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vidalexamenimpartial [2019/05/21 20:43] – [Le plan, objet d'une anatomie] Hugues Marchalvidalexamenimpartial [2019/05/21 20:53] – [Objet et titre] Hugues Marchal
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 ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ====== ====== Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs…" ======
  
-L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'//Esprit des journaux français et étrangers//. Ce texte, signé par Vidal, est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse, et il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.\ 73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.\ 73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.+L'"Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites" paraît en deux livraisons, en avril et mai 1801, dans l'//Esprit des journaux français et étrangers//. Ce texte, signé par Vidal, est un **article original**, bien que le périodique bruxellois qui l'accueille soit spécialisé dans la compilation des textes de presse, et il y tranche en outre par sa longueur, puisqu'il se déploie sur près de **soixante-dix pages**[(Vidal, "Examen impartial de L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises de Jacques Delille, & des principales critiques qui en ont été faites", //Esprit des journaux français et étrangers//, germinal an IX (avril 1801), p.\ 73-122 et floréal an IX (mai 1801), p.\ 73-110.)]. C'est que Vidal ne se contente pas d'émettre un avis sur le poème de Delille\ ; il entend proposer une **synthèse d'envergure sur le texte et sa réception**.
  
 ===== Une position surplombante ===== ===== Une position surplombante =====
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 Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Le suns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[([//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP> Il est peu de personnes en France qui n'aient lu les Géorgiques françaises, ou qui n'aient voulu en avoir quelque idée par les journaux. La plupart de ceux-ci ont fait, chacun à leur manière, l'analyse d'un ouvrage qui ne peut pas être analysé par tout le monde\ : car, dit fort bien Delille, "ce genre de composition, qui demande des auteurs de grand talent, veut aussi des lecteurs au goût exquis[(Citation de la préface du poème.)] […]." Mais comme tous les journalistes ne sont pas des Horace […], on devait s'attendre à des jugements sur les Géorgiques françaises qui ne seraient pas tout à fait les oracles du bon goût. Le suns croyant //que louer n'est pas du bel esprit//, ont descendu dans les plus petites minuties pour trouver quelque chose à critiquer dans ce poème, tandis que d'autres l'ont exalté au-dessus de tous els ouvrages de ce genre. Nous ne parlerons donc point de la foule des journaux. mais parmi ceux qui défendent avec dignité l'honneur des letters françaises, le //Mercure de France//, la //Décade philosophique// & le //Moniteur universel// ont donné des extraits de cet ouvrage de manière très-différente & plus ou moins judicieuse. j'ai donc adopté ou réfuté leurs observations, suivant qu'elles m'ont paru justes ou injustes[([//Id//., avril 1801, p. 73-74.)].</WRAP>
  
-Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan luis era "entièrement propre", et, rompant avec les analyses linéaires du poème, il organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ses questions, qu'il numérote, qui structurent la suite de l'article.+Autre effort de distinction, Vidal annonce que son plan lui sera "entièrement propre", aussi organise son article en "questions" qui, selon lui, "peuvent, en général, s'adapter à l'examen de toute espèce de poëme[(//Id//., p. 74.)]". Ce sont ses questions, qu'il numérote, qui structurent la suite du texte. Toutefois, cette **singularité est toute relative**, car Vidal suit à peu près le plan adopté plus tôt par David, dans son long [[compterendumoniteuruniversel|compte rendu du Moniteur]], qu'il connaissait, puisqu'il y renvoie. Ses considérations générales, faisant état des autres critiques, cèdent le pas à un examen du poème structuré par chants, puis à des remarques sur le style.
  
- +===== Première question : objet et titre =====
-===== Objet et titre =====+
  
 Dans un premier temps, Vidal demande : "Quel est l'objet de ce poëme ? – Le titre & l'exposition l'annoncent-ils suffisamment[(//Ibid//.)]\ ?". Il prend donc à bras le corps un des reproches les plus fréquemment adressés à Delille, l'idée d'un titre inadéquat. Dans un premier temps, Vidal demande : "Quel est l'objet de ce poëme ? – Le titre & l'exposition l'annoncent-ils suffisamment[(//Ibid//.)]\ ?". Il prend donc à bras le corps un des reproches les plus fréquemment adressés à Delille, l'idée d'un titre inadéquat.
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 Vidal commence par montrer que l'œuvre, même si elle fait ponctuellement mine de s'en défendre, est bien **didactique**, et qu'elle entend donner de "véritables préceptes" pour "faire aimer tout ce qui est relatif à la campagne". Mais il admet "avec le //Mercure//" que l'exposition ne donne pas une idée assez claire du contenu des quatre chants qui ont chacun "son objet particulier[(//Id//., p. 74-75.)]". Et il adopte les réserves formulées contre le titre, mal adapté. Puisque, "par l'Homme des champs, on a toujours entendu le simple habitant des campagnes; & par les Géorgiques, le travail de la terre", et puisqu'ici "le poëte ne s'adresse qu'au riche propriétaire, […] assez puissant & assez éclairé pou faire usage de ses leçons", Delille force le sens de ces mots, en procédant à un "néologisme" mal venu[(//Id//., p. 77.)]. Vidal commence par montrer que l'œuvre, même si elle fait ponctuellement mine de s'en défendre, est bien **didactique**, et qu'elle entend donner de "véritables préceptes" pour "faire aimer tout ce qui est relatif à la campagne". Mais il admet "avec le //Mercure//" que l'exposition ne donne pas une idée assez claire du contenu des quatre chants qui ont chacun "son objet particulier[(//Id//., p. 74-75.)]". Et il adopte les réserves formulées contre le titre, mal adapté. Puisque, "par l'Homme des champs, on a toujours entendu le simple habitant des campagnes; & par les Géorgiques, le travail de la terre", et puisqu'ici "le poëte ne s'adresse qu'au riche propriétaire, […] assez puissant & assez éclairé pou faire usage de ses leçons", Delille force le sens de ces mots, en procédant à un "néologisme" mal venu[(//Id//., p. 77.)].
  
-===== Le plan, objet d'une "anatomie" =====+===== Le plan et son "anatomie" =====
  
 Vidal, continuant à suivre nombre de ses prédécesseurs, déplore ensuite des "défectuosités du côté de l'ordre et du plan[(//Id//., p. 78.)]". Il entame alors un long **examen du poème, au fil des pages**, en faisant "l'anatomie de [chaque] chant par le moyen de l'analyse, & en rapprochant chacune de ses parties dépouillée du charme de la verification", pour mieux montrer "combien peu l'auteur s'y est asservi à un plan régulier[(//Id.//, p. 91.)]. Vidal, continuant à suivre nombre de ses prédécesseurs, déplore ensuite des "défectuosités du côté de l'ordre et du plan[(//Id//., p. 78.)]". Il entame alors un long **examen du poème, au fil des pages**, en faisant "l'anatomie de [chaque] chant par le moyen de l'analyse, & en rapprochant chacune de ses parties dépouillée du charme de la verification", pour mieux montrer "combien peu l'auteur s'y est asservi à un plan régulier[(//Id.//, p. 91.)].