champagnacvarietes

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champagnacvarietes [2019/06/13 16:19] – créée Hugues Marchalchampagnacvarietes [2023/03/10 14:35] – Espaces insécables : pour les points-virgules Timothée Léchot
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-====== Rozan, "L'orage" (Journal des demoiselles) ======+====== Champagnac, "Variétés" (Moniteur universel) ======
  
  
 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-Dans cet article de 1877 portant sur une question de météorologie et destiné aux lectrices du [[journaldesdemoiselles|Journal des demoiselles]], le mathématicien et philologue [[rozan|Charles Rozan]] a soin de prétendre ne donner aucune leçon scientifique, une dénégation typique de la **vulgarisation**, qu'accompagne un autre trait non moins courant dans ce type d'exercice\ : Rozan prétend n'aborder le sujet qu'à la demande d'une jeune interlocutrice. Il débute  en effet en affirmant\ : +Ce **compte rendu d'un ouvrage de botanique** de Mutel, la //Flore française destinée aux herborisations//paraît sous la signature de "Champagnac" dans la [[gazettenationalemoniteur|Moniteur universel]] du 4 août 1845Nous l'attribuons, sans certitude, à [[champagnac|Jean-Baptiste-Joseph Champagnac]], parce que l'article contient des vers de Delille déjà présents dans un autre texte de ce dernier et parce que que l'ouvrage de Mutel est publié par un éditeur catholique.
- +
-<WRAP round box 60%>Soyez sans inquiétudemes chères demoiselles, ceci n'est point de la science\ ; je n'ai nullement envie de vous faire un cours sur l'électricité. C'est une simple réponse à une question que m'a value, dans les premiers jours du printemps, un coup de tonnerre aussi formidable qu'inattendu. Je compte au nombre de mes amies une dame qui n'a jamais pu vaincre la frayeur que l'orage lui inspire. [Or, la fille de cette dame, aussi vaillante que sa mère est peureuse, était en train de m'écrire quand un coup de tonnerre fit pousser à sa chère maman le plus aigu des crisL'orage avec ses manifestations subites vint tout naturellement alors prendre place dans la lettre, et l'on me demanda des explications. Je promis de répondre par la voie de notre journalautant pour faire voir de près à mon amie l'objet de son effroi que pour avoir l'occasion de causer quelques instants avec mes jeunes lectrices, d'un événement qui semble promettre d'être fréquent cette année[(Ch[arlesRozan"L'Orage", //Journal des demoiselles//, 45/^e^/ année, n°\ !!viii!!, juillet 1877, p.\ 197.)].</WRAP> +
- +
-Une fois ces éléments posés, le locuteur peut délivrer… une leçon de science, qui aborde succinctement les causes de l'orage, la nature de la foudre et du tonnerre, et enfin les différentes formes susceptibles d'être prises par la tempête.+
      
 ===== Citation ===== ===== Citation =====
  
-Rozan inclut trois citations en vers, dont la première est tirée de //L'Homme des champs//, au moment où il s'apprête à terminer son article, alors qu'il ébauche une taxinomie des tempêtes. Ce type d'ouverture finale vers la littérature et l'esthétique est encore un trait fréquent dans le discours de vulgarisation, où les allusions poétiques sont majoritairement utilisées en introduction ou en conclusion. Mais ici, l'irruption des vers marque aussi le moment où Rozan, d'abord célèbre en tant que spécialiste de l'étymologie, revient à sa discipline, pour déplacer la leçon vers **l'histoire du lexique**. 
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-<tab>L'orage s'appelle //ouragan// lorsqu'il devient violent, furieux, terrible, disons sauvage, puisque son nom est caraïbe\ : //huracan// [(Iciune note donne en exemple un terrible coupe de vent survenu à Rouen.)]. +Rien n’est plus favorableje dirai même plus indispensable à l’étude de la botanique que les herborisations, ces promenades si attrayantes, ces expéditions si pacifiques et si amusantesoucomme les appelle Delille, qui les décrit admirablement dans son poème de //l'Homme des champs//, ces //chasses innocentes// qui ont pour objet les plantes, les fleurs et les arbres. Mais citons quelques-uns des vers du poètequi vont d’ailleurs très-bien à notre sujet(nbsp):
- +
-<tab>Tantôt de l'ouragan c'est le cours furieux\ ; +
-\\ <tab>Terrible, il prend son vol, et, dans des flots de poudre, +
-\\ <tab>Part, conduisant la nuit, la tempête et la foudre\ ; +
-\\ <tab>Balaie en se jouant et forêt et cité, +
-\\ <tab>Refoule dans son lit le fleuve épouvanté\ ; +
-\\ <tab>Jusqu'au sommet des monts lance la mer profonde, +
-\\ <tab>Et tourmente, en courant, les airsla terre et l'onde. +
-\\ <tab>De là sous d'autres champs ces champs ensevelis, +
-\\ <tab>Ces monts changeant de place et ces fleuves de lits; +
-\\ <tab>Et la terre sans fruits, sans fleurs et sans verdure, +
-\\ <tab>Pleureen habits de deuil, sa riante parure. +
-\\ <tab><tab><tab><tab>!!Delille!!. +
- +
-<tab>Quant à la //tempête//, elle est faite de souffle plus encore que de foudre, et se passe sur la mer, là où nul obstacle ne s'oppose à la fureur des vents. Le mot tempête, formé de //tempus//, temps, a d'abord signifié moment du jour, état +
-atmosphérique en général, et puis, spécialement, mauvais temps. +
-\\ <tab>Le //cyclone// (cercle) est une tempête tournante, qui balaie la terre et la mer, en tournant sur elle-même, et qui est due, selon toute probabilité, à la rencontre de deux courants d'air circulant en sens inverse. Le //tourbillon// a le même caractère, mais il n'est qu'un effet accidentel dans l'orage\ ; la //trombe// enfin (de l'italien //trumba//, trompette) est une colonne d'air conique, qui tourne sur elle-même avec une grande vitesse, et produit, en se déplaçant, les plus grands ravages\ ; elle a l'électricité pour cause et pour force motrice. +
-\\ <tab>Je ne voudrais pas pouvoir dire +
- +
-<tab>J'ai vu les vents, grondant sur ces moissons superbes, +
-\\ <tab>Déraciner les blés, se disputer les gerbes, +
-\\ <tab>Et roulant leurs débris dans de noirs tourbillons, +
-\\ <tab>Enlever, disperser les trésors des sillons[(Extrait de la traduction des //Géorgiques// de Virgile par Delille (chant I).)]. +
- +
-<tab>Je ne crois pas non plus que+
  
-<tab>Le plus doux des mortels aime à voir du rivage +On part(nbsp): l’air du matin, la fraîcheur de l’aurore 
-\\ <tab>Ceux qui, près de mourirluttent contre l'orage[(Extrait de l'//Épître sur l'homme, à Mrle chevalier de Ramsay// de Louis Racine. Comme ce dernier le précise, ces deux vers glosent un des passages les plus célèbres du //De natura rerum// de Lucrèce.)].+\\ Appellent à l’envi les disciples de Flore. 
 +\\ Jussieu marche à leur tète(nbsp); il parcourt avec eux 
 +\\ Du régne végétal les nourrissons nombreux(nbsp): 
 +\\ Pour tenter son savoirquelquefois leur malice, 
 +\\ De plusieurs végétaux compose un tout factice(nbsp); 
 +\\ Le sage l'aperçoitsourit avec bonté, 
 +\\ Et rend à chaque plan son débris emprunté. 
 +\\ Chacun dans sa recherche à l’envi se signale(nbsp); 
 +\\ Etaminepistil, et corolle, et pétale, 
 +\\ On interroge tout. Parmi ces végétaux, 
 +\\ Les uns vous sont connus, d’autres vous sont nouveaux(nbsp): 
 +\\ Vous voyez les premiers avec reconnaissance, 
 +\\ Vous voyez les seconds des yeux de l'espérance(nbsp)
 +\\ L’un est un vieil ami qu’on aime à retrouver, 
 +\\ L’autre est un inconnu que l'on doit éprouver, etc.
  
-<tab>Car ce doit être un triste et navrant tableau que celui-là. Mais je serais heureux d'assister au spectacle merveilleux et terrible d'un de ces orages qui soulèvent les flots et brisent les rochersRien au monde ne doit donner une idée plus grandeplus imposante de la naturerien ne doit exciter à un même degré l'épouvante et l'admiration[(//Id//., p.\ 200.)].</WRAP>+On ne saurait exprimer avec plus de vérité les charmes des herborisations(nbsp); mais un guide savant et d’une facile intelligence, ne sera pas inutile pour ces explorations qui ont tant d’attrait pour les botanistes(nbsp); et la //Flore française//, composée par MMutelet spécialement appropriée aux herborisationsme semble remplir avec distinction le rôle instructif qui fait le mérite d’un ouvrage de ce genre[(Champagnac, "VARIÉTÉS. //Flore française destinée aux herborisations//, ou Description des plantes croissant naturellement en France, ou cultivées pour l’usage de l’homme et des animaux, avec l’analyse des genres et leur tableau d’après le système de Linné ; ornée de planches représentant les caractères de 550 espèces critiques; par AMutel…", //Le Moniteur universel//, 4 août 1845, p. 2236.)].</WRAP>
  
-Vers concernés : [[chant3#v122|chant 3, vers 122-132]].+Vers concernés : [[chant3#v419|chant 3, vers 419-434]].
  
  
 ===== Liens externes ===== ===== Liens externes =====
  
-Accès à la numérisation du texte :  [[https://hdl.handle.net/2027/hvd.hn73hl?urlappend=%3Bseq=222|HathiTrust]].+Accès à la numérisation du texte :  [[https://www.retronews.fr/journal/gazette-nationale-ou-le-moniteur-universel/4-aout-1845/149/1335763/4|Retronews]].
  
  
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-Auteur de la page   --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2017/11/19 20:58//+Auteur de la page    --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2019/06/13 16:19//