berchouxgastronomie

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berchouxgastronomie [2023/03/10 14:23] – Espaces insécables : pour les pages Timothée Léchotberchouxgastronomie [2023/03/13 19:18] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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-Je ne pense pas que quelques plaisanteries, quelques allusions répandues dans ce Poëme, puissent faire croire que j'aye eu le dessein d'attaquer l'auteur de //l'Homme des Champs//. Il ne me conviendroit pas de chercher à jeter du ridicule sur un homme célèbre, dont je suis le sincère admirateur. Je n'ai eu d'autre dessein que celui d'égayer un peu mes amis. Si le public sourit un instant, comme eux, à //la Gastronomie//, j'aurai obtenu tout le succès que j'ai pu desirer.[(Joseph B[erchoux], //La Gastronomie, ou l'Homme des champs à table; poëme didactique en quatre chants, pour servir de suite à L'Homme des champs//, Paris, Giguet et Cie, 1801, p. 67-68.)]+Je ne pense pas que quelques plaisanteries, quelques allusions répandues dans ce Poëme, puissent faire croire que j'aye eu le dessein d'attaquer l'auteur de //l'Homme des Champs//. Il ne me conviendroit pas de chercher à jeter du ridicule sur un homme célèbre, dont je suis le sincère admirateur. Je n'ai eu d'autre dessein que celui d'égayer un peu mes amis. Si le public sourit un instant, comme eux, à //la Gastronomie//, j'aurai obtenu tout le succès que j'ai pu desirer.[(Joseph B[erchoux], //La Gastronomie, ou l'Homme des champs à table(nbsp); poëme didactique en quatre chants, pour servir de suite à L'Homme des champs//, Paris, Giguet et Cie, 1801, p. 67-68.)]
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-Cette note se rattache toutefois à l'ouverture du chant premier, "contenant l'histoire abrégée de la cuisine des anciens", dans laquelle Berchoux donne de //L'Homme des champs// un **résumé burlesque et volontairement réducteur**, qui passe entièrement sous silence le contenu du chant 3 du texte original et une large partie des autres objets évoqués. Le poème de Delille est réduit à deux éléments, respectivement tirés du premier chant (l'évocation des jeux de société) et du second (les grands travaux de transformation du paysage). Condamné à superviser des terrassements ou à pratiquer les échecs, un tel campagnard a bien raison de languir après d'autres plaisirs+Cette note se rattache toutefois à l'ouverture du chant premier, "contenant l'histoire abrégée de la cuisine des anciens", dans laquelle Berchoux donne de //L'Homme des champs// un **résumé burlesque et volontairement réducteur**, qui passe entièrement sous silence le contenu du chant 3 du texte original et une large partie des autres objets évoqués. Le poème de Delille est réduit à deux éléments, respectivement tirés du premier chant (l'évocation des jeux de société) et du second (les grands travaux de transformation du paysage). Condamné à superviser des terrassements ou à pratiquer les échecs, un tel campagnard a bien raison de languir après d'autres plaisirs(nbsp)
  
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 \\ A l’immonde animal elle doit la lumière ; \\ A l’immonde animal elle doit la lumière ;
 \\ Elle aime à végéter paisible et sans orgueil \\ Elle aime à végéter paisible et sans orgueil
-\\ Aux pieds d’un chêne blanc, d’un charme ou d’un tilleul[(//Id//., p.46-47.)]…+\\ Aux pieds d’un chêne blanc, d’un charme ou d’un tilleul[(//Id//., p.(nbsp)46-47.)]…
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 <tab><tab><tab>Paris, premier avril 1802. <tab><tab><tab>Paris, premier avril 1802.
  
-<tab>J'ai appris, monsieur, que vous avez bien voulu prendre votre part d'un dîner sans façon et sans cerémonie que j'ai donné au public. M. M... m'a dit que vous n'aviez pas été trop mécontent de cette bagatelle. Je saisis avec empressement une occasion de vous remercier de votre indulgence. Quand on parle le langage des Dieux comme vous, on mérite d'être toujours assis à leur table, et on a le droit d'être infiniment difficile. Je n'ai pu vous régaler que très-médiocrement, et je vous en demande pardon. Je n'ai pas la recette du nectar, de l'ambroisie et du dictame, dont on usoit dans l'Olympe; je ne sais faire, ainsi que tant d'autres, que de la bouillie, passez-moi le terme(nbsp): cela gonfle beaucoup et ne nourrit point. Cependant, votre délicieuse poésie vient de temps en temps nous empêcher de mourir d'inanition. Quant à moi, je la dévore toujours avec une nouvelle avidité; si l'admiration pouvoit faire un poète […], j'oserois me flatter de le devenir.+<tab>J'ai appris, monsieur, que vous avez bien voulu prendre votre part d'un dîner sans façon et sans cerémonie que j'ai donné au public. M. M... m'a dit que vous n'aviez pas été trop mécontent de cette bagatelle. Je saisis avec empressement une occasion de vous remercier de votre indulgence. Quand on parle le langage des Dieux comme vous, on mérite d'être toujours assis à leur table, et on a le droit d'être infiniment difficile. Je n'ai pu vous régaler que très-médiocrement, et je vous en demande pardon. Je n'ai pas la recette du nectar, de l'ambroisie et du dictame, dont on usoit dans l'Olympe(nbsp); je ne sais faire, ainsi que tant d'autres, que de la bouillie, passez-moi le terme(nbsp): cela gonfle beaucoup et ne nourrit point. Cependant, votre délicieuse poésie vient de temps en temps nous empêcher de mourir d'inanition. Quant à moi, je la dévore toujours avec une nouvelle avidité(nbsp); si l'admiration pouvoit faire un poète […], j'oserois me flatter de le devenir.
 \\ <tab>J'ai l'honneur d'être avec toute la considération qui est due à votre personne et au plus beau talent poétique de notre siècle, \\ <tab>J'ai l'honneur d'être avec toute la considération qui est due à votre personne et au plus beau talent poétique de notre siècle,
  
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 \\ <tab>Et sur un //Aconit// pâlir une journée. \\ <tab>Et sur un //Aconit// pâlir une journée.
  
-<tab>Vous oubliez, monsieur, que la botanique est une des branches essentielles de la cuisine, puisqu'elle nous aide à séparer les bonnes herbes d'avec les mauvaises, et à distinguer les choux et les épinards d'avec les //bistortes//, les //polypodes// ou l'//aigremoine//[(Le critique cite trois plantes susceptibles d'usages culinaires(nbsp): la renouée bistorte (//Bistorta officinalis//), dont les jeunes pousses sont comestibles; le polypode commun, fougère dont le rhizome amer et sucré a servi à parfumer le nougat; l'aigremoine (//Agrimonia eupatoria//), encore appelée "thé des bois", qui se consomme en infusion ou en salade.)].+<tab>Vous oubliez, monsieur, que la botanique est une des branches essentielles de la cuisine, puisqu'elle nous aide à séparer les bonnes herbes d'avec les mauvaises, et à distinguer les choux et les épinards d'avec les //bistortes//, les //polypodes// ou l'//aigremoine//[(Le critique cite trois plantes susceptibles d'usages culinaires(nbsp): la renouée bistorte (//Bistorta officinalis//), dont les jeunes pousses sont comestibles(nbsp); le polypode commun, fougère dont le rhizome amer et sucré a servi à parfumer le nougat(nbsp); l'aigremoine (//Agrimonia eupatoria//), encore appelée "thé des bois", qui se consomme en infusion ou en salade.)].
 \\ <tab>Votre dessert[(C'est à dire le dernier chant de //La Gastronomie//.)] ne vaut pas mieux que vos deux services. Vous proscrivez indécemment les conversations sur la //liberté//, sur //l'égalité//, comme si ce n'était pas l'usage de parler de ces sortes de choses à table, et comme si on ne savait pas qu'il a été fait plus d'une constitution //entre la poire et le fromage//. \\ <tab>Votre dessert[(C'est à dire le dernier chant de //La Gastronomie//.)] ne vaut pas mieux que vos deux services. Vous proscrivez indécemment les conversations sur la //liberté//, sur //l'égalité//, comme si ce n'était pas l'usage de parler de ces sortes de choses à table, et comme si on ne savait pas qu'il a été fait plus d'une constitution //entre la poire et le fromage//.
 \\ <tab>J'ai remarqué que dans votre poème vous ne dites pas un seul mot de la géométrie, de la chimie, du galvanisme, de la vaccine et de la politique, ce qui me persuade de plus en plus que vous êtes un ignorant[("Lettre critique, politique, morale et philosophique à l'auteur du poème de la Gastronomie", //in// [Joseph Berchoux], //La Gastronomie, ou l'Homme des champs à table//... s. l., s. e., s. d. [1804], p.(nbsp)160-161.)]. \\ <tab>J'ai remarqué que dans votre poème vous ne dites pas un seul mot de la géométrie, de la chimie, du galvanisme, de la vaccine et de la politique, ce qui me persuade de plus en plus que vous êtes un ignorant[("Lettre critique, politique, morale et philosophique à l'auteur du poème de la Gastronomie", //in// [Joseph Berchoux], //La Gastronomie, ou l'Homme des champs à table//... s. l., s. e., s. d. [1804], p.(nbsp)160-161.)].
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-<tab>Il me reste a me laver du tort que j'ai à vos yeux de n'avoir pas parlé au dessert de géométrie, de chimie, de galvanisme et de vaccine. Quant à la chimie, je ne méritais pas ce reproche[(En effet, dès la première édition, Berchoux avait loué les novateurs qui "Surent à la cuisine appliquer la chimie" (éd. de 1801, p.(nbsp)16).)], et vous savez mieux qu'un autre que la cuisine est la plus belle partie de la chimie. J'ai eu tort, il est vrai, de ne point parler du galvanisme, attendu qu'il doit nous rendre immortels, et que d'après votre lettre, monsieur, je ne dois plus compter sur d'autre immortalité que celle que les médecins donnent aux grenouilles[(Allusion aux expériences dans lesquelles le courant électrique met en mouvement les membres d'un animal mort.)]. J'avoue que j'ai omis de parler de politique; mais j'en ai donné la raison dans ces vers :+<tab>Il me reste a me laver du tort que j'ai à vos yeux de n'avoir pas parlé au dessert de géométrie, de chimie, de galvanisme et de vaccine. Quant à la chimie, je ne méritais pas ce reproche[(En effet, dès la première édition, Berchoux avait loué les novateurs qui "Surent à la cuisine appliquer la chimie" (éd. de 1801, p.(nbsp)16).)], et vous savez mieux qu'un autre que la cuisine est la plus belle partie de la chimie. J'ai eu tort, il est vrai, de ne point parler du galvanisme, attendu qu'il doit nous rendre immortels, et que d'après votre lettre, monsieur, je ne dois plus compter sur d'autre immortalité que celle que les médecins donnent aux grenouilles[(Allusion aux expériences dans lesquelles le courant électrique met en mouvement les membres d'un animal mort.)]. J'avoue que j'ai omis de parler de politique(nbsp); mais j'en ai donné la raison dans ces vers :
  
 <tab>Mes amis, mon système est, lorsque j'ai dîné,  <tab>Mes amis, mon système est, lorsque j'ai dîné, 
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 \\ <tab>Je classai tout ce qui végète.  \\ <tab>Je classai tout ce qui végète. 
 \\ <tab>J'entrepris de graves travaux  \\ <tab>J'entrepris de graves travaux 
-\\ Sur la //bourache// et sur la //pâquerette//;+\\ Sur la //bourache// et sur la //pâquerette//(nbsp);
 \\ <tab>Je parlai de la moindre herbette  \\ <tab>Je parlai de la moindre herbette 
 \\ <tab>Comme on parlerait d'un héros.  \\ <tab>Comme on parlerait d'un héros. 
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 \\ <tab>Périt ainsi que mon espoir :  \\ <tab>Périt ainsi que mon espoir : 
 \\ <tab>Ce fut le prix de mon savoir,  \\ <tab>Ce fut le prix de mon savoir, 
-\\ <tab>Et le fruit de ma botanique[("Allégorie à M…", //id.//, p.218.)].+\\ <tab>Et le fruit de ma botanique[("Allégorie à M…", //id.//, p.(nbsp)218.)].
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