1&recIds=oxfaleph012340686|University of Oxford]].
  
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 Auteur de la page   --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2017/02/26 20:42// Auteur de la page   --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2017/02/26 20:42//
 +\\ Relecture --- //[[morgane.tironi@stud.unibas.ch|Morgane Tironi]] 2022/08/17 22:13//