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vidalexamenimpartial [2019/05/22 19:26] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2023/03/10 14:25] – Espaces insécables : pour les pages Timothée Léchot
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 ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ====== ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ======
  
-**Fiche en cours de rédaction**+===== Présentation de l'œuvre =====
  
-L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'//Esprit des journaux français et étrangers//. Ce texte, signé par Vidal, est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse. Il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\ ; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.+L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'[[espritdesjournauxfr|Esprit des journaux français et étrangers]]. Ce compte rendu, signé par [[vidal|P. Vidal]], est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse. Il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.(nbsp)73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.(nbsp)73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\ ; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.
  
 ===== Une position surplombante ===== ===== Une position surplombante =====
  
-Vidal motive ce choix en expliquant dès sa première phrase que l'œuvre a connu un retentissement tel que **tous ses lecteurs en auront déjà pris connaissance**, sinon directement, du moins par la presse, via des critiques aux compétences incertaines. Il revendique pour sa part une sorte de droit d'inventaire élitiste, appliqué aux comptes rendus du meilleur niveau:+Vidal motive ce choix en expliquant dès sa première phrase que l'œuvre a connu un retentissement tel que **tous ses lecteurs en auront déjà pris connaissance**, sinon directement, du moins par la presse, via des critiques aux compétences incertaines. Il revendique pour sa part une sorte de droit d'inventaire élitiste, appliqué aux comptes rendus du meilleur niveau(nbsp):
  
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-Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde: car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP>+Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde(nbsp): car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP>
  
 Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ces **questions**, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ces **questions**, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte.
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 ==== Les autres chants ==== ==== Les autres chants ====
  
-Dans sa revue du **chant 1**, Vidal s'agace de voir Delille revenir ici et là à sa propre activité, pour "se montrer la plume à la main[(//Id//., p. 86.)]\ ; il signale des transitions forcées et il regrette que certains morceaux, comme la chasse au cerf, s'apparentent à de longs hors-d'œuvre. Mais il concède alors: "je serais bien caché que l'auteur en retranchât un seul vers[(//Id//., p. 87.)]" et il note que certaines brusques oppositions déplorées par la critique lui ont paru apporter plutôt "un contraste fort heureux, & très-propre à répandre de la variété[(//Id//., p. 89.)]".+Dans sa revue du **chant 1**, Vidal s'agace de voir Delille revenir ici et là à sa propre activité, pour "se montrer la plume à la main[(//Id//., p. 86.)]\ ; il signale des transitions forcées et il regrette que certains morceaux, comme la chasse au cerf, s'apparentent à de longs hors-d'œuvre. Mais il concède alors(nbsp): "je serais bien caché que l'auteur en retranchât un seul vers[(//Id//., p. 87.)]" et il note que certaines brusques oppositions déplorées par la critique lui ont paru apporter plutôt "un contraste fort heureux, & très-propre à répandre de la variété[(//Id//., p. 89.)]".
  
-Le **chant 2**, sur l'agriculture, lui semble "le seul auquel le titre de //Géorgique// puisse en quelque sorte convenir". Il est également clairement didactique et autrement mieux lié que le premier: "Quant à l'enchaînement de ses parties, il a infiniment plus d'ordre que [le précédent], ce qui fait croire que l'auteur l'a composé sans interruption\ ; avantage que l'autre n'a pas eu apparemment[(//Id//., p. 91.)]". Vidal qualifie sa "brillante exposition" de "sublime" et reproche à la //Décade// d'en avoir fait "une critique politique", puisqu'il tient pour sa part que\ : "Lorsqu'on lit un orme, il faut en examiner le mérite littéraire sans y mêler des opinions politiques[(//Id//., p. 92-93.)]." Le reste du chant est commenté avec éloge, et fait notable, Vidal défend l'épisode final contre les condamnations de nombreux critiques, notamment le //Moniteur//, dont il juge les observations ici "spécieuses[(//Id//., p. 96.)]". Sans être enthousiaste, Vidal juge que l'épisode n'est pas en soi disproportionné, pour lui les "îles flottantes" font bien partie des "phénomènes [de l']agriculture merveilleuse" que Delille a choisi de chanter, et loin de regretter que Delille n'ai pas mis en scène des divinités nordiques, comme Ossian, plutôt qu'un personnel antique, il regrette que le poète ne soit pas passé de ces personnages surnaturels, dont la convocation n'était pas exigée, selon lui, par le caractère "naturel" de l'événement peint[(//Id//., p. 97-98.)].+Le **chant 2**, sur l'agriculture, lui semble "le seul auquel le titre de //Géorgique// puisse en quelque sorte convenir". Il est également clairement didactique et autrement mieux lié que le premier(nbsp): "Quant à l'enchaînement de ses parties, il a infiniment plus d'ordre que [le précédent], ce qui fait croire que l'auteur l'a composé sans interruption\ ; avantage que l'autre n'a pas eu apparemment[(//Id//., p. 91.)]". Vidal qualifie sa "brillante exposition" de "sublime" et reproche à la //Décade// d'en avoir fait "une critique politique", puisqu'il tient pour sa part que\ : "Lorsqu'on lit un orme, il faut en examiner le mérite littéraire sans y mêler des opinions politiques[(//Id//., p. 92-93.)]." Le reste du chant est commenté avec éloge, et fait notable, Vidal défend l'épisode final contre les condamnations de nombreux critiques, notamment le //Moniteur//, dont il juge les observations ici "spécieuses[(//Id//., p. 96.)]". Sans être enthousiaste, Vidal juge que l'épisode n'est pas en soi disproportionné, pour lui les "îles flottantes" font bien partie des "phénomènes [de l']agriculture merveilleuse" que Delille a choisi de chanter, et loin de regretter que Delille n'ai pas mis en scène des divinités nordiques, comme Ossian, plutôt qu'un personnel antique, il regrette que le poète ne soit pas passé de ces personnages surnaturels, dont la convocation n'était pas exigée, selon lui, par le caractère "naturel" de l'événement peint[(//Id//., p. 97-98.)].
  
-En abordant le **chant 3**, Vidal balaye l'argument selon lequel ces vers auraient mieux été à leur place dans un poème sur l'histoire naturelle, et il ajoute au contraire qu'à ses yeux, **un lien particulier l'unit à la section précédente**: "ce chant & celui qui précède sont plus particulièrement liés entre eux, & dépendent plus l'un de l'autre que du premier & du quatrième[(//Id//., p. 99.)]".+En abordant le **chant 3**, Vidal balaye l'argument selon lequel ces vers auraient mieux été à leur place dans un poème sur l'histoire naturelle, et il ajoute au contraire qu'à ses yeux, **un lien particulier l'unit à la section précédente**(nbsp): "ce chant & celui qui précède sont plus particulièrement liés entre eux, & dépendent plus l'un de l'autre que du premier & du quatrième[(//Id//., p. 99.)]".
  
-Enfin, le **chant 4** fait l'objet d'une discussion liée à un débat déjà lancé:+Enfin, le **chant 4** fait l'objet d'une discussion liée à un débat déjà lancé(nbsp):
  
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-On n'accusera jamais de stérilité un génie aussi fécond que celui de Delille. Mais ce chant n'est-il pas lié au sujet du poëme par le même moyen que le précédent\ ? Dans le début de l'un, je lis:+On n'accusera jamais de stérilité un génie aussi fécond que celui de Delille. Mais ce chant n'est-il pas lié au sujet du poëme par le même moyen que le précédent\ ? Dans le début de l'un, je lis(nbsp):
  
 Heureux qui, dans le sein de ses dieux domestiques, Heureux qui, dans le sein de ses dieux domestiques,
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 \\ "Nous voilà, comme on voit, loin de la simple exposition d'un systême." \\ "Nous voilà, comme on voit, loin de la simple exposition d'un systême."
 \\ L'auteur a senti la nécessité de revenir à la forme poétique, il auroit mieux fait de ne pas l'abandonner. \\ L'auteur a senti la nécessité de revenir à la forme poétique, il auroit mieux fait de ne pas l'abandonner.
-\\ Après avoir décrit avec le plus grand succès[(NDA: "Remarque du //Mercure//.")] les anciennes catastrophes du globe, gravées sur sa surface & dans ses entrailles, il imite de la manière la plus originale ce beau mouvement, par lequel Virgile rentre si bien dans son sujet, à la fin du premier chant de ses Géorgiques:+\\ Après avoir décrit avec le plus grand succès[(NDA(nbsp): "Remarque du //Mercure//.")] les anciennes catastrophes du globe, gravées sur sa surface & dans ses entrailles, il imite de la manière la plus originale ce beau mouvement, par lequel Virgile rentre si bien dans son sujet, à la fin du premier chant de ses Géorgiques(nbsp):
  
 //Scilicet & tempus veniet, cùm finibus illis //Scilicet & tempus veniet, cùm finibus illis
 \\ Agricola, incurvo terram molitur aratro, \\ Agricola, incurvo terram molitur aratro,
-\\ Exesa inveniet scabrâ rubigine pila:+\\ Exesa inveniet scabrâ rubigine pila(nbsp):
 \\ Aut gravibus rastris galeas pulsabit inanes, \\ Aut gravibus rastris galeas pulsabit inanes,
 \\ Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulcris.// \\ Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulcris.//
  
-Rapprochons l'imitation que Delille a faite:+Rapprochons l'imitation que Delille a faite(nbsp):
  
 Un jour, peut être, un jour les peuples de ces lieux Un jour, peut être, un jour les peuples de ces lieux
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 Salut\ ! pompeux Jura, terrible Montanverts\ ! Salut\ ! pompeux Jura, terrible Montanverts\ !
  
-L'observation que le même journal fait sur ce vers, me paroît plus juste. L'auteur a dit plus haut:+L'observation que le même journal fait sur ce vers, me paroît plus juste. L'auteur a dit plus haut(nbsp):
  
 Reprenons notre course autour de vos domaines Reprenons notre course autour de vos domaines
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 "Et peu après il apostrophe le Jura, puis tout à coup le Montanverts, l'un des glaciers de la Suisse. On ne sait plus ou [//sic//] l'on est. « "Et peu après il apostrophe le Jura, puis tout à coup le Montanverts, l'un des glaciers de la Suisse. On ne sait plus ou [//sic//] l'on est. «
 \\ Il me semble à la vérité qu'il est bien difficile de faire autant de chemin en si peu de temps. Au surplus, s'il y a là une faute d'inadvertance, elle ne provient que du mot //Salut\ !// qui ne s'emploie que pour apostropher un objet présent. \\ Il me semble à la vérité qu'il est bien difficile de faire autant de chemin en si peu de temps. Au surplus, s'il y a là une faute d'inadvertance, elle ne provient que du mot //Salut\ !// qui ne s'emploie que pour apostropher un objet présent.
-\\ Description des avalanches, dans laquelle j'admire un superbe exemple de gradation, qui est terminée par ces vers:+\\ Description des avalanches, dans laquelle j'admire un superbe exemple de gradation, qui est terminée par ces vers(nbsp):
  
 Ainsi, quand des excès, suivis d'excès nouveaux, Ainsi, quand des excès, suivis d'excès nouveaux,
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 \\ Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs. \\ Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs.
  
-Delille nous avertit que ces vers ont été composés en 1793, ce qui nous fait croire qu'il ne pense plus de même aujourd'hui." Mais en 1793 (dit la //Décade//) , la France ne ressembloit point encore à Tyr ni à Thèbes après leur destruction." Je répondrai à cela que dans ces temps de crimes, dont le souvenir nous glace encore d'horreur, l'état de la France pouvoit bien arracher des larmes à tous ses vrais amis, & que néanmoins, lorsque Delille a pleuré fur le sort qui menaçoit sa patrie, il n'a pas dit qu'elle ressembloit à Tyr ni à Thèbes après leur destruction. Je demanderai seulement à l'auteur, si le temps que ces vers nous rappellent, s'accorde avec l'époque de la composition de cette apostrophe déjà citée:+Delille nous avertit que ces vers ont été composés en 1793, ce qui nous fait croire qu'il ne pense plus de même aujourd'hui." Mais en 1793 (dit la //Décade//) , la France ne ressembloit point encore à Tyr ni à Thèbes après leur destruction." Je répondrai à cela que dans ces temps de crimes, dont le souvenir nous glace encore d'horreur, l'état de la France pouvoit bien arracher des larmes à tous ses vrais amis, & que néanmoins, lorsque Delille a pleuré fur le sort qui menaçoit sa patrie, il n'a pas dit qu'elle ressembloit à Tyr ni à Thèbes après leur destruction. Je demanderai seulement à l'auteur, si le temps que ces vers nous rappellent, s'accorde avec l'époque de la composition de cette apostrophe déjà citée(nbsp):
  
 Vous donc qui prétendiez, profanant ma retraite, &c… Vous donc qui prétendiez, profanant ma retraite, &c…
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 Vers concernés : [[chant3#v300|chant 3, vers 300]], [[chant3#v342|342]] et [[chant3#v373|373-378]]. Vers concernés : [[chant3#v300|chant 3, vers 300]], [[chant3#v342|342]] et [[chant3#v373|373-378]].
  
-A ce stade, Vidal cite la proposition de **remaniement du plan** faite par Ginguené à propos de toute cette première partie du chant, et il l'approuve, tout en concédant: "on me répondra fort bien que Delille n'a pas besoin de guide dans le vaste champ de la poésie, dont il a encore reculé les limites[(//Id.//, p. 108.)]".+A ce stade, Vidal cite la proposition de **remaniement du plan** faite par Ginguené à propos de toute cette première partie du chant, et il l'approuve, tout en concédant(nbsp): "on me répondra fort bien que Delille n'a pas besoin de guide dans le vaste champ de la poésie, dont il a encore reculé les limites[(//Id.//, p. 108.)]".
  
   * **Botanique et cabinet**   * **Botanique et cabinet**
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-Du spectacle effrayant, mais sublime, des torrens, des rochers & des avalanches, le poète conduit les regards de son sage sur les plus rians aspects. Il descend avec lui dans les vallons, au bord des clairs ruisseaux, lui montre de frais paysages, des vergers & des fleurs, & l'invite à l'étude de la botanique par les raisons les plus éloquentes:+Du spectacle effrayant, mais sublime, des torrens, des rochers & des avalanches, le poète conduit les regards de son sage sur les plus rians aspects. Il descend avec lui dans les vallons, au bord des clairs ruisseaux, lui montre de frais paysages, des vergers & des fleurs, & l'invite à l'étude de la botanique par les raisons les plus éloquentes(nbsp):
  
 Le même Dieu créa la mousse & l'univers. Le même Dieu créa la mousse & l'univers.
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 Vers concernés : [[chant3#v398|chant 3, vers 398]] et [[chant3#v490|490-491]]. Vers concernés : [[chant3#v398|chant 3, vers 398]] et [[chant3#v490|490-491]].
  
-C'est alors seulement que Vidal signale : "On a fait sur ces morceaux inimitables des critiques de toutes les sortes[(//Ibid.//)]", et il cite notamment le //Mercure//, où Fontane avait jugé peu attirante une "galerie de squelette", pour lui répondre:+C'est alors seulement que Vidal signale : "On a fait sur ces morceaux inimitables des critiques de toutes les sortes[(//Ibid.//)]", et il cite notamment le //Mercure//, où Fontane avait jugé peu attirante une "galerie de squelette", pour lui répondre(nbsp):
  
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 Enfin, le poète nous invite à conserver au milieu de cette galerie d'animaux, un oiseau ou un chien que nous avons aimé. C'est ce qui lui donne occasion de nous dire la simple apothéose qu'il y eût fait [//sic//] de sa chère Raton[(NDA: "Dans les onze premiers vers de ce morceau (dit la //Décade//), l'auteur parle de sa chatte au passé, & dans le douzième il en parle au présent\ ; de manière qu'on ne sait pas si elle est morte ou vivante. Cette remarque eft juste.")]. Enfin, le poète nous invite à conserver au milieu de cette galerie d'animaux, un oiseau ou un chien que nous avons aimé. C'est ce qui lui donne occasion de nous dire la simple apothéose qu'il y eût fait [//sic//] de sa chère Raton[(NDA: "Dans les onze premiers vers de ce morceau (dit la //Décade//), l'auteur parle de sa chatte au passé, & dans le douzième il en parle au présent\ ; de manière qu'on ne sait pas si elle est morte ou vivante. Cette remarque eft juste.")].
-\\ Ce petit épisode est écrit en vers charmans: mais il n'est pas à l'abri d'une juste cenfure. En effet, "dit le //Moniteur//, devoit-il terminer un chant dont le sujet est si magnifique, & ne conviendroit-il pas mieux dans une épître badine qu'à la fin d'un riche tableau des révolutions du globe & des trois règnes de la nature\ ?" J'aime beaucoup les contrastes, mais //est modus in rebus//. Oh\ ! que j'aimerois bien mieux que cet épisode fût remplacé par l'hymne sublime que l'auteur adresse à la nature dans son dernier chant\ !+\\ Ce petit épisode est écrit en vers charmans(nbsp): mais il n'est pas à l'abri d'une juste cenfure. En effet, "dit le //Moniteur//, devoit-il terminer un chant dont le sujet est si magnifique, & ne conviendroit-il pas mieux dans une épître badine qu'à la fin d'un riche tableau des révolutions du globe & des trois règnes de la nature\ ?" J'aime beaucoup les contrastes, mais //est modus in rebus//. Oh\ ! que j'aimerois bien mieux que cet épisode fût remplacé par l'hymne sublime que l'auteur adresse à la nature dans son dernier chant\ !
  
 Nature ! ô séduisante & sublime déesse ! Nature ! ô séduisante & sublime déesse !
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 ===== Troisième question : l'exécution ===== ===== Troisième question : l'exécution =====
  
-Dans cette section, publiée en mai 1801, Vidal commence par discuter les "vices de détails" et "négligences de style", tout en précisant que "les beautés de ce genre sont trop nombreuses pour pouvoir les citer toutes[(//Id//., mai 1801, p.73.)]" et qu'on ne doit pas lire un grand poète une grammaire à la main… Cette distinction le conduit à procéder en deux temps.+Dans cette section, publiée en mai 1801, Vidal commence par discuter les "vices de détails" et "négligences de style", tout en précisant que "les beautés de ce genre sont trop nombreuses pour pouvoir les citer toutes[(//Id//., mai 1801, p.(nbsp)73.)]" et qu'on ne doit pas lire un grand poète une grammaire à la main… Cette distinction le conduit à procéder en deux temps.
  
 ==== Les faiblesses ==== ==== Les faiblesses ====
Ligne 374: Ligne 374:
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 Le troisième chant est sans contredit celui où brille le plus grand nombre de beautés neuves & de difficultés heureusement vaincues\ ; car aucun poëte avant lui n'avoit traité en vers l'histoire naturelle. Le troisième chant est sans contredit celui où brille le plus grand nombre de beautés neuves & de difficultés heureusement vaincues\ ; car aucun poëte avant lui n'avoit traité en vers l'histoire naturelle.
-\\ La superbe peinture des ravages des volcans amène ce morceau, dans lequel l'auteur a imité si ingénieusement Virgile:+\\ La superbe peinture des ravages des volcans amène ce morceau, dans lequel l'auteur a imité si ingénieusement Virgile(nbsp):
  
 Dans ce désastre affreux, quels fleuves ont tari\ ! Dans ce désastre affreux, quels fleuves ont tari\ !
Ligne 389: Ligne 389:
 \\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ; \\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ;
 \\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés, \\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés,
-\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habités:+\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habités(nbsp):
 \\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, \\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre,
 \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ;  \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ; 
Ligne 399: Ligne 399:
 \\ A vu sa dernière heure & son dernier festin. \\ A vu sa dernière heure & son dernier festin.
  
-Les trois exclamations qui commencent ce morceau produisent dans l'ame l'émotion la plus vive, & la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus frappant que cette image:+Les trois exclamations qui commencent ce morceau produisent dans l'ame l'émotion la plus vive, & la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus frappant que cette image(nbsp):
  
 Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, Simulacres légers, prêts à tomber en poudre,
Ligne 437: Ligne 437:
 \\ L'histoire de ce grain est l'histoire du monde. \\ L'histoire de ce grain est l'histoire du monde.
  
-Comme le balottement de ce marbre est supérieurement imité par le balottement de ces vers:+Comme le balottement de ce marbre est supérieurement imité par le balottement de ces vers(nbsp):
  
 L'orage dans les mers de nouveau le porta ; L'orage dans les mers de nouveau le porta ;
Ligne 454: Ligne 454:
 \\ Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau\ ; \\ Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau\ ;
 \\ La neige autour de lui rapidement s'amasse ; \\ La neige autour de lui rapidement s'amasse ;
-\\ De moment en moment il augmente sa masse+\\ De moment en moment il augmente sa masse(nbsp)
 \\ L'air en tremble, et soudain, s'écroulant à la fois, \\ L'air en tremble, et soudain, s'écroulant à la fois,
 \\ Des hivers entassés l'épouvantable poids \\ Des hivers entassés l'épouvantable poids
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 \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un monde. \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un monde.
  
-Combien cette dernière pensée devient sublime, après une description d'insectes presqu'imperceptibles\ ! Combien c'est nous intéresser à des êtres qui, aux yeux du vulgaire, paroissent si chétifs & si vils\ ! Combien c'est agrandir les plus petits objets qui existent dans la nature\ ! Je ne résiste point au plaisir de rappeler ici ce beau vers que j'ai déjà cité:+Combien cette dernière pensée devient sublime, après une description d'insectes presqu'imperceptibles\ ! Combien c'est nous intéresser à des êtres qui, aux yeux du vulgaire, paroissent si chétifs & si vils\ ! Combien c'est agrandir les plus petits objets qui existent dans la nature\ ! Je ne résiste point au plaisir de rappeler ici ce beau vers que j'ai déjà cité(nbsp):
  
 Un même Dieu créa la mousse et l'univers. Un même Dieu créa la mousse et l'univers.
  
-C'est ainsi qu'un grand poète répand dans ses écrits les plus belles leçons de morale & de philosophie. C'est ainsi que le père de la poésie nous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers:+C'est ainsi qu'un grand poète répand dans ses écrits les plus belles leçons de morale & de philosophie. C'est ainsi que le père de la poésie nous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers(nbsp):
  
 Partout des biens, des maux, des fléaux, des bienfaits\ ! Partout des biens, des maux, des fléaux, des bienfaits\ !
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 Vers concernés : [[chant3#v041|chant 3, vers 41]], [[chant3#v398|398]], [[chant3#v549|549-560]]  et [[chant3#v569|569-576]]. Vers concernés : [[chant3#v041|chant 3, vers 41]], [[chant3#v398|398]], [[chant3#v549|549-560]]  et [[chant3#v569|569-576]].
  
-===== Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage  =====+===== Quatrième question : effet de l'ouvrage  =====
  
-Dans une ultime section, à valeur de bilan, Vidal se penche sur "//l'effet que produit cet ouvrage [et sur] les corrections qu'on a proposées à l'auteur//[(//Id//., p.108.)]". Le critique insiste alors simultanément sur la profonde beauté du texte et son désordre, pour offrir **une image tentant de conjuguer ces deux jugements en tension**.+Dans une ultime section, à valeur de bilan, Vidal se penche sur "//l'effet que produit cet ouvrage [et sur] les corrections qu'on a proposées à l'auteur//[(//Id//., p.(nbsp)108.)]". Le critique insiste alors simultanément sur la profonde beauté du texte et son désordre, pour offrir **une image tentant de conjuguer ces deux jugements en tension**.
  
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 Je pourrois résoudre la première de ces questions [//celle sur l'effet//] par un seul mot, l'admiration. Cependant on me permettra d'avancer ici quelques considérations qui naissent de l'ensemble de mon examen. Je pourrois résoudre la première de ces questions [//celle sur l'effet//] par un seul mot, l'admiration. Cependant on me permettra d'avancer ici quelques considérations qui naissent de l'ensemble de mon examen.
-\\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises: cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails. +\\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises(nbsp): cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails. 
-Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.108-110.)].+Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.(nbsp)108-110.)].
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-Mais Vidal **se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux** ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi:+Mais Vidal **se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux** ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi(nbsp):
  
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-Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut-il pas inventer quelque chose de fort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.110-111.)].+Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut-il pas inventer quelque chose de fort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.(nbsp)110-111.)].
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 ===== Un appel final  ===== ===== Un appel final  =====
  
-Comme nombre de ses pairs, Vidal clôt son texte en conviant Delille à enfin rentrer en France:+Comme nombre de ses pairs, Vidal clôt son texte en conviant Delille à enfin rentrer en France(nbsp):
  
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-Enfin je ne dirai plus qu'un mot\ ; il est l'expression de mes vœux & dé ceux de tous les amis de la littérature en France. Delille est encore éloigné de son pays natal, & cet éloignement est peut-être, comme on l'a souvent bien observé, la cause des défauts de ses Géorgiques. Il est donc important qu'il y rentre, avant même de retoucher son poëme. Ah\ ! puisse-t-il enfin céder à une invitation si souvent réitérée, & qui intéresse autant sa propre gloire que celle de sa patrie[(//Id//., p.111.)].+Enfin je ne dirai plus qu'un mot\ ; il est l'expression de mes vœux & dé ceux de tous les amis de la littérature en France. Delille est encore éloigné de son pays natal, & cet éloignement est peut-être, comme on l'a souvent bien observé, la cause des défauts de ses Géorgiques. Il est donc important qu'il y rentre, avant même de retoucher son poëme. Ah\ ! puisse-t-il enfin céder à une invitation si souvent réitérée, & qui intéresse autant sa propre gloire que celle de sa patrie[(//Id//., p.(nbsp)111.)].
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