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vidalexamenimpartial [2019/05/22 16:11] – [Les réussites] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2019/05/22 16:15] – [Une position surplombante] Hugues Marchal
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 Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP> Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP>
  
-Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ses questions, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. Toutefois, cette **singularité est toute relative**, car Vidal suit à peu près le plan adopté plus tôt par David, dans son long [[compterendumoniteuruniversel|compte rendu du Moniteur]], qu'il connaissait, puisqu'il y renvoie. Ses considérations générales, faisant état des autres critiques, cèdent le pas à un examen du poème structuré par chants, puis à des remarques sur le style.+Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ces **questions**, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. 
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 +Toutefois, cette **singularité est très relative**, car Vidal suit à peu près le plan adopté plus tôt par David, dans son long [[compterendumoniteuruniversel|compte rendu du Moniteur]], qu'il connaissait, puisqu'il y renvoie. Ses considérations générales liminaires cèdent le pas à un examen du poème structuré par chants, puis à des remarques sur le style.
  
 ===== Première question : objet et titre ===== ===== Première question : objet et titre =====
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 Dans ce désastre affreux, quels fleuves ont tari\ ! Dans ce désastre affreux, quels fleuves ont tari\ !
-Quels sommets ont croulé, quels peuples ont péri\ ! +\\ Quels sommets ont croulé, quels peuples ont péri\ ! 
-Les vieux âges l'ont su, l'âge présent l'ignore\ ; +\\ Les vieux âges l'ont su, l'âge présent l'ignore\ ; 
-Mais de ce grand fléau la terreur dure encore. +\\ Mais de ce grand fléau la terreur dure encore. 
-Un jour, peut-être, un jour les peuples de ces lieux +\\ Un jour, peut-être, un jour les peuples de ces lieux 
-Que l'horrible volcan inonda de ses feux, +\\ Que l'horrible volcan inonda de ses feux, 
-Heurtant avec le soc des restes de murailles, +\\ Heurtant avec le soc des restes de murailles, 
-Découvriront ce gouffre, &, creusant ses entrailles. +\\ Découvriront ce gouffre, &, creusant ses entrailles. 
-Contempleront au loin, avec étonnement, +\\ Contempleront au loin, avec étonnement, 
-Des hommes & des arts ce profond monument\ ; +\\ Des hommes & des arts ce profond monument\ ; 
-Cet aspect si nouveau des demeures antiques\ ; +\\ Cet aspect si nouveau des demeures antiques\ ; 
-Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ; +\\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ; 
-Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés, +\\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés, 
-D'hommes qui semblent vivre encore tout habité\ : +\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habité\ : 
-Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, +\\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, 
-Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ;  +\\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ;  
-L'un enlevant son fils,l'autre emportant son or +\\ L'un enlevant son fils,l'autre emportant son or 
-Cet autre ses écrits, son plus riche trésor\ ; +\\ Cet autre ses écrits, son plus riche trésor\ ; 
-Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire\ ; +\\ Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire\ ; 
-L'autre, non moins pieux, s'estchargé de son père\ ; +\\ L'autre, non moins pieux, s'estchargé de son père\ ; 
-L'autre, paré de fleurs & la coupe à la main, +\\ L'autre, paré de fleurs & la coupe à la main, 
-A vu sa dernière heure & son dernier festin.+\\ A vu sa dernière heure & son dernier festin.
  
 Les trois exclamations qui commencent ce morceau produisent dans l'ame l'émotion la plus vive, & la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus frappant que cette image\ : Les trois exclamations qui commencent ce morceau produisent dans l'ame l'émotion la plus vive, & la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus frappant que cette image\ :
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 Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris, Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris,
-Voyez d'un marbre usé le plus mince débris : +\\ Voyez d'un marbre usé le plus mince débris : 
-Quel riche monument\ ! De quelle grande histoire +\\ Quel riche monument\ ! De quelle grande histoire 
-Ses révolutions conservent la mémoire\ ! +\\ Ses révolutions conservent la mémoire\ ! 
-Composé des dépôts de l'empire animé, +\\ Composé des dépôts de l'empire animé, 
-Par la destruction ce marbre fut formé. +\\ Par la destruction ce marbre fut formé. 
-Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent, +\\ Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent, 
-De générations quelles soules périrent\ ! +\\ De générations quelles soules périrent\ ! 
-Combien de temps sur lui l'Océan a coulé\ ! +\\ Combien de temps sur lui l'Océan a coulé\ ! 
-Que de temps dans leur sein les vagues l'ont roulé\ ! +\\ Que de temps dans leur sein les vagues l'ont roulé\ ! 
-En descendant des monts dans ses profonds abymes, +\\ En descendant des monts dans ses profonds abymes, 
-L'Océan autrefois le laissa sur leurs cimes\ ; +\\ L'Océan autrefois le laissa sur leurs cimes\ ; 
-L'orage dans les mers de nouveau le porta\ ; +\\ L'orage dans les mers de nouveau le porta\ ; 
-De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, +\\ De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, 
-Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l'âge, +\\ Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l'âge, 
-Il endura les vents et les flots et l'orage. +\\ Il endura les vents et les flots et l'orage. 
-Enfin, de ces grands monts humble contemporain, +\\ Enfin, de ces grands monts humble contemporain, 
-Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain\ ; +\\ Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain\ ; 
-Mais, fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,  +\\ Mais, fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,  
-L'histoire de ce grain est l'histoire du monde.+\\ L'histoire de ce grain est l'histoire du monde.
  
 Comme le balottement de ce marbre est supérieurement imité par le balottement de ces vers\ : Comme le balottement de ce marbre est supérieurement imité par le balottement de ces vers\ :
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 C'est ainsi qu'un grand poète répand dans ses écrits les plus belles leçons de morale & de philosophie. C'est ainsi que le père de la poésie nous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers\ : C'est ainsi qu'un grand poète répand dans ses écrits les plus belles leçons de morale & de philosophie. C'est ainsi que le père de la poésie nous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers\ :
  
-Partout des biens , des maux , des fléaux , des bienfaits\ !+Partout des biens, des maux , des fléaux , des bienfaits\ !
  
 Enfin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un modèle d'élégance & de précision, & qui n'offre l'image la plus brillante & la plus poétique. Enfin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un modèle d'élégance & de précision, & qui n'offre l'image la plus brillante & la plus poétique.