duboisruricolae

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duboisruricolae [2022/08/06 19:20] – [Préface du traducteur] Morgane Tironiduboisruricolae [2022/08/06 19:21] – [Préface du traducteur] Morgane Tironi
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 aisément qu'il n'en faut pas moins pour réussir quand on traduit en vers latins.  aisément qu'il n'en faut pas moins pour réussir quand on traduit en vers latins. 
  
-L'auteur qui compose dans la langue maternelle peut consulter ses contemporains sur le goût de son siècle, sur la véritable acception des termes qu'il emploie, enfin sur ceux que l'on pourrait admettre pour peindre a l'esprit une idée neuve\ : celui qui écrit dans une langue que l'on ne parle plus, est privé d'une partie de ces ressources. Virgile et Horace, qui sont si éloquents, si lumineux, quand nous les interrogeons sur la marche des passions, sur les profondeurs du cœur humain, sur les principes du goût ou de la morale, ne daignent pas toujours nous répondre quand nous les consultons sur la meilleure manière de rendre en latin des idées dont peut-être l'imagination de ces grands hommes n'a jamais été frappée, ou qui se présentent dans notre langue avec des nuances inconnues dans la leur. Ce n'est donc que par une grande habitude du style des anciens poètes latins, que l'on peut parvenir à revêtir des idées modernes de couleurs et d'expressions capables de satisfaire les connaisseurs, et de leur faire croire que ces grands maîtres les auraient employées eux-mêmes, ou que du moins ils ne les auraient pas condamnées. +L'auteur qui compose dans la langue maternelle peut consulter ses contemporains sur le goût de son siècle, sur la véritable acception des termes qu'il emploie, enfin sur ceux que l'on pourrait admettre pour peindre a l'esprit une idée neuve : celui qui écrit dans une langue que l'on ne parle plus, est privé d'une partie de ces ressources. Virgile et Horace, qui sont si éloquents, si lumineux, quand nous les interrogeons sur la marche des passions, sur les profondeurs du cœur humain, sur les principes du goût ou de la morale, ne daignent pas toujours nous répondre quand nous les consultons sur la meilleure manière de rendre en latin des idées dont peut-être l'imagination de ces grands hommes n'a jamais été frappée, ou qui se présentent dans notre langue avec des nuances inconnues dans la leur. Ce n'est donc que par une grande habitude du style des anciens poètes latins, que l'on peut parvenir à revêtir des idées modernes de couleurs et d'expressions capables de satisfaire les connaisseurs, et de leur faire croire que ces grands maîtres les auraient employées eux-mêmes, ou que du moins ils ne les auraient pas condamnées. 
  
 Ces difficultés, je l'avoue, m'ont souvent désespéré, et je ne me flatte pas de les avoir vaincues toutes avec un égal succès. Les peintures de nos goûts, de quelques uns de nos amusements et de nos travers, qui se trouvent dans le premier et dans le second chant\ ; toutes les descriptions du troisième, qui concernent les diverses révolutions du globe, les schistes, les végétaux fossiles, la formation des couches volcaniques, celle des montagnes et des marbres, l'organisation admirable des insectes et des plantes\  enfin le tableau d'un cabinet d'histoire naturelle, sont autant de matières totalement neuves et qui semblaient inaccessibles a la poésie. Il n'y avait que le pinceau de M. Delille qui pût leur faire franchir les limites du domaine trop obscur où elles étaient comme reléguées, et les produire avec éclat sur l'horizon poétique.  Ces difficultés, je l'avoue, m'ont souvent désespéré, et je ne me flatte pas de les avoir vaincues toutes avec un égal succès. Les peintures de nos goûts, de quelques uns de nos amusements et de nos travers, qui se trouvent dans le premier et dans le second chant\ ; toutes les descriptions du troisième, qui concernent les diverses révolutions du globe, les schistes, les végétaux fossiles, la formation des couches volcaniques, celle des montagnes et des marbres, l'organisation admirable des insectes et des plantes\  enfin le tableau d'un cabinet d'histoire naturelle, sont autant de matières totalement neuves et qui semblaient inaccessibles a la poésie. Il n'y avait que le pinceau de M. Delille qui pût leur faire franchir les limites du domaine trop obscur où elles étaient comme reléguées, et les produire avec éclat sur l'horizon poétique.