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guinguenecompterendudecade [2017/05/15 00:36] Hugues Marchalguinguenecompterendudecade [2020/03/24 15:46] – [Liens externes] Roberta Padlina
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 ===== Présentation de l'œuvre ===== ===== Présentation de l'œuvre =====
  
-La //Décade philosophique//, qui avait déjà publié certains extraits de //L'Homme des champs// en amont de la parution, est l'une des plus prestigieuses revues de l'après Révolution. Le long compte rendu qu'elle consacre au poème est signé par [[guinguene|Ginguené]]. Il se déploie sur deux articles successifs[(Pierre-Louis Ginguené, "//L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises//, par Jacques Delille", //La Décade philosophique//, an VIII-1800 – premier "extrait"\ : 4e trimestre, n°\ 36, 30 fructidor, p.\ 526-546\ ;  deuxième "extrait"\ : an IX-1800, 1er trimestre, n°\ 1, 10 vendémiaire, p.\ 29-49.)].+La [[decadephilosophique|Décade philosophique]], qui avait déjà publié certains extraits de //L'Homme des champs// en amont de la parution, est l'une des plus prestigieuses revues de l'après Révolution. Le long compte rendu qu'elle consacre au poème est signé par [[guinguene|Ginguené]]. Il se déploie sur deux articles successifs[(Pierre-Louis Ginguené, "//L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises//, par Jacques Delille", //La Décade philosophique//, an VIII-1800 – premier "extrait"\ : 4e trimestre, n°\ 36, 30 fructidor, p.\ 526-546\ ;  deuxième "extrait"\ : an IX-1800, 1er trimestre, n°\ 1, 10 vendémiaire, p.\ 29-49.)].
  
 Mêlant **louanges et critiques**, cette lecture attaque sévèrement nombre des choix de Delille, depuis l'ordonnance des chants (que Ginguené propose de réordonner) jusqu'au style, mais le critique n'en conclut pas moins que les "beautés" dominent. Mêlant **louanges et critiques**, cette lecture attaque sévèrement nombre des choix de Delille, depuis l'ordonnance des chants (que Ginguené propose de réordonner) jusqu'au style, mais le critique n'en conclut pas moins que les "beautés" dominent.
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 ===== Remarques sur la préface ===== ===== Remarques sur la préface =====
  
-Ginguené aborde alors la préface du poème, où Delille répond aux critiques accusant la poésie didactique de ne pas être pleinement poétique. Guinguené approuve cette réponse, tout en introduisant un thème qui nourrira l'une de ses plus importantes réserves face à l'//Homme des champs// : les problèmes de **composition**, c'est-à-dire d'organisation, du texte.+Ginguené aborde alors la préface du poème, où Delille répond aux critiques accusant la poésie didactique de ne pas être pleinement poétique. Ginguené approuve cette réponse, tout en introduisant un thème qui nourrira l'une de ses plus importantes réserves face à l'//Homme des champs// : les problèmes de **composition**, c'est-à-dire d'organisation, du texte.
  
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 \\ <tab>Mes yeux à ces pensers, se sont mouillés de pleurs. \\ <tab>Mes yeux à ces pensers, se sont mouillés de pleurs.
  
-<tab>Il est vrai que Delille nous avertit que ceci fut écrit en 1790. Mais, alors même, la France ne ressemblait point encore à Tyr, ni à Thèbes après leur destruction. Notez qu'en 1793, l'Auteur était encore en France. Tous ces vers, faits à différentes époques, mettront un jour l'esprit des lecteurs à la torture. Ils achèvent d'ôter à son poëme toute apparence d'ensemble et d'unité[(Guinguené souligne de nouveau le problème politique, posé non plus par l'exil volontaire de Delille, mais par un vers qui semble faire du gouvernement consulaire une source de ruine pour le pays. La discussion sur la date renvoie à la note 16 de l'édition.)].+<tab>Il est vrai que Delille nous avertit que ceci fut écrit en 1790. Mais, alors même, la France ne ressemblait point encore à Tyr, ni à Thèbes après leur destruction. Notez qu'en 1793, l'Auteur était encore en France. Tous ces vers, faits à différentes époques, mettront un jour l'esprit des lecteurs à la torture. Ils achèvent d'ôter à son poëme toute apparence d'ensemble et d'unité[(Ginguené souligne de nouveau le problème politique, posé non plus par l'exil volontaire de Delille, mais par un vers qui semble faire du gouvernement consulaire une source de ruine pour le pays. La discussion sur la date renvoie à la note 16 de l'édition.)].
 \\ <tab> Etes-vous las de ces sites sauvages\ ? redescendez dans la plaine. Que les arbres et les fleurs vous étalent leurs richesses. Etudiez leurs différentes espèces, leurs formes, leurs penchans. Ceci amène fort bien l'étude de la botanique et le tableau d'une course de botanistes. L'Herbier conduit au cabinet d'Histoire naturelle. Mais l'Auteur vous conseille de vous borner d'abord aux productions des trois règnes qui se trouvent dans votre domaine. On peut demander quelle jouissance ils donnent alors à la curiosité, et si elle n'est pas plus excitée et plus satisfaite par des productions étrangères. On ne sait pas non plus pourquoi appliquant ici un hémistiche devenu parasite, il dit que les trois règnes sont étonnés d'être ensemble. Il semble que depuis le tems qu'ils se trouvent réunis dans les cabinets d'Histoire naturelle, ils doivent être revenus de leur surprise. \\ <tab> Etes-vous las de ces sites sauvages\ ? redescendez dans la plaine. Que les arbres et les fleurs vous étalent leurs richesses. Etudiez leurs différentes espèces, leurs formes, leurs penchans. Ceci amène fort bien l'étude de la botanique et le tableau d'une course de botanistes. L'Herbier conduit au cabinet d'Histoire naturelle. Mais l'Auteur vous conseille de vous borner d'abord aux productions des trois règnes qui se trouvent dans votre domaine. On peut demander quelle jouissance ils donnent alors à la curiosité, et si elle n'est pas plus excitée et plus satisfaite par des productions étrangères. On ne sait pas non plus pourquoi appliquant ici un hémistiche devenu parasite, il dit que les trois règnes sont étonnés d'être ensemble. Il semble que depuis le tems qu'ils se trouvent réunis dans les cabinets d'Histoire naturelle, ils doivent être revenus de leur surprise.
 \\ <tab>Ce morceau, l'un des plus longs du Poème, est aussi l'un des plus travaillés, l'un de ceux qui présentait le plus de difficultés, et où ces difficultés sont vaincues de la manière la plus heureuse et la plus brillante. C'est bien dommage qu'en parlant d'animaux empaillés, le Poète se soit souvenu de sa chate Raton, et qu'il se soit donné la peine de terminer un chant rempli de si grands objets et de si beaux vers, par la description de //la queue de son chat// et des bonds qu'il fesait sur sa table. Au reste, on ne sait pas bien si Raton est morte ou vivante. Les douze premiers vers de ce petit épisode (petit assurément dans tous les sens) en parlent comme si elle était morte\ ; mais au treizième, je voudrais te voir, lui dit-il, \\ <tab>Ce morceau, l'un des plus longs du Poème, est aussi l'un des plus travaillés, l'un de ceux qui présentait le plus de difficultés, et où ces difficultés sont vaincues de la manière la plus heureuse et la plus brillante. C'est bien dommage qu'en parlant d'animaux empaillés, le Poète se soit souvenu de sa chate Raton, et qu'il se soit donné la peine de terminer un chant rempli de si grands objets et de si beaux vers, par la description de //la queue de son chat// et des bonds qu'il fesait sur sa table. Au reste, on ne sait pas bien si Raton est morte ou vivante. Les douze premiers vers de ce petit épisode (petit assurément dans tous les sens) en parlent comme si elle était morte\ ; mais au treizième, je voudrais te voir, lui dit-il,
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-<tab>En résumant ce qui regarde le plan de cet Ouvrage, nous trouverons , 1° Qu'il n'y a point de plan général, que les Chants sont indépendans les uns des autres, et que le 4me sur-tout ne tient en aucune façon aux trois précédens\ : 2° Que dans chacun des Chtants, et principalement dans le 1er et le 3eme , les différens tableaux qui y sont tracés manquent entre eux d'ordre et suite, ce qui rend les transitions vicieuses, expose l'Auteur à des répétitions, à des redites, déroute à chaque instant l'esprit du Lecteur, refroidit son attention, et réduisant plusieurs de ces tableaux à leur effet intrinsèque, les prive de celui qui résulte d'un heureux enchaînement et d'un bel ensemble[(Id., p. 36.)].+<tab>En résumant ce qui regarde le plan de cet Ouvrage, nous trouverons , 1° Qu'il n'y a point de plan général, que les Chants sont indépendans les uns des autres, et que le 4me sur-tout ne tient en aucune façon aux trois précédens\ : 2° Que dans chacun des Chants, et principalement dans le 1er et le 3eme , les différens tableaux qui y sont tracés manquent entre eux d'ordre et suite, ce qui rend les transitions vicieuses, expose l'Auteur à des répétitions, à des redites, déroute à chaque instant l'esprit du Lecteur, refroidit son attention, et réduisant plusieurs de ces tableaux à leur effet intrinsèque, les prive de celui qui résulte d'un heureux enchaînement et d'un bel ensemble[(Id., p. 36.)].
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 ===== Remarques sur le style ===== ===== Remarques sur le style =====
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   * **Des problèmes de registre**   * **Des problèmes de registre**
  
-"Quelquefois", note Guinguené, Delille "passe de l'affectation à la trivialité". Le critique en donne différents exemples, dont deux sont puisés dans le chant 3\ :+"Quelquefois", note Ginguené, Delille "passe de l'affectation à la trivialité". Le critique en donne différents exemples, dont deux sont puisés dans le chant 3\ :
  
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-<tab>Ce Poëme est suivi de notes fort étendues. Elles ne sont pas toutes de l'Auteur. Presque toutes celles du troisième Chant sont sur-tout d'une main étrangère. Elle contiennent l'explication des nombreux objets d'Histoire Naturelle décrits ou seulement nommés dans ce Chant. Elles sont très savantes. On assure qu'elles ont été rédigées par le célèbre naturaliste Hermann, de Strasbourg, dont les sciences ont eu depuis à pleurer la perte. Peut-être dans une autre édition pourrait-on retrancher un peu de ce luxe scientifique[(Id., p. 49.)].+<tab>Ce Poëme est suivi de notes fort étendues. Elles ne sont pas toutes de l'Auteur. Presque toutes celles du troisième Chant sont sur-tout d'une main étrangère. Elles contiennent l'explication des nombreux objets d'Histoire Naturelle décrits ou seulement nommés dans ce Chant. Elles sont très savantes. On assure qu'elles ont été rédigées par le célèbre naturaliste Hermann, de Strasbourg, dont les sciences ont eu depuis à pleurer la perte. Peut-être dans une autre édition pourrait-on retrancher un peu de ce luxe scientifique[(Id., p. 49.)].
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   * Notes concernées : [[chant3#v176|chant 3, notes 8]], [[chant3#v377|16]] et [[chant3#v454|22]].   * Notes concernées : [[chant3#v176|chant 3, notes 8]], [[chant3#v377|16]] et [[chant3#v454|22]].
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- +**Accès à la numérisation du texte** 
-  * Accès à la numérisation du texte première livraison [[https://books.google.fr/books?id=9XtlAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|GoogleBooks]]\ ; deuxième livraison [[https://books.google.fr/books?id=J4ANAAAAQAAJ&pg=PA29|GoogleBooks]].+  * première livraison [[https://books.google.fr/books?id=9XtlAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|GoogleBooks]]\ ;  
 +  * deuxième livraison [[https://books.google.fr/books?id=J4ANAAAAQAAJ&pg=PA29|GoogleBooks]].
  
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 Auteur de la page  --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2017/02/11 18:14// Auteur de la page  --- //[[hugues.marchal@unibas.ch|Hugues Marchal]] 2017/02/11 18:14//