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 ====== Böttiger, "Ueber den Abbé Delille und die Prachtausgabe seiner Georgika in Basel" (Der Neue Teutsche Merkur) ====== ====== Böttiger, "Ueber den Abbé Delille und die Prachtausgabe seiner Georgika in Basel" (Der Neue Teutsche Merkur) ======
  
-<WRAP important>**En cours de rédaction.**</WRAP> 
  
 ===== Présentation du texte ===== ===== Présentation du texte =====
  
-L'article de [[boettiger|Böttiger]], publié dans le [[neuerteutschermerkur|Neuer Teutscher Merkur]] en 1797[("Ueber den Abbé Delille und die Prachtausgabe seiner Georgika in Basel", //Der Neue Teutsche Merkur//, Weimar und Leipzig, Juli 1797, p.339-355.)], constitue une **source privilégiée sur la genèse de //l'Homme des champs//** et sur la [[receptionallemagne|réception en langue allemande]]. En effet, les lecteurs allemands ont le prérogative de prendre connaissance de ce texte qui va être publié que trois ans plus tard, en 1800[(Avant la première publication du //l'Homme des champs// en 1800, Delille récite des extraits devant son public. Mais cela entraîne certains problèmes comme l'indique Böttiger par la suite : "Er [Delille] ist daher auch äusserst empfindlich darüber, wenn Bruchstücke seiner noch ungedruckten Gedichte von lauschenden Horchern wider seinen Willen aufgefangen und in Druck gegeben wurden", //Id//., p.\ 344.)]. Böttiger a accès à des actualités de Delille dû par le fait que ce dernier se trouve en exile. En fait, entre 1796 et 1799, **Delille voyage en Suisse et en Allemagne** et lors de la publication de cet article, en 1797, Delille se trouve à Bâle. À ce moment-là, Böttiger semble être en contact avec un proche de Delille : "Es gehen über ihn so viele und so verschiedene Gerüchte, dass die Nachrichten, die ich hier aus dem Munde eines Mannes mittheilen kann, der ihn in der letzten Zeit fast täglich sah, und aufs genaueste kennen lernte, schon darum nicht ohne alles Interesse seyn können"[(//Id//., p.\ 340. La traduction en français est tiré du //Mercure de France// qui a repris l'article de Böttiger pour son public français: "Il [Delille] court ici à son compte, tant de bruits différens, que des renseignemens, recueillis de la bouche d'un homme qui, dans ces derniers tems, l'a vu presque tus le jours, et qui le connaissait d'ailleurs de longue main, ne peuvent être sans intérêt", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 99.)]. Dans un contexte dans lequel tout le monde attend impatiemment la nouvelle publication d'un Delille célébrissime partout en Europe[(En ce qui concerne l'Allemagne, Böttiger observe le suivant: "Es sind gewiss nur wenig Leser des Merkurs, die nicht von dem ersten jetzt noch lebenden Dichter Frankreichs, dem Abbé Delille, etwas gelesen oder wenigstens gehört haben", //Id//., p.\ 339.)], Böttiger offre alors aux lecteurs allemands **des informations de première main**. Un effet de cette situation particulière est que le public français, également asoiffé de lire des nouvelles de et sur Delille, apprend par le biais de cet article de Böttiger les dernières actualitées qui sont alors traduites et publiées dans la// Décade philosophique//[(Accès à la numérisation du texte\ :  [[https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=osu.32435065888612;view=1up;seq=290|HathiTrust]])] et dans le [[mercurefrance|Mercure de France (1672-1965)]][(Accès à la numérisation du texte\ :  [[https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=nyp.33433081729745;view=1up;seq=114|HathiTrust]])].+Cet article de [[boettiger|Böttiger]], publié dans le [[neuerteutschermerkur|Neuer Teutscher Merkur]] durant l'été 1797[("Ueber den Abbé Delille und die Prachtausgabe seiner Georgika in Basel", //Der Neue Teutsche Merkur//, Weimar und Leipzig, Juli 1797, p.(nbsp)339-355.)], constitue une **source privilégiée sur la genèse de //l'Homme des champs//** et sur sa [[receptionallemagne|réception en langue allemande]]. En effet, les lecteurs germanophone ont ainsi pu prendre connaissance de nombreuses informations relatives au poème, avec trois ans d'avance sur la parution de 1800, et surtout avec plusieurs semaines d'avance sur le public françaisCe dernier n'eut accès qu'à partir d'octobre à une [[boettigermercure|traduction de l'article dans le Mercure français]], traduction ensuite **reprise par la plupart des grands périodiques du temps**.
  
 +Böttiger dispose d'une situation privilégiée, parce que Delille se trouve alors en exil(nbsp): entre 1796 et 1799, l'écrivain voyage en Suisse et en Allemagne et lors de la publication du //Neuer Teutscher Merkur//, il se trouve à Bâle. Or Böttiger affirme tenir d'un proche de Delille **des informations qu'il présente dès lors comme enfin fiables**, par opposition aux multiples rumeurs en circulation(nbsp): "Es gehen über ihn so viele und so verschiedene Gerüchte, dass die Nachrichten, die ich hier aus dem Munde eines Mannes mittheilen kann, der ihn in der letzten Zeit fast täglich sah, und aufs genaueste kennen lernte, schon darum nicht ohne alles Interesse seyn können[(//Id//., p.(nbsp)340. – "Il court [au sujet de Delille] tant de bruits différens, que des renseignemens, recueillis de la bouche d'un homme qui, dans ces derniers tems, l'a vu presque tous le jours, et qui le connaissait d'ailleurs de longue main, ne peuvent être sans intérêt" (pour la traduction, nous suivons ici comme dans le reste de la fiche la version du //Mercure français//(nbsp): "Sur l'abbé Delille et sur la magnifique édition des ses Géorgiques françaises qui se prépare à Bâle", t. XXXI, n° 2, 20 vendémiaire an VI /  11 octobre 1797, p. 98-113).)]"
  
-Etalé sur une quizaine de pages, Böttiger offre aux lecteurs francophiles allemands un** large panorama sur Delille et ses travaux**. Ainsi, il présente d'abord les plus récentes actualités dans ce moment aventureux en indiquant les dernières stations de Delille (après avoir passé par les Vosges, il se trouve en 1997 à Bâle)Ensuitel'auteur présente Delille en tant que poète et homme de caractère exceptionnel. Il livre aux lecteurs également un aperçu dans sa méthode de travail et il informe sur les éditions récentes. Seulement après cette longue introduction, Böttiger dévoile enfin des extraits de //l'Homme des champs//**Il choisit tout d'abord des vers tirés de la troisième partie** car "Der dritte Gesang besonders ist sehr vollkommen, und der Erhabenheit des Gegenstandes, der Grösse der Natur, angemessen"[(//Id//., p.349"Le troisième chant est d'une perfection particuliere; il est digne de la sublimité du sujet, de la grandeur de la nature", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 108. )]. À cela s'enchaîne des extraits de longueurs variées de chacune des quatre parties+L'article, qui s'étale sur une quinzaine de pages, traite le poète comme un **écrivain majeur, au sein même du champ germanophone**. Non seulement Böttiger y voit le "premier poète français vivant"mais il ne fait pas de doute, à ses yeux, que les lecteurs du périodique allemand auront déjà, sinon lu certaines de ses œuvres, au moins eu l'occasion d'en entendre parler : "Es sind gewiss nur wenig Leser des Merkurs, die nicht von dem ersten jetzt noch lebenden Dichter Frankreichs, dem Abbé Delille, etwas gelesen oder wenigstens gehört haben", //Id//., p.(nbsp)339.)] Mais la longueur du texte est aussi justifiée par l'ampleur des nouvelles inédites proposées. 
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 +Dans un contexte où les informations relatives à l'homme célèbre qu'est Delille se sont faites rares, Böttiger réalise **une sorte de scoop, d'abord biographique**. Il offre des indications sur les dernières stations de Delille, qui s'apparentent à une aventure(nbsp): parti de Paris depuis 1795, le poète a bien passé plusieurs mois dans les Vosges, mais il est à présent à l'étranger, à Bâle. Böttiger évoque ensuite sa santéson caractère, son état d'esprit et ses habitudes(nbsp); mais le second apport majeur porte sur //L'Homme des champs//, un projet que Böttiger présente avec **un luxe de détails qui suggère que son informateur fut sans doute le libraire bâlois de Delille**, Decker lui-même.  Même s'il ne nomme pas encore l'éditeur, Böttiger évoque le travail en cours, donne la commercialisation du livre pour prochaine et en décrit avec précision les formats. Surtout, après avoir ainsi longuement ménagé son effet, Böttiger donne **de longs extraits du poème, à commencer par des vers du chant 3**, ce qu'il justifie en expliquant(nbsp): "Der dritte Gesang besonders ist sehr vollkommen, und der Erhabenheit des Gegenstandes, der Grösse der Natur, angemessen"[(//Id//., p.(nbsp)349 – "Le troisième chant est d'une perfection particuliere; il est digne de la sublimité du sujet, de la grandeur de la nature.")]. Puis il offre d'autres extraitsde longueur variable, correspondant à chacun des autres chants
  
 ===== Citations ===== ===== Citations =====
  
-Au début de l'article, Böttiger souligne l'importance de **ce nouvel chef d'œuvre à venir**:+Dès le début de l'article, Böttiger souligne l'importance du **chef-d'œuvre à venir**:
  
-<WRAP round box 60%> Eine teutsche Buchhandlung in Basel wird das neueste und vollendeste seiner Gedichte, les Georgiques Françaises, mit aller einem Meisterwerke zukommenden Pracht und Korrektheit drucken lassen[(//Id//., p.339. "Un libraire allemand établi à Bâle, va publier une Edition du dernier et du plus parfait de ses Poems, //les Géorgiques françaises//; et il s'efforce de lui donner toute la magnificence et toute la correction que mérite la beauté des vers", //Mercure de France//, 1.10.-20.12.1797, p. 98.)].+<WRAP round box 60%> Eine teutsche Buchhandlung in Basel wird das neueste und vollendeste seiner Gedichte, les Georgiques Françaises, mit aller einem Meisterwerke zukommenden Pracht und Korrektheit drucken lassen[(//Id//., p.(nbsp)339. "Un libraire allemand établi à Bâle, va publier une Edition du dernier et du plus parfait de ses Poems, //les Géorgiques françaises//; et il s'efforce de lui donner toute la magnificence et toute la correction que mérite la beauté des vers".)].
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-Pour que les lecteurs, et les futurs acheteurs, de cette publication luxueuse ne doivent pas trop s'impatienter ou pour atteindre également un public moins fortuné, une publication plus simple est prévue. Ce procédé de diversifier les différentes formats d'une même œuvre permet de mieux comprendre les **stratégies de publication de l'époque**.+Pour que les lecteurs, et les futurs acheteurs, de cette publication luxueuse n'aient pas trop à s'impatienter, et pour atteindre également le public moins fortuné, une publication plus simple est prévue(nbsp):
  
-<WRAP round box 60%> Früher wird eine wohlfeilere Ausgabe die schon längst gespannte Neugierde, oder die durch äussere Umstände beschränkte Kauflust befriedigen, wobei die lobenswürdige Einrichtung getroffen ist, dass die Subskribenten zur Prachtausgabe diesen wohlfeilern, und nur als Vorläufern dienenden Abdruck, unentgeltlich erhalten[(//Id//., p.339-340. "Une édition peu chere la précédera. Elle est destinée à satisfaire l'impatience du public, sur-tout des lecteurs à qui leur fortune ne permet pas de se procurer la grande édition: elle sera envoyée //gratis// aux souscripteurs de celle-ci, pour leur servir comme d'avant-goût", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 99.)].+<WRAP round box 60%> Früher wird eine wohlfeilere Ausgabe die schon längst gespannte Neugierde, oder die durch äussere Umstände beschränkte Kauflust befriedigen, wobei die lobenswürdige Einrichtung getroffen ist, dass die Subskribenten zur Prachtausgabe diesen wohlfeilern, und nur als Vorläufern dienenden Abdruck, unentgeltlich erhalten[(//Id//., p.(nbsp)339-340. "Une édition peu chere la précédera. Elle est destinée à satisfaire l'impatience du public, sur-tout des lecteurs à qui leur fortune ne permet pas de se procurer la grande édition: elle sera envoyée //gratis// aux souscripteurs de celle-ci, pour leur servir comme d'avant-goût".)].
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-Par la suite, les lecteurs apprennent sur **le caractère de Delille et ses convictions politiques**. Selon Böttiger, "Delille ist nicht bloss ein geistvoller Dichter, ein Erzähler und Gesellschafter [...], er ist auch ein vortrefflicher Mensch und von einer kindlichen Gutmüthigkeit"[(//Id//., p.342. "Mais Delille n'est pas seulement un poëte plein de talent, un conteur aimable en société [...]; c'est aussi un excellent homme, d'une gaieté d'enfant", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 101.)]. Par rapport à son opinion politique, Delille ne semble pas approuve la République en France ("aus der vollen Überzeugung, dass eine Republik für seine Nazion [...] ein wahres Unding sey"[(//Id//., p.342. "par la conviction intime que l'état de république de convient point à la nation française", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 101.)]. En effet, il n'est pas un ami de la révolution ("kein Freund der Revoluzion")[(//Id//., p.342-343.)]. Le fait d'être quasiment resté à l'abris des attaques de Robespierre malgré son attitude politique reste inouï+Par la suite, les lecteurs apprennent sur **le caractère de Delille et ses convictions politiques**. Selon Böttiger, "Delille ist nicht bloss ein geistvoller Dichter, ein Erzähler und Gesellschafter [...], er ist auch ein vortrefflicher Mensch und von einer kindlichen Gutmüthigkeit"[(//Id//., p.(nbsp)342. – "Delille n'est pas seulement un poëte plein de talent, un conteur aimable en société [...]; c'est aussi un excellent homme, d'une gaieté d'enfant".)]. Il regrette l'instauration de la République en France "aus der vollen Überzeugung, dass eine Republik für seine Nazion [...] ein wahres Unding sey[(//Id//., p.(nbsp)342. – Avec "la conviction intime que l'état de république de convient point à la nation française")]. En effet, il n'est pas un ami de la révolution ("kein Freund der Revoluzion")[(//Id//., p.(nbsp)342-343.)] et il est extraordinaire qu'il ait pu échapper aux attaques de Robespierre malgré cette attitude politique. 
  
-Or, le lecteur du Merkur allemand apprend également sur **la méthode de travail** que Delille appliqueEn effetDelille semble être doté d'une capacité de mémorisation absolument exceptionnelle+Le lecteur du //Merkur// allemand découvre également **la méthode de travail** que Delille suit, et que Böttiger rattache à sa hantise du plagiatAgacé de voir les vers qu'il récite oralement repris ensuitesans son aveu, par la presse ou d'autres indélicats[("Er ist daher auch äusserst empfindlich darüber, wenn Bruchstücke seiner noch ungedruckten Gedichte von lauschenden Horchern wider seinen Willen aufgefangen und in Druck gegeben wurden", //Id//., p.(nbsp)344. – "Quand des auditeurs attentifs, ayant saisi quelques-uns de ses morceaux non imprimés, se permettent de les réciter, ou de les rendre publics, il en est affecté sérieusement".)], le poète n'emploie pas de manuscrits, mais retient ses compositions par cœur, ce qui en fait un véritable phénomène(nbsp)
  
-<WRAP round box 60%> Er arbeitet alles in seinem Gedächtnis aus, und in ihm bewahrt er was vollendet ist fester und sicherer auf, als in einer Schreibtafel oder einem andern Hilfsmittel der Schreiberzunft. So trägt er alle seine Werke, sogar die 30'000 Verse seiner Aeneide, in seinem Kopfe herum.  +<WRAP round box 60%> Er arbeitet alles in seinem Gedächtnis aus, und in ihm bewahrt er was vollendet ist fester und sicherer auf, als in einer Schreibtafel oder einem andern Hilfsmittel der Schreiberzunft. So trägt er alle seine Werke, sogar die 30'000 Verse seiner Aeneide, in seinem Kopfe herum[(//Id//., p.(nbsp)344. – "Il travaille toujours de mémoire, n'écrit jamais et n'oublie rien de ce qu'il a rendu digne de son goût. Ainsi, il porte tous ses ouvrages dans sa tête, même les trente mille vers de son //Énéïde//.")].
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-Er ist [...] auch äusserst empfindlich darüber, wenn Bruchstücke seiner noch ungedruckten Gedichte von lauschenden Horchern wider seinen Willen aufgefangen und in Druck gegeben wurden[(//Id//., p.344. "Il travaille toujours de mémoire, n'écrit jamais et n'oublie rien de ce qu'il a rendu digne de son goût. Ainsi, il porte tous ses ouvrages dans sa tête, même les trente mille vers de son //Énéïde//" "Quand des auditeurs attentifs, ayant saisi quelques-uns de ses morceaux non imprimés, se permettent de les réciter, ou de les rendre publics, il en est affecté sérieusement", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p. 103.)].+
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-Avant de présenter les extraits précieux de la publication à venir, Böttiger fait un tour d'horizon - et de louanges - des **travaux antérieurs de Delille**. Surtout par rapport aux Géorgiques de Virgile, il constate le suivant: "Es ist bekannt, mit welchem ungetheilten Beyfall dies Meisterwerk von allen Kennern aufgenommen worden ist"[(//Id//., p.345. "On sait avec quelle approbation universelle ce chef-d'œuvre fut reçu des connaisseurs", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797, p.104.)]. Et même Voltaire affirme qu'il s'agit  "von einer der kühnsten Unternehmungen, und einem der ersten Produkte dieses Jahrhunderts[(//Id//., p.345. "Voltaire en parlait comme de l'entreprise la plus hardie », ibid.)]. En plusl'œuvre a été publié dans toutes sortes de formats et il existe douze retirages. Ces informations illustrent davantage le succès phénoménal de Delille à son époque. +Avant de présenter les extraits de la publication à venir, Böttiger fait un tour d'horizon - très élogieux - des **travaux antérieurs de Delille**. À propos de la traduction des //Géorgiques// de Virgile, par exemple, il indique(nbsp): "Es ist bekannt, mit welchem ungetheilten Beyfall dies Meisterwerk von allen Kennern aufgenommen worden ist"[(//Id//., p.(nbsp)345. – "On sait avec quelle approbation universelle ce chef-d'œuvre fut reçu des connaisseurs".)]. Il rappelle que Voltaire lui-même parla  "von einer der kühnsten Unternehmungen, und einem der ersten Produkte dieses Jahrhunderts[(//Id//., p.(nbsp)345. – "Voltaire en parlait comme de l'entreprise la plus hardie".)]. Enfinil insiste sur le fait que cette œuvre fut publiée dans toutes sortes de formats et a déjà connu douze retirages, autant de manière de réaffirmer le succès phénoménal de Delille à son époque. 
  
-Seulement, après cette longue introduction, Böttiger annonce les nouveaux vers de DelilleComme le critique présente des** extraits d'un poème qui n'est pas encore publié**, il avoue devoir se contenter d'indiquer le plan et de souligner quelques passages déjà connus[(//Id//., p.347.)]. Avant de présenter les vers du troisième chant - le passage clé de l'herborisation -, il souligne d'une part que Delille achève un **travail qui s'étalait sur une vingtaine d'année** et, d'autre partil estime que les grandes troubles politiques de la fin du siècle confèrent au poème ses **aspects si mélancoliques et sensibles**.+C'est seulement après ce long préambule que Böttiger introduit les vers inédits de //L'Homme des champs//Il expose le plan du poème[(//Id//., p.(nbsp)347.)] et s'il souligne que Delille a travaillé à son œuvre depuis **une vingtaine d'année**, il lui donne aussi une sorte d'actualité particulièreen estimant que ce sont les grandes troubles politiques de la fin du siècle qui confèrent au poème ses **aspects si mélancoliques et sensibles**.
  
- +<WRAP round box 60%> An dem Gedicht hat der Verfasser seit 20 Jahren gearbeitet, grösstenheils aber im Jahr 1794, während der Schreckensepoche, und im Jahr 1795 in den Thälern des Wasgaues. In Basel wurde es vollendet. Die traurigen Gegebenheiten von 1794 habe vielen Einfluss auf das Gedicht gehabt, und an manchen Stellen herrscht eine tiefe Melancholie, und eine Empfindsamkeit, die vielleicht in den Jardins am meisten gefehlt hat. Die würzreichste Blume entspriesst über den gefährlichsten Abgründen. Hier einige Stellen zur Probe. Ich wähle aus dem 3ten Gesang die erhabene Stelle über die Epochen der Erde[("L'auteur travaille à cet ouvrage depuis vingt ans, mais il s'en est occupé sur-tout en 1794, pendant le tems de la terreur(nbsp); et en 1795, dans les belles vallées des Vosges(nbsp): c'est à Bâle qu'il l'a terminé. Les événements désastreux de 1794 ont eu une grande influence sur le poëmedans plusieurs endroits il règne une mélancolie, une sensibilité profonde, qui peut-être manque particulierement au  Poeme des Jardins. Les malheurs de la France ont perfectionné son poëte: c'est sur le bord de l'abyme le plus dangereux que brillent les fleurs les plus odorantes. / Voici quelques morceaux à l'appui de ce que j'avanceJe choisis dans le troisième chantle sublime passage sur les époques de la terre.".)] :
-<WRAP round box 60%> An dem Gedicht hat der Verfasser seit 20 Jahren gearbeitet, grösstenheils aber im Jahr 1794, während der Schreckensepoche, und im Jahr 1795 in den Thälern des Wasgaues. In Basel wurde es vollendet. Die traurigen Gegebenheiten von 1794 habe vielen Einfluss auf das Gedicht gehabt, und an manchen Stellen herrscht eine tiefe Melancholie, und eine Empfindsamkeit, die vielleicht in den Jardins am meisten gefehlt hat. Die würzreichste Blume entspriesst über den gefährlichsten Abgründen. Hier einige Stellen zur Probe. Ich wähle aus dem 3ten Gesang die erhabene Stelle über die Epochen der Erde[("L'auteur travaille à cet ouvrage depuis vingt ans, mais il s'en est occupé sur-tout en 1794, pendant le tems de la terreur; et en 1795, dans les belles vallées des Vosges: c'est à Bâle qu'il l'a terminé. Les événements désastreux de 1794 ont eu une grande influence sur le poëme: Dans plusieurs endroits il règne une mélancolie, une sensibilité profonde, qui peut-être manque particulierement au  Poeme des Jardins. Les malheurs de la France ont perfectionné son poëte: c'est sur le bord de l'abyme le plus dangereux que brillent les fleurs les plus odorantes", Mercure de France, 1.10.-20.12.1797p108.)] :+
  
 <tab>Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris,\\ <tab>Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris,\\
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 <tab>L'orage dans les mers de nouveau le porta,\\ <tab>L'orage dans les mers de nouveau le porta,\\
 <tab>De nouveau sur ses bords la mer le rejetta,\\ <tab>De nouveau sur ses bords la mer le rejetta,\\
-<tab>Le reprit, le rendit.  Ainsi rongé par l'àge[sic],\\+<tab>Le reprit, le rendit. Ainsi rongé par l'àge [//sic//],\\
 <tab>Il endura les vents, et les flots et l'orage.\\ <tab>Il endura les vents, et les flots et l'orage.\\
 <tab>Enfin de ces grands monts humble contemporain,\\ <tab>Enfin de ces grands monts humble contemporain,\\
 <tab>Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain ;\\ <tab>Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain ;\\
 <tab>Mais fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,\\ <tab>Mais fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,\\
-<tab>L'histoire de ce grain est l'histoire du monde,[(Cet extrait (vers 201 à 220) montré aux lecteurs avant la première publication est quasiment identique aux vers de l'édition publiée en 1805. Les différences concernent avant tout la ponctuation et Delille a changé seulement un mot. En effet, au vers 205, le poète semble avoir voulu éviter d'utiliser deux fois le mot ‘débris’ et choisit donc pour la version définitive le mot ‘dépôt’”. //Id//., p.349-350.)]+<tab>L'histoire de ce grain est l'histoire du monde[(//Id//., p.(nbsp)349-350.)].
 </WRAP> </WRAP>
- 
-Böttiger choisit de dévoiler à ses lecteurs un **extrait du troisième chant** en tant que tout première lecture ce qui **souligne l'importance** qu'il accorde à cette partie du poème.  
-Néanmoins, il enchaine en soumettant le début du deuxième chant, un extrait du premier chant ainsi qu'bref extrait du quatrième chant. 
  
 Vers concernés : [[chant3#v201|chant 3, vers 201-220]] Vers concernés : [[chant3#v201|chant 3, vers 201-220]]
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 +L'extrait est quasiment identique aux vers de l'édition de 1800, puis de 1805. Les différences concernent avant tout la ponctuation et Delille a changé seulement un terme(nbsp): au vers 205, la répétition du mot "débris" sera corrigée par l'usage du mot "dépôt"
  
 ===== Un impact considérable ===== ===== Un impact considérable =====
  
-Riche en nouvelles relatives à Delille et en vers inédits, l'article de Böttiger est largement repris. Le //Mercure français// en donne rapidement une traduction intégrale, reproduite notamment dans la [[boettigerdecade|Décade]], [[boettigerparispendant|Paris pendant l'année 1797]] et le [[boettigermagasinencyclopedique|Magasin encyclopédique]], tandis que des titres comme l'[[almanachfragment|Almanach des muses]] et le [[boettigerspectateurdunord|Spectateur du Nord]] en extraient les seuls passages poétiques.+Riche en nouvelles relatives à Delille et en vers inédits, l'article de Böttiger fut largement repris\ : 
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 +  * La traduction du [[boettigermercure|Mercure français]] est reproduitenotammentdans la [[boettigerdecade|Décade]], [[boettigerparispendant|Paris pendant l'année 1797]]le [[boettigermagasinencyclopedique|Magasin encyclopédique]] etsous une forme très tronquée, dans [[litteraturerepublicainfrancais|Le Républicain français]]. 
 +  * Des titres comme l'[[almanachfragment|Almanach des muses]] et le [[boettigerspectateurdunord|Spectateur du Nord]] en extraient les seuls passages poétiques. 
 ===== Lien externe ===== ===== Lien externe =====
  
-  * Accès à la numérisation du texte:  [[https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=inu.30000003083882;view=1up;seq=159|HathiTrust]].+  * Accès à la numérisation du texte(nbsp):  [[https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=inu.30000003083882;view=1up;seq=159|HathiTrust]].
  
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 Auteur de la page    --- //[[franziska.blaser@stud.unibas.ch|Franziska Blaser]] 2017/05/26 11:08// Auteur de la page    --- //[[franziska.blaser@stud.unibas.ch|Franziska Blaser]] 2017/05/26 11:08//