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illustrations [2017/05/17 13:11] Sophie Christeillustrations [2017/12/09 01:15] Sophie Christe
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 ====== Les illustrations ====== ====== Les illustrations ======
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 +<WRAP important>**En cours de rédaction.**</WRAP>
  
 Dès le milieu du 18e siècle, parallèlement à la réduction des coûts d’exploitation, le livre illustré connaît un tournant dans son destin. « Un nouveau marché émerge, celui de l'estampe, qui capte non plus seulement l'aristocratie mais la bourgeoisie : dans cette perspective, le livre illustré devient un objet de convoitise, le signe d'une élévation dans l'échelle sociale »[(Wikipédia: "Histoire du livre", chapitre "Illustrations et bibliophilie", consulté le 15 mai 2017, [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_livre#Transformation_de_l.27.C3.A9dition_du_livre_au_XIIe.C2.A0si.C3.A8cle|lien]].)]. Les images dans le livre, encouragées par l’idéal romantique de rencontre entre l’artiste et l’écrivain [(Le Men et Moréteau: "Illustration" dans Encyclopédie Universalis (en ligne), consulté le 15 mai 2017, [[http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/illustration/ Dès le milieu du 18e siècle, parallèlement à la réduction des coûts d’exploitation, le livre illustré connaît un tournant dans son destin. « Un nouveau marché émerge, celui de l'estampe, qui capte non plus seulement l'aristocratie mais la bourgeoisie : dans cette perspective, le livre illustré devient un objet de convoitise, le signe d'une élévation dans l'échelle sociale »[(Wikipédia: "Histoire du livre", chapitre "Illustrations et bibliophilie", consulté le 15 mai 2017, [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_livre#Transformation_de_l.27.C3.A9dition_du_livre_au_XIIe.C2.A0si.C3.A8cle|lien]].)]. Les images dans le livre, encouragées par l’idéal romantique de rencontre entre l’artiste et l’écrivain [(Le Men et Moréteau: "Illustration" dans Encyclopédie Universalis (en ligne), consulté le 15 mai 2017, [[http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/illustration/
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-===== Les éditions illustrées de l'Homme des champs =====+===== 1. Les éditions illustrées de l'Homme des champs =====
  
-Dans la première édition de 1800, le chant 3 est illustré par une gravure de Christophe Guérin représentant la découverte de la pervenche et sous-titrée d’un tronçon du vers 441.  +===== 1.1 Un premier thème: l'herborisation ===== 
-{{ :gue_rin_pervenche.png?200 |}} {{ ::gue_rin_herboristes.png?300|}}+ 
 +Dans la première édition de 1800, le chant 3 de l’Homme des champs est illustré par une gravure de Christophe Guérin représentant la découverte de la pervenche et sous-titrée d’une fraction du vers 441.  
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 +{{ :gue_rin_pervenche.png?200 |}} 
 <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> Christophe Guérin, Chant III, vers 415[(Reproduction de l'image à partir de Delille, Jacques: //L'Homme des champs ou les géorgiques françoises//, Mettra, Berlin, 1800, p. 106.)]  <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> Christophe Guérin, Chant III, vers 415[(Reproduction de l'image à partir de Delille, Jacques: //L'Homme des champs ou les géorgiques françoises//, Mettra, Berlin, 1800, p. 106.)] 
  
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-Deux ans plus tard, l’édition de Levrault à Strasbourg utilise comme frontispice une autre gravure de Guérin représentant la scène de l’excursion botanique. Les vers utilisés comme légende laissent penser que Jussieu pourrait même se trouver parmi les personnages. +Cette scène se réfère aux vers 439 à 444 du chant 3:
  
 +<WRAP round box 60%>
 +Voyez quand la pervenche, en nos champs ignorée,
 +\\ Offre à Rousseau sa fleur si long-temps désirée ;
 +\\ La pervenche, grand Dieu ! la pervenche ! Soudain
 +\\ Il la couve des yeux, il y porte la main,
 +\\ Saisit sa douce proie : avec moins de tendresse
 +\\ L’amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse. 
 +</WRAP>
  
 +En étudiant cette gravure, le lecteur de l’époque reconnaît immédiatement Rousseau sous les traits du personnage âgé situé en son centre. Le tricorne, le bouquet et la cane font en effet partie des attributs visuel de la figure de Rousseau herborisant. Par ailleurs, l’exclamation de joie « La pervanche!… », rehaussée par son ablation du vers, fait écho à un passage célèbre des Confessions (« ah voila de la pervenche ») au cours duquel la découverte de la fleur bleue fait ressurgir chez Rousseau le souvenir d’une promenade avec Mme de Warens. Cette relation intertextuelle entre les Confessions et L’Homme des champs permet d’identifier aussi les autres éléments insérés par Guérin dans l’image et que le chant 3 seul ne permet pas d’identifier: l’identité du second personnage ainsi que le paysage de montagne situé en arrière-plan. Par le fait, lors du fameux épisode des Confessions, Rousseau sillonne la région de Cressier à la recherche de plantes, accompagné de son ami Pierre-Alexandre DuPeyrou.
  
 +Deux ans plus tard, l’édition de Levrault à Strasbourg utilise comme frontispice une gravure reprenant le même thème, l’herborisation, mais sans mettre en scène Rousseau. Cette fois-ci, l’illustration représente une scène exclusive à l’Homme des champs, l’excursion botanique. 
  
  
-\\ +{{:gue_rin_herboristes.png?200|}} 
-\\ +Christophe Guérin, Chant III[(Reproduction de l'image à partir de Delille, Jacques: //L'Homme des champs ou les géorgiques françoises//, Levrault, Strasbourg, 1802, entre pp. 112 et 113.)] 
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-\\ +On y trouve de nombreux éléments évoqués dans les vers: la « troupe d’amis » (vers 408), le pique-nique, l’oiseau confiant, le cours d’eau rafraîchissant, jusqu’au chien égarant ses instincts chasseurs dans une gerbe de céréales. L’élément aquatique est central. À la place du Bacchus évoqué dans les vers, un homme aux pantalons retroussés cueille des nénuphars à pleines mains. Contrairement à l’illustration précédente qui plaçait l’humain au centre du tableau, dans cette scène, la nature occupe littéralement la moitié de l’espace. Un soin particulier est apporté aux détails de la végétation. Par ailleurs, les vers utilisés comme légende laissent penser que Jussieu serait à reconnaître sous les traits du personnage étudiant une plante. On retrouve en effet cette position d’étude dans un portrait du botaniste:  
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-\\ +{{::bernard_de_jussieu.jpg?200|}}
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-Une autre scène d’herborisation orne le frontispice de la section  « Variantes (…) et morceaux ajoutés par l’auteuravec figures » de l’édition de Levrault publiée à Paris en 1804. De manière intéressantecette édition reprend le même extrait de vers que celle de 1802 évoquée précédemmentaccompagné cependant d’une gravure de Franz Ludwig Catel.+Pourtant, bien que les vers le désignent comme le sujet du tableau, Jussieu n’est pas mis en valeur par le dessin. Ses traits sont à peine visibles sous l’ombre du feuillage. Un éclairage local sur le centre droit fait apparaître de manière presque encyclopédique certains objetstels que les outils de récolte, la nappe de pique-nique, l’homme assis au pied de l’arbre ainsi que le feuillagetandis qu’une demi-ombre gomme le restant des personnagesles fondant dans la verdure qui les entoure. À tel point que le lecteur doit adopter une attitude d’herboriste dans la lecture de l’image.
  
-<tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab> <tab>Christophe Guérin, Chant III[(Reproduction de l'image à partir de Delille, Jacques: //L'Homme des champs ou les géorgiques françoises//, Levrault, Strasbourg, 1802, entre pp112 et 113.)]+Une autre scène d’herborisation orne le frontispice de la section « Variantes (…) et morceaux ajoutés par l’auteur, avec figures » de l’édition de Levrault publiée à Paris en 1804. De manière intéressantecette édition reprend le même extrait de vers que celle de 1802 évoquée précédemmentaccompagné cependant d’une gravure de Franz Ludwig CatelIci, la scène de la cueillette n’illustre plus uniquement le chant 3, mais devient représentative de l’intégralité du poème
  
 {{ ::catel_herboristes.jpg?200 |}} {{ ::catel_herboristes.jpg?200 |}}
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 <tab> <tab>Anonyme, (herborisation)[(Delille, Jacques, "Het Buitenleven in vier zangen (gevolgt naar l'Homme des champs, ou les Géorgiques françoises, van den Abbé Dellille), traduction Willem Bilderdijk, Allart, Amsterdam, 1803, p. 85.)] <tab> <tab> <tab>Anonyme, (chasse)[(Delille, Jacques, "Het Buitenleven in vier zangen (gevolgt naar l'Homme des champs, ou les Géorgiques françoises, van den Abbé Dellille), traduction Willem Bilderdijk, Allart, Amsterdam, 1803, p. 126.)] <tab> <tab>Anonyme, (herborisation)[(Delille, Jacques, "Het Buitenleven in vier zangen (gevolgt naar l'Homme des champs, ou les Géorgiques françoises, van den Abbé Dellille), traduction Willem Bilderdijk, Allart, Amsterdam, 1803, p. 85.)] <tab> <tab> <tab>Anonyme, (chasse)[(Delille, Jacques, "Het Buitenleven in vier zangen (gevolgt naar l'Homme des champs, ou les Géorgiques françoises, van den Abbé Dellille), traduction Willem Bilderdijk, Allart, Amsterdam, 1803, p. 126.)]
  
-Ce cheminement à travers les éditions illustrées met en exergue la récurrence de deux motifs, apparemment jugés les plus aptes à représenter le chant 3: l’excursion botanique ainsi que l’ermite. Nous verrons qu’ils trouvent écho dans les représentations visuelles indépendantes des éditions de l’Homme des champs. +Ce cheminement à travers les éditions illustrées met en exergue la récurrence de deux motifs, apparemment jugés les plus aptes à représenter le chant 3: l’excursion botanique ainsi que l’ermite. Nous verrons qu’ils trouvent écho dans les représentations visuelles indépendantes des éditions de l’//Homme des champs//