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dussaultcompterendujournaldesdebats [2023/03/10 14:35] – Espaces insécables : pour les points-virgules Timothée Léchotdussaultcompterendujournaldesdebats [2023/03/10 14:39] – Espaces insécables : pour les points d'exclamation Timothée Léchot
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 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-Nul écrivain ne fut plus critiqué que M. Delille(nbsp): son immortelle traduction fit naître des volumes d'observations, dans un temps où on lisoit, avec presque autant d'avidité les critiques, que les ouvrages même. Que n'a point souffert le poème des //Jardins// à sa naissance? Combien sa destinée fut orageuse! Cette charmante production ne triompha qu'avec peine des plus injustes dégoûts(nbsp); on étoit presque généralement convenu de reprocher à l'auteur de la sécheresse, de la monotonie, le défaut de plan et de sensibilité. Nous n'avons plus le droit d'être si difficiles, surtout envers un écrivain de ce talent et de cette réputation(nbsp): la multitude effroyable de mauvais vers et de mauvais ouvrages en tout genre qu'on a voulu nous faire admirer depuis dix ans, ne nous permet pas d'être plus sensibles aux imperfections qu'aux beautés du nouveau poème de M. Delille(nbsp); les pygmées, dont on a voulu faire des géans, font paroître cet écrivain plus grand encore\ ; en le comparant à cette foule de mirmidons littéraires qui assiégent toutes les avenues du Parnasse, comment songer à ce qui lui manque? comment épier les défauts d'une lyre si savante, quand notre oreille est tous les jours blessée par des fredons durs et barbares[(//Id.//)]?.</WRAP>+Nul écrivain ne fut plus critiqué que M. Delille(nbsp): son immortelle traduction fit naître des volumes d'observations, dans un temps où on lisoit, avec presque autant d'avidité les critiques, que les ouvrages même. Que n'a point souffert le poème des //Jardins// à sa naissance? Combien sa destinée fut orageuse(nbsp)! Cette charmante production ne triompha qu'avec peine des plus injustes dégoûts(nbsp); on étoit presque généralement convenu de reprocher à l'auteur de la sécheresse, de la monotonie, le défaut de plan et de sensibilité. Nous n'avons plus le droit d'être si difficiles, surtout envers un écrivain de ce talent et de cette réputation(nbsp): la multitude effroyable de mauvais vers et de mauvais ouvrages en tout genre qu'on a voulu nous faire admirer depuis dix ans, ne nous permet pas d'être plus sensibles aux imperfections qu'aux beautés du nouveau poème de M. Delille(nbsp); les pygmées, dont on a voulu faire des géans, font paroître cet écrivain plus grand encore\ ; en le comparant à cette foule de mirmidons littéraires qui assiégent toutes les avenues du Parnasse, comment songer à ce qui lui manque(nbsp)? comment épier les défauts d'une lyre si savante, quand notre oreille est tous les jours blessée par des fredons durs et barbares[(//Id.//)](nbsp)?.</WRAP>
  
 Loin d'appliquer ses propres conseils, **Dussault exprime toutefois son désappointement**(nbsp): par-delà les réussites locales le poème déçoit à cause de son manque de plan, de la place quasi nulle laissée à la fiction et d'une versification parfois fautive. Loin d'appliquer ses propres conseils, **Dussault exprime toutefois son désappointement**(nbsp): par-delà les réussites locales le poème déçoit à cause de son manque de plan, de la place quasi nulle laissée à la fiction et d'une versification parfois fautive.
  
-<WRAP round box 60%>On diroit que l'auteur, uniquement occupé des précieux détails de sa versification brillante, enivré de sa propre harmonie, croit pouvoir suppléer, par des vers bien faits et par des descriptions richement travaillées, au mérite d'un plan bien conçu, à la variété, à toutes les ressources inventées pour charmer l'ennui du genre didactique. Les divisions générales des //Géorgiques françaises// n'ont pas entre elles tout le rapport et toutes les liaisons qu'on pourroit désirer. Les transitions entre les morceaux particuliers sont roides et sèches(nbsp); on conçoit à peine comment un auteur qui manie si habilement sa langue, qui est si fécond en tournures heureuses et faciles, dont les vers coulent avec tant d'aisance et de noblesse, tarit tout à coup, et s'arrête quand il faut passer d'une idée à une autre(nbsp); on n'est pas moins surpris qu'un écrivain qui montre dans les formes de son style tant de flexibilité, de richesse et d'invention, ne crée presque jamais de ces fictions intéressantes qui détournent un moment le lecteur du but principal, pour l'y ramener avec un nouveau plaisir(nbsp): on ne rencontre dans tout le poëme qu'un seul épisode qui, même, n'est pas d'une invention très-heureuse […](nbsp); presque aucune trace de cette imagination qui ne se borne point à peindre par l'harmonie ou l'expression des vers, mais qui rassemble de grands traits pour en former de grands tableaux, Oserai-je dire que ce nouveau poëme n'offre pas même autant de beautés de détails que le poëme des //Jardins//? La diction ne m'en paroît pas, à beaucoup près, aussi correcte(nbsp): elle est toujours vive, spirituelle et brillante(nbsp); mais cet éclat ne peut dérober à des yeux attentifs un grand nombre de taches(nbsp); […] par exemple, l'enjambement, qui a toujours été un des caractères principaux de la versification de l'auteur, me semble souvent employé mal à propos dans les //Géorgiques françaises//, et l'on sait que cette licence comme toutes les autres, devient un grand défaut quand elle cesse d'être une grâce. On trouve cependant dans cet ouvrage des morceaux d'un goût exquis, d'une mélodie délicieuse, également agréables , et par le fond des idées, et par le fini du style(nbsp); ces morceaux doivent, autant que la réputation de l'auteur, assurer le succès du poëme[(//Id//, p. 3-4.)].</WRAP>+<WRAP round box 60%>On diroit que l'auteur, uniquement occupé des précieux détails de sa versification brillante, enivré de sa propre harmonie, croit pouvoir suppléer, par des vers bien faits et par des descriptions richement travaillées, au mérite d'un plan bien conçu, à la variété, à toutes les ressources inventées pour charmer l'ennui du genre didactique. Les divisions générales des //Géorgiques françaises// n'ont pas entre elles tout le rapport et toutes les liaisons qu'on pourroit désirer. Les transitions entre les morceaux particuliers sont roides et sèches(nbsp); on conçoit à peine comment un auteur qui manie si habilement sa langue, qui est si fécond en tournures heureuses et faciles, dont les vers coulent avec tant d'aisance et de noblesse, tarit tout à coup, et s'arrête quand il faut passer d'une idée à une autre(nbsp); on n'est pas moins surpris qu'un écrivain qui montre dans les formes de son style tant de flexibilité, de richesse et d'invention, ne crée presque jamais de ces fictions intéressantes qui détournent un moment le lecteur du but principal, pour l'y ramener avec un nouveau plaisir(nbsp): on ne rencontre dans tout le poëme qu'un seul épisode qui, même, n'est pas d'une invention très-heureuse […](nbsp); presque aucune trace de cette imagination qui ne se borne point à peindre par l'harmonie ou l'expression des vers, mais qui rassemble de grands traits pour en former de grands tableaux, Oserai-je dire que ce nouveau poëme n'offre pas même autant de beautés de détails que le poëme des //Jardins//(nbsp)? La diction ne m'en paroît pas, à beaucoup près, aussi correcte(nbsp): elle est toujours vive, spirituelle et brillante(nbsp); mais cet éclat ne peut dérober à des yeux attentifs un grand nombre de taches(nbsp); […] par exemple, l'enjambement, qui a toujours été un des caractères principaux de la versification de l'auteur, me semble souvent employé mal à propos dans les //Géorgiques françaises//, et l'on sait que cette licence comme toutes les autres, devient un grand défaut quand elle cesse d'être une grâce. On trouve cependant dans cet ouvrage des morceaux d'un goût exquis, d'une mélodie délicieuse, également agréables , et par le fond des idées, et par le fini du style(nbsp); ces morceaux doivent, autant que la réputation de l'auteur, assurer le succès du poëme[(//Id//, p. 3-4.)].</WRAP>
  
 Dussault ne s'attarde pas sur le contenu des chants, sinon pour juger que le quatrième a tout d'un discours rapporté. Il englobe le chant 2 (sur l'agriculture moderne) et le chant 3 dans une même pique. Les **savants habitants de la campagne rêvés par Delille lui paraissent aussi peu susceptibles d'exister que les pâtres idéalisés des anciennes pastorales**(nbsp): "ses cultivateurs savans, délicats, raisonneurs, physiciens et même métaphysiciens, ressemblent beaucoup aux bergers de Fontenelle[(//Id//, p. 4.)]". Dussault ne s'attarde pas sur le contenu des chants, sinon pour juger que le quatrième a tout d'un discours rapporté. Il englobe le chant 2 (sur l'agriculture moderne) et le chant 3 dans une même pique. Les **savants habitants de la campagne rêvés par Delille lui paraissent aussi peu susceptibles d'exister que les pâtres idéalisés des anciennes pastorales**(nbsp): "ses cultivateurs savans, délicats, raisonneurs, physiciens et même métaphysiciens, ressemblent beaucoup aux bergers de Fontenelle[(//Id//, p. 4.)]".