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illustrations [2017/12/09 01:28] – [Les traductions illustrées] Sophie Christeillustrations [2017/12/09 02:03] Sophie Christe
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 On y trouve de nombreux éléments évoqués dans les vers: la « troupe d’amis » (vers 408), le pique-nique, l’oiseau confiant, le cours d’eau rafraîchissant, jusqu’au chien égarant ses instincts chasseurs dans une gerbe de céréales. L’élément aquatique est central. À la place du Bacchus évoqué dans les vers, un homme aux pantalons retroussés cueille des nénuphars à pleines mains. Contrairement à l’illustration précédente qui plaçait l’humain au centre du tableau, dans cette scène, la nature occupe littéralement la moitié de l’espace. Un soin particulier est apporté aux détails de la végétation. Par ailleurs, les vers utilisés comme légende laissent penser que Jussieu serait à reconnaître sous les traits du personnage étudiant une plante. On retrouve en effet cette position d’étude dans un portrait du botaniste:  On y trouve de nombreux éléments évoqués dans les vers: la « troupe d’amis » (vers 408), le pique-nique, l’oiseau confiant, le cours d’eau rafraîchissant, jusqu’au chien égarant ses instincts chasseurs dans une gerbe de céréales. L’élément aquatique est central. À la place du Bacchus évoqué dans les vers, un homme aux pantalons retroussés cueille des nénuphars à pleines mains. Contrairement à l’illustration précédente qui plaçait l’humain au centre du tableau, dans cette scène, la nature occupe littéralement la moitié de l’espace. Un soin particulier est apporté aux détails de la végétation. Par ailleurs, les vers utilisés comme légende laissent penser que Jussieu serait à reconnaître sous les traits du personnage étudiant une plante. On retrouve en effet cette position d’étude dans un portrait du botaniste: 
  
-{{::bernard_de_jussieu.jpg?200|}}+{{::bernard_de_jussieu.jpg?200|}}[()]
  
 Pourtant, bien que les vers le désignent comme le sujet du tableau, Jussieu n’est pas mis en valeur par le dessin. Ses traits sont à peine visibles sous l’ombre du feuillage. Un éclairage local sur le centre droit fait apparaître de manière presque encyclopédique certains objets, tels que les outils de récolte, la nappe de pique-nique, l’homme assis au pied de l’arbre ainsi que le feuillage, tandis qu’une demi-ombre gomme le restant des personnages, les fondant dans la verdure qui les entoure. À tel point que le lecteur doit adopter une attitude d’herboriste dans la lecture de l’image. Pourtant, bien que les vers le désignent comme le sujet du tableau, Jussieu n’est pas mis en valeur par le dessin. Ses traits sont à peine visibles sous l’ombre du feuillage. Un éclairage local sur le centre droit fait apparaître de manière presque encyclopédique certains objets, tels que les outils de récolte, la nappe de pique-nique, l’homme assis au pied de l’arbre ainsi que le feuillage, tandis qu’une demi-ombre gomme le restant des personnages, les fondant dans la verdure qui les entoure. À tel point que le lecteur doit adopter une attitude d’herboriste dans la lecture de l’image.
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 Cette dernière image inspirera particulièrement les éditeurs, puisque elle se trouve aussi dans les éditions de 1808 et 1820, subissant des transformations mineures (l’image est encadrée dans l’édition de 1820 et le nom de l’artiste n’apparaît plus).  Cette dernière image inspirera particulièrement les éditeurs, puisque elle se trouve aussi dans les éditions de 1808 et 1820, subissant des transformations mineures (l’image est encadrée dans l’édition de 1820 et le nom de l’artiste n’apparaît plus). 
  
-Ce cheminement à travers les éditions illustrées met en exergue la récurrence de deux motifs, apparemment jugés les plus aptes à représenter le chant 3: l’excursion botanique ainsi que l’ermite. Nous verrons qu’ils trouvent écho dans les représentations visuelles indépendantes des éditions de l’Homme des champs.+Ce cheminement à travers les éditions illustrées rôle équilibrant: les scènes choisies incluent toutes des présences humaines, qui apportent une touche émotionnelle au poème et le rend plus plaisant, tout en le normalisant. 
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 +met en exergue la récurrence de deux motifs, apparemment jugés les plus aptes à représenter le chant 3: l’excursion botanique ainsi que l’ermite. Nous verrons qu’ils trouvent écho dans les représentations visuelles indépendantes des éditions de l’Homme des champs.
  
  
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 \\ Qui ne viennent à nous qu'apportés par l'orage\ ;  \\ Qui ne viennent à nous qu'apportés par l'orage\ ; 
 \\ Eponges, polypiers, madrépores, coraux,  \\ Eponges, polypiers, madrépores, coraux, 
-\\ Des insectes des mers miraculeux travaux +\\(...
-\\ Que de fleuves obscurs y dérobent leur source\ !  +
-\\ Que de fleuves fameux y terminent leur course\ !  +
-\\ Tantôt, avec effroi, vous y suivez de l'œil  +
-\\ Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil\ :  +
-\\ Souvent avec Buffon vos yeux viennent y lire  +
-\\ Les révolutions de ce bruyant empire,  +
-\\ Ses courants, ses reflux, ces grands événements  +
-\\ Qui de l'axe incliné suivent les mouvements\ ;  +
-\\ Tous ces volcans éteints qui, du sein de la terre +
-\\ Jadis allaient aux cieux défier le tonnerre\ ;  +
-\\ Ceux dont le foyer brûle, au sein des flots amers;  +
-\\ Ceux dont la voûte ardente est la base des mers,  +
-\\ Et qui, peut-être un jour, sur les eaux écumantes,  +
-\\ Vomiront des rochers et des îles fumantes+
 \\ Peindrai-je ces vieux caps, sur les ondes pendants,  \\ Peindrai-je ces vieux caps, sur les ondes pendants, 
 \\ Ces golfes qu'à leur tour rongent les flots grondants\ ;  \\ Ces golfes qu'à leur tour rongent les flots grondants\ ; 
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 L’Examen de l’Homme des champs par le littérateur révolutionnaire Pierre-Jean-Baptiste Chaussard, un ouvrage qui critique vertement le poème, recèle en frontispice une caricature anonyme de Delille.  L’Examen de l’Homme des champs par le littérateur révolutionnaire Pierre-Jean-Baptiste Chaussard, un ouvrage qui critique vertement le poème, recèle en frontispice une caricature anonyme de Delille. 
-Delille y apparaît en équilibre sur une mince passerelle entre deux rivages. Le premier, vers lequel se tourne le poète, représente un monde chimérique, peuplé de créatures imaginaire (goules, sirènes, lampe magique), construit dans la symétrie et le marbre. Le second offre par contraste l’image du monde réel, un monde agricole caractérisé par la chaumière, un boeuf, des outils ainsi que le fruit des récoltes. Delille y est dépeint comme un aristocrate tournant le dos à la réalité, se protégeant du soleil par une ridicule ombrelle et observant le monde à travers la perspective déformée et réduite d’une lunette. Cette caricature résume le portrait que tire Chaussard de Delille: celui d’un partisan de l’imaginaire et du mauvais goût qui se tient à l’écart de son sujet. Les vers qui accompagnent l’image, tirés du premier chant de l’Homme des champs, se retournent contre leur auteur en apportant une preuve coupable de cette observation retenue: « Majestueux Eté pardonne a mon silence! / J’admire ton éclat mais crains ta violence ». Le chant 3 est incarné par la présence de Raton. La présence du chat rappelle la dédicace incongrue que Delille adresse à sa fidèle compagne en fin de chant.+Delille y apparaît en équilibre sur une mince passerelle entre deux rivages. Le premier, vers lequel se tourne le poète, représente un monde chimérique, peuplé de créatures imaginaire (goules, sirènes, lampe magique), construit dans la symétrie et le marbre. Le second offre par contraste l’image du monde réel, un monde agricole caractérisé par la chaumière, un boeuf, des outils ainsi que le fruit des récoltes.  
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 +{{::chaussard.png?200 |}} 
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 +Delille y est dépeint comme un aristocrate tournant le dos à la réalité, se protégeant du soleil par une ridicule ombrelle et observant le monde à travers la perspective déformée et réduite d’une lunette. Cette caricature résume le portrait que tire Chaussard de Delille: celui d’un partisan de l’imaginaire et du mauvais goût qui se tient à l’écart de son sujet. Les vers qui accompagnent l’image, tirés du premier chant de l’Homme des champs, se retournent contre leur auteur en apportant une preuve coupable de cette observation retenue: « Majestueux Eté pardonne a mon silence! / J’admire ton éclat mais crains ta violence ». Le chant 3 est incarné par la présence de Raton. La présence du chat rappelle la dédicace incongrue que Delille adresse à sa fidèle compagne en fin de chant.