====== Rocafort, "Dans les Alpes françaises" (Revue du Midi) ====== ===== Présentation du texte ===== [[rocafort|Jacques Rocafort]] publie en juillet 1899, dans la //Revue du Midi// qu'il dirige, un **itinéraire** de nature littéraire et descriptive plutôt que scientifique, intitulé "Dans les Alpes françaises, de Grenoble à Genève[(Jacques Rocafort, “Dans les Alpes françaises…”, //Revue du Midi//, 13/^e^/ année, n°(nbsp)1, 1/^er^/\ juillet 1899, p.(nbsp)53-72.)]". ===== Citation ===== Delille n'est pas cité en tant que tel, pourtant Rocafort **retrouve dans sa prose un alexandrin** du chant\ 3 de //L'Homme des champs//, que nous soulignons par des italiques. Le passage intervient lors de l'évocation de "l'ascension par le funiculaire des Rochers de Naye à 2.045 mètres d'altitude[(//Id//., p. 68.)]". Entreprise avec d'autres touristes à l'aube, cette excursion permet de voir se découper graduellement les plus hauts sommets, tels que le Mont-Blanc et la Jungfrau(nbsp): On les cherche, on les nomme, on se les montre, les uns curieux de les connaître, les autres empressés à faire étalage de leur science souvent douteuse. En un clin d'œil la plateforme est évacuée. On voulait voir lever le soleil, il est levé, tout ce monde redescend comme si l'intérêt du spectacle était épuisé. \\ Il ne l'est pas. L'absence de voisins rend plus éloquente la solitude, plus sauvage et plus imposante la majesté de ce point unique au monde. On se sent perdu au milieu d'un vrai chaos de pics, de cimes et de blocs neigeux, dans un silence qui n'est troublé que par quelques déchirements des glaciers désagrégés ou par le cri perçant d'un aigle planant à la recherche d'une proie. On est face à face avec les géants des Alpes(nbsp); //les siècles autour d'eux ont passé comme une heure//, d'autres passeront de même, et j'en veux à M. Perrichon[(Allusion au //Voyage de M. Perrichon//, comédie d'Eugène Labiche et Édouard Martin (1860), mettant en scène une famille de bourgeois visitant Chamonix.)] de la honte que j'éprouve à dire que devant tant de grandeur l'homme se sent petit[(//Id//., p.(nbsp)69-70.)]. Vers concerné : [[chant3#v311|chant 3, vers 311]]. Seul l'article ouvrant le vers est modifié, pour passer de "des" à "les", avec un résultat ambigu. On peut traiter le syntagme comme un **plagiat**. Comme dans d'autres cas, on peut aussi considérer que Rocafort n'est pas conscient de procéder à une citation, et qu'on a ainsi affaire à une **réminiscence** involontaire. Enfin, on peut estimer – comme le suggère l'allusion aux clichés associés au bourgeois de Labiche – que l'auteur rend un **hommage discret** à Delille, reconnu pour sa capacité à inventer des formules encore chargées d'originalité et de sublime, malgré leur forte diffusion au fil du siècle (puisque dès 1815, [[jouymacedoine|Jouy dénonçait la transformation de ses vers sur les Alpes en une matrice de formules convenues, ressassées par les touristes]]). ===== Lien externe ===== * Accès à la numérisation du texte(nbsp): [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36960c/f71.item|Gallica]]. ---- Auteur de la page --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2019/06/17 00:25//