jeanroyfelixnouvellehistoire

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jeanroyfelixnouvellehistoire [2019/05/30 15:16] Hugues Marchaljeanroyfelixnouvellehistoire [2019/05/30 15:40] Hugues Marchal
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-====== Jeanroy-Félix, La Littérature française au dix-neuvième siècle ====== +s====== Jeanroy-Félix, Nouvelle histoire de la littérature française pendant la Révolution et le premier Empire ======
  
 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
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 La troisième section est expédiée en ces termes\ : La troisième section est expédiée en ces termes\ :
  
-<WRAP round box 60%>Le troisième chant est consacré à l'observateur naturaliste\ : "Jamais, dit l'auteur, une carrière plus vaste et plus neuve ne fut ouverte à la poésie[(Citation de la préface du poème.)]." Le système de Buffon, ou plutôt ses erreurs et ses utopies, ses rêves et ses chimères géologiques, y sont traduits en vers faciles et superficiels\ la mer nous est montrée avec ses madrépores, ses polypiers et ses coraux, et, plus que jamais, la puérile antithèse s'étale aux dépens de l'émotion\ : +<WRAP round box 60%>Le troisième chant est consacré à l'observateur naturaliste\ : "Jamais, dit l'auteur, une carrière plus vaste et plus neuve ne fut ouverte à la poésie[(Citation de la préface du poème.)]." Le système de Buffon, ou plutôt ses erreurs et ses utopies, ses rêves et ses chimères géologiques, y sont traduits en vers faciles et superficiels\ la mer nous est montrée avec ses madrépores, ses polypiers et ses coraux, et, plus que jamais, la puérile antithèse s'étale aux dépens de l'émotion\ : 
  
 Que de fleuves obscurs y dérobent leur source\ !  Que de fleuves obscurs y dérobent leur source\ ! 
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-Vers concernés : [[chant3#v179|chant 3, vers 179-184]].+Vers concernés : [[chant3#v241|chant 3, vers 241]], [[chant3#v243|243-244]], [[chant3#v376|376-378]], [[chant3#v540|540]], [[chant3#v633|633]] et [[chant3#v635|635-648]]. 
 +\\ Note concernée : [[chant3#v376|note 16]].
  
 Après quelques lignes comparables sur le 4/^e^/ chant, Jeanroy-Félix propose cette **synthèse**\ : Après quelques lignes comparables sur le 4/^e^/ chant, Jeanroy-Félix propose cette **synthèse**\ :
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-Gardons-nous d'être injuste pour celui qui a si bien connu les secrets de notre versification, et n'oublions pas une foule de petits tableaux ingénieux, de tours de passe-passe exécutés sans l'ombre d'un effort\ ; on dira qu'il y a d'autres sujets à chanter que le trictrac, le jeu de dames, les échecs, le billard, la balançoire[(Motifs abordés dans le chant 1.)]\; soit\ ! mais nous ne devons considérer que l'art dépensé par l'écrivain, quelque minime que soit la matière\ ; //in tenui labor//[(NDA: "Ce travail s'exerce sur un petit sujet." (Virgile., Georg., livre IV au début.) Le poète latin ajoute\ : Mais la gloire que j'en retirerai sera grande.)]. Or, cet art est immense, varié à l'infini, sans cesse renouvelé, et cela dans une langue qu'on accuse de monotonie, d'indigence, de raideur, de prosaïsme\ !+Gardons-nous d'être injuste pour celui qui a si bien connu les secrets de notre versification, et n'oublions pas une foule de petits tableaux ingénieux, de tours de passe-passe exécutés sans l'ombre d'un effort\ ; on dira qu'il y a d'autres sujets à chanter que le trictrac, le jeu de dames, les échecs, le billard, la balançoire[(Motifs abordés dans le chant 1.)]\ ;  soit\ ! mais nous ne devons considérer que l'art dépensé par l'écrivain, quelque minime que soit la matière\ ; //in tenui labor//[(NDA: "Ce travail s'exerce sur un petit sujet." (Virgile., Georg., livre IV au début.) Le poète latin ajoute\ : Mais la gloire que j'en retirerai sera grande.)]. Or, cet art est immense, varié à l'infini, sans cesse renouvelé, et cela dans une langue qu'on accuse de monotonie, d'indigence, de raideur, de prosaïsme\ !
 \\ Les défauts de ce brillant versificateur sont autres\ ; il manque à son oeuvre une idée-mère, une conception unique, auxquelles se rattachent les accessoires, les digressions. On a sous les yeux une suite d'épisodes\ ; c'est un poème didactique //à tiroirs//. Et cette critique s'applique à toutes ses productions, non seulement à cet //Homme des Champs//, qu'il ne cessa de remanier et de parfaire pendant vingt années, mais à //l'Imagination//, aux //Trois Règnes de la Nature//, qu'on s'accorde à regarder comme ses chefs-d'oeuvre. On a, non pas un poète, mais les éléments épars d'un poète\ : //Disjecti membra poetae//. La synthèse est totalement négligée par cette intelligence tout analytique.  \\ Les défauts de ce brillant versificateur sont autres\ ; il manque à son oeuvre une idée-mère, une conception unique, auxquelles se rattachent les accessoires, les digressions. On a sous les yeux une suite d'épisodes\ ; c'est un poème didactique //à tiroirs//. Et cette critique s'applique à toutes ses productions, non seulement à cet //Homme des Champs//, qu'il ne cessa de remanier et de parfaire pendant vingt années, mais à //l'Imagination//, aux //Trois Règnes de la Nature//, qu'on s'accorde à regarder comme ses chefs-d'oeuvre. On a, non pas un poète, mais les éléments épars d'un poète\ : //Disjecti membra poetae//. La synthèse est totalement négligée par cette intelligence tout analytique. 
 \\ Un autre tort, et des plus graves, pour Delille, fut de composer des vers à peu près comme la meule broie le grain, sans interruption, avec une régularité mécanique\ ; il ne se laissait pas le temps de réfléchir à ses sujets, de mûrir son inspiration[(//Id//., p. 269-270.)].   \\ Un autre tort, et des plus graves, pour Delille, fut de composer des vers à peu près comme la meule broie le grain, sans interruption, avec une régularité mécanique\ ; il ne se laissait pas le temps de réfléchir à ses sujets, de mûrir son inspiration[(//Id//., p. 269-270.)].  
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-A une époque cultivée jusqu'au raffinement, éperdument amoureuse de l'esprit, il fallait de l'esprit, toujours de l'esprit\ ; aussi voit-on Delille agrémenter ses poésies de jolies choses, d'ingénieuses rencontres, de savantes roueries, de finesses charmantes, de vivacités, d'espiègleries, de mines et de simagrées de petites maîtresses. Mais la société du XVIII/^e^/ siècle était malheureusement aussi superficielle et corrompue\ : elle ne croyait plus à aucune de ces choses qui rendent un peuple grand et fort\ ; elle ne croyait plus à la religion (elle seconde les efforts des encyclopédistes)\ ; elle ne croyait plus à la patrie( elle applaudit à l'infâme libelle de Voltaire contre Jeanne d'Arc)\ ; elle ne croyait plus au roi (elle fait pleuvoir les épigrammes sur le ménage et la personne de Louis\ XVI)\ ; elle ne croyait plus au droit (elle laisse lâchement égorger la Pologne)\ ; elle ne croyait plus au drapeau (pendant la guerre de 7 ans, le public rit aux éclats des défaites de Soubise)\ ; elle ne croyait plus à la vérité, que les philosophes, les beaux esprits, les gens de lettres foulaient odieusement aux pieds pour mieux atteindre leur but, qui était d'écraser l'Inf... ! +A une époque cultivée jusqu'au raffinement, éperdument amoureuse de l'esprit, il fallait de l'esprit, toujours de l'esprit\ ; aussi voit-on Delille agrémenter ses poésies de jolies choses, d'ingénieuses rencontres, de savantes roueries, de finesses charmantes, de vivacités, d'espiègleries, de mines et de simagrées de petites maîtresses. Mais la société du XVIII/^e^/ siècle était malheureusement aussi superficielle et corrompue\ : elle ne croyait plus à aucune de ces choses qui rendent un peuple grand et fort\ ; elle ne croyait plus à la religion (elle seconde les efforts des encyclopédistes)\ ; elle ne croyait plus à la patrie (elle applaudit à l'infâme libelle de Voltaire contre Jeanne d'Arc)\ ; elle ne croyait plus au roi (elle fait pleuvoir les épigrammes sur le ménage et la personne de Louis\ XVI)\ ; elle ne croyait plus au droit (elle laisse lâchement égorger la Pologne)\ ; elle ne croyait plus au drapeau (pendant la guerre de 7 ans, le public rit aux éclats des défaites de Soubise)\ ; elle ne croyait plus à la vérité, que les philosophes, les beaux esprits, les gens de lettres foulaient odieusement aux pieds pour mieux atteindre leur but, qui était d'écraser l'Inf... ! 
 \\ Pas plus qu'à l'//Homme des Champs//, on n'est auto-risé à donner la qualification de chef-d'oeuvre aux //Trois Règnes de la Nature// […]. Sous un titre à peu près semblable, c'est le même sujet que celui de Lucrèce\ : //la Nature ou l'universalité des choses//. Mais ce que l'on ne trouve pas dans le poète latin, c'est la perpétuelle enluminure de cette physique et de cette chimie générales. Delille devance le fameux professeur qui disait devant Louis XVIII\ : "Sire, ces deux gaz vont avoir l'honneur de se combiner devant votre Majesté." Les tournures préférées de notre sémillant abbé rentrent trop souvent dans le genre des formule de politesse, des compliments à l'eau de rose, des coquetteries de prestidigitateur en vogue[(//Id//., p. 278-279.)]. \\ Pas plus qu'à l'//Homme des Champs//, on n'est auto-risé à donner la qualification de chef-d'oeuvre aux //Trois Règnes de la Nature// […]. Sous un titre à peu près semblable, c'est le même sujet que celui de Lucrèce\ : //la Nature ou l'universalité des choses//. Mais ce que l'on ne trouve pas dans le poète latin, c'est la perpétuelle enluminure de cette physique et de cette chimie générales. Delille devance le fameux professeur qui disait devant Louis XVIII\ : "Sire, ces deux gaz vont avoir l'honneur de se combiner devant votre Majesté." Les tournures préférées de notre sémillant abbé rentrent trop souvent dans le genre des formule de politesse, des compliments à l'eau de rose, des coquetteries de prestidigitateur en vogue[(//Id//., p. 278-279.)].
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