litteratureviatique

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
Prochaine révisionLes deux révisions suivantes
litteratureviatique [2017/09/19 15:09] Laila Dell'Annolitteratureviatique [2017/10/15 10:45] Laila Dell'Anno
Ligne 24: Ligne 24:
  
  
-Dans la préface à son ouvrage //Voyages aux Alpes et en Italie//, Montémont, "auteur des Lettres sur l'astronomie et d'une Histoire universelle des voyages et traducteur de Walter Scott [(Albert Montémont, //Voyage aux Alpes et en Italie//, Arthus Bertrand, Paris 1860, frontispice.)]", écrit à propos de la figure du voyageur savant : +Dans la préface à son ouvrage //[[montemontvoyage|Voyages aux Alpes et en Italie]]//, Montémont, "auteur des Lettres sur l'astronomie et d'une Histoire universelle des voyages et traducteur de Walter Scott [(Albert Montémont, //Voyage aux Alpes et en Italie//, Arthus Bertrand, Paris 1860, frontispice.)]", écrit à propos de la figure du voyageur savant : 
  
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-C'est de même que les voyageurs, animés du désir de connaître tout ce qui est digne de l'être et de secouer les préjugés, entreprennent des conquêtes scientifiques, morales ou littéraires. Ils explorent les contrées voisines ou éloignées de leur pays natal, étudient les mœurs et coutumes des peuples, observent les beautés de la nature, la diversité des lieux, et rapportent de leurs voyages les descriptions souvent les plus intéressantes. C'est ainsi que, sans les visiter soi-même, on acquiert la connaissance de mille contrées et de leurs habitants, et qu'on se fait une juste idée de leurs richesses et de leurs avantages.[(//id//.,p.2.)] +C'est de même que les voyageurs, animés du désir de connaître tout ce qui est digne de l'être et de secouer les préjugés, entreprennent des conquêtes scientifiques, morales ou littéraires. Ils explorent les contrées voisines ou éloignées de leur pays natal, étudient les mœurs et coutumes des peuples, observent les beautés de la nature, la diversité des lieux, et rapportent de leurs voyages les descriptions souvent les plus intéressantes. C'est ainsi que, sans les visiter soi-même, on acquiert la connaissance de mille contrées et de leurs habitants, et qu'on se fait une juste idée de leurs richesses et de leurs avantages[(//id//.,p.2.)].
 </WRAP> </WRAP>
 Et plus loin nous lisons chez le même auteur :  Et plus loin nous lisons chez le même auteur : 
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-C'est dans les voyages, dit le poète persan Kaschefi, que l'on voit quantité de choses merveilleuses et que l'on acquiert de l'expérience. Voyager, c'est apprendre; et, en frottant son caractère contre celui des autres, on le rend souple et poli.[(//id//.,p.4.)] +C'est dans les voyages, dit le poète persan Kaschefi, que l'on voit quantité de choses merveilleuses et que l'on acquiert de l'expérience. Voyager, c'est apprendre; et, en frottant son caractère contre celui des autres, on le rend souple et poli[(//id//.,p.4.)].
 </WRAP> </WRAP>
  
Ligne 49: Ligne 49:
 L'emporta dans les champs et de sa cime nue; \\ L'emporta dans les champs et de sa cime nue; \\
 Laissa les noirs sommets, se perdre dans la nue. \\ Laissa les noirs sommets, se perdre dans la nue. \\
-L'œil s'afflige a  l'aspect de ces rochers hideux.[(Palassou,//Description des Voyages//,l'imprimerie de Vignancour, Pau 1825, p. 117.)]+L'œil s'afflige a  l'aspect de ces rochers hideux[(Palassou,//Description des Voyages//,l'imprimerie de Vignancour, Pau 1825, p. 117.)].
 </WRAP> </WRAP>
  
Ligne 66: Ligne 66:
  
  
-Non seulement les citations servent d’élément poétique et varient ainsi la monotonie de la prose, mais ils donnent au texte l’autorité de Delille. La gravité d’un vers de Delille est à l’époque comparable avec celle d’un vers de Virgile [( En plus, Delille cherche, à la fois avec sa traduction des Géorgiques et avec L’homme des Champs, à se présenter en tant que Virgile de l’époque.)]. Il est par ailleurs concevable que le lecteur instruit connût par cœur les vers de Delille et le fait de trouver un élément connu est susceptible d’aiguiser l’esprit du lecteur. +Non seulement les citations servent d’élément poétique et varient ainsi la monotonie de la prose, mais ils donnent au texte l’autorité de Delille. La gravité d’un vers de Delille est à l’époque comparable avec celle d’un vers de Virgile [( En plus, Delille cherche, à la fois avec sa traduction des //Géorgiques// et avec //L’homme des Champs//, à se présenter en tant que Virgile de l’époque.)]. Il est par ailleurs concevable que le lecteur instruit connût par cœur les vers de Delille et le fait de trouver un élément connu est susceptible d’aiguiser l’esprit du lecteur. 
  
  
 <fs medium>**Guides de Voyage**</fs> <fs medium>**Guides de Voyage**</fs>
  
-Outre à l’instruction par le biais littéraire, les écrits de voyage servent de guides de voyage. Dans l’époque où le tourisme s’est davantage développé, le genre du guide de voyage a acquis une nouvelle importance [(dictionnaire XXXX )]Grâce au développement des chemins de fer le tourisme devint une activité répandue. John Murray III et Karl et Fritz Baedecker furent les premiers à commencer la publication de guides touristiques [(Travel writing 48)]. C’est le ton impersonnel de ces écrits qui constitue leur plus grande différence par rapport aux récits de voyage. Il n’y a plus de narrateur ou de protagoniste au centre du récit, mais le paysage lui-même et le chemin deviennent le centre. Ainsi le livre de Beattie : La Suisse Pittoresque pourrait être qualifié de guide de voyage, non seulement du fait de sa structure, qui présente les plus beaux endroits en Suisse, mais aussi de son style impersonnel. (3ème du sg.)+Outre à l’instruction par le biais littéraire, les écrits de voyage servent de guides de voyage. Dans l’époque où le tourisme s’est davantage développé, le genre du guide de voyage a acquis une nouvelle importance. Grâce au développement des chemins de fer le tourisme devint une activité répandue. John Murray III et Karl et Fritz Baedecker furent les premiers à commencer la publication de guides touristiques [(Travel writing 48)]. C’est le ton impersonnel de ces écrits qui constitue leur plus grande différence par rapport aux récits de voyage. Il n’y a plus de narrateur ou de protagoniste au centre du récit, mais le paysage lui-même et le chemin deviennent le centre. Ainsi le livre de Beattie : //La Suisse Pittoresque// pourrait être qualifié de guide de voyage, non seulement du fait de sa structure, qui présente les plus beaux endroits en Suisse, mais aussi de son style impersonnel.
  
  
Ligne 80: Ligne 80:
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-« Quelles montagnes plus pittoresques et plus variées que les Alpes! [( Montémont, //op.cit//.,p. 5 )] » +Quelles montagnes plus pittoresques et plus variées que les Alpes! [( Montémont, //op.cit//.,p. 5 )] 
 </WRAP> </WRAP>
  
 A côté de la vulgarisation, les écrits viatiques ont un but esthétique. Dans le 19e siècle c’est notamment le pittoresque qui intéresse les auteurs et les vers de Delille constituent souvent l’élément esthétique au sein d’ouvrages présentant des propos scientifiques. La ressemblance de la poésie à la peinture étant le principe de base, les vers de Delille servent souvent d’illustration. Non seulement la monotonie de la prose est interrompue par des vers, mais ces vers engendrent une image mentale, vivante, claire. La poésie de Delille est, en effet, comme la peinture [(Les descriptions des Alpes sont des véritables tableaux, selon le topos de l’//ut pictura poesis//. )] . L’importance de l’image à l’époque et notamment dans l’œuvre de Delille trouve expression dans les nombreuses **[[illustrations|éditions illustrées]] de //L’Homme des champs//** . A côté de la vulgarisation, les écrits viatiques ont un but esthétique. Dans le 19e siècle c’est notamment le pittoresque qui intéresse les auteurs et les vers de Delille constituent souvent l’élément esthétique au sein d’ouvrages présentant des propos scientifiques. La ressemblance de la poésie à la peinture étant le principe de base, les vers de Delille servent souvent d’illustration. Non seulement la monotonie de la prose est interrompue par des vers, mais ces vers engendrent une image mentale, vivante, claire. La poésie de Delille est, en effet, comme la peinture [(Les descriptions des Alpes sont des véritables tableaux, selon le topos de l’//ut pictura poesis//. )] . L’importance de l’image à l’époque et notamment dans l’œuvre de Delille trouve expression dans les nombreuses **[[illustrations|éditions illustrées]] de //L’Homme des champs//** .
-Le Romantisme donne lieu à une littérature qui jette une lumière nouvelle sur les paysages et leurs descriptions. Quittant l’universel du classicisme, la littérature pittoresque met l’accent sur l’extraordinaire, l’étonnant et le mystique[( « Jean Canu, //Littérature et Géographie//, p. 926)] Les citations de //L’Homme des champs// vont de pair avec la description (et même des dessins, comme par exemple dans l’ouvrage de [[beattie|Beattie]] intitulé //[[beattieswitzerland|La Suisse pittoresque]]//) de phénomènes et de curiosités de la nature. Parfois les vers de Delille fonctionnent comme "mise en parole de la nature", d’autres fois ils incarnent le moment pittoresque lui-même, car Delille, "en privilégiant l'harmonie imitative, 'si nécessaire à la poésie pittoresque', […] associe la poésie descriptive non seulement à la peinture, mais aussi à la musique, plus exactement, à la musique descriptive qui, au moyen de sons imitatifs, cherche à faire comprendre ce qu'elle exprime [(Wil Munsters, //La poétique du pittoresque en France de 1700 à 1830//,Droz, Genève 1991, p. 128.)]."+Le Romantisme donne lieu à une littérature qui jette une lumière nouvelle sur les paysages et leurs descriptions. Quittant l’universel du classicisme, la littérature pittoresque met l’accent sur l’extraordinaire, l’étonnant et le mystique [( Jean Canu, //Littérature et Géographie//, p. 926)]Les citations de //L’Homme des champs// vont de pair avec la description (et même des dessins, comme par exemple dans l’ouvrage de [[beattie|Beattie]] intitulé //[[beattieswitzerland|La Suisse pittoresque]]//) de phénomènes et de curiosités de la nature. Parfois les vers de Delille fonctionnent comme "mise en parole de la nature", d’autres fois ils incarnent le moment pittoresque lui-même, car Delille, "en privilégiant l'harmonie imitative, 'si nécessaire à la poésie pittoresque', […] associe la poésie descriptive non seulement à la peinture, mais aussi à la musique, plus exactement, à la musique descriptive qui, au moyen de sons imitatifs, cherche à faire comprendre ce qu'elle exprime[(Wil Munsters, //La poétique du pittoresque en France de 1700 à 1830//,Droz, Genève 1991, p. 128.)].
 Nous pourrions même affirmer que Delille n’est pas seulement un poète pittoresque mais également un **théoricien du pittoresque**, étant donné qu’avec ses //Jardins// il aborde l’un des thèmes clés du pittoresque anglais. Il en va de même pour l’intérêt qu’il porte sur le curieux notamment dans //L’Homme des champs//, qui influencera Sternberg entre autres.  Nous pourrions même affirmer que Delille n’est pas seulement un poète pittoresque mais également un **théoricien du pittoresque**, étant donné qu’avec ses //Jardins// il aborde l’un des thèmes clés du pittoresque anglais. Il en va de même pour l’intérêt qu’il porte sur le curieux notamment dans //L’Homme des champs//, qui influencera Sternberg entre autres.