duboisruricolae

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duboisruricolae [2022/08/06 19:16] – [Préface du traducteur] Morgane Tironiduboisruricolae [2022/08/06 19:20] – [Préface du traducteur] Morgane Tironi
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 Malgré tant d'attraits, il est douteux que j'eusse jamais entrepris de traduire en vers latins les //Géorgiques françaises//, si je n'y avais été engagé par des circonstances toutes particulières, et comme entraîné par une force irrésistible. Retiré a la campagne pendant le cours de nos dissentions politiques, également accablé sous le poids des maladies du corps et des peines de l'esprit, je n'avais de consolation que dans la tendresse de mes parents, dans les soins affectueux de quelques amis, dans la contemplation des merveilles de la nature et des attributs infinis de son divin auteur. Dans mes promenades solitaires j'avais souvent réfléchi sur les moyens qu'offre le séjour de la campagne pour y faire des heureux et pour l'être soi-même. Quand je lus pour la première fois l'//Homme des Champs// de M. Delille, je sentis mon imagination s'enflammer en voyant exprimées, dans un style enchanteur, quelques unes des idées qui avaient tant de fois occupé ma pensée et charmé mes ennuis. Lire et relire ce poème, le savoir par coeur, le traduire tout entier en vers latins, fut pour moi un amusement délicieux, et le travail de moins d'une année.  Malgré tant d'attraits, il est douteux que j'eusse jamais entrepris de traduire en vers latins les //Géorgiques françaises//, si je n'y avais été engagé par des circonstances toutes particulières, et comme entraîné par une force irrésistible. Retiré a la campagne pendant le cours de nos dissentions politiques, également accablé sous le poids des maladies du corps et des peines de l'esprit, je n'avais de consolation que dans la tendresse de mes parents, dans les soins affectueux de quelques amis, dans la contemplation des merveilles de la nature et des attributs infinis de son divin auteur. Dans mes promenades solitaires j'avais souvent réfléchi sur les moyens qu'offre le séjour de la campagne pour y faire des heureux et pour l'être soi-même. Quand je lus pour la première fois l'//Homme des Champs// de M. Delille, je sentis mon imagination s'enflammer en voyant exprimées, dans un style enchanteur, quelques unes des idées qui avaient tant de fois occupé ma pensée et charmé mes ennuis. Lire et relire ce poème, le savoir par coeur, le traduire tout entier en vers latins, fut pour moi un amusement délicieux, et le travail de moins d'une année. 
  
-Je n'avais d'abord cherché qu'à soulager en quelque sorte mon cœur, et qu'à satisfaire mon goût pour la poésie latine, goût que j'ai puisé dans les leçons de l'ancienne université de Paris, de cette école célèbre, dont la suppression a laissé des regrets si amers, et dont le rétablissement, sur des bases plus solides et plus vastes, sera mis au nombre des plus grands bienfaits de sa majesté impériale\ : je pensai dans la suite à rendre le fruit de mes veilles agréable à mes concitoyens, utile aux étrangers, et surtout à la jeunesse qui s'élève dans les lycées et dans les collèges. Je consultai d'anciens professeurs, connus par l'étendue de leurs lumières et par la pureté de leur goût\ ; je profitai de leurs avis\ ; j'employai une partie des courts intervalles de loisir que me laissent les pénibles fonctions de l'enseignement public, à revoir soigneusement mes essais, et à corriger ce que la chaleur d'une première composition y avait laissé de défectueux\ ; enfin, je n'ai rien négligé pour donner à mon travail toute la perfection dont il est susceptible. +Je n'avais d'abord cherché qu'à soulager en quelque sorte mon cœur, et qu'à satisfaire mon goût pour la poésie latine, goût que j'ai puisé dans les leçons de l'ancienne université de Paris, de cette école célèbre, dont la suppression a laissé des regrets si amers, et dont le rétablissement, sur des bases plus solides et plus vastes, sera mis au nombre des plus grands bienfaits de sa majesté impériale : je pensai dans la suite à rendre le fruit de mes veilles agréable à mes concitoyens, utile aux étrangers, et surtout à la jeunesse qui s'élève dans les lycées et dans les collèges. Je consultai d'anciens professeurs, connus par l'étendue de leurs lumières et par la pureté de leur goût\ ; je profitai de leurs avis\ ; j'employai une partie des courts intervalles de loisir que me laissent les pénibles fonctions de l'enseignement public, à revoir soigneusement mes essais, et à corriger ce que la chaleur d'une première composition y avait laissé de défectueux\ ; enfin, je n'ai rien négligé pour donner à mon travail toute la perfection dont il est susceptible. 
  
 Je suis loin sans doute d'avoir atteint le but que je m'étais proposé. Un savant professeur, à qui nous devons les meilleures traductions en prose de Virgile et d'Horace, a dit, avec une franchise qui fait honneur à sa modestie, qu'une bonne traduction est le fruit du temps et de la patience\ : on croira  Je suis loin sans doute d'avoir atteint le but que je m'étais proposé. Un savant professeur, à qui nous devons les meilleures traductions en prose de Virgile et d'Horace, a dit, avec une franchise qui fait honneur à sa modestie, qu'une bonne traduction est le fruit du temps et de la patience\ : on croira