Vous me demandez si j'ai lu les nouvelles Géorgiques, et ce que j’en pense. Oui(nbsp): j’ai fait cette lecture, et je ne suis guères en état de vous en rendre compte. L'auteur a vu la nature avec des yeux enchantés, moi je la vois couverte de deuil. Les fleurs, les ruisseaux, les ombrages dont il décrit les charmes avec un amour qui donne lieu à des redites, ne font pas sur mes sens la meme impression que sur les siens. Il faut, pour bien juger un ouvrage, avoir avec l'auteur une certaine conformité de disposition qui n'existe pas entre Delille et moi. Pour le lire sans distraction, il aurait fallu que je pusse comprimer la douleur qui m’obsède, mais au milieu des plus beaux ou des plus aimables tableaux qu’il dessine, ma triste imagination plaçait toujours le tombeau du fils que j’ai perdu, et ce tombeau détournait mon attention de l’œuvre du peintre[(//Id//., p.\ 6)]. | Vous me demandez si j'ai lu les nouvelles Géorgiques, et ce que j’en pense. Oui(nbsp): j’ai fait cette lecture, et je ne suis guères en état de vous en rendre compte. L'auteur a vu la nature avec des yeux enchantés, moi je la vois couverte de deuil. Les fleurs, les ruisseaux, les ombrages dont il décrit les charmes avec un amour qui donne lieu à des redites, ne font pas sur mes sens la meme impression que sur les siens. Il faut, pour bien juger un ouvrage, avoir avec l'auteur une certaine conformité de disposition qui n'existe pas entre Delille et moi. Pour le lire sans distraction, il aurait fallu que je pusse comprimer la douleur qui m’obsède, mais au milieu des plus beaux ou des plus aimables tableaux qu’il dessine, ma triste imagination plaçait toujours le tombeau du fils que j’ai perdu, et ce tombeau détournait mon attention de l’œuvre du peintre[(//Id//., p.(nbsp)6)]. |