vidalexamenimpartial

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révisionLes deux révisions suivantes
vidalexamenimpartial [2019/05/22 18:46] – [Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2019/05/22 18:47] – [Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage] Hugues Marchal
Ligne 500: Ligne 500:
 \\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises\ : cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails. \\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises\ : cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails.
 Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.\ 108-110.)]. Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.\ 108-110.)].
 +</WRAP>
  
 Mais Vidal se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi\ : Mais Vidal se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi\ :
Ligne 505: Ligne 506:
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
 Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut il pas inventer quelque chose de sort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.\ 110-111.)]. Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut il pas inventer quelque chose de sort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.\ 110-111.)].
 +</WRAP>
 ===== Un appel final  ===== ===== Un appel final  =====