duboisruricolae

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
Prochaine révisionLes deux révisions suivantes
duboisruricolae [2020/03/31 09:21] – [Une dédicace à Delille] Roberta Padlinaduboisruricolae [2022/08/06 19:25] – [Préface du traducteur] Morgane Tironi
Ligne 37: Ligne 37:
 </WRAP> </WRAP>
  
-Cette dédicace peut se traduire par : "Éminent, très savant Jacques Delille, célèbre entre tous les poètes français, ô toi que la pitié et les champs saluent comme leur patron, que le chœur même des muses nomme maintenant son père ! Toi qu'on dit à présent l'unique héritier de Virgile\ ; toi dont les écrits lui rendent une telle vigueur qu'il se réjouit, comme un droit nouveau, d'atteindre plus sûrement, par ton génie, les plus lointaines générations. […] Tu as été pour moi Apollon\ ; l'admiration seule a produit, chanté et imprimé ces vers, qu'un amour comparable, comme il se doit, t'a dédiés. P. J-B. P. DUBOIS. Paris, 3 avril 1807."<color #f8f8ff>.</color>+Cette dédicace peut se traduire par : "Éminent, très savant Jacques Delille, célèbre entre tous les poètes français, ô toi que la pitié et les champs saluent comme leur patron, que le chœur même des muses nomme maintenant son père ! Toi qu'on dit à présent l'unique héritier de Virgile\ ; toi dont les écrits lui rendent une telle vigueur qu'il se réjouit, comme un droit nouveau, d'atteindre plus sûrement, par ton génie, les plus lointaines générations. […] Tu as été pour moi Apollon\ ; l'admiration seule a produit, chanté et imprimé ces vers, qu'un amour comparable, comme il se doit, t'a dédiés. P. J-B. P. DUBOIS. Paris, 3 avril 1807."
 ===== Préface du traducteur ===== ===== Préface du traducteur =====
  
-Dubois insère ensuite sa propre préface en français, qui apporte un éclairage sur les circonstances de composition du texte, son but et l'accueil que Delille a fait à cet entreprise.+Dubois insère ensuite sa propre préface en français, qui apporte un éclairage sur les circonstances de composition du texte, son but et l'accueil que Delille a fait à cette entreprise.
  
 <WRAP round box 60%> <WRAP round box 60%>
-Peu de poèmes ont eu a leur naissance un succès plus brillant et plus complet que l'//Homme des Champs// de M. Delille. Le nom de son illustre auteur, le silence qu'il avait gardé pendant tant d'années, le titre même de l'ouvrage, l'époque de sa publication, le besoin qu'avaient éprouvé tant d'ames sensibles, d'aller se recueillir dans le calme de la solitude champêtre, et de chercher, sous l'heureux abri des chaumières, le repos et la sûreté que pendant long-temps elles n'avaient plus espéré trouver dans le sein orageux des villes\ ; toutes ces circonstances réunies ont pu contribuer au succès merveilleux de ce poème\ ; mais bien moins sans doute que le mérite même de l'ouvrage, que l'aimable philosophie qui y règne, et les beautés sans nombre dont il étincelle. +Peu de poèmes ont eu a leur naissance un succès plus brillant et plus complet que l'//Homme des Champs// de M. Delille. Le nom de son illustre auteur, le silence qu'il avait gardé pendant tant d'années, le titre même de l'ouvrage, l'époque de sa publication, le besoin qu'avaient éprouvé tant d'ames sensibles, d'aller se recueillir dans le calme de la solitude champêtre, et de chercher, sous l'heureux abri des chaumières, le repos et la sûreté que pendant long-temps elles n'avaient plus espéré trouver dans le sein orageux des villes ; toutes ces circonstances réunies ont pu contribuer au succès merveilleux de ce poème\ ; mais bien moins sans doute que le mérite même de l'ouvrage, que l'aimable philosophie qui y règne, et les beautés sans nombre dont il étincelle. 
  
 Malgré tant d'attraits, il est douteux que j'eusse jamais entrepris de traduire en vers latins les //Géorgiques françaises//, si je n'y avais été engagé par des circonstances toutes particulières, et comme entraîné par une force irrésistible. Retiré a la campagne pendant le cours de nos dissentions politiques, également accablé sous le poids des maladies du corps et des peines de l'esprit, je n'avais de consolation que dans la tendresse de mes parents, dans les soins affectueux de quelques amis, dans la contemplation des merveilles de la nature et des attributs infinis de son divin auteur. Dans mes promenades solitaires j'avais souvent réfléchi sur les moyens qu'offre le séjour de la campagne pour y faire des heureux et pour l'être soi-même. Quand je lus pour la première fois l'//Homme des Champs// de M. Delille, je sentis mon imagination s'enflammer en voyant exprimées, dans un style enchanteur, quelques unes des idées qui avaient tant de fois occupé ma pensée et charmé mes ennuis. Lire et relire ce poème, le savoir par coeur, le traduire tout entier en vers latins, fut pour moi un amusement délicieux, et le travail de moins d'une année.  Malgré tant d'attraits, il est douteux que j'eusse jamais entrepris de traduire en vers latins les //Géorgiques françaises//, si je n'y avais été engagé par des circonstances toutes particulières, et comme entraîné par une force irrésistible. Retiré a la campagne pendant le cours de nos dissentions politiques, également accablé sous le poids des maladies du corps et des peines de l'esprit, je n'avais de consolation que dans la tendresse de mes parents, dans les soins affectueux de quelques amis, dans la contemplation des merveilles de la nature et des attributs infinis de son divin auteur. Dans mes promenades solitaires j'avais souvent réfléchi sur les moyens qu'offre le séjour de la campagne pour y faire des heureux et pour l'être soi-même. Quand je lus pour la première fois l'//Homme des Champs// de M. Delille, je sentis mon imagination s'enflammer en voyant exprimées, dans un style enchanteur, quelques unes des idées qui avaient tant de fois occupé ma pensée et charmé mes ennuis. Lire et relire ce poème, le savoir par coeur, le traduire tout entier en vers latins, fut pour moi un amusement délicieux, et le travail de moins d'une année. 
  
-Je n'avais d'abord cherché qu'à soulager en quelque sorte mon cœur, et qu'à satisfaire mon goût pour la poésie latine, goût que j'ai puisé dans les leçons de l'ancienne université de Paris, de cette école célèbre, dont la suppression a laissé des regrets si amers, et dont le rétablissement, sur des bases plus solides et plus vastes, sera mis au nombre des plus grands bienfaits de sa majesté impériale\ : je pensai dans la suite à rendre le fruit de mes veilles agréable à mes concitoyens, utile aux étrangers, et surtout à la jeunesse qui s'élève dans les lycées et dans les collèges. Je consultai d'anciens professeurs, connus par l'étendue de leurs lumières et par la pureté de leur goût\ ; je profitai de leurs avis\ ; j'employai une partie des courts intervalles de loisir que me laissent les pénibles fonctions de l'enseignement public, à revoir soigneusement mes essais, et à corriger ce que la chaleur d'une première composition y avait laissé de défectueux\ ; enfin, je n'ai rien négligé pour donner à mon travail toute la perfection dont il est susceptible. +Je n'avais d'abord cherché qu'à soulager en quelque sorte mon cœur, et qu'à satisfaire mon goût pour la poésie latine, goût que j'ai puisé dans les leçons de l'ancienne université de Paris, de cette école célèbre, dont la suppression a laissé des regrets si amers, et dont le rétablissement, sur des bases plus solides et plus vastes, sera mis au nombre des plus grands bienfaits de sa majesté impériale : je pensai dans la suite à rendre le fruit de mes veilles agréable à mes concitoyens, utile aux étrangers, et surtout à la jeunesse qui s'élève dans les lycées et dans les collèges. Je consultai d'anciens professeurs, connus par l'étendue de leurs lumières et par la pureté de leur goût\ ; je profitai de leurs avis\ ; j'employai une partie des courts intervalles de loisir que me laissent les pénibles fonctions de l'enseignement public, à revoir soigneusement mes essais, et à corriger ce que la chaleur d'une première composition y avait laissé de défectueux\ ; enfin, je n'ai rien négligé pour donner à mon travail toute la perfection dont il est susceptible. 
  
 Je suis loin sans doute d'avoir atteint le but que je m'étais proposé. Un savant professeur, à qui nous devons les meilleures traductions en prose de Virgile et d'Horace, a dit, avec une franchise qui fait honneur à sa modestie, qu'une bonne traduction est le fruit du temps et de la patience\ : on croira  Je suis loin sans doute d'avoir atteint le but que je m'étais proposé. Un savant professeur, à qui nous devons les meilleures traductions en prose de Virgile et d'Horace, a dit, avec une franchise qui fait honneur à sa modestie, qu'une bonne traduction est le fruit du temps et de la patience\ : on croira 
 aisément qu'il n'en faut pas moins pour réussir quand on traduit en vers latins.  aisément qu'il n'en faut pas moins pour réussir quand on traduit en vers latins. 
  
-L'auteur qui compose dans la langue maternelle peut consulter ses contemporains sur le goût de son siècle, sur la véritable acception des termes qu'il emploie, enfin sur ceux que l'on pourrait admettre pour peindre a l'esprit une idée neuve\ : celui qui écrit dans une langue que l'on ne parle plus, est privé d'une partie de ces ressources. Virgile et Horace, qui sont si éloquents, si lumineux, quand nous les interrogeons sur la marche des passions, sur les profondeurs du cœur humain, sur les principes du goût ou de la morale, ne daignent pas toujours nous répondre quand nous les consultons sur la meilleure manière de rendre en latin des idées dont peut-être l'imagination de ces grands hommes n'a jamais été frappée, ou qui se présentent dans notre langue avec des nuances inconnues dans la leur. Ce n'est donc que par une grande habitude du style des anciens poètes latins, que l'on peut parvenir à revêtir des idées modernes de couleurs et d'expressions capables de satisfaire les connaisseurs, et de leur faire croire que ces grands maîtres les auraient employées eux-mêmes, ou que du moins ils ne les auraient pas condamnées. +L'auteur qui compose dans la langue maternelle peut consulter ses contemporains sur le goût de son siècle, sur la véritable acception des termes qu'il emploie, enfin sur ceux que l'on pourrait admettre pour peindre a l'esprit une idée neuve : celui qui écrit dans une langue que l'on ne parle plus, est privé d'une partie de ces ressources. Virgile et Horace, qui sont si éloquents, si lumineux, quand nous les interrogeons sur la marche des passions, sur les profondeurs du cœur humain, sur les principes du goût ou de la morale, ne daignent pas toujours nous répondre quand nous les consultons sur la meilleure manière de rendre en latin des idées dont peut-être l'imagination de ces grands hommes n'a jamais été frappée, ou qui se présentent dans notre langue avec des nuances inconnues dans la leur. Ce n'est donc que par une grande habitude du style des anciens poètes latins, que l'on peut parvenir à revêtir des idées modernes de couleurs et d'expressions capables de satisfaire les connaisseurs, et de leur faire croire que ces grands maîtres les auraient employées eux-mêmes, ou que du moins ils ne les auraient pas condamnées. 
  
 Ces difficultés, je l'avoue, m'ont souvent désespéré, et je ne me flatte pas de les avoir vaincues toutes avec un égal succès. Les peintures de nos goûts, de quelques uns de nos amusements et de nos travers, qui se trouvent dans le premier et dans le second chant\ ; toutes les descriptions du troisième, qui concernent les diverses révolutions du globe, les schistes, les végétaux fossiles, la formation des couches volcaniques, celle des montagnes et des marbres, l'organisation admirable des insectes et des plantes\  enfin le tableau d'un cabinet d'histoire naturelle, sont autant de matières totalement neuves et qui semblaient inaccessibles a la poésie. Il n'y avait que le pinceau de M. Delille qui pût leur faire franchir les limites du domaine trop obscur où elles étaient comme reléguées, et les produire avec éclat sur l'horizon poétique.  Ces difficultés, je l'avoue, m'ont souvent désespéré, et je ne me flatte pas de les avoir vaincues toutes avec un égal succès. Les peintures de nos goûts, de quelques uns de nos amusements et de nos travers, qui se trouvent dans le premier et dans le second chant\ ; toutes les descriptions du troisième, qui concernent les diverses révolutions du globe, les schistes, les végétaux fossiles, la formation des couches volcaniques, celle des montagnes et des marbres, l'organisation admirable des insectes et des plantes\  enfin le tableau d'un cabinet d'histoire naturelle, sont autant de matières totalement neuves et qui semblaient inaccessibles a la poésie. Il n'y avait que le pinceau de M. Delille qui pût leur faire franchir les limites du domaine trop obscur où elles étaient comme reléguées, et les produire avec éclat sur l'horizon poétique. 
Ligne 61: Ligne 61:
 Par respect pour les dieux de la poésie latine, j'ai transporté, autant que je l'ai pu, dans ma traduction, et fait imprimer en lettres italiques les vers de Virgile ou d'Horace, que le poète français a imités, et sur lesquels il n'est pas douteux qu'il voulait reporter l'imagination de ses lecteurs.  Par respect pour les dieux de la poésie latine, j'ai transporté, autant que je l'ai pu, dans ma traduction, et fait imprimer en lettres italiques les vers de Virgile ou d'Horace, que le poète français a imités, et sur lesquels il n'est pas douteux qu'il voulait reporter l'imagination de ses lecteurs. 
  
-L'ouvrage que l'on offre aujourd'hui au public ne contient qu'environ soixante-dix vers de moins que le texte original imprimé a Strasbourg en l'an /^viii^/, et que l'on a suivi pour cette traduction. J'ai eu souvent le bonheur de rendre chaque vers français par un vers latin\ ; mais je n'ai pas cru devoir m'assujétir partout à cette marche servile, indigne de la poésie, dont elle défigurerait le plus souvent les chefs-d'œuvre, au lieu d'en retracer les beautés. Quand on traduit un poète, ce ne sont pas les mots ni la coupe des phrases qu'il faut représenter, c'est la chaleur et l'harmonie du style, c'est la force et la justesse de la pensée, c'est la grâce ou la noblesse des images, qu'il faut rendre\ ; et voila ce que j'ai essayé de faire, autant qu'ont pu me le permettre la faiblesse de mes moyens et le génie +L'ouvrage que l'on offre aujourd'hui au public ne contient qu'environ soixante-dix vers de moins que le texte original imprimé a Strasbourg en l'an VIII, et que l'on a suivi pour cette traduction. J'ai eu souvent le bonheur de rendre chaque vers français par un vers latin ; mais je n'ai pas cru devoir m'assujétir partout à cette marche servile, indigne de la poésie, dont elle défigurerait le plus souvent les chefs-d'œuvre, au lieu d'en retracer les beautés. Quand on traduit un poète, ce ne sont pas les mots ni la coupe des phrases qu'il faut représenter, c'est la chaleur et l'harmonie du style, c'est la force et la justesse de la pensée, c'est la grâce ou la noblesse des images, qu'il faut rendre ; et voila ce que j'ai essayé de faire, autant qu'ont pu me le permettre la faiblesse de mes moyens et le génie 
 de la langue latine, dont la gravité mâle et sévère ne s'accorde pas toujours avec les grâces vives, sémillantes et quelquefois un peu coquettes de la langue française.  de la langue latine, dont la gravité mâle et sévère ne s'accorde pas toujours avec les grâces vives, sémillantes et quelquefois un peu coquettes de la langue française. 
  
-Au reste j'ai lieu de croire que ma manière de traduire n'a pas déplu à M. Delille\ : l'accueil favorable que cet illustre patriarche du Parnasse français a bien voulu faire à ma traduction, toutes les fois que je la lui ai communiquée\ ; les éloges que j'en ai reçus, et qui seraient trop flatteurs pour moi, si je pouvais y voir autre chose que des encouragements honorables\ ; enfin la permission qu'il m'a accordée de lui faire hommage de mon travail\ ; tout me fait espérer que ce fruit de mes veilles ne sera pas indigne de l'estime des connaisseurs, ni inutile à la jeunesse, que j'ai eue particulièrement en vue en mettant au jour ce premier essai. Puisse-t-il entretenir, parmi les élèves des lycées et des collèges, le goût des muses latines et françaises, enflammer le génie, et enhardir +Au reste j'ai lieu de croire que ma manière de traduire n'a pas déplu à M. Delille : l'accueil favorable que cet illustre patriarche du Parnasse français a bien voulu faire à ma traduction, toutes les fois que je la lui ai communiquée\ ; les éloges que j'en ai reçus, et qui seraient trop flatteurs pour moi, si je pouvais y voir autre chose que des encouragements honorables ; enfin la permission qu'il m'a accordée de lui faire hommage de mon travail\ ; tout me fait espérer que ce fruit de mes veilles ne sera pas indigne de l'estime des connaisseurs, ni inutile à la jeunesse, que j'ai eue particulièrement en vue en mettant au jour ce premier essai. Puisse-t-il entretenir, parmi les élèves des lycées et des collèges, le goût des muses latines et françaises, enflammer le génie, et enhardir 
 quelque jeune Homère a chanter un jour les exploits des héros français dans des vers immortels comme leur gloire[(//Id//, p. !!vii-xvi!!.)]\ !  quelque jeune Homère a chanter un jour les exploits des héros français dans des vers immortels comme leur gloire[(//Id//, p. !!vii-xvi!!.)]\ ! 
 </WRAP> </WRAP>