====== Louis Carpentier, Le Gradus français ======
Voir la synthèse thématique sur les [[usageslexicographiques|Usages lexicographiques]].
===== Présentation de l’œuvre =====
//Le Gradus français, ou dictionnaire de la langue poétique// (1822) de [[carpentier|Louis Carpentier]] est **un recueil de morceaux choisis de poésie**. Chaque extrait est rattaché à un motif récurrent dans la poésie ou à une figure mythologique. Depuis le 17e siècle, le //Gradus ad Parnassum// est un ouvrage pédagogique qui porte sur la poésie latine ou grecque, puis sur la musique. En 1822, c'est à la poésie française que Carpentier consacre son //Gradus//. Le dictionnaire est précédé d'un traité de versification et suivi d'un dictionnaire des rimes ; il est réédité en 1825.
===== Delille : un classique =====
Les poèmes de Delille occupent une place considérable dans l'ouvrage de Carpentier, à côté des œuvres de Racine, Boileau, Voltaire et bien d'autres. Écrit par un ancien professeur de rhétorique, le //Gradus// atteste que Delille a acquis, neuf ans après sa mort, le statut d'un "classique", au sens d'un auteur qu'on lit dans les classes des écoles. Cependant, l'ouvrage n'est pas prioritairement destiné aux étudiants, mais "aux littérateurs, et principalement aux poètes"[("Avis du libraire", in Louis Carpentier, //Le Gradus français, ou Dictionnaire de la langue poétique, précédé d'un nouveau traité de la versification française et suivi d'un nouveau dictionnaire des rimes//, Paris, Alexandre Johanneau, 1822, //s. p.//)] pour les aider dans leurs compositions. Ayant **une forte visée prescriptive**, il constitue un manuel de poésie classique insensible à l'émergence d'une nouvelle poésie romantique. Delille y apparaît comme un modèle consacré quoique, à l'instar des autres poètes mentionnés, les défauts de sa versification soient parfois relevés[(Voir ci-dessous, les citations [[#citation_2|2]] et [[#citation_36|36]].)].
Comme les citations rassemblées ci-après le suggèrent, **Carpentier "classicise" Delille** en omettant ses audaces poétiques. Dès les années 1770, Delille est félicité d'avoir su approprier à la poésie française des expressions et des notions réputées jusqu'alors trop basses pour pénétrer sur le terrain du vers. Dans le "Discours préliminaire" de sa traduction des //Géorgiques//, Delille s'appuie sur Virgile pour détruire le préjugé contre les "expressions populaires"[(Jacques Delille, //Les Géorgiques de Virgile, traduction nouvelle en vers françois, enrichie de Notes & de Figures ; Par M. Delille, Professeur de l'Université de Paris, au College de la Marche//, Paris, C. Bleuet, 1770, p. 24.)] et pour annuler la distinction entre les "termes nobles" et les "termes roturiers"[(//Id.//, p. 26.)] qui a eu l'effet d'appauvrir et d'affadir la langue de la poésie(nbsp): "De-là la nécessité d'employer des circonlocutions timides, d'avoir recours à la lenteur des périphrases, enfin d'être long de peur d'être bas(nbsp); [...]"[(//Id.//, p. 27-28.)]. Ce faisant, le poète ouvre une brèche dans l'esthétique classique régie par l'impératif de la bienséance. Loin de rappeler ces conquêtes, Carpentier présente Delille comme un champion de la périphrase, de la métonymie et, plus généralement, des expressions figurées qui évitent aux poètes de recourir à certains termes : dans les vers de Delille, //agaric// remplace opportunément //amadou//, //l'hôte léger des fleurs// ennoblit //papillon// et //les disciples de Flore// permet d'écarter le mot //botanistes//.
À l'égard des citations trouvées chez Delille, le //Gradus// sera **copié par des lexicographes ultérieurs** comme [[bescherelle|Louis-Nicolas Bescherelle]], l'auteur du [[bescherelledictionnaire|Dictionnaire national]] (1845-1847). Souvent, on retrouvera encore les mêmes citations dans le [[laroussegranddictionnaire|Grand Dictionnaire]] de [[larousse|Pierre Larousse]].
===== Table des citations =====
**Traité de versification**
[[#citation 1|Traité des rimes qu'il faut éviter]] \\
[[#citation 2|Rimes suivies ou plates]]
**Gradus, ou dictionnaire de la langue poétique**
[[#citation 3|ACCENT. n. m.]] \\
[[#citation 4|AGARIC. n. m.]] \\
[[#citation 5|ALPES. n. pr. f. pl.]] \\
[[#citation 6|AMADOU. n. m.]] \\
[[#citation 7|AMPHITHÉATRE. n. m.]] \\
[[#citation 8|ANTIQUITÉ. n. f.]] \\
[[#citation 9|ARBRE. n. m.]] \\
[[#citation 10|ASSOUPIR. v. tr.]] \\
[[#citation 11|AVALANCHE ou AVALANGE. n. f.]]
[[#citation 12|BALAYER. v. tr.]] \\
[[#citation 13|BOTANISTE. n. m.]] \\
[[#citation 14|BRUYÈRE. n. f.]]
[[#citation 15|CAILLOU. n. m.]] \\
[[#citation 16|CITÉ. n. f.]] \\
[[#citation 17|COR. n. m.]]
[[#citation 18|DIEU. n. m.]] \\
[[#citation 19|DIRE. v. tr.]] \\
[[#citation 20|DISCIPLE. n. m.]] \\
[[#citation 21|ÉCUMANT, ANTE. adj.]] \\
[[#citation 22|FANFARE. n. f.]] \\
[[#citation 23|FEU. n. m.]] \\
[[#citation 24|FLORE. n. pr. f.]] \\
[[#citation 25|FOURRURE. n. f.]] \\
[[#citation 26|GRAIN. n. m.]] \\
[[#citation 27|HAUTEUR. n. f.]] \\
[[#citation 28|HERBE. n. f.]] \\
[[#citation 29|HERMINE. n. f.]] \\
[[#citation 30|HEURE. n. f.]] \\
[[#citation 31|HYMEN et HYMÉNÉE. n. m.]] \\
[[#citation 32|JET. n. m.]] \\
[[#citation 33|LAVE. n. f.]] \\
[[#citation 34|LUMIÈRE. n. f.]] \\
[[#citation 35|MÉDITER. v. tr. et intr.]] \\
[[#citation 36|NASAL, ALE. adj.]] \\
[[#citation 37|NAVIGUER. v. intr.]]
[[#citation 38|OMBRE. n. f.]] \\
[[#citation 39|OURAGAN. n. m.]] \\
[[#citation 40|OUVRAGE. n. m.]] \\
[[#citation 41|PAPILLON. n. m.]] \\
[[#citation 42|PARURE. n. m.]] \\
[[#citation 43|PEAU. n. f.]] \\
[[#citation 44|PEUPLE. n. m.]] \\
[[#citation 45|PLANTE. n. f.]] \\
[[#citation 46|PLEURER. v. intr.]] \\
[[#citation 47|POIL. n. m.]] \\
[[#citation 48|POUDRE. n. f.]] \\
[[#citation 49|QUEUE. n. f.]] \\
[[#citation 50|REFLET. n. m.]] \\
[[#citation 51|REFOULER. v. tr.]] \\
[[#citation 52|ROMANTIQUE. adj.]] \\
[[#citation 53|TARIÈRE. n. f.]] \\
[[#citation 54|TEINTE. n. f.]] \\
[[#citation 55|TOURBILLONNER. v. intr.]] \\
[[#citation 56|TOURMENTER. v. tr.]] \\
[[#citation 57|VÉGÉTAL, ALE. adj.]]\\
[[#citation 58|VOLCAN. n. m.]]
===== Citation 1 =====
Dans le "Traité de versification" qui ouvre son //Gradus//, Carpentier cite Delille parmi les poètes "du premier ordre" qui négligent leurs rimes, à côté de Boileau, Jean Racine, Louis Racine, Voltaire et Thomas.
TRAITÉ \\
DES RIMES QU'IL FAUT ÉVITER.
I/^o^/. Une voyelle longue ne rime pas bien avec sa brève. \\
Déjà, au milieu du seizième siècle, J. du Bellay, dans son Illustration de la langue française[(Liv. II, chap. 7. Paris, 1549. (Note de l'auteur.))], condamnait ces sortes de rimes, et défendait d'accoupler //passe// à //trace//, //maître// à //mettre//, un //bât// à il //bat//. \\
Depuis Richelet, Demandre, Domergue[(Charpentier cite ici les //Solutions grammaticales// (1808) de François-Urbain Domergue.)] et tous les autres grammairiens ont répété cette défense, dont un maître de qui l'autorité en fait de poésie n'a pas moins de force, je veux dire l'oreille, fait une loi expresse : on voit avec peine qu'elle ait été souvent violée par nos poètes, même par ceux du premier ordre.
Un auteur à genoux, dans une humble préf//ace//, \\
Au lecteur qu'il ennuie a beau demander gr//âce//. \\
!!Boileau.!!
Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau ; \\
La neige autour de lui rapidement s'am//asse ;// \\
De moment en moment il augmente sa m//asse.// \\
!!Delille.!!
[...]
Ces rimes, ajoute M. Demandre, sont moins des licences que des fautes qu'on est en droit de leur reprocher[(Louis Carpentier, //op. cit.//, p. 42-43.)].
Vers concernés : [[chant3#v362|chant 3, vers 362-364]]
===== Citation 2 =====
Traitant plus loin de l'alternance des rimes, le grammairien choisit Delille et Boileau pour illustrer le cas de figure le plus commun dans la poésie classique : la rime plate. De Delille comme de Boileau, le théoricien retient douze alexandrins, soit trois rimes masculines et trois rimes féminines, qui forment respectivement le début du chant 3 de //L'Homme des champs// et le début de la dixième //Épître// adressée "À mes vers".
Les rimes //suivies// ou //plates//, comme plusieurs les nomment, sont celles où deux rimes masculines sont alternativement suivies de deux rimes féminines, ou bien deux rimes féminines de deux rimes masculines, comme on le voit dans les vers suivans :
\\ Que j'aime le mortel, noble dans ses penchants,
\\ Qui cultive à la fois son esprit et ses champs !
\\ Lui seul jouit de tout. Dans sa triste ignorance,
\\ Le vulgaire voit tout avec indifférence.
\\ Des desseins du grand être atteignant la hauteur,
\\ Il ne sait point monter de l'ouvrage à l'auteur ;
\\ Mais ce n'est point pour lui qu'en ses tableaux si vastes,
\\ Le grand être forma d'harmonieux contrastes ;
\\ Il ne sait pas comment, dans ses secrets canaux,
\\ De la racine au tronc, du tronc jusqu'aux rameaux,
\\ Des rameaux au feuillage accourt la sève errante ;
\\ Comment naît des cristaux la masse transparente.
\\ !!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III.
\\ J'ai beau vous arrêter, ma remontrance est vaine ;
\\ Allez, partez, mes vers, dernier fruit de ma veine ;
\\ C'est trop languir chez moi dans un obscur séjour.
\\ La prison vous déplaît, vous cherchez le grand jour ;
\\ Et déjà chez Barbin, ambitieux libelles,
\\ Vous brûlez d'étaler vos feuilles criminelles.
\\ Vains et faibles enfants dans ma vieillesse nés,
\\ Vous croyez, sur les pas de vos heureux aînés,
\\ Voir bientôt vos bons mots, passant du peuple aux princes,
\\ Charmer également la ville et les provinces ;
\\ Et, par le prompt effet d'un sel réjouissant,
\\ Devenir quelquefois proverbes en naissant.
\\ !!Boileau!!, //Épître X//[(//Id.//, p. 51.)].
Vers concernés : [[chant3#v001|chant 3, vers 1-12]]
===== Citation 3 =====
Dans le //Gradus// proprement dit, les citations des poètes ne sont pas systématiquement commentées. Carpentier cite une première fois le chant 3 de //L'Homme des champs// à l'article **ACCENT. //n. m.//** Ce même passage illustre aussi les articles [[#citation 17|COR]] et [[#citation 22|FANFARE]].
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares, \\
Où les //accents// du cor et le bruit des fanfares \\
Epouvantaient au loin les hôtes des forêts. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//[(//Id.//, p. 102.)].
Vers concernés : [[chant3#v411|chant 3, vers 411-413]]
===== Citation 4 =====
Les trois vers de Delille constituent l'unique citation de l'article **AGARIC. //n. m.//**, un champignon. Cependant, ces mêmes vers sont réemployés à deux autres reprises, aux articles [[#citation 6|AMADOU]] et [[#citation 15|CAILLOU]].
Le puissant //Agaric// qui du sang épanché \\
Arrête les ruisseaux, et dont le sein fidele \\
Du caillou petillant recueille l'étincelle. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. 3[(//Id.//, p. 121.)].
Vers concernés : [[chant3#v510|chant 3, vers 510-512]]
===== Citation 5 =====
En citant Delille à l'article **ALPES. //n. pr. f. pl.//**, Carpentier signale l'usage antonomastique que le poète fait de ce mot pour désigner les montagnes. Les mêmes vers sont repris par Carpentier à l'intérieur d'une citation plus longue : voir l'article [[#citation 11|AVALANCHE]].
Delille a pris ce mot au figuré et comme synonyme de montagne, il a dit en parlant des avalanches :
Et sous le vent lointain de ces //Alpes// qui tombent, \\
Avant d'être frappés les voyageurs succombent. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 141.)].
Vers concernés : [[chant3#v371|chant 3, vers 371-372]]
===== Citation 6 =====
Unique citation de l'article **AMADOU. //n. m.//**, une synecdoque de Delille (//agaric// pour //amadou//) est présentée par Carpentier comme un utile détour pour éviter l'emploi d'une notion triviale. Voir aussi les articles [[#citation 4|AGARIC]] et [[#citation 15|CAILLOU]].
AMADOU. //n. m.// Mêche faite avec une espèce d'agaric. C'est un mot familier. Delille a heureusement substitué au nom de la chose celui de la matière dont elle est faite, métonymie fréquemment employée par les poètes :
Le puissant //agaric// qui du sang épanché \\
Arrête les ruisseaux, et dont le sein fidèle \\
Du caillou pétillant recueille l'étincelle. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 143.)].
Vers concernés : [[chant3#v510|chant 3, vers 510-512]]
===== Citation 7 =====
Deux brefs passages de //L'Homme des champs// (chants 3 et 4) sont cités au mot **AMPHITHÉATRE. //n. m.//** Le vers tiré du chant 3 est légèrement modifié par Carpentier ("Des" remplace "De leurs").
.... Des rochers pendants l'informe //amphithéâtre//. \\
!!Delille!![(//Id.//, p. 152.)].
Vers concerné : [[chant3#v323|chant 3, vers 323]]
===== Citation 8 =====
Dans l'article **ANTIQUITÉ. //n. f.//**, l'expression "océan des âges" est associée au nom de Delille, alors que Delille lui-même indique que le vers qui la contient est une réminiscence : voir [[chant3#v176|la note 8 du chant 3]] de //L'Homme des champs//.
ANTIQUITÉ. //n. f.// Priorité de temps très-reculée. //Syn.// Ancienneté, vieillesse. //Epit.// Haute -, reculée, obscure, fabuleuse, mensongère, docte -, savante, noble -, vénérable, glorieuse, recommandable, respectable, fidèle, barbare, bavarde (Voltaire), idolâtre, payenne, profane, aveugle. //Périph.// La nuit, le gouffre, l'abîme des temps, des siècles reculés, des âges passés ; l'antiquité des temps, les temps antiques, les siècles reculés, les fastes du temps, l'océan des âges (Delille), le lointain des âges[(//Id.//, p. 160.)].
Vers concerné : [[chant3#v176|chant 3, vers 176]]
===== Citation 9 =====
Au mot **ARBRE. //n. m.//**, Carpentier cite brièvement //L'Homme des champs//, mais il omet le second hémistiche du second vers ("la greffe et ses prodiges"). Plus loin dans l'article, le grammairien cite plus abondamment //Les Jardins// de Delille et plusieurs poèmes d'autres auteurs. Voir aussi l'article [[#citation 31|HYMEN et HYMÉNÉE]].
Delille a dit, en parlant des arbres et des fleurs :
Observez leurs couleurs, leurs formes, leurs penchants, \\
Leurs amours, leurs hymens. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 170.)].
Vers concernés : [[chant3#v386|chant 3, vers 386-387]]
===== Citation 10 =====
La citation suivante est choisie par Carpentier pour illustrer le mot **ASSOUPIR, //v. tr.//** Voir aussi l'article [[#citation 23|FEU]].
La grondait un volcan, //ses feux sont assoupis//. \\
!!Delille!!, //L'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 185.)].
Vers concerné : [[chant3#v145|chant 3, vers 145]]
===== Citation 11 =====
L'article **AVALANCHE ou AVALANGE. //n. f.//** a la particularité de citer trois fois Delille, et aucun autre auteur, alors que le motif de l'avalanche est présent dans beaucoup de poèmes antérieurs à //L'Homme des champs//, parmi lesquels les //Saisons// (1769) de Jean-François de Saint-Lambert. Outre //L'Homme des champs//, les deux poèmes de Delille cités par Carpentier sont respectivement //Les Trois Règnes de la nature// (chant 4) et //La Conversation// (chant 1). Voir aussi les articles [[#citation 5|ALPES]] et [[#citation 26|GRAIN]].
AVALANCHE ou AVALANGE. //n. f.// Masse formée par les neiges qui roulent du haut des montagnes. //Epit.// Énorme, pesante, effroyable, neigeuse, durcie, bruyante, roulante, bondissante, inévitable. //Périph.// Bloc de neige, boule énorme de neige.
.... De chute en chute, ébranlant les campagnes, \\
L'//avalanche// a roulé les débris des montagnes. \\
!!Delille.!!
Dans ces climats qu'un long hiver asiége, \\
Ramassant les frimas sur la pente des monts, \\
Se grossit de légers flocons \\
Une boule énorme de neige. \\
//Le même.//
Souvent un grand effet naît d'une faible cause ; \\
Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose \\
Detache un grain de neige. A ce léger fardeau \\
Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau ; \\
La neige autour de lui rapidement s'amasse ; \\
De moment en moment il augmente sa masse : \\
L'air en tremble, et soudain, s'écroulant à la fois, \\
Des hivers entassés l'épouvantable poids \\
Bondit de roc en roc, roule de cime en cime, \\
Et de sa chute immense ébranle au loin l'abîme. \\
Les hameaux sont détruits et les bois emportés ; \\
On cherche en vain la place où furent les cités, \\
Et sous le vent lointain de ces Alpes qui tombent, \\
Avant d'être frappés, les voyageurs succombent. \\
//Le même//, //l'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 199.)].
Vers concernés : [[chant3#v359|chant 3, vers 359-372]]
===== Citation 12 =====
Dans l'article **BALAYER. //v. tr.//**, Carpentier associe ce verbe au langage familier de la comédie et de la satire, avant d'en signaler quelques emplois figurés, relevant du style noble. Dans la citation de //L'Homme des champs//, le sujet "L'ouragan" est incorrectement placé au début d'un vers. Ce passage est cité plus amplement à l'article [[#citation 39|OURAGAN]]. Voir aussi l'article [[#citation 51|REFOULER]].
En parlant du vent, //balayer// se dit dans le style noble comme dans le style familier :
Les nuages poudreux, \\
Le sable et les débris que l'aquilon fougueux \\
Elève en //balayant// les arides campagnes.
!!Castel.!!
L'ouragan. . . . . . . . . . . . . \\
//Balaye// en se jouant et forêt et cité ; \\
Refoule dans son lit le fleuve épouvanté. \\
!!Delille!![(//Id.//, p. 210.)].
Vers concernés : [[chant3#v122|chant 3, vers 122 et 125-126]]
===== Citation 13 =====
Connaissant une fortune importante au 19/^e^/ siècle, le passage de //L'Homme des champs// sur l'herborisation est cité partiellement dans l'article **BOTANISTE. //n. m.//**, en vertu d'une périphrase que Carpentier semble apprécier. Voir aussi les articles [[#citation 20|DISCIPLE]], [[#citation 24|FLORE]], [[#citation 45|PLANTE]] et [[#citation 57|VÉGÉTAL]].
BOTANISTE. //n. m.// Celui qui s'applique à la botanique. //Epit.// Studieux, exact, curieux, patient, infatigable, attentif, observateur, solitaire, matinal, doux, affable, sensible, paisible. Delille a dit //les disciples de Flore// pour les botanistes.
... L'air du matin, la fraicheur de l'aurore \\
Appèlent à l'envi //les disciples de Flore.// \\
Jussieu marche à leur tête, il parcourt avec eux \\
Du règne végétal les nourrissons nombreux. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III.
Quand le printemps me rit, je gravis sur les monts, \\
Et guidé par Jussieu, j'en détache ces plantes \\
Ces simples bienfaisants, dont les vertus puissantes \\
Réchauffent du vieillard l'inactive langueur, \\
Et dans son corps souffrant suspend la douleur. \\
Leur parfum les trahit... Votre émail, fleurs nouvelles, \\
Et vos vives couleurs, et vos formes si belles, \\
Se disputent le droit de fixer mes regards ! \\
Le ciel est moins brillant, et moins d'astres épars \\
Rayonnent dans l'azur de la voûte superbe.... \\
Ainsi, nonchalamment promené d'herbe en herbe, \\
Des touffes de mélisses à l'odorant anet, \\
Et de l'acanthe en fleur à l'humble serpolet, \\
Mon œil suit dans leurs jeux ces vivantes machines ; \\
Je classe, j'assortis leurs nuances si fines. \\
Entouré constamment de ces riants objets, \\
J'étudie et leurs lois et leurs rapports secrets ; \\
Et j'apprends de ces fleurs, sœurs et beautés rivales, \\
Le propre caractère, et les mœurs générales. \\
Le disque du cristal, de mes yeux rapproché, \\
Grossit, dévoile, étend l'organe trop caché ; \\
Ou d'un tranchant acier les subtiles blessures, \\
M'aidant à pénétrer leurs savantes structures, \\
Pour prix de tant de soin, mon esprit voit, enfin, \\
De leurs variétés le principe et la fin. \\
!!Bérenger!!, // les Plaisirs du Botaniste//[(//Id.//, p. 234.)].
Vers concernés : [[chant3#v419|chant 3, vers 419-422]]
===== Citation 14 =====
En compagnie de Boisjolin et de Joseph-François Michaud, auteur du //Printemps d'un proscrit// (1802) et éditeur de Delille, le poète de //L'Homme des champs// est cité à l'article **BRUYÈRE. //n. f.//**
BRUYÈRE. //n. f.// (//bruy-è-re//). Sorte de petit arbuste qui croît dans les terres incultes et stériles. \\
Il se prend aussi pour le lieu où croissent ces petits arbustes. //Syn.// Broussailles. − Landes. //Epit.// Humble-, triste-, aride, sauvage.
La ronce, la //bruyère// et la mousse sauvage. \\
!!Delille!!.
L'or brillant du genêt couvre l'humble //bruyère//. \\
!!Michaud!!.
La //bruyère// qu'agite un doux frémissement, \\
De ses feuilles de pourpre étale l'ornement. \\
!!Boisjoslin!![(//Id.//, p. 247-248.)].
Vers concerné : [[chant3#v039|chant 3, vers 39]]
===== Citation 15 =====
Au mot **CAILLOU. //n. m.//**, Carpentier cite les trois mêmes vers de Delille qu'il a déjà utilisés pour les articles [[#citation 4|AGARIC]] et [[#citation 6|AMADOU]].
CAILLOU. //n. m.// (les deux //l// sont mouillés). Pierre très-dure qui donne des étincelles quand on la frappe avec l'acier. //Epit.// Dur, aigu, brillant, veineux, uni, poli, pétillant.
Des veines d'un //caillou// qu'il frappe au même instant, \\
Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant. \\
!!Boileau!!, //Le Lutrin//, ch. III.
Le puissant agaric, qui du sang épanché \\
Arrête les ruisseaux, et dont le sein fidèle \\
Du //caillou// pétillant recueille l'étincelle. \\
!!Delille!! //l'Homme des champs//, ch. III.
Et quelquefois assis sur le bord des fontaines, \\
Tandis que cent //cailloux//, luttant à chaque bond, \\
Suivaient les longs replis du cristal vagabond, \\
Voyez, disait Vénus, ces ruisseaux et leur course, \\
Ainsi jamais le temps ne remonte à sa source. \\
!!La Fontaine!!, //Adonis//, poème[(//Id.//, p. 255.)].
Vers concernés : [[chant3#v510|chant 3, vers 510-512]]
===== Citation 16 =====
Pour illustrer **CITÉ. //n. f.//**, Carpentier sélectionne deux vers du passage de //L'Homme des champs// sur l'avalanche.
CITÉ. //n. f. Syn.// Ville. //Epit.// Antique, nouvelle, naissante, opulente, grande, vaste, immense, riche, florissante, orgueilleuse.
Le Seigneur a détruit //la reine des cités//. \\
!!Racine!!, //Athalie//.
Les hameaux sont détruits et les bois emportés : \\
On cherche en vain la place où furent les //cités//. \\
!!Delille!!.
Parcourez l'univers, voyez de toutes parts \\
Des plus fières //cités// les cadavres épars. \\
Le même, //les trois Règnes de la Nature//, ch. IV[(//Id.//, p. 306.)].
Vers concernés : [[chant3#v369|chant 3, vers 369-370]]
===== Citation 17 =====
Les vers suivants, cités à l'article **COR. //n. m.//**, illustrent également les articles [[#citation 3|ACCENTS]] et [[#citation 22|FANFARE]].
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares \\
Où les accents du //cor// et le bruit des fanfares \\
Epouvantent de loin les hôtes des forêts.\\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 336.)].
Vers concernés : [[chant3#v411|chant 3, vers 411-413]]
===== Citation 18 =====
C'est encore en vertu d'une périphrase ("grand être" pour "Dieu") que Delille est cité, parmi beaucoup d'autres auteurs, au mot **DIEU. //n. m.//** Voir aussi les articles [[#citation 27|HAUTEUR]] et [[#citation 40|OUVRAGE]].
Le vulgaire voit tout avec indifférence : \\
Des desseins //du grand être// atteignant la hauteur, \\
Il ne sait point monter de l'ouvrage à l'auteur. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 404.)].
Vers concernés : [[chant3#v004|chant 3, vers 4-6]]
===== Citation 19 =====
À l'article **DIRE, //v. tr.//**, Delille est cité pour illustrer un emploi poétique du verbe concerné.
En poésie //dire// s'emploie dans le sens de raconter, réciter, chanter, décrire. //Je dirai vos exploits.// Acad.
//Dirai-je// ces ruisseaux, ces sources, ces fontaines, \\
Qui, etc. \\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III.
L'heureux, l'heureux Tityre \\
//Dit// sa flamme aux forêts, promptes à la redire. \\
!!Domergue!!, trad. de la 1/^re^/ //Églogue// de Virgile[(//Id.//, p. 406.)].
Vers concernés : [[chant3#v279|chant 3, vers 279-280]]
===== Citation 20 =====
Cité dans l'article **DISCIPLE. //n. m.//**, cet extrait du passage de //L'Homme des champs// sur l'herborisation est également repris aux mots [[#citation 13|BOTANISTE]] et [[#citation 24|FLORE]].
DISCIPLE. //n. m. Syn.// Apprenti, écolier, élève, nourrisson. − Partisan, sectateur. //Epit.// Docile, attentif, soumis, obéissant, studieux, laborieux, appliqué, infatigable. − Zélé, constant, fidèle, profane. \\
On emploie souvent ce mot dans les périphrases : on dira, par exemple, //les disciples d'Apollon// pour les poètes, //les disciples d'Hermès// pour les chimistes, //les disciples de Flore// pour les botanistes, etc.
.... L'air du matin, la fraîcheur de l'aurore, \\
Appèlent à l'envi //les disciples de Flore//. \\
!!Delille!![(//Ibid.//)]
Vers concernés : [[chant3#v419|chant 3, vers 419-420]]
===== Citation 21 =====
Delille est cité deux fois au mot **ÉCUMANT, ANTE. //adj.//** La seconde citation, issue de //L'Homme des champs//, concerne les torrents qu'on trouve dans les paysages de montagne.
J'entends le bruit lointain des rochers //écumants//. \\
!!Delille!!, trad. de //l'Enéide//, liv. III.
Là s'élance en grondant la cascade //écumante//. \\
//Le même//[(//Id.//, p. 429.)].
Vers concerné : [[chant3#v335|chant 3, vers 335]]
===== Citation 22 =====
Cités au mot **FANFARE. //n. f.//**, les trois vers de //L'Homme des champs// illustrent également les articles [[#citation 3|ACCENT]] et [[#citation 17|COR]].
FANFARE. //n. f.// Air de trompette et d'autres instruments en signe de réjouissances, bruit ou concert d'instruments militaires ou de chasse. //Epit.// Bruyante, sonore, éclatante.
Au son guerrier des bruyantes //fanfares//. \\
!!Parny.!!
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares \\
Où les accents du cor et le bruit des //fanfares// \\
Épouvantent au loin les hôtes des forêts. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III.
Le cor, pour éveiller les châteaux d'alentour, \\
Frappe et remplit les airs de bruyantes //fanfares//. \\
!!Roucher!!, //les Mois//, ch. IX[(//Id.//, p. 485.)].
Vers concernés : [[chant3#v411|chant 3, vers 411-413]]
===== Citation 23 =====
À l'article **FEU. //n. m.//**, un vers de Delille est cité pour illustrer un emploi synecdotique de ce substantif. Voir aussi l'article [[#citation 10|ASSOUPIR]].
//Feu// signifie aussi le feu que l'on fait avec du bois ou autres matières combustibles. Dans les diverses acceptions de ce mot, les poètes emploient bien le pluriel pour le singulier. \\
//Vulcain//, dieu du feu, est souvent pris pour le feu même.
Là grondait un volcan, ses feux sont assoupis. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 493.)].
Vers concerné : [[chant3#v145|chant 3, vers 145]]
===== Citation 24 =====
Déjà citée plusieurs fois (voir les articles [[#citation 13|BOTANISTE]] et [[#citation 20|DISCIPLE]]), la périphrase suivante illustre ici le nom de la déesse **FLORE. //n. pr. f.//**
Pour les //fleurs// les poètes disent, par périphrases, les filles, les enfants, les élèves de Flore ; les présents, les dons, les trésors, la parure de Flore. Delille a dit les disciples de Flore pour les botanistes.
... L'air du matin, la fraîcheur de l'aurore, \\
Appèlent à l'envi //les disciples de Flore//[(//Id.//, p. 510.)].
Vers concernés : [[chant3#v419|chant 3, vers 419-420]]
===== Citation 25 =====
Éludant le fait que Delille parle d'animaux empaillés, Carpendier cite dans l'article **FOURRURE. //n. f.//** le passage de //L'Homme des champs// où le poète mentionne son ancienne chatte Raton. Voir aussi les articles [[#citation 29|HERMINE]], [[#citation 43|PEAU]], [[#citation 47|POIL]] et [[#citation 49|QUEUE]].
En parlant d'une chatte, Delille a dit :
Là je voudrais te voir telle que je t'ai vue \\
De ta molle fourrure élégamment vêtue. \\
//L'Homme des champs//, ch. III[(Id., p. 524.)].
Vers concernés : [[chant3#v639|chant 3, vers 639-640]]
===== Citation 26 =====
Deux passages de //L'Homme des champs// − les deux derniers extraits de la citation suivante − illustrent le mot **GRAIN. //n. m.//** Le premier est relatif à la description de l'avalanche ; Carpentier l'a déjà cité au mot [[#citation 11|AVALANCHE]]. Le second compte parmi les plus célèbres du poème de Delille : voir la page consacrée au vers [[histoiredecegrain|"L'histoire de ce grain est l'histoire du monde"]].
GRAIN. //n. m.// (//grein//). //Syn.// Blé, froment, seigle, orge, avoine. − Graine, pépin, semence. //Epit.// Nourricier, nourrissant, fécond, mûr, semé, germé, recueilli, maigre. //Périph.// La dépouille des guérets, des épis. Les dons nourriciers de Cérès (Vigée).
Les trésors de Cérès \\
Inondent à grands flots les fertiles guérets, \\
Et ce //grain//, écrasé sous la meule bruyante, \\
Est pour nous d'aliments une source abondante.\\
!!Dulard!!, //les Merveilles de la Nature//, ch. VII.
De Cérès aussitôt le trésor se déploie, \\
Le feu sèche leurs //grains//, et la pierre les broie. \\
!!Delille!!, trad. de //l'Enéide//, liv. 1.
//V.// !!blé, froment.!!
//Grain// se dit des petites parcelles de certaines choses : grain de sable, de sel, de poudre à canon, etc.
Souvent un grand effet naît d'une faible cause, \\
Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose \\
Détache //un grain de neige//, etc. \\
!!Delille.!!
Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un //grain//, \\
Mais fils du temps, de l'air, de la terre, de l'onde, \\
L'histoire de ce //grain// est l'histoire du monde. \\
//Le même//[(Id., p. 562.)].
Vers concernés : [[chant3#v359|chant 3, vers 359-361]] et [[chant3#v218|218-220]]
===== Citation 27 =====
Cité au mot **HAUTEUR. //n. f.//**, le passage suivant se retrouve également dans les articles [[#citation 18|DIEU]] et [[#citation 40|OUVRAGE]].
Le vulgaire voit tout avec indifférence : \\
//Des desseins// du grand Être atteignant la //hauteur//, \\
Il ne sait point monter de l'ouvrage à l'auteur. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III.
//Des hauteurs de sa gloire// il (Dieu) rit de notre orgueil. \\
//Le même//, trad. du //Paradis perdu//, ch. II[(//Id.//, p. 582.)].
Vers concernés : [[chant3#v004|chant 3, vers 4-6]]
===== Citation 28 =====
La citation suivante, qui se trouve au mot **HERBE. //n. f.//**, est extraite du passage de //L'Homme des champs// où Delille célèbre la richesse des végétaux, de l'arbre pompeux à l'herbe humble. Carpentier l'interrompt après le mot promenade, alors que la phrase continue dans le poème original. Les sept premiers vers cités, avant le blanc, ne proviennent pas de //L'Homme des champs//. Voir aussi l'article [[#citation 44|PEUPLE]].
HERBE. //n. f. Syn.// Herbage, herbette. − Verdure, gazon. − Simples. − Vert, pâturage, pâture, pâtis, pacage. //Epit.// Verte, tendre, épaisse, molle drue, verdoyante, fleurie, naissante, rajeunie, vivace, languissante, altérée, aride, stérile, parasite, mourante, fanée, défleurie, sèche, flétrie, desséchée, champêtre, riante, touffue, crêpue, faible, fraîche, humide, marécageuse, menue, vile, aromatique, odorante, parfumée, fauchée, tondue, salutaire, propice, nuisible, mortelle, dangereuse, vénéneuse, empoisonnée, magique, merveilleuse, puissante, pressée, foulée.
La terre produit l'//herbe//, et l'//herbe// la dévore ! \\
Enfant de la nature, elle étouffe ces plants \\
Qui pourtant ont puisé la vie aux mêmes flancs ! \\
Ces tiges vont mourir ! c'en est fait ; l'//herbe// altière \\
Usurpe insolemment la sève nourricière, \\
Et par la force enfin, seul droit des oppresseurs, \\
Des bienfaits maternels déshérite ses sœurs.
Et les humbles tribus, //le peuple immense d'herbes// \\
Qu'effleure l'ignorant de ses regards superbes, \\
N'ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ? \\
Le même Dieu créa la mousse et l'univers. \\
De leurs secrets pouvoirs connaissez les mystères, \\
Leurs utiles vertus, leurs poisons salutaires : \\
Par eux autour de vous rien n'est inhabité, \\
Et même le désert n'est jamais sans beauté ; \\
Souvent pour visiter leurs riantes peuplades, \\
Vous dirigez vers eux vos douces promenades. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III.
Là, du gazon fleuri l'//herbe// tendre est foulée. \\
!!Romet.!!
En achevant ces mots, sur cette infortunée \\
Elle répand le suc d'une //herbe// empoisonnée. \\
!!Desaintange!![(//Id.//, p. 587.)].
Vers concernés : [[chant3#v395|chant 3, vers 395-404]]
===== Citation 29 =====
À l'article **HERMINE. //n. f.//**, Carpentier emprunte à Delille un usage à la fois synecdotique et métaphorique de ce mot. Voir aussi les articles [[#citation 25|FOURRURE]], [[#citation 43|PEAU]], [[#citation 47|POIL]] et [[#citation 49|QUEUE]].
Il [le mot //hermine//] se dit aussi de la peau, de la fourrure de cet animal. //Manteau doublé d'hermine.// \\
Il se prend même au figuré, et Delille a dit en parlant d'une chatte :
Là je voudrais te voir. . . . . . . . . . \\
Ou bien le dos en voûte et la queue ondoyante, \\
Offrir ta douce //hermine// à ma main caressante. \\
//L'Homme des champs//[(//Id.//, p. 591.)].
Vers concernés : [[chant3#v639|chant 3, vers 639 et 647-648]]
===== Citation 30 =====
Au mot **HEURE. //n. f.//**, Carpentier cite deux vers du passage de //L'Homme des champs// sur la destruction d'Herculanum.
//Heure//, joint aux adjectifs possessifs //mon//, //ton//, //son//, //notre//, //votre//, //leur//, se prend ordinairement pour le moment de la mort, la dernière heure : //son heure est arrivée//, //est venue//, c'est-à-dire, il est à l'article de la mort ; //ton heure sonne//, //approche//, signifie tu vas mourir. \\
On dit encore, en ce sens, //la dernière heure// ou //l'heure dernière//, //l'heure suprême//, //l'heure fatale//, en omettant ou en joignant le qualificatif possessif.
[...]
L'autre paré de fleurs et la coupe à la main \\
A vu //sa dernière heure// et son dernier festin. \\
!!Delille!!, //L'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 595.)].
Vers concernés : [[chant3#v173|chant 3, vers 173-174]]
===== Citation 31 =====
Le long article **HYMEN et HYMÉNÉE. //n. m.//** cite Delille à plusieurs reprises, et notamment pour un emploi métaphorique du mot //hymen//. Voir aussi l'article [[#citation 9|ARBRE]].
En vers, //hymen// se dit quelquefois au figuré pour l'accouplement des animaux, et par conséquent on appèle leurs enfants, leurs petits, //les fruits de leur hymen//. \\
Il se dit même par métaphore en parlant des êtres moraux, des plantes, etc.
[...]
Delille a dit en parlant des arbres et des fleurs :
Observez leurs couleurs, leurs formes, leurs penchants, \\
Leurs amours, //leurs hymens//. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 616.)].
Vers concernés : [[chant3#v386|chant 3, vers 386-387]]
===== Citation 32 =====
Delille est cité à l'article **JET. //n. m.//** Les mêmes vers sont repris aux articles [[#citation 34|LUMIÈRE]], [[#citation 38|OMBRE]] et [[#citation 54|TEINTE]].
Il [le mot //jet//] signifie aussi projection, jaillissement, élancement. − Rayon. \\
[...]
Le peintre y (sur les rochers) vient chercher, sous des teintes sans nombre, \\
Les //jets// de la lumière et les masses de l'ombre. \\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 658.)].
Vers concernés : [[chant3#v307|chant 3, vers 307-308]]
===== Citation 33 =====
Un vers isolé est cité à l'article **LAVE. //n. f.//**
LAVE. //n. f.// Matière fondue qui sort des volcans dans le temps de l'éruption. //Epit.// Enflammée, ardente, embrasée, brûlante, bouillonnante, rapide, pétulante, impétueuse.
C'est ici que la //lave// en longs torrents coula. \\
!!Delille!![(//Id.//, p. 685.)].
Vers concerné : [[chant3#v149|chant 3, vers 149]]
===== Citation 34 =====
Déjà cités au mot [[#citation 32|JET]], les deux vers suivants sont repris à l'article **LUMIÈRE. //n. f.//** en vertu d'une périphrase. Voir encore [[#citation 38|OMBRE]] et [[#citation 54|TEINTE]].
//Périph.// Des jets, des traits, des rayons de lumière, un faisceau de lumière, des flots de lumière ; un torrent, des torrents de lumière ; un flux de lumière, un océan de lumière. − La clarté du jour, du soleil ; la lumière des cieux. C'est en ce dernier sens de lumière pour jour, que les poètes appèlent le Soleil, //le dieu//, //le père de la lumière//, qu'ils nomment les cieux, les airs, //les champs de la lumière//.
Le peintre y vient chercher, sous des teintes sans nombre, \\
//Les jets de la lumière// et les masses de l'ombre. \\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//. ch. III[(//Id.//, p. 706.)].
Vers concernés : [[chant3#v307|chant 3, vers 307-308]]
===== Citation 35 =====
Une brève citation de //L'Homme des champs// illustre le verbe **MÉDITER. //v. tr.// et //intr.//**
Quand l'oiseau semble encor, \\
Perché sur son rameau, //méditer son essor//. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//. ch. III[(//Id.//, p. 738.)].
Vers concernés : [[chant3#v613|chant 3, vers 613-614]]
===== Citation 36 =====
Dans l'article **NASAL, ALE. //adj.//**, consacré aux voyelles nasales et à leur emploi dans la poésie, un vers de //L'Homme des champs// et deux vers de la traduction de //L'Énéide// sont présentés comme défectueux. Voir aussi [[#citation 37|la citation suivante]].
On ne peut nier que l'usage autorise la rencontre des voyelles devant les aspirations comme après les nasales, mais il est aussi incontestable que cette rencontre est une des plus grandes difformités de notre langue poétique(nbsp); et l'aspiration, loin d'adoucir le heurt des voyelles, le rend au contraire plus sensible(nbsp); ce n'est donc pas la réflexion seule qui fait trouver un //hiatus// dans le choc des voyelles nasales avec les voyelles simples, c'est au contraire l'habitude qui, en nous familiarisant en quelque sorte avec ces bâillements, fait que notre oreille les supporte avec moins de répugnance. Malgré l'autorité de l'usage, les vers suivants blesseront toujours une oreille délicate(nbsp):
La grue //au haut// des airs naviguant sans boussole. \\
!!Delille!!.
Tout le //camp// //a//pplaudit, et mille cris joyeux \\
D'Ascagne ont célébré l'essai victorieux. \\
//Le même//[(//Id.//, p. 794-795.)].
Vers concerné : [[chant3#v528|chant 3, vers 528]]
===== Citation 37 =====
Cité à l'article [[#citation 36|NASAL, ALE]] en vertu du hiatus qu'il contient, un vers de Delille réapparaît dans l'article **NAVIGUER. //v. intr.//**, pour illustrer un emploi figuré.
[Delille] l'a employé [le verbe //naviguer//] au figuré :
La grue au haut des airs //naviguant// sans boussole. \\
//L'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 797.)].
Vers concerné : [[chant3#v528|chant 3, vers 528]]
===== Citation 38 =====
//L'Homme des champs// est cité au mot **OMBRE. //n. f.//**, à côté d'un autre poème de Delille : //Les Jardins//. Voir aussi les articles [[#citation 32|JET]], [[#citation 34|LUMIÈRE]] et [[#citation 54|TEINTE]].
En termes de peinture, //ombre// se prend pour les couleurs obscures qui représentent, dans un tableau, les parties les moins éclairées ; c'est en ce sens que Delille a dit :
Le peintre y (sur les rochers) vient chercher, sous des teintes sans nombre, \\
Les jets de la lumière et //les masses de l'ombre//. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III
Ici, des troncs pressés rembrunissent leur //ombre//. \\
!!Delille!![(//Id.//, p. 833.)].
Vers concernés : [[chant3#v307|chant 3, vers 307-308]]
===== Citation 39 =====
Après l'avalanche et l'éruption volcanique, c'est la description de la tempête que Carpentier cite dans l'article **OURAGAN. //n. m.//** //L'Homme des champs// est ici rattaché à l'esthétique du sublime. Voir aussi les articles [[#citation 12|BALAYER]], [[#citation 42|PARURE]], [[#citation 46|PLEURER]]. [[#citation 48|POUDRE]], [[#citation 51|REFOULER]] et [[#citation 56|TOURMENTER]].
OURAGAN. //n. m.// Tempête violente, accompagnée de tourbillons. //Syn.// Orage, tempête, tourmente, bourrasque, vent impétueux. //Épit.// Noir -, terrible, épouvantable, affreux, fougueux, déchaîné, dévastateur. \\
"L'//ouragan//, dit Raynal, est un vent furieux, le plus souvent accompagné de pluie, d'éclairs, de tonnerre, quelquefois de tremblements de terre, et toujours des circonstances les plus terribles, les plus destructrives que les vents puissent rassembler."
Quand l'//ouragan// balancé dans les airs, \\
Comme un point noir se fixe sur nos têtes, \\
Si le taureau, de ses naseaux ouverts, \\
Semble aspirer la vapeur des tempêtes ; \\
Ou que la grue, au sejour des éclairs, \\
Sentant déjà la moiteur du nuage, \\
D'un cri d'effroi prophetise l'orage ; \\
Par ce signal averti du danger, \\
Je veux alors que le prudent berger \\
Ne cherche pas un lointain pâturage. \\
!!Campenon.!!
Tantôt de l'//ouragan// c'est le cours furieux, \\
Terrible, il prend son vol, et, dans des flots de poudre, \\
Part, conduisant la nuit, la tempête et la foudre ; \\
Balaie en se jouant et forêt et cité, \\
Refoule dans son lit le fleuve épouvanté ; \\
Jusqu'au sommet des monts lance la mer profonde, \\
Et tourmente en courant les airs, la terre et l'onde : \\
De là sous d'autres champs ces champs ensevelis, \\
Ces monts changeant de place, et ces fleuves de lits ; \\
Et la terre sans fruits, sans fleurs et sans verdure \\
Pleure en habits de deuil sa riante parure. \\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 854-855.)].
Vers concernés : [[chant3#v122|chant 3, vers 122-132]]
===== Citation 40 =====
Déjà cités à plusieurs reprises (voir les articles [[#citation 18|DIEU]] et [[#citation 27|HAUTEUR]]), trois vers illustrent le mot **OUVRAGE. //n. m.//**
Le vulgaire voit tout avec indifférence : \\
Des desseins du grand Être atteignant la hauteur, \\
Il ne sait point monter de l'//ouvrage// à l'auteur. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 857.)].
Vers concernés : [[chant3#v004|chant 3, vers 4-6]]
===== Citation 41 =====
À l'article **PAPILLON. //n. m.//**, la deuxième des trois citations suivantes est issue du chant 3 de //L'Homme des champs//. Carpentier s'octroie la liberté de transformer significativement les vers de Delille, faisant d'un alexandrin un décasyllabe. Comme souvent, le grammairien emprunte à Delille des expressions métaphoriques ou périphrastiques qui évitent l'emploi du mot propre.
On croit voir du printemps s'assortir les couleurs, \\
Se nuancer l'iris et voltiger des fleurs. \\
Trad. du //Paradis perdu//, liv. VII.
Le fils de la chenille, \\
Beau parvenu, honteux de sa famille. \\
//Le même.//
. . . . . Brillant de pourpre et d'or, \\
//L'hôte léger des fleurs// prend son volage essor. \\
//Le même//[(//Id.//, p. 867.)].
Vers concernés : [[chant3#v539|chant 3, vers 539-540]]
===== Citation 42 =====
//L'Homme des champs// compte parmi les poèmes qui illustrent un emploi figuré du mot **PARURE. //n. m.//** (//sic//). Voir aussi les articles [[#citation 39|OURAGAN]] et [[#citation 46|PLEURER]].
On dit bien la //parure// des prés, des bois, des jardins, des bosquets, des parterres, etc., la //parure// de la nature, pour la verdure, les fleurs, les fruits, les arbres, etc., qui embellissent la nature et décorent les prairies, les bois, les jardins.
[...]
Et la terre sans fruits, sans fleurs et sans verdure \\
Pleure en habits de deuil sa riante //parure//. \\
!!Delille!!, //l'Homme des champs//, ch. III[(//Id.//, p. 881.)].
Vers concernés : [[chant3#v131|chant 3, vers 131-132]]
===== Citation 43 =====
Au mot **PEAU. //n. f.//**, Carpentier cite une synecdoque de Delille. Voir aussi les articles [[#citation 25|FOURRURE]], [[#citation 29|HERMINE]], [[#citation 47|POIL]] et [[#citation 49|QUEUE]].
Les poètes disent bien la fourrure d'un animal velu, pour la peau dont il est revêtu. En parlant d'une belle chatte, Delille a dit :
Là je voudrais te voir telle que je t'ai vue, \\
De ta molle //fourrure// élégamment vêtue[(//Id.//, p. 891.)].
Vers concernés : [[chant3#v639|chant 3, vers 639-640]]
===== Citation 44 =====
À l'article **PEUPLE. //n. m.//**, Delille est cité parmi les poètes qui étendent ce terme aux animaux et aux végétaux. Voir aussi l'article [[#citation 28|HERBE]].
Dans la langue poétique l'usage du mot peuple n'est pas borné à l'espèce humaine, il s'étend figurément non-seulement aux animaux, mais même aux végétaux et aux choses inanimées ; les poètes disent //le peuple bêlant//, //le peuple des bergeries//, pour les moutons ; //le peuple des oiseaux//, //le peuple ailé des airs, des bois//, pour les oiseaux ; //le peuple des abeilles, des frelons//, pour les abeilles, les frelons ; //le peuple écaillé//, //le peuple muet des mers//, pour les poissons ; //le peuple coassant//, pour les grenouilles. La Fontaine a dit //le peuple souriquois//, pour les souris ; //le peuple des fleurs//, pour les fleurs, etc. M. Castel a dit //un peuple d'arbres verts//.
[...]
Et les humbles tribus, //le peuple immense d'herbes// \\
Qu'effleure l'ignorant de ses regards superbes, \\
N'ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ? \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 908-909.)].
Vers concernés : [[chant3#v395|chant 3, vers 395-397]]
===== Citation 45 =====
À l'article **PLANTE. //n. f.//**, un vers de Delille illustre une périphrase poétique. Voir aussi les mots [[#citation 13|BOTANISTE]] et [[#citation 57|VÉGÉTAL]].
[...] //Périph.// Le suc des plantes, la vertu des plantes. Pour les plantes on dit, //le règne végétal//, //le monde végétal ; des jardins les tendres nourrissons//.
//Du règne végétal les nourrissons// nombreux. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 928.)].
Vers concerné : [[chant3#v422|chant 3, vers 422]]
===== Citation 46 =====
Déjà cités (voir les articles [[#citation 39|OURAGAN]] et [[#citation 42|PARURE]]), deux vers de Delille illustrent l'emploi transitif du verbe **PLEURER. //v. intr.//**
!!Pleurer!! est aussi transitif, et se dit des personnes et des choses. //Syn.// Déplorer, plaindre, gémir sur. − Regretter, plaindre la perte, donner des larmes à...., accorder des regrets à...
[...]
Et la terre sans fruits, sans fleurs et sans verdure, \\
//Pleure// en habits de deuil //sa riante parure//. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 929.)].
Vers concernés : [[chant3#v131|chant 3, vers 131-132]]
===== Citation 47 =====
Carpentier cite souvent le passage de //L'Homme des champs// relatif à la chatte Raton de Delille. C'est notamment le cas à l'article **POIL. //n. m.//** Voir aussi les articles [[#citation 25|FOURRURE]], [[#citation 29|HERMINE]], [[#citation 43|PEAU]] et [[#citation 49|QUEUE]].
En parlant de tout le poil qui couvre certains animaux, on pourra prendre pour synonyme fourrure, hermine, toison. C'est ainsi que Delille a dit en s'adressant à sa chatte chérie :
Là je voudrais te voir. . . . . . . . \\
Ou bien le dos en voûte et la queue ondoyante \\
Offrir ta douce //hermine// à ma main caressante. \\
//L'Homme des champs//[(//Id.//, p. 942.)].
Vers concernés : [[chant3#v639|chant 3, vers 639 et 647-648]]
===== Citation 48 =====
En vertu d'une métaphore, le passage sur l'ouragan est cité au mot **POUDRE. //n. f.//**. Voir aussi l'article [[#citation 39|OURAGAN]].
POUDRE. //n. f.// //Syn.// Poussière, cendre. //Epit.// Légère, subtile, déliée, épaisse, obscure, éblouissante. //Périph.// Un tourbillon de poudre, des flots de poudre, des tourbillons poudreux. (Baour-Lormian et Delille.)
[...]
Tantôt de l'ouragan c'est le cours furieux, \\
Terrible il prend son vol, et, dans //des flots de poudre// \\
Part, conduisant la nuit, la tempête et la foudre. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 951.)].
Vers concernés : [[chant3#v122|chant 3, vers 122-124]]
===== Citation 49 =====
Souvent cité ([[#citation 25|FOURRURE]], [[#citation 29|HERMINE]], [[#citation 43|PEAU]], [[#citation 47|POIL]]), le passage sur l'ancienne chatte de Delille est repris à l'article **QUEUE. //n. f.//**.
QUEUE. //n. f.// (//keû-e//). La partie de l'animal qui est au bout de l'épine du dos. //Epit.// Longue -, coupée, baissée, pendante, ondoyante, traînante.
[...]
J'aime à lui voir (à voir à la genisse)...... \\
Menacer de la corne, et, dans sa marche altière, \\
D'une //queue// à longs crins balayer la poussière. \\
!!Delille!!, trad. des //Géorgiques//, liv. III.
Là je voudrais te voir. . . . . . . \\
Ou bien le dos voûté et la //queue// ondoyante, \\
Offrir ta douce hermine à ma main caressante. \\
//L'Homme des Champs//[(//Id.//, p. 985.)].
Vers concernés : [[chant3#v639|chant 3, vers 639 et 647-648]]
===== Citation 50 =====
Un vers isolé illustre le mot **REFLET. //n. m.//**
L'union, les //reflets// et le jeu des couleurs. \\
!!Delille!![(//Id.//, p. 997.)].
Vers concerné : [[chant3#v013|chant 3, vers 13]]
===== Citation 51 =====
Le passage sur l'ouragan est repris pour illustrer un emploi figuré du verbe **REFOULER. //v. tr.//** Voir aussi les articles [[#citation 12|BALAYER]] et [[#citation 39|OURAGAN]].
REFOULER. //v. tr.// Fouler de nouveau. Il est beau au figuré dans le sens de faire refluer.
L'ouragan. . . . . . . . . . . . \\
Balaye en se jouant et forêt et cité ; \\
//Refoule// dans son lit le fleuve épouvanté. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Ibid.//)].
Vers concernés : [[chant3#v122|chant 3, vers 122 et 125-126]]
===== Citation 52 =====
Au mot **ROMANTIQUE. //adj.//**, Carpentier rédige un court article sur cette notion qui caractérisera bientôt la littérature de la nouvelle génération. Il en retient le sens que le 18/^e^/ siècle lui a attribué, à la suite notamment de Jean-Jacques Rousseau dans //Les Rêveries du promeneur solitaire//. Delille est cité à côté d'un poète peu connu, Armand Charlemagne (1753-1838), et d'un poète qu'on a parfois considéré comme un précurseur du romantisme : Charles-Julien Lioult de Chênedollé (1769-1833).
ROMANTIQUE. //adj.// des deux genr. Il se dit ordinairement des lieux, des paysages qui rappèlent à l'imagination les descriptions des poèmes et des romans. Il se prend toujours en bonne part. On peut le mettre avant le nom, lorsque l'analogie et l'harmonie le permettent. //Aspect romantique//, //ces romantiques contrés// [//sic//].
Qui de vous ne connaît ces séjours //romantiques//, \\
Ces palais enchantés, et ces châteaux magiques, \\
Que l'épique poète, habile ordonnateur, \\
Élève en un clin d’œil dans son vers créateur. \\
!!Armand Charlemagne!!, //les deux Bossus//, comte.
Tout enchante à mes yeux ce site //romantique//. \\
!!Chênedollé!!, //le Génie de l'Homme//, ch. II.
Quels sublimes aspects, quels tableaux //romantiques//. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1020.)].
Vers concerné : [[chant3#v304|chant 3, vers 304]]
===== Citation 53 =====
Seul auteur cité à l'article **TARIÈRE. //n. f.//**, Delille est loué d'avoir su ennoblir cet outil en l'utilisant dans une perspective métaphorique.
TARIÈRE. //n. f.// (//ta-riè-re//). Outil de fer dont on se sert pour faire des trous. Ce mot au propre, ne paraît guère propre à entrer dans la langue poétique. Delille a su l'ennoblir en l'employant figurément, en parlant des insectes :
Montrez-moi ces fuseaux, ces //tarières//, ces dards, \\
Armes de vos combats, instruments de vos arts. \\
//L'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1083.)].
Vers concernés : [[chant3#v565|chant 3, vers 565-566]]
===== Citation 54 =====
Delille est cité au mot **TEINTE. //n. f.//** Voir aussi les articles [[#citation 32|JET]], [[#citation 34|LUMIÈRE]] et [[#citation 38|OMBRE]]
TEINTE. //n. f.// Degré de la couleur, de la nuance, du coloris. //Epit.// Légère, adoucie, affaiblie, délicate, riante, sombre.
Le peintre y vient chercher, sous des //teintes// sans nombre, \\
Les jets de la lumière et les masses de l'ombre. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1085.)].
Vers concernés : [[chant3#v307|chant 3, vers 307-308]]
===== Citation 55 =====
Trois vers de Delille illustrent le mot **TOURBILLONNER. //v. intr.//**
Vous, insectes sans nombre, ou volants ou sans aile, \\
Qui rampez dans les champs, sucez les arbrisseaux, \\
//Tourbillonnez// dans l'air, ou jouez sur les eaux. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1102.)].
Vers concernés : [[chant3#v536|chant 3, vers 536-538]]
===== Citation 56 =====
//L'Homme des champs// est également cité au mot **TOURMENTER. //v. tr.//** Cependant, le syntagme "fougueux ouragan" ne se trouve pas dans le poème de Delille. Voir aussi l'article [[#citation 39|OURAGAN]].
Le fougueux ouragan. . . . . . . . . . . . \\
Jusqu'au sommet des monts lance la mer profonde, \\
Et //tourmente//, en courant, les airs, la terre et l'onde. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1103.)].
Vers concernés : [[chant3#v128|chant 3, vers 128-129]]
===== Citation 57 =====
Carpentier reprend à l'article **VÉGÉTAL, ALE. //adj.//** un vers de Delille déjà cité aux mots [[#citation 13|BOTANISTE]] et [[#citation 45|PLANTE]].
Du règne //végétal// les nourrissons nombreux. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III[(//Id.//, p. 1129.)].
Vers concerné : [[chant3#v422|chant 3, vers 422]]
===== Citation 58 =====
C'est encore une expression figurée que Carpentier emprunte à Delille au mot **VOLCAN. //n. m.//** À noter que Delille côtoie ici un de ses détracteurs les plus virulents : [[chaussard|Pierre-Jean-Baptiste Chaussard]] (1766-1823).
//Volcan// se dit au figuré dans le sens de commotion violente.
Emblême trop frappant des ardeurs turbulentes \\
Dans le //volcan// de l'ame incessamment brûlantes. \\
!!Delille!!, //l'Homme des Champs//, ch. III.
Rallumer le //volcan// de nos affreux discords. \\
!!Chaussard!![(//Id.//, p. 1148.)].
Vers concerné : [[chant3#v139|chant 3, vers 139-140]]
===== Liens externes =====
**Accès à la numérisation du texte**
* Édition originale de 1822 : [[https://books.google.ch/books?id=1d4QAAAAYAAJ&dq=gradus&hl=fr&pg=PP7#v=onepage&q&f=false|Google Books]].
* Réédition de 1825 : [[https://books.google.ch/books?id=GFJ70fvSEY4C&lpg=PA102&ots=fLWcwBARra&dq=Ce%20ne%20sont%20point%20ici%20de%20ces%20guerres%20barbares%2C%20O%C3%B9%20les%20accents%20du%20cor%20et%20le%20bruit%20des%20fanfares%20Epouvantaient%20au%20loin%20les%20h%C3%B4tes%20des%20for%C3%AAts&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false|Google Books]].
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Auteur de la page --- //[[timothee.lechot@gmail.com|Timothée Léchot]] 2017/02/08 01:00//
\\ Relecture --- //[[morgane.tironi@stud.unibas.ch|Morgane Tironi]] 2022/08/07 14:23//