vidalexamenimpartial

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vidalexamenimpartial [2019/05/21 22:05] – [Vidal, Examen impartial de L'Homme des champs…] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2019/05/22 18:47] – [Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage] Hugues Marchal
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 ===== Une position surplombante ===== ===== Une position surplombante =====
  
-Vidal motive ce choix en expliquant dès sa première phrase que l'œuvre a connu un retentissement tel que **tous ses lecteurs en auront déjà pris connaissance**, sinon directement, du moins par la presse, via des critiques aux compétences incertaines. Or Vidal revendique une sorte de droit d'inventaire élitiste, appliqué aux comptes rendus du meilleur niveau\ :+Vidal motive ce choix en expliquant dès sa première phrase que l'œuvre a connu un retentissement tel que **tous ses lecteurs en auront déjà pris connaissance**, sinon directement, du moins par la presse, via des critiques aux compétences incertaines. Il revendique pour sa part une sorte de droit d'inventaire élitiste, appliqué aux comptes rendus du meilleur niveau\ :
  
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 Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP> Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Les uns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[(//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP>
  
-Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ses questions, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. Toutefois, cette **singularité est toute relative**, car Vidal suit à peu près le plan adopté plus tôt par David, dans son long [[compterendumoniteuruniversel|compte rendu du Moniteur]], qu'il connaissait, puisqu'il y renvoie. Ses considérations générales, faisant état des autres critiques, cèdent le pas à un examen du poème structuré par chants, puis à des remarques sur le style.+Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ces **questions**, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. 
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 +Toutefois, cette **singularité est très relative**, car Vidal suit à peu près le plan adopté plus tôt par David, dans son long [[compterendumoniteuruniversel|compte rendu du Moniteur]], qu'il connaissait, puisqu'il y renvoie. Ses considérations générales liminaires cèdent le pas à un examen du poème structuré par chants, puis à des remarques sur le style.
  
 ===== Première question : objet et titre ===== ===== Première question : objet et titre =====
  
-Dans un premier temps, Vidal demande : "Quel est l'objet de ce poëme ? – Le titre & l'exposition l'annoncent-ils suffisamment[(//Ibid//.)]\ ?". Il prend donc à bras le corps un des reproches les plus fréquemment adressés à Delille, l'idée d'un titre inadéquat.+Dans un premier temps, Vidal demande : "//Quel est l'objet de ce poëme ? – Le titre & l'exposition l'annoncent-ils suffisamment//[(//Ibid//.)]\ ?". Il prend donc à bras le corps un des reproches les plus fréquemment adressés à Delille, l'idée d'un titre inadéquat.
  
 Vidal commence par montrer que l'œuvre, même si elle fait ponctuellement mine de s'en défendre, est bien **didactique**, et qu'elle entend donner de "véritables préceptes" pour "faire aimer tout ce qui est relatif à la campagne". Mais il admet "avec le //Mercure//" que l'exposition ne donne pas une idée assez claire du contenu des quatre chants qui ont chacun "son objet particulier[(//Id//., p. 74-75.)]". Et il adopte les réserves formulées contre le titre, mal adapté. Puisque, "par l'Homme des champs, on a toujours entendu le simple habitant des campagnes; & par les Géorgiques, le travail de la terre", et puisqu'ici "le poëte ne s'adresse qu'au riche propriétaire, […] assez puissant & assez éclairé pou faire usage de ses leçons", Delille force le sens de ces mots, en procédant à un "néologisme" mal venu[(//Id//., p. 77.)]. Vidal commence par montrer que l'œuvre, même si elle fait ponctuellement mine de s'en défendre, est bien **didactique**, et qu'elle entend donner de "véritables préceptes" pour "faire aimer tout ce qui est relatif à la campagne". Mais il admet "avec le //Mercure//" que l'exposition ne donne pas une idée assez claire du contenu des quatre chants qui ont chacun "son objet particulier[(//Id//., p. 74-75.)]". Et il adopte les réserves formulées contre le titre, mal adapté. Puisque, "par l'Homme des champs, on a toujours entendu le simple habitant des campagnes; & par les Géorgiques, le travail de la terre", et puisqu'ici "le poëte ne s'adresse qu'au riche propriétaire, […] assez puissant & assez éclairé pou faire usage de ses leçons", Delille force le sens de ces mots, en procédant à un "néologisme" mal venu[(//Id//., p. 77.)].
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 Vidal conclut ce long parcours par un **résumé des principaux défauts de plan** qu'il a pensé relever au fil de son examen. Dans ce cadre, il note que "l'objet du troisième chant est beaucoup plus lié à l'objet du second qu'à celui du premier ou du quatrième\ ; que la première partie de ce chant n'a point l'ordre qu'on y auroit désiré, & que l'épisode de Raton n'est point digne des tableaux majestueux dont il est précédé[(//Id.//, p. 121.)]". Vidal conclut ce long parcours par un **résumé des principaux défauts de plan** qu'il a pensé relever au fil de son examen. Dans ce cadre, il note que "l'objet du troisième chant est beaucoup plus lié à l'objet du second qu'à celui du premier ou du quatrième\ ; que la première partie de ce chant n'a point l'ordre qu'on y auroit désiré, & que l'épisode de Raton n'est point digne des tableaux majestueux dont il est précédé[(//Id.//, p. 121.)]".
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 ===== Troisième question : l'exécution ===== ===== Troisième question : l'exécution =====
  
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 ==== Les faiblesses ==== ==== Les faiblesses ====
  
-Ici, le critique ne suit plus l'ordre du texte, mais tend à grouper les vers par catégorie de défauts. Nous ne citons que les exemples tirés du chant 3.+Ici, le critique ne suit plus l'ordre du texte, mais tend à grouper les vers par catégorie de défauts. Nous ne citons que les exemples tirés du chant3.
  
   * **Syllepses**   * **Syllepses**
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 Vidal, déplorant de trouver "des mots employés en même temps au moral et au physique", cite le tour :  Vidal, déplorant de trouver "des mots employés en même temps au moral et au physique", cite le tour : 
  
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-Comme elle (//la mer//) à son aspects vos pensers sont //profonds//[(//Id//., p. 77.)].+Comme elle (//la mer//) à son aspect vos pensers sont //profonds//[(//Id//., p. 77.)]. 
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   * **Préciosité**   * **Préciosité**
  
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 Si la tirade sur Buffon n'étoit pas entièrement vicieuse, par l'inadvertance que l'auteur y a commise, je pourrois y reprendre ce vers ,qui me semble du style précieux. Si la tirade sur Buffon n'étoit pas entièrement vicieuse, par l'inadvertance que l'auteur y a commise, je pourrois y reprendre ce vers ,qui me semble du style précieux.
  
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 Mais tout ce morceau sera sans doute refondu[(//Id//., p. 78.)]. Mais tout ce morceau sera sans doute refondu[(//Id//., p. 78.)].
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   * **Plagiats ?**   * **Plagiats ?**
  
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 La //Décade// prétend [que] Delille a pris un vers à Lebrun. Quand on se rencontre avec l'idée d'un grand poète, dit-elle, il ne saut pas répéter ce qu'il a dit, mais tâcher de s'exprimer autrement & aussi bien. Je crois cependant que Lebrun donneroit bien volontiers son vers pour celui de Delille, quoiqu'on veuille que ce soit le même. La //Décade// prétend [que] Delille a pris un vers à Lebrun. Quand on se rencontre avec l'idée d'un grand poète, dit-elle, il ne saut pas répéter ce qu'il a dit, mais tâcher de s'exprimer autrement & aussi bien. Je crois cependant que Lebrun donneroit bien volontiers son vers pour celui de Delille, quoiqu'on veuille que ce soit le même.
 \\ Delille a dit de Buffon qu'il \\ Delille a dit de Buffon qu'il
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 Et Lebrun, qu'il Et Lebrun, qu'il
  
-\\ "A posé septs flambeaux sur la route du temps."+"A posé septs flambeaux sur la route du temps."
  
 Or, je demande dans lequel de ces deux vers on trouve l'image la plus grande, & l'expression la plus élégante[(//Id//., p. 85.)]. Or, je demande dans lequel de ces deux vers on trouve l'image la plus grande, & l'expression la plus élégante[(//Id//., p. 85.)].
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   * **Vers "durs" ou "désagréables"**   * **Vers "durs" ou "désagréables"**
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 Vidal critique un tour comme Vidal critique un tour comme
  
-La pervenche, grand Dieu, la pervenches Soudain +<WRAP round box 60%> 
-Il la couve des yeux.+La pervenche, grand Dieu, la pervenche ! Soudain 
 +\\ Il la couve des yeux. 
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 où il voit un exemple de vers "brisés par la seule nécessité de remplir la mesure du vers & de faire la rime[(//Id//., p. 88.)]". où il voit un exemple de vers "brisés par la seule nécessité de remplir la mesure du vers & de faire la rime[(//Id//., p. 88.)]".
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 Vidal juge monotone une réplétion comme : Vidal juge monotone une réplétion comme :
  
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 Que de fleuves obscurs y dérobent leur source !  Que de fleuves obscurs y dérobent leur source ! 
 \\ Que de fleuves fameux y terminent leur course !  \\ Que de fleuves fameux y terminent leur course ! 
  
-Mais peut-on en dire autant de ceux-ci, que la //Décade// a critiqués sí injustement ?+Mais peut-on en dire autant de ceux-ci, que la //Décade// a critiqués si injustement?
  
 Combien de temps sur lui l'Océan a coulé\ ! Combien de temps sur lui l'Océan a coulé\ !
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 \\ L'orage dans les mers de nouveau le porta\ ; \\ L'orage dans les mers de nouveau le porta\ ;
 \\ De nouveau sur ses bords, la mer le rejeta[(//Id//., p. 89.)]. \\ De nouveau sur ses bords, la mer le rejeta[(//Id//., p. 89.)].
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 ==== Les réussites ==== ==== Les réussites ====
  
-Vidal termine par une note extrêmement élogieuse. Il cite de longs extraits, en insistant à chaque fois sur leur maestria, et dans ce cadre, il réserve **une place de choix au chant 3**.+Revenant à l'idée que les beautés abondent dans l'œuvre, Vidal termine par un inventaire extrêmement élogieux. Il cite de longs extraits, en insistant à chaque fois sur leur maestria, et dans ce cadre, il réserve **une place de choix au chant 3**
 + 
 +Le critique est loin d'être le seul à distinguer certains de ces passages, mais il motive ses choix par **des commentaires souvent personnels**.  
 + 
 +  * **Pompéi et Herculanum** 
 + 
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 +Le troisième chant est sans contredit celui où brille le plus grand nombre de beautés neuves & de difficultés heureusement vaincues\ ; car aucun poëte avant lui n'avoit traité en vers l'histoire naturelle. 
 +\\ La superbe peinture des ravages des volcans amène ce morceau, dans lequel l'auteur a imité si ingénieusement Virgile\ : 
 + 
 +Dans ce désastre affreux, quels fleuves ont tari\ ! 
 +\\ Quels sommets ont croulé, quels peuples ont péri\ ! 
 +\\ Les vieux âges l'ont su, l'âge présent l'ignore\ ; 
 +\\ Mais de ce grand fléau la terreur dure encore. 
 +\\ Un jour, peut-être, un jour les peuples de ces lieux 
 +\\ Que l'horrible volcan inonda de ses feux, 
 +\\ Heurtant avec le soc des restes de murailles, 
 +\\ Découvriront ce gouffre, &, creusant ses entrailles. 
 +\\ Contempleront au loin, avec étonnement, 
 +\\ Des hommes & des arts ce profond monument\ ; 
 +\\ Cet aspect si nouveau des demeures antiques\ ; 
 +\\ Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques\ ; 
 +\\ Ces gymnases, du sage autrefois fréquentés, 
 +\\ D'hommes qui semblent vivre encore tout habité\ : 
 +\\ Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, 
 +\\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre\ ;  
 +\\ L'un enlevant son fils,l'autre emportant son or 
 +\\ Cet autre ses écrits, son plus riche trésor\ ; 
 +\\ Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire\ ; 
 +\\ L'autre, non moins pieux, s'estchargé de son père\ ; 
 +\\ L'autre, paré de fleurs & la coupe à la main, 
 +\\ A vu sa dernière heure & son dernier festin. 
 + 
 +Les trois exclamations qui commencent ce morceau produisent dans l'ame l'émotion la plus vive, & la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus frappant que cette image\ : 
 + 
 +Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, 
 +\\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre. 
 + 
 +Tout ce morceau se prolonge de phrase en phrase, semblable à un homme qui parcourt lentement les souterrains d'Herculanum, & dont les regards étonnés s'arrêtent avec consternation sur tous les monumens qui l'environnent[(//Id//., p. 97-98.)]. 
 +</WRAP> 
 + 
 +  * **Deux "gradations" opposées** 
 + 
 +<WRAP round box 60%> 
 +Maintenant je vais rapprocher deux des plus beaux exemples de gradation que nous ayons dans la poésie française. Tous deux sont dans un sens opposé, & tous deux nous offrent les plus sublimes leçons de philosophie. 
 +\\ Dans le premier nous voyons un rocher que le temps, a réduit à un grain de sable\ ; & dans le second, c'est un grain de neige qu'un oiseau détache du haut des monts, & qui roulant sur d'énormes amas de cette matière, accroît sa masse de moment en moment, & dont la chute est cause des plus grands désastres. 
 +\\ Voici le premier : 
 + 
 +Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris, 
 +\\ Voyez d'un marbre usé le plus mince débris : 
 +\\ Quel riche monument\ ! De quelle grande histoire 
 +\\ Ses révolutions conservent la mémoire\ ! 
 +\\ Composé des dépôts de l'empire animé, 
 +\\ Par la destruction ce marbre fut formé. 
 +\\ Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent, 
 +\\ De générations quelles soules périrent\ ! 
 +\\ Combien de temps sur lui l'Océan a coulé\ ! 
 +\\ Que de temps dans leur sein les vagues l'ont roulé\ ! 
 +\\ En descendant des monts dans ses profonds abymes, 
 +\\ L'Océan autrefois le laissa sur leurs cimes\ ; 
 +\\ L'orage dans les mers de nouveau le porta\ ; 
 +\\ De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, 
 +\\ Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l'âge, 
 +\\ Il endura les vents et les flots et l'orage. 
 +\\ Enfin, de ces grands monts humble contemporain, 
 +\\ Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain\ ; 
 +\\ Mais, fils du temps, de l'air, de la terre et de l'onde,  
 +\\ L'histoire de ce grain est l'histoire du monde. 
 + 
 +Comme le balottement de ce marbre est supérieurement imité par le balottement de ces vers\ : 
 + 
 +L'orage dans les mers de nouveau le porta ; 
 +\\ De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, 
 +\\ Le reprit, le rendit … ! 
 + 
 +Celui-ci surtout est vraiment du sublime d'images : 
 + 
 +Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'un grain.
  
-Le troisième chant est sans contredit celui où brille le plus grand nombre de beautés neu ves & de difficultés heureusement vaincues ; 
-car aucun poëte avant lui n'avoit traité en vers l'histoire naturelle. 
-La superbe peinture des ravages des volcans «mène ce morceau , dans lequel l'auteur a imité si ingénieusement Virgile : 
-Dans ce désastre affreux, quels sleuves ont tari! Quels sommtts ont croulé ,quels peuples ont péri! Les vieux âges Vont su , Vâge présent l'ignore ; 
-Mais de ce grand sléau la terreur dure encore. 
-TJn jour , peut-être , un jour les peuples de ces lieux 
-Que l'horrible volcan inonda de sesseux, Heurtant avec le soc des restes de murailles, Découvriront ce gouIfre, & , creusant ses entrailles. Contempleront au loin,avec étonnement, 
-Des hommes fc des arts ce prosond monument; 
-Cet aspect si nouveau des demeures antiques ; 
-Ces cirques , ces palais , css temples , ces portiques ; Ces gymnases , du sage autresois sréquentés , D'hommes qui semblent vivte encore tout habité 
-Simulacres légers , prêts à tomber en poudre , Tous gardant l'attitude où les furprit la foudre ; L'un enlevantsonsils,l'autreemportantsonor, Cet autre ses écrits , son plus riche trésor ; 
-Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire; L'autre,non moins pieux,s'estchargé de son p*re; L'autre , paré de fleurs Sc la coupe à la main, 
-A vu fa dernière heure St son dernier festin. 
-Les trois exclamations qui commencent .inorceau produisent dans l'ame l'émotion la plus . 
-vive,& la préparent aux impressions les plus terribles. Mais rien n'est plus srappant que cette 
-ima .;e-: 
-Simulacres légers , prêts à tomber en poudre , Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre. 
-Tout ce morceau se prolonge de phrsse en phrase,semblable à un homme qui parcourt lentementlessouterrainsd'Herculanum,& dont les regards étonnés s'arrêtent avec consternation sur tous les monumens qui l'environnent. 
-> Maintenant je vais rapprocher deux des plus beaux exemples de gradation que nous ayons da is la poésie srançaise. Tous deux sont dans un sens opposé , 8: tous deux nous offrent les 
-plus sublimes leçons de philosophie. 
-Dans le premier nous voyons un rocher que' le temps, a réduit à un grain de sable; & dans le second-, c'est un grain déneige qu'un oiseau détache du haut des monts, & qui roulant sur xPénormes amas de cette matière , accroît sa masse de moment en moment, & dont la chute 
-est cause des plus grands désastres. Voici le premier : 
-Mais sans quitter vos monts et vos vallons chéris , Voyez d'un marbre usé le plus mince débris : Quel riche monument! I>e quelle grande histoire Ses révolutions conservent la mémoire ! Composé des dépôts de l'empire animé , 
-Par la destruction ce marbre sut sormé. . Pour créer les débris dont les eaux le pétrirent, De générátions quelles soules périrent! 
-Combien de temps sur lui l'Océan a coulé! 
-Q u e de temps dans leur sein les vagues l'ont roulé î En descendant des mony dans sesprosonds abymes» L'Océan autresois le laissa sur leurs cimes; forage dans les mers de nouveau le porta 5 De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, 
-te reprit,lerendit :ainsi,rengé par l'âge, 
-H endura les vents et les flots et Forage. 
-Ensin , de ces grands monts humble contemporain , 
-Ce marbre sutun roc,ce rocn'estplusqu'ungrain; Mais ,fils du temps , de l'air, de la terre et de l'onde, L'histoire de ce grain est l'histoire du monde. 
-t o m m e le balottement de ce marbre est su périeurement imité par le balottement de ces vers : 
-L'orage dans les mers de nouveau le porta ; De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, Lereprit,lerendit . . . » ! 
-Celui-ci surtout est vraiment du sublime d'i 
-mages : 
-Ce marbre sut un roc ,ce roc n'est plus qu'un grain. 
 Mais voyons l'autre morceau. Mais voyons l'autre morceau.
-Souvent un grand effet naît d'une soible cause. Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose , Détache un grain <fe neige. A ce léger sardeau , Des grainsdontils'accroîtsejointlepoidsnouveau; La neige autour de lui rapidement s'amasse ; Demomentenmomentilaugmentesamaffe: I/air en tremble, et soudain, s'écroulant à la sois , Des hivers entaflés l'epouvantable poids 
-Bondit de roc en roc , roule de cime en cime , 
-Et de sa chute immense ébranle au loin l'abyme. tes hameaux sont détruits,etles bois emportés; On cherche en vain la place où surent les cités, Et sous le vent lointain de ces Alpes qui tombent, 
-Avant d'être- srappés , les voyageurs succombent. Ainsi, quand des excès , suivis d'excés nouveaux. D'un état par degrés ont préparé les maux, 
-De malheur en malheur sa chute se consomme; Tyrn'eflplus,Thèbesmeurt, etlesyeuxcherchent 
-Rome 1 
-En va'njecherchedansVantiquitédesmor ceaux de ce genre plus beaux que ces deux derniers. Vous, qui saites de Deliìle comrae de Boileau, un versificateur , un imitateur excel lent , mais qui lui resuse* Tinta»ination d'un 
-poëte,lisezcesversfciépondtz. L'admiration dont je suis pénétré m e laisse à peine la fkculié d'en analyser les beautés innombrables. Et d'aií- leurs, ai-je besoin de foire remarquer des beau tés aussi srappantes? Dirar-je comme eette pein- ture des avalanches est admirablement préparée & terminée par deux principes de la plus sublime' philosophie?Ferai-je observer l'harmoiwe mâle St imitative de ces vers , & la marche d'abord 
-rapide & ensuite pesante de certe phrase qui nous offre la plus belle gTadarion que l'on puisse citer? Non sans doute, je n'entrerai pDint dans ces détailssuperflus* De semblablesbeautéssont senties par tout le monde, & ce seroit même affoiblir l'enthoufiasme qu'elles inspirent, que de vouloir les expliquer. 
-Mais fi ie génie de Delille s'est élevé dans des routes inconnues, 8ta ouvert une nouvelle carrière au sublime, il a eu peut-être autant de mérite de nous avoir peint avec noblesse des objets que la poésie avoit dédaignés jusqu'a 
-lors. Avec quelle élégance il décrit une soule d'insectes !. Le Moniteur a prétendu que c'étott une nomenclature, ce qui lignisie une listede noms. 
-Mais il est sacile de voir fi dans cette charmante galerie d'insectes , on trouve leurs noms ou des 
-images qui les représentent. 
-Ceux qui d'un fil doré composent leur tombeau', Ceux dont l'amour dans I'orabre allume leflambeau ; L'insecte dont un an borne la destinée ; 
-Celui qui naît,jouit et meurt dans lajournée, 
-Et dont la vie au moins n'a pas d'inftans perdus. Vous tous, dans I'univers en foule répandus , Dont les races fans fin, fans fin se renouvellent, Insectes , pafoissez , vos cartons vous appellent! Venez avec l'éclat de vos riches habits, 
-Vos aigrettes, vos flenrs,vos perles, vos rubis, Et ces fourreaux brillons , et ces étuis fidèles , Dont récaille défend la gaze de vos ailes. 
-Que j'observe de prés'ces clairons, ces tambours^ Signal de vos fureurs , signal de vos amours , 
-Qui guidoient vos héros dans les champs de lagloire.,. Et sonnoient le danger , la charge et la victoire ; Enfin tous ces ressorts , organes merveilleux 
-Qui confondent des arts le savoir orgueilleux, : Chefs-d'œuvres d'une main en merveilles féconde , Dont un seul prouve un Dieu , dont un seul vaut utt 
-monde. 
-Combien cette dernière pensée devient su blime , après une description d'insectes pres- qu'imperceptibles!Combien c'estnous intéresser à des êtres qui, aux yeux du vulgaire, parois sent si chétiss & si vils ! Combien c'est agrandir les plus petits objets qui e*istent dans la nature }: Je ne résiste point au plaisir de rappeler ici ce ,beau vers qae j'ai déjà cité : 
-Ee même Dieu créa la mousse et I'univers. 
-C'est ainsi qu'un grand poète répand dans se* écrits les plus belles leçons de morale & de phi losophie. C'est ainft que le père de la poésinous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers : 
-Partout des biens , des m a u x , des sléaux , des biensaits ! 
-Ensin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un mo. dèle d'élégance & de précision , S: qui n'ofi're l'imaoe lâ plus brillante & la plus poétique. 
  
 +Souvent un grand effet naît d'une foible cause.
 +\\ Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose,
 +\\ Détache un grain de neige. A ce léger fardeau,
 +\\ Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau\ ;
 +\\ La neige autour de lui rapidement s'amasse ;
 +\\ De moment en moment il augmente sa masse\ : 
 +\\ L'air en tremble, et soudain, s'écroulant à la fois,
 +\\ Des hivers entassés l'épouvantable poids
 +\\ Bondit de roc en roc, roule de cime en cime,
 +\\ Et de sa chute immense ébranle au loin l'abyme. 
 +\\ Les hameaux sont détruits, et les bois emportés\ ;
 +\\ On cherche en vain la place où surent les cités,
 +\\ Et sous le vent lointain de ces Alpes qui tombent,
 +\\ Avant d'être frappés, les voyageurs succombent.
 +\\ Ainsi, quand des excès, suivis d'excès nouveaux,
 +\\ D'un état par degrés ont préparé les maux,
 +\\ De malheur en malheur sa chute se consomme\ ;
 +\\ Tyr n'est plus,Thèbes meurt, et les yeux cherchent Rome\ !
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 +En vain je cherche dans l'antiquité des morceaux de ce genre plus beaux que ces deux derniers. Vous, qui faites de Delille comme de Boileau, un versificateur, un imitateur excellent, mais qui lui resfusez l'imagination d'un poëte, lisez ces vers & répondez. L'admiration dont je suis pénétré me laisse à peine la faculté d'en analyser les beautés innombrables. Et d'ailleurs, ai-je besoin de faire remarquer des beautés aussi frappantes\ ? Dirai-je comme cette peinture des avalanches est admirablement préparée & terminée par deux principes de la plus sublime philosophie\ ? Ferai-je observer l'harmonie mâle & imitative de ces vers, & la marche d'abord rapide & ensuite pesante de cette phrase qui nous offre la plus belle gradation que l'on puisse citer\ ? Non sans doute, je n'entrerai point dans ces détails superflus. De semblables beautés sont senties par tout le monde, & ce seroit même affoiblir l'enthousiasme qu'elles inspirent, que de vouloir les expliquer[(//Id//., p. 98-101.)].
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 +  * **Métamorphoser le regard sur l'insecte**
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 +Mais si le génie de Delille s'est élevé dans des routes inconnues, & a ouvert une nouvelle carrière au sublime, il a eu peut-être autant de mérite de nous avoir peint avec noblesse des objets que la poésie avoit dédaignés jusqu'alors. Avec quelle élégance il décrit une foule d'insectes\ ! Le //Moniteur// a prétendu que c'étoit une //nomenclature//, ce qui signifie une liste de noms. Mais il est facile de voir si dans cette charmante galerie d'insectes, on trouve leurs noms ou des images qui les représentent.
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 +Ceux qui d'un fil doré composent leur tombeau,
 +\\ Ceux dont l'amour dans l'ombre allume le flambeau\ ;
 +\\ L'insecte dont un an borne la destinée\ ;
 +\\ Celui qui naît, jouit et meurt dans la journée,
 +\\ Et dont la vie au moins n'a pas d'instans perdus.
 +\\ Vous tous, dans l'univers en foule répandus,
 +\\ Dont les races sans fin, sans fin se renouvellent,
 +\\ Insectes, paroissez, vos cartons vous appellent\ !
 +\\ Venez avec l'éclat de vos riches habits,
 +\\ Vos aigrettes, vos fleurs, vos perles, vos rubis,
 +\\ Et ces fourreaux brillans, et ces étuis fidèles,
 +\\ Dont l'écaille défend la gaze de vos ailes.
 +\\ ……
 +\\ Que j'observe de près ces clairons, ces tambours,
 +\\ Signal de vos fureurs, signal de vos amours,
 +\\ Qui guidoient vos héros dans les champs de la gloire,
 +\\ Et sonnoient le danger, la charge et la victoire\ ;
 +\\ Enfin tous ces ressorts, organes merveilleux,
 +\\ Qui confondent des arts le savoir orgueilleux,
 +\\ Chefs-d'œuvres d'une main en merveilles féconde,
 +\\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un monde.
 +
 +Combien cette dernière pensée devient sublime, après une description d'insectes presqu'imperceptibles\ ! Combien c'est nous intéresser à des êtres qui, aux yeux du vulgaire, paroissent si chétifs & si vils\ ! Combien c'est agrandir les plus petits objets qui existent dans la nature\ ! Je ne résiste point au plaisir de rappeler ici ce beau vers que j'ai déjà cité\ :
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 +Un même Dieu créa la mousse et l'univers.
 +
 +C'est ainsi qu'un grand poète répand dans ses écrits les plus belles leçons de morale & de philosophie. C'est ainsi que le père de la poésie nous présente souvent, dans son Odyssée, cette vérité touchante que Deltlle a exprimée dans ce vers\ :
 +
 +Partout des biens, des maux, des fléaux, des bienfaits\ !
 +
 +Enfin il n'est presque pas un vers dans tout ce morceau sur les insectes, qui ne soit un modèle d'élégance & de précision, & qui n'offre l'image la plus brillante & la plus poétique[(//Id//., p. 101-103.)].
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 ===== Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage  ===== ===== Quatrième question : Effet que produit l'ouvrage  =====
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 +Dans une ultime section, à valeur de bilan, Vidal se penche sur "//l'effet que produit cet ouvrage [et sur] les corrections qu'on a proposées à l'auteur//[(//Id//., p.\ 108.)]". Le critique insiste alors simultanément sur la profonde beauté du texte et son désordre, pour offrir **une image tentant de conjuguer ces deux jugements en tension**.
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 +Je pourrois résoudre la première de ces questions [//celle sur l'effet//] par un seul mot, l'admiration. Cependant on me permettra d'avancer ici quelques considérations qui naissent de l'ensemble de mon examen.
 +\\ Le poëme de l'Homme des champs inspire sans doute de l'admiration au lecteur qui est assez éclairé pour en sentir tout le mérite. Mais ce sentiment est-il l'unique effet que doive produire un ouvrage\ ? Et un auteur ne doit-il pas offrir à notre ame quelque chose qui l'attache & qui l'intéresse davantage\ ? Un peintre peul facilement promener notre admiration sur une riche collection de diffèrent tableaux. Mais quelle impression nous en reste-t-il lorsque nous sommes sortis de son cabinet\ ? Nous nous disons que ce qu'il nous a montré est magnifique, &p eu après, le souvenir même s'en efface. Un poëme, dont toutes les parties sont achevées en elles- mêmes, pourroit donc produire de l'admiration, sans avoir le mérite d'un bel ensemble. Il y aucoît sans doute du rigorisme à vouloir faire une entière application de cet exemple aux Géorgiques françaises\ : cependant ce ne seroit pas tout à fait sans fondement. On me répondra, & avec raison, que Delille ne se borne pas à nous faire admirer l'art de chacun de ses tableaux, & que son objet principal est de nous enseigner à jouir de tout ce qui est relatif à la campagne. Or, ajoutera-t-on, que l'on mette ce poëme dans les mains d'un homme doué d'une grande fortune & d'un esprit cultivé, & il est certain qu'il en sera son livre favori. Je n'en doute point, mais dans cet examen il s'agit plus de la forme que du sujet de cet ouvrage. I1 suffira donc, pour répondre à la question que je me suis proposée, de combiner les observations que nous venons de faire, & on conviendra que ce poëme nous inspire une admiration qui est quelquefois mêlée d'étonnement. Il est semblable à un édifice dont la construction est fort irrégulière, mais qui, dans l'intérieur, offre des salons somptueux & richement décorés. On admire chacune de ses parties séparément, mais on s'étonne que d'un vestibule resserré, difficile, & qui semble conduire à une chambre rustique, on entre dans des appartemens magnifiques, & mal disposés entr'eux. On peut donc conclure que si Delille établissoit de l'ordre dans son poëme l'étonnement que nous éprouvons en le parcourant s'évanouiroit, & que notre admiration, toujours soutenue, se porteroit autant sur la perfection du plan que sur celle des détails.
 +Cette remarque est la plus importante qu'on puisse faire sur cet ouvrage, & j'ai cru pouvoir y revenir plusieurs fois, parce qu'elle n'est pas conforme à l'opinion de tout le monde. Ainsi je fais, à l'égard d'une opinion qui me semble erronée, ce que Condillac faisoit à l'égard des préjugés. Quand on combat un préjugé, disoit- il, il faut l'attaquer à plusieurs reprises[(//Id//., p.\ 108-110.)].
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 +Mais Vidal se refuse à esquisser l'ordre qu'il appelle de ses vœux ou à convier Delille à adopter le plan proposé par la //Décade//. Il s'en explique ainsi\ :
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 +Ce plan [//alternatif//] est fort simple à la vérité, & c'est pour cela qu'il est bon. Mais le génie ne peut il pas inventer quelque chose de sort bon, qui pourtant s'élève au-dessus du simple\ ? Lorsque Thomas a composé son éloge de Marc-Aurèle, un plan simple auroit-il valu la marche neuve & dramatique qu'il a donnée à son discours\ ? Je ne le croirai jamais. Or, Delille peut prendre un essor semblable, & arriver à son but par des routes qu'il se sera frayées lui-même. Telle est ma conclusion[(//Id//., p.\ 110-111.)].
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 +===== Un appel final  =====
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 +Comme nombre de ses pairs, Vidal clôt son texte en conviant Delille à enfin rentrer en France\ :
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 +Enfin je ne dirai plus qu'un mot\ ; il est l'expression de mes vœux & dé ceux de tous les amis de la littérature en France. Delille est encore éloigné de son pays natal, & cet éloignement est peut-être, comme on l'a souvent bien observé, la cause des défauts de ses Géorgiques. Il est donc important qu'il y rentre, avant même de retoucher son poëme. Ah\ ! puisse-t-il enfin céder à une invitation si souvent réitérée, & qui intéresse autant sa propre gloire que celle de sa patrie[(//Id//., p.\ 111.)].
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