pratetudes

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pratetudes [2019/05/30 16:19] – créée Hugues Marchalpratetudes [2019/06/18 22:18] – [Présentation de l'œuvre] Hugues Marchal
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-Comme la plupart des historiens de la littérature actifs après 1850, Prat adopte la **position très critique envers Delille** et son école véhiculée par les critiques romantiques. Il s'inscrit d'emblée et sans ambages dans la lignée de Patin, auteur d'une étude générale sur la poésie didactique[(Voir Henri Patin, "La poésie didactique à ses différens âges", //Revue des deux mondes//, 1848, vol. 21.)] dans laquelle, comme chez Sainte-Beuve, le genre était jugé périmé depuis la fin de l'Antiquité. Mais **s'il juge dès lors que Delille ne peut être abordé que comme un simple versificateur, Prat lui reconnaît encore une maîtrise hors norme en cette matière**.+Comme la plupart des historiens de la littérature actifs après 1850, [[prat|Prat]] adopte la **position très critique envers Delille** et son école véhiculée par les auteurs romantiques. Il s'inscrit d'emblée et sans ambages dans la lignée de Patin, auteur d'une étude générale sur la poésie didactique[(Voir Henri Patin, "La poésie didactique à ses différens âges", //Revue des deux mondes//, 1848, vol. 21.)] dans laquelle, comme chez Sainte-Beuve, le genre était jugé périmé depuis la fin de l'Antiquité. Mais **s'il estime dès lors que Delille doit être abordé comme un simple versificateur, Prat lui reconnaît encore une maîtrise hors norme dans ce domaine**.
  
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-[Après le succès de sa traduction des //Géorgiques//, Delille] donna le poëme des Jardins, premier anneau d'une longue chaîne de productions analogues. Ici nous reconnaîtrons avec M. Patin qu'il y a deux époques dans la poésie didactique\ : l'une où elle est vraiment l'institutrice des hommes, l'autre où elle n'enseigne rien, où elle ne veut rien enseigner à personne, où ses leçons, toutes factices, sont un prétexte aux jeux de l'imagination, à l'application de l'art des vers. C'est aux poëtes de cette dernière école que s'applique ce mot si fin de Plutarque, que leur muse, toute prosaïque, n'a de la poésie que le mètre, sorte de char emprunté qui lui sauve la disgrâce d'aller à pied. Vous le voyez, nous ne surfaisons rien. Nous irons même jusqu'à dire que la poésie didactique ainsi comprise rappelle les poëmes alexandrins et ceux d'Ausone sur la chasse, sur la pêche, sur l'astronomie, qu'ils apparaissent ordinairement comme la dernière ressource d'une littérature en détresse. Mais, le fond abandonné, il reste la forme, qui est bien quelque chose dans l'art, et la forme est digne d'admiration chez Delille, qui dans tous ses poëmes s'est montré riche d'esprit, d'agrément, d'élégance, ingénieux, délicat, pur de goût et de style, profondément initié aux secrets de notre versification, et maître de toutes les ressources de la langue poétique[(Henri Prat, //Études littéraires : époque révolutionnaire//, Paris, C. Borrani, 1868, p.\ 197.)].+[Après le succès de sa traduction des //Géorgiques// de Virgile, Delille] donna le poëme des //Jardins//, premier anneau d'une longue chaîne de productions analogues. Ici nous reconnaîtrons avec M. Patin qu'il y a deux époques dans la poésie didactique\ : l'une où elle est vraiment l'institutrice des hommes, l'autre où elle n'enseigne rien, où elle ne veut rien enseigner à personne, où ses leçons, toutes factices, sont un prétexte aux jeux de l'imagination, à l'application de l'art des vers. C'est aux poëtes de cette dernière école que s'applique ce mot si fin de Plutarque, que leur muse, toute prosaïque, n'a de la poésie que le mètre, sorte de char emprunté qui lui sauve la disgrâce d'aller à pied. Vous le voyez, nous ne surfaisons rien. Nous irons même jusqu'à dire que la poésie didactique ainsi comprise rappelle les poëmes alexandrins et ceux d'Ausone sur la chasse, sur la pêche, sur l'astronomie, qu'ils apparaissent ordinairement comme la dernière ressource d'une littérature en détresse. Mais, le fond abandonné, il reste la forme, qui est bien quelque chose dans l'art, et la forme est digne d'admiration chez Delille, qui dans tous ses poëmes s'est montré riche d'esprit, d'agrément, d'élégance, ingénieux, délicat, pur de goût et de style, profondément initié aux secrets de notre versification, et maître de toutes les ressources de la langue poétique[(Henri Prat, //Études littéraires : époque révolutionnaire//, Paris, C. Borrani, 1868, p.\ 197.)].
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-Le poëme intitulé l'Homme des champs a pour sujet les plaisirs qu'on peut trouver à la campagne, quand on y jouit d'une certaine aisance. Ce n'est nullement un code de l'agriculture comme les Géorgiques, c'est un tableau des ressources que l'on rencontre aux champs pour employer agréablement les journées. Chacun de vous connaît déjà sans doute pour l'avoir lu, peut-être pour l'avoir appris par cœur, [le] morceau sur les quatre saisons de l'année, [celui] sur les soirées d'hiver, où se trouve la description des divers jeux, celle du souper et de nombre d'autres objets secondaires, enfin une chasse au cerf qui a toujours passé pour un des meilleurs passages des œuvres descriptives de Delille. Toutes ces merveilles sont accumulées dans le premier chant[(//Id.//, p. 201-202.)].+Le poëme intitulé //l'Homme des champs// a pour sujet les plaisirs qu'on peut trouver à la campagne, quand on y jouit d'une certaine aisance. Ce n'est nullement un code de l'agriculture comme les //Géorgiques//, c'est un tableau des ressources que l'on rencontre aux champs pour employer agréablement les journées. Chacun de vous connaît déjà sans doute pour l'avoir lu, peut-être pour l'avoir appris par cœur, [le] morceau sur les quatre saisons de l'année, [celui] sur les soirées d'hiver, où se trouve la description des divers jeux, celle du souper et de nombre d'autres objets secondaires, enfin une chasse au cerf qui a toujours passé pour un des meilleurs passages des œuvres descriptives de Delille. Toutes ces merveilles sont accumulées dans le premier chant[(//Id.//, p. 201-202.)].
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