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vidalexamenimpartial [2019/05/22 18:46] – [Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2019/05/22 20:03] – [Vidal, Examen impartial de L'Homme des champs…] Hugues Marchal
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 ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ====== ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ======
  
-**Fiche en cours de rédaction** +L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'[[espritdesjournauxfr|Esprit des journaux français et étrangers]]. Ce compte rendu, signé par [[vidal|Vidal]], est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse. Il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.\ 73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.\ 73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\ ; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.
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-L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'//Esprit des journaux français et étrangers//. Ce texte, signé par Vidal, est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse. Il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.\ 73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.\ 73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\ ; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.+
  
 ===== Une position surplombante ===== ===== Une position surplombante =====
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 En abordant le **chant 3**, Vidal balaye l'argument selon lequel ces vers auraient mieux été à leur place dans un poème sur l'histoire naturelle, et il ajoute au contraire qu'à ses yeux, **un lien particulier l'unit à la section précédente**\ : "ce chant & celui qui précède sont plus particulièrement liés entre eux, & dépendent plus l'un de l'autre que du premier & du quatrième[(//Id//., p. 99.)]". En abordant le **chant 3**, Vidal balaye l'argument selon lequel ces vers auraient mieux été à leur place dans un poème sur l'histoire naturelle, et il ajoute au contraire qu'à ses yeux, **un lien particulier l'unit à la section précédente**\ : "ce chant & celui qui précède sont plus particulièrement liés entre eux, & dépendent plus l'un de l'autre que du premier & du quatrième[(//Id//., p. 99.)]".
  
-Enfin, le chant 4 fait l'objet d'une discussion liée à un débat déjà lancé\ :+Enfin, le **chant 4** fait l'objet d'une discussion liée à un débat déjà lancé\ :
  
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 Les uns soutiennent qu'il ne tient pas au sujet du poëme, & qu'il n'y a rien de commun entre un homme des champs & un homme qu'on instruit à faire des vers sur la campagne. Les uns soutiennent qu'il ne tient pas au sujet du poëme, & qu'il n'y a rien de commun entre un homme des champs & un homme qu'on instruit à faire des vers sur la campagne.
 \\ D'autres pensent, au contraire, que l'objet du poète étant d'apprendre à l'homme d'un esprit cultivé à jouir de tout ce qui est relatif aux champs, c'est ajouter beauconp à ses jouissances, que de lui apprendre aussi à chanter la nature en vers dignes d'elle. \\ D'autres pensent, au contraire, que l'objet du poète étant d'apprendre à l'homme d'un esprit cultivé à jouir de tout ce qui est relatif aux champs, c'est ajouter beauconp à ses jouissances, que de lui apprendre aussi à chanter la nature en vers dignes d'elle.
-\\ D'autres enfin ont assimilé ce chant au quatrième des Géorgiques latines. Si Virgile a pu consacrer aux soins qu'on doit aux abeilles, le dernier chant d'un poëme sur l'agriculture, pourquoi, disent-ils, Delille ne pourroit-il pas consacrer le dernier chant d'un poème sur les jouissances de la campagne, à l'art de les chanter[(//Id//., p. 113.)]?+\\ D'autres enfin ont assimilé ce chant au quatrième des Géorgiques latines. Si Virgile a pu consacrer aux soins qu'on doit aux abeilles, le dernier chant d'un poëme sur l'agriculture, pourquoi, disent-ils, Delille ne pourroit-il pas consacrer le dernier chant d'un poème sur les jouissances de la campagne, à l'art de les chanter[(//Id//., p. 113.)] ?</WRAP>
  
 ==== Le chant 3 ==== ==== Le chant 3 ====
  
-La discussion des détails du chant 3 est relativement longue, nous en reproduisons la quasi intégralité, en procédant à des coupes pour indiquer les vers cités. Comme le montre nos sous-titres, **le propos se concentre tantôt sur le contenu des vers, tantôt sur celui des commentaires qu'ils ont déjà suscités**.+La discussion des détails du chant 3 est relativement longue. Nous en reproduisons la quasi intégralité, en procédant à des coupes pour indiquer les vers cités. Comme le montrent nos sous-titres, **le propos se concentre tantôt sur le contenu des vers, tantôt sur les commentaires qu'ils ont déjà suscités**.
  
   * **Jugement sur l'ouverture**   * **Jugement sur l'ouverture**
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 Que j'aime le mortel, noble dans ses penchans, Que j'aime le mortel, noble dans ses penchans,
-Qui cultive à la fois son esprit & ses champs\ ! +\\ Qui cultive à la fois son esprit & ses champs\ ! 
-Lui seul jouit de tout.+\\ Lui seul jouit de tout.
  
 Il me semble que Delille auroit pu éviter cette redite[(//Id.//, p. 99.)]. Il me semble que Delille auroit pu éviter cette redite[(//Id.//, p. 99.)].
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v001|chant 3, vers 1-3]]
  
   * **L'exposé du "système" de Buffon**   * **L'exposé du "système" de Buffon**
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 \\ Répandit, confondit en une vaste mer \\ Répandit, confondit en une vaste mer
 \\ Et les eaux de la terre & les torrens de l'air. \\ Et les eaux de la terre & les torrens de l'air.
-\\ ……+\\ ……
  
 "C'est une exposition éloquente, dit la //Décade//, mais une simple exposition de systême. On l'écoute, on n'observe pas soi-même, on n'a rien à voir, on n'est pas sur les lieux." "C'est une exposition éloquente, dit la //Décade//, mais une simple exposition de systême. On l'écoute, on n'observe pas soi-même, on n'a rien à voir, on n'est pas sur les lieux."
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v029|chant 3, vers 29]] et [[chant3#v044|44-50]].
  
   * **Les catastrophes**   * **Les catastrophes**
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 //Scilicet & tempus veniet, cùm finibus illis //Scilicet & tempus veniet, cùm finibus illis
-\\ Agricola, incurvo terram molitur aratro,+\\ Agricola, incurvo terram molitur aratro,
 \\ Exesa inveniet scabrâ rubigine pila\ : \\ Exesa inveniet scabrâ rubigine pila\ :
 \\ Aut gravibus rastris galeas pulsabit inanes, \\ Aut gravibus rastris galeas pulsabit inanes,
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 </WRAP> </WRAP>
  
-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v087|chant 3, vers 87]] et [[chant3#v157|157-162]].
  
   * **Évocation de Buffon et des reliefs**   * **Évocation de Buffon et des reliefs**
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 Ce morceau est suivi d'une tirade sur Buffon, qui n'est point, à beaucoup près, ce qu'elle devoit être. Voici ce qu'en dit le //Mercure// : Ce morceau est suivi d'une tirade sur Buffon, qui n'est point, à beaucoup près, ce qu'elle devoit être. Voici ce qu'en dit le //Mercure// :
-\\ "L'auteur a reproduit dans ce troisième chant les idées de Buffon sur la formation des montagnes & sur le déplacement successifs [//sic//] des mers\ ; il ne devait donc pas en parler comme d'un observateur inexact, puisqu'il adopte son systême. Après avoir dit qu'il+\\ "L'auteur a reproduit dans ce troisième chant les idées de Buffon sur la formation des montagnes & sur le déplacement successifs [//sic//] des mers\ ; il ne devait donc pas en parler comme d'un observateur inexact, puisqu'il adopte son systême. Après avoir dit qu'il
  
 Eleva sept fanaux sur l'océan des âges, Eleva sept fanaux sur l'océan des âges,
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v176|chant 3, vers 176]], [[chant3#v180|180]] et [[chant3#v215|215]].
  
   * **Refus du persiflage**   * **Refus du persiflage**
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v257|chant 3, vers 257]], [[chant3#v271|271-272]] et [[chant3#v279|279]].
  
   * **Droit au badin**   * **Droit au badin**
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v286|chant 3, vers 286]].
  
   * **Querelles chronologiques**   * **Querelles chronologiques**
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 Ainsi, quand des excès, suivis d'excès nouveaux, Ainsi, quand des excès, suivis d'excès nouveaux,
-D'un état par degrés ont préparé les maux, +\\ D'un état par degrés ont préparé les maux, 
-De malheur en malheur sa chute se consomme\ ; +\\ De malheur en malheur sa chute se consomme\ ; 
-Tyr n'est plus, Thèbes meurt, & les yeux cherchent Rome\ ! +\\ Tyr n'est plus, Thèbes meurt, & les yeux cherchent Rome\ ! 
-O France, ô ma patrie\ ! ô séjour de douleurs\ ! +\\ O France, ô ma patrie\ ! ô séjour de douleurs\ ! 
-Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs.+\\ Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs.
  
 Delille nous avertit que ces vers ont été composés en 1793, ce qui nous fait croire qu'il ne pense plus de même aujourd'hui." Mais en 1793 (dit la //Décade//) , la France ne ressembloit point encore à Tyr ni à Thèbes après leur destruction." Je répondrai à cela que dans ces temps de crimes, dont le souvenir nous glace encore d'horreur, l'état de la France pouvoit bien arracher des larmes à tous ses vrais amis, & que néanmoins, lorsque Delille a pleuré fur le sort qui menaçoit sa patrie, il n'a pas dit qu'elle ressembloit à Tyr ni à Thèbes après leur destruction. Je demanderai seulement à l'auteur, si le temps que ces vers nous rappellent, s'accorde avec l'époque de la composition de cette apostrophe déjà citée\ : Delille nous avertit que ces vers ont été composés en 1793, ce qui nous fait croire qu'il ne pense plus de même aujourd'hui." Mais en 1793 (dit la //Décade//) , la France ne ressembloit point encore à Tyr ni à Thèbes après leur destruction." Je répondrai à cela que dans ces temps de crimes, dont le souvenir nous glace encore d'horreur, l'état de la France pouvoit bien arracher des larmes à tous ses vrais amis, & que néanmoins, lorsque Delille a pleuré fur le sort qui menaçoit sa patrie, il n'a pas dit qu'elle ressembloit à Tyr ni à Thèbes après leur destruction. Je demanderai seulement à l'auteur, si le temps que ces vers nous rappellent, s'accorde avec l'époque de la composition de cette apostrophe déjà citée\ :
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-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v300|chant 3, vers 300]], [[chant3#v342|342]] et [[chant3#v373|373-378]].
  
 A ce stade, Vidal cite la proposition de **remaniement du plan** faite par Ginguené à propos de toute cette première partie du chant, et il l'approuve, tout en concédant\ : "on me répondra fort bien que Delille n'a pas besoin de guide dans le vaste champ de la poésie, dont il a encore reculé les limites[(//Id.//, p. 108.)]". A ce stade, Vidal cite la proposition de **remaniement du plan** faite par Ginguené à propos de toute cette première partie du chant, et il l'approuve, tout en concédant\ : "on me répondra fort bien que Delille n'a pas besoin de guide dans le vaste champ de la poésie, dont il a encore reculé les limites[(//Id.//, p. 108.)]".
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 </WRAP> </WRAP>
  
-Vers concernés : [[chant3#v149|chant 3, vers 149-174]]+Vers concernés : [[chant3#v398|chant 3, vers 398]] et [[chant3#v490|490-491]].
  
 C'est alors seulement que Vidal signale : "On a fait sur ces morceaux inimitables des critiques de toutes les sortes[(//Ibid.//)]", et il cite notamment le //Mercure//, où Fontane avait jugé peu attirante une "galerie de squelette", pour lui répondre\ : C'est alors seulement que Vidal signale : "On a fait sur ces morceaux inimitables des critiques de toutes les sortes[(//Ibid.//)]", et il cite notamment le //Mercure//, où Fontane avait jugé peu attirante une "galerie de squelette", pour lui répondre\ :
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 Enfin, le poète nous invite à conserver au milieu de cette galerie d'animaux, un oiseau ou un chien que nous avons aimé. C'est ce qui lui donne occasion de nous dire la simple apothéose qu'il y eût fait [//sic//] de sa chère Raton[(NDA: "Dans les onze premiers vers de ce morceau (dit la //Décade//), l'auteur parle de sa chatte au passé, & dans le douzième il en parle au présent\ ; de manière qu'on ne sait pas si elle est morte ou vivante. Cette remarque eft juste.")]. Enfin, le poète nous invite à conserver au milieu de cette galerie d'animaux, un oiseau ou un chien que nous avons aimé. C'est ce qui lui donne occasion de nous dire la simple apothéose qu'il y eût fait [//sic//] de sa chère Raton[(NDA: "Dans les onze premiers vers de ce morceau (dit la //Décade//), l'auteur parle de sa chatte au passé, & dans le douzième il en parle au présent\ ; de manière qu'on ne sait pas si elle est morte ou vivante. Cette remarque eft juste.")].
-\\ Ce petit épisode est écrit en vers charmans\ : mais il n'est pas à l'abri d'une juste cenfure. En effet, "dit le //Moniteur//, devoit-il terminer un chant dont le sujet est si magnifique, & ne conviendroit-il pas mieux dans une épître badine qu'à la fin d'un riche tableau des révolutions du globe & des trois règnes de la nature\ ?" J'aime beaucoup les contrastes, mais //est modus in rebus//. Oh\ ! que j'aimerois bien mieux que cet épisode fût remplacé par l'hymne sublime que l'auteur adresse à la nature dans son dernier chant\ !+\\ Ce petit épisode est écrit en vers charmans\ : mais il n'est pas à l'abri d'une juste cenfure. En effet, "dit le //Moniteur//, devoit-il terminer un chant dont le sujet est si magnifique, & ne conviendroit-il pas mieux dans une épître badine qu'à la fin d'un riche tableau des révolutions du globe & des trois règnes de la nature\ ?" J'aime beaucoup les contrastes, mais //est modus in rebus//. Oh\ ! que j'aimerois bien mieux que cet épisode fût remplacé par l'hymne sublime que l'auteur adresse à la nature dans son dernier chant\ !
  
 Nature ! ô séduisante & sublime déesse ! Nature ! ô séduisante & sublime déesse !
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 Comme elle (//la mer//) à son aspect vos pensers sont //profonds//[(//Id//., p. 77.)]. Comme elle (//la mer//) à son aspect vos pensers sont //profonds//[(//Id//., p. 77.)].
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 +
 +Vers concerné : [[chant3#v2337|chant 3, vers 233]].
  
   * **Préciosité**   * **Préciosité**
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 Mais tout ce morceau sera sans doute refondu[(//Id//., p. 78.)]. Mais tout ce morceau sera sans doute refondu[(//Id//., p. 78.)].
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 +
 +Vers concernés : [[chant3#v184|chant 3, vers 184]].
  
   * **Plagiats ?**   * **Plagiats ?**
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 Or, je demande dans lequel de ces deux vers on trouve l'image la plus grande, & l'expression la plus élégante[(//Id//., p. 85.)]. Or, je demande dans lequel de ces deux vers on trouve l'image la plus grande, & l'expression la plus élégante[(//Id//., p. 85.)].
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 +
 +Vers concerné : [[chant3#v176|chant 3, vers 176]].
 +
  
   * **Vers "durs" ou "désagréables"**   * **Vers "durs" ou "désagréables"**
  
 Vidal critique le vers "L’emporta dans les champs, et de //sa cime nue//", mais loue ceux où élu dureté même fait un effet imitatif admirable", comme "Bondit de roc en roc, roule de cime en cime[(//Id//., p. 86-87.)]". Vidal critique le vers "L’emporta dans les champs, et de //sa cime nue//", mais loue ceux où élu dureté même fait un effet imitatif admirable", comme "Bondit de roc en roc, roule de cime en cime[(//Id//., p. 86-87.)]".
 +
 +Vers concernés : [[chant3#v111|chant 3, vers 111]] et [[chant3#v367|367]].
  
   * **Vers "brisés"**   * **Vers "brisés"**
Ligne 332: Ligne 340:
  
 où il voit un exemple de vers "brisés par la seule nécessité de remplir la mesure du vers & de faire la rime[(//Id//., p. 88.)]". où il voit un exemple de vers "brisés par la seule nécessité de remplir la mesure du vers & de faire la rime[(//Id//., p. 88.)]".
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 +Vers concernés : [[chant3#v441|chant 3, vers 441-442]].
  
   * **Parallélismes**   * **Parallélismes**
Ligne 349: Ligne 359:
 \\ De nouveau sur ses bords, la mer le rejeta[(//Id//., p. 89.)]. \\ De nouveau sur ses bords, la mer le rejeta[(//Id//., p. 89.)].
 </WRAP> </WRAP>
 +
 +Vers concernés : [[chant3#v209|chant 3, vers 209-210]], [[chant3#v213|213-214]] et [[chant3#v243|243-244]].
  
 ==== Les réussites ==== ==== Les réussites ====
Ligne 375: Ligne 387:
 \\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ; \\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ;
 \\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés, \\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés,
-\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habité\ :+\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habités\ :
 \\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, \\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre,
 \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ;  \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ; 
Ligne 392: Ligne 404:
 Tout ce morceau se prolonge de phrase en phrase, semblable à un homme qui parcourt lentement les souterrains d'Herculanum, & dont les regards étonnés s'arrêtent avec consternation sur tous les monumens qui l'environnent[(//Id//., p. 97-98.)]. Tout ce morceau se prolonge de phrase en phrase, semblable à un homme qui parcourt lentement les souterrains d'Herculanum, & dont les regards étonnés s'arrêtent avec consternation sur tous les monumens qui l'environnent[(//Id//., p. 97-98.)].
 </WRAP> </WRAP>
 +
 +Vers concernés : [[chant3#v153|chant 3, vers 153-174]].
  
   * **Deux "gradations" opposées**   * **Deux "gradations" opposées**
Ligne 454: Ligne 468:
 En vain je cherche dans l'antiquité des morceaux de ce genre plus beaux que ces deux derniers. Vous, qui faites de Delille comme de Boileau, un versificateur, un imitateur excellent, mais qui lui resfusez l'imagination d'un poëte, lisez ces vers & répondez. L'admiration dont je suis pénétré me laisse à peine la faculté d'en analyser les beautés innombrables. Et d'ailleurs, ai-je besoin de faire remarquer des beautés aussi frappantes\ ? Dirai-je comme cette peinture des avalanches est admirablement préparée & terminée par deux principes de la plus sublime philosophie\ ? Ferai-je observer l'harmonie mâle & imitative de ces vers, & la marche d'abord rapide & ensuite pesante de cette phrase qui nous offre la plus belle gradation que l'on puisse citer\ ? Non sans doute, je n'entrerai point dans ces détails superflus. De semblables beautés sont senties par tout le monde, & ce seroit même affoiblir l'enthousiasme qu'elles inspirent, que de vouloir les expliquer[(//Id//., p. 98-101.)]. En vain je cherche dans l'antiquité des morceaux de ce genre plus beaux que ces deux derniers. Vous, qui faites de Delille comme de Boileau, un versificateur, un imitateur excellent, mais qui lui resfusez l'imagination d'un poëte, lisez ces vers & répondez. L'admiration dont je suis pénétré me laisse à peine la faculté d'en analyser les beautés innombrables. Et d'ailleurs, ai-je besoin de faire remarquer des beautés aussi frappantes\ ? Dirai-je comme cette peinture des avalanches est admirablement préparée & terminée par deux principes de la plus sublime philosophie\ ? Ferai-je observer l'harmonie mâle & imitative de ces vers, & la marche d'abord rapide & ensuite pesante de cette phrase qui nous offre la plus belle gradation que l'on puisse citer\ ? Non sans doute, je n'entrerai point dans ces détails superflus. De semblables beautés sont senties par tout le monde, & ce seroit même affoiblir l'enthousiasme qu'elles inspirent, que de vouloir les expliquer[(//Id//., p. 98-101.)].
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 +Vers concernés : [[chant3#v201|chant 3, vers 201-220]] et [[chant3#v359|359-376]].
  
   * **Métamorphoser le regard sur l'insecte**   * **Métamorphoser le regard sur l'insecte**
Ligne 492: Ligne 508:
 Enfin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un modèle d'élégance & de précision, & qui n'offre l'image la plus brillante & la plus poétique[(//Id//., p. 101-103.)]. Enfin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un modèle d'élégance & de précision, & qui n'offre l'image la plus brillante & la plus poétique[(//Id//., p. 101-103.)].
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 +Vers concernés : [[chant3#v041|chant 3, vers 41]], [[chant3#v398|398]], [[chant3#v549|549-560]]  et [[chant3#v569|569-576]].
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 ===== Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage  ===== ===== Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage  =====
  
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 \\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises\ : cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails. \\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises\ : cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails.
 Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.\ 108-110.)]. Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.\ 108-110.)].
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-Mais Vidal se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi\ :+Mais Vidal **se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux** ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi\ :
  
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-Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut il pas inventer quelque chose de sort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.\ 110-111.)]. +Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut-il pas inventer quelque chose de fort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.\ 110-111.)]. 
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 ===== Un appel final  ===== ===== Un appel final  =====
  
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 Enfin je ne dirai plus qu'un mot\ ; il est l'expression de mes vœux & dé ceux de tous les amis de la littérature en France. Delille est encore éloigné de son pays natal, & cet éloignement est peut-être, comme on l'a souvent bien observé, la cause des défauts de ses Géorgiques. Il est donc important qu'il y rentre, avant même de retoucher son poëme. Ah\ ! puisse-t-il enfin céder à une invitation si souvent réitérée, & qui intéresse autant sa propre gloire que celle de sa patrie[(//Id//., p.\ 111.)]. Enfin je ne dirai plus qu'un mot\ ; il est l'expression de mes vœux & dé ceux de tous les amis de la littérature en France. Delille est encore éloigné de son pays natal, & cet éloignement est peut-être, comme on l'a souvent bien observé, la cause des défauts de ses Géorgiques. Il est donc important qu'il y rentre, avant même de retoucher son poëme. Ah\ ! puisse-t-il enfin céder à une invitation si souvent réitérée, & qui intéresse autant sa propre gloire que celle de sa patrie[(//Id//., p.\ 111.)].
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