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colnetcompterendujournaldopposition [2017/10/14 20:01] Nicolas Leblanccolnetcompterendujournaldopposition [2023/03/10 14:36] – Espaces insécables : pour les points d'interrogation Timothée Léchot
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-====== Charles Joseph Colnet du Ravel, « L'Homme des Champs » (Journal de l'opposition) ======+====== Charles Joseph Colnet du Ravel, « L'Homme des Champs » (Journal d'opposition littéraire) ======
  
 ===== Présentation de l’œuvre ===== ===== Présentation de l’œuvre =====
-Propriété du satirique royaliste Colnet du Ravel, le //Journal de l'opposition// publie en 1800 une **recension positive** de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//.)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, prenant parfois ceux-ci à parti. Selon lui, l'harmonie, l'élégance, les contrastes, le style et les images de la poésie dellilienne produisent un tel enchantement qu'elles rachètent amplement les défauts liés au plan, aux descriptions ou aux épisodes.     +Propriété du satiriste royaliste [[colnet|Colnet du Ravel]], le [[journaldopposition|Journal d'opposition littéraire]] publie en 1800 une **recension positive** de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume [[delillerecueilgiguet|Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille]], qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//.)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, prenant parfois ceux-ci à parti. Selon lui, l'harmonie, l'élégance, les contrastes, le style et les images de la poésie dellilienne produisent un tel enchantement qu'elles rachètent amplement les défauts liés au plan, aux descriptions ou aux épisodes.     
  
 ===== Les raisons d'un triomphe  ===== ===== Les raisons d'un triomphe  =====
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-\\ <tab> Toutes les éditions s'épuisent avec une rapidité incroyable. Ceux qui ont fait quelques études (dans un tems où l'on étudioit), l'ont déjà lu plusieurs fois, et le relisent encore avec un plaisir nouveau. Ceux qui ne lisent aucun livre, achètent l'Homme des Champs, et veulent passer pour l'avoir lu : il est dans les mains des vieillards, il est dans celle des enfants ; les femmes même, qui n'aiment que les madrigaux composés en leur faveur, ont placé les Georgiques françaises sur leurs toilettes[(Colnet du Ravel, "L'Homme des champs", //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, p. 286-87.)].   +\\ Toutes les éditions s'épuisent avec une rapidité incroyable. Ceux qui ont fait quelques études (dans un tems où l'on étudioit), l'ont déjà lu plusieurs fois, et le relisent encore avec un plaisir nouveau. Ceux qui ne lisent aucun livre, achètent l'Homme des Champs, et veulent passer pour l'avoir lu : il est dans les mains des vieillards, il est dans celle des enfants ; les femmes même, qui n'aiment que les madrigaux composés en leur faveur, ont placé les Georgiques françaises sur leurs toilettes[(Colnet du Ravel, "L'Homme des champs", //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, p. 286-87.)].   
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-\\ <tab> Depuis douze ans, la poésie française est en proie à de misérables écoliers, qui, réunis dans leur lycées, fatiguent ceux qui les entendent de leurs insipides productions. Les règles du bon goût méconnues, les principes posés par nos grands maîtres audacieusement violés, le bon sens et la raison outragés, voilà ce que nous présentent les ouvrages publiés par ces apprentis versificateurs. Depuis douze ans, c'est-à-dire, depuis l'origine d'une révolution qui a réduit les Muses françaises au silence, nous soupirions après de bons vers, qui nous rappelassent le tems où notre langue étoit celle des poëtes et des dieux. Les Géorgiques françaises ont paru, et elles ont été pour nous ce qu'après une sécheresse brillante, fut, pour l'agriculteur impatient, la pluie bienfaisante qui fertilisa ses champs[(//Ibid.//, p. 287-88.)].   +\\ Depuis douze ans, la poésie française est en proie à de misérables écoliers, qui, réunis dans leur lycées, fatiguent ceux qui les entendent de leurs insipides productions. Les règles du bon goût méconnues, les principes posés par nos grands maîtres audacieusement violés, le bon sens et la raison outragés, voilà ce que nous présentent les ouvrages publiés par ces apprentis versificateurs. Depuis douze ans, c'est-à-dire, depuis l'origine d'une révolution qui a réduit les Muses françaises au silence, nous soupirions après de bons vers, qui nous rappelassent le tems où notre langue étoit celle des poëtes et des dieux. Les Géorgiques françaises ont paru, et elles ont été pour nous ce qu'après une sécheresse brillante, fut, pour l'agriculteur impatient, la pluie bienfaisante qui fertilisa ses champs[(//Ibid.//, p. 287-88.)].   
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 L'autre raison du tirage exceptionnel de //L'Homme des champs// réside selon Colnet dans l'affection qu'ont les français pour Delille, dont l'exil n'a fait qu'augmenter le capital sympathie. Colnet interprète la réussite de //L'Homme des champs// en termes politiques, car soutenir Delille, c'est s'opposer au pouvoir actuel et à l'Institut : L'autre raison du tirage exceptionnel de //L'Homme des champs// réside selon Colnet dans l'affection qu'ont les français pour Delille, dont l'exil n'a fait qu'augmenter le capital sympathie. Colnet interprète la réussite de //L'Homme des champs// en termes politiques, car soutenir Delille, c'est s'opposer au pouvoir actuel et à l'Institut :
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-\\ <tab> Une autre cause paroît avoir contribué au succès des Géorgiques. M. l'abbé Delille est généralement aimé; tout ce qu'il a souffert depuis quelques années, le fait encore aimer davantage. Il semble qu'on veuille le venger d'un exil qui ne flétrit que ses proscripteurs. Enfin, l'horreur et le mépris qu'inspire les littérateurs de l'Institut, semblent ajouter à cette affection universelle[(//Ibid.//, p. 288.)].   +\\ Une autre cause paroît avoir contribué au succès des Géorgiques. M. l'abbé Delille est généralement aimé; tout ce qu'il a souffert depuis quelques années, le fait encore aimer davantage. Il semble qu'on veuille le venger d'un exil qui ne flétrit que ses proscripteurs. Enfin, l'horreur et le mépris qu'inspire les littérateurs de l'Institut, semblent ajouter à cette affection universelle[(//Ibid.//, p. 288.)].   
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   * **Des négligences dans la versification**   * **Des négligences dans la versification**
  
-Lorsqu'il aborde le troisième chant, Colnet commence comme il en a l'habitude par pointer quelques défauts. À l'en croire, Delille s'y est montré quelque peu négligent en matière de versification. Les mêmes rimes reviennent trop souvent et c'est selon Colnet un signe de la méthode de composition disparate de l'auteur. Un peu à la manière de Chaussard, le critique aligne un nombre impressionnant d'exemples pour étayer ses dires :+Lorsqu'il aborde le troisième chant, Colnet commence comme il en a l'habitude par pointer quelques défauts. À l'en croire, Delille s'y est montré quelque peu négligent en matière de sonorités, notamment dans le cas d'un des derniers vers du chantque le poète devra revoir(nbsp):
  
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-\\ <tab> C'est en partie à cet isolement des différents tableaux, qu'il faut attribuer les nombreuses négligences dont ce poëme fourmille. Le troisième chant est celui qui prête le plus à la censure, par les répétitions des mêmes rimes, que l'on rencontre à chaque instant. Il est vrai que les auteurs anglais, +Il corrigera [cet alexandrin] où la même lettre trop souvent répétée détruit l'harmonie(nbsp):
- dont la langue est beaucoup plus riche que la nôtre, se permettent ces répétitions, sans choquer leurs lecteurs ; mais chez nous, on les impute à la pauvreté de l'écrivain. Qui croiroit donc que, dans un petit nombre de vers, M. l'abbé Delille ait pu rapprocher des autres ceux que je vais citer :+
  
-\\ Buffon quitta trop peu sa retraite //profonde//, +O ma chè//re Ra//ton ! si [sic] //rare// en ton espèce…[(//Id//., p. 295.)]. 
 +</WRAP>  
 + 
 +Vers cité(nbsp): [[chant3#v635|chant 3, vers 635]]. 
 + 
 +Colnet souligne en outre que les mêmes rimes reviennent trop souvent et y voit un signe de la méthode de composition disparate de l'auteur. Un peu à la manière de Chaussard, le critique aligne ensuite un nombre impressionnant d'exemples pour étayer ses dires : 
 + 
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 +C'est en partie à cet isolement des différents tableaux, qu'il faut attribuer les nombreuses négligences dont ce poëme fourmille. Le troisième chant est celui qui prête le plus à la censure, par les répétitions des mêmes rimes, que l'on rencontre à chaque instant. Il est vrai que les auteurs anglais, dont la langue est beaucoup plus riche que la nôtre, se permettent ces répétitions, sans choquer leurs lecteurs ; mais chez nous, on les impute à la pauvreté de l'écrivain. Qui croiroit donc que, dans un petit nombre de vers, M. l'abbé Delille ait pu rapprocher des autres ceux que je vais citer : 
 + 
 +Buffon quitta trop peu sa retraite //profonde//, 
 \\ Des bosquets de Montbard Buffon jugea le //monde// \\ Des bosquets de Montbard Buffon jugea le //monde//
  
-\\ La mer couvrit les uns par des couches //profondes//, +La mer couvrit les uns par des couches //profondes//, 
 \\ D'autres ont recouvert le vieux séjour des //ondes//. \\ D'autres ont recouvert le vieux séjour des //ondes//.
  
-\\ Lança sur l'eau la terre, et la terre dans l'//onde//, +Lança sur l'eau la terre, et la terre dans l'//onde//, 
-\\ Et roula le chaos sur les débris du monde.+\\ Et roula le chaos sur les débris du //monde//.
  
-\\ Leurs traits inaltérés, leurs couches plus //profondes//,  +Leurs traits inaltérés, leurs couches plus //profondes//,  
-\\ Des lits que de la mer ont arrêté les ondes. +\\ Des lits que de la mer ont arrêté les //ondes//
  
-\\ Dans la concavité de ses roches //profondes//+Dans la concavité de ses roches //profondes//
 \\ Où des fleuves futurs l'air déposoit les //ondes// \\ Où des fleuves futurs l'air déposoit les //ondes//
  
-\\ Jusqu'au sommet des monts lança la mer //profonde//, +Jusqu'au sommet des monts lança la mer //profonde//, 
 \\ Et tourmente en courant les airs, la terre et l'//onde// \\ Et tourmente en courant les airs, la terre et l'//onde//
  
-\\ Mais, fils du tems, de l'air, de la terre et de l'//onde//, +Mais, fils du tems, de l'air, de la terre et de l'//onde//, 
 \\ L'histoire de ce grain est l'histoire du //monde// \\ L'histoire de ce grain est l'histoire du //monde//
  
-\\ Tous ces nombreux vaisseaux, suspendus sur les //ondes//, +Tous ces nombreux vaisseaux, suspendus sur les //ondes//, 
 \\ Sont le nœud des états, les couriers des deux //mondes// \\ Sont le nœud des états, les couriers des deux //mondes//
  
-\\ Echanges éternels de la terre et de l'//onde//, +Echanges éternels de la terre et de l'//onde//, 
 \\ Qui semblent lentement se disputer le //monde// \\ Qui semblent lentement se disputer le //monde//
  
-\\ Là, le Tems a tracé les annales du //monde//,+Là, le Tems a tracé les annales du //monde//,
 \\ Vous distinguez ces monts, lents ouvrages de l'//onde// \\ Vous distinguez ces monts, lents ouvrages de l'//onde//
  
-\\ Ici, de frais vallons, une terre //féconde//; +Ici, de frais vallons, une terre //féconde//; 
 \\ Là des rocs décharnés, vieux ossements du //monde// \\ Là des rocs décharnés, vieux ossements du //monde//
  
-\\ Mais la grandeur d'un Dieu, mais sa bonté //féconde//, +Mais la grandeur d'un Dieu, mais sa bonté //féconde//, 
 \\ La nature immortelle, et les secrets du //monde// \\ La nature immortelle, et les secrets du //monde//
  
-\\ Ils offrent de plaisirs une source //féconde//, +Ils offrent de plaisirs une source //féconde//, 
 \\ L'extrait de la nature et l'abrégé du //monde// \\ L'extrait de la nature et l'abrégé du //monde//
  
-\\ Enfin tous ces objets, combinaison //féconde//, +Enfin tous ces objets, combinaison //féconde//, 
 \\ De la flamme, de l'air, de la terre et de l'//onde// \\ De la flamme, de l'air, de la terre et de l'//onde//
  
-\\ Chefs d'oeuvre d'une main en merveilles //féconde//,+Chefs d'oeuvre d'une main en merveilles //féconde//,
 \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un //monde//,  \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un //monde//, 
  
-\\ L'on ne m'accusera pas d'aimer trop peu l'abbé Delille ; je dois cependant avouer que ces négligences déparent son poëme ; espérons qu'une nouvelle édition les fera disparoître[(//Ibid.//, p. 301-303.)]. +L'on ne m'accusera pas d'aimer trop peu l'abbé Delille ; je dois cependant avouer que ces négligences déparent son poëme ; espérons qu'une nouvelle édition les fera disparoître[(//Ibid.//, p. 301-303.)]. 
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 +
 +Vers cités(nbsp): [[chant3#v079|chant 3, vers 79-80]], [[chant3#v091|91-92]], [[chant3#v127|127-128]], [[chant3#v179|179-180]], [[chant3#v191|191-192]], [[chant3#v219|219-220]], [[chant3#v231|231-232]], [[chant3#v263|263-264]], [[chant3#v315|315-316]], [[chant3#v339|339-340]], [[chant3#v459|459-460]], [[chant3#v487|487-488]], [[chant3#v503|503-504]], [[chant3#v575|575-576]].
  
   * **Une peinture saisissante**   * **Une peinture saisissante**
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-\\ <tab> Mais dans ce moment, où je m'appesantis sur ces fautes légères, +Mais dans ce moment, où je m'appesantis sur ces fautes légères, 
  
-\\                  //Quas aut incuria fudit// +Quas aut incuria fudit 
-\\        //aut humana cavit parum natura...//[(Colnet cite ici un célèbre passage de l'épître aux Pisons dans lequel Horace soutient que si les beautés d'un poème sont en grand nombre, on peut pardonner quelques fautes.)].+\\ aut humana cavit parum natura...[(Colnet cite ici un célèbre passage de l'épître aux Pisons dans lequel Horace soutient que si les beautés d'un poème sont en grand nombre, on peut pardonner quelques fautes.)].
  
-\\ mes yeux se portent sur la foule des beaux vers qu'offre cet ouvrage. Quelle énergie dans la peinture des éruptions volcaniques ! Je vois ces monumens+mes yeux se portent sur la foule des beaux vers qu'offre cet ouvrage. Quelle énergie dans la peinture des éruptions volcaniques! Je vois ces monumens
  
-\\ D'hommes qui semblent vivre encor tout habités, +D'hommes qui semblent vivre encor tout habités, 
 \\ Simulacres légers prêts à tomber en poudre,  \\ Simulacres légers prêts à tomber en poudre, 
 \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre [(Colnet du Ravel, art. cit., p. 303.)]. \\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre [(Colnet du Ravel, art. cit., p. 303.)].
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 +
 +Vers cités(nbsp): [[chant3#v166|chant 3, vers 166-168]].
  
   * **Contre Ginguené**   * **Contre Ginguené**
 L'une des grands chevaux de bataille de Colnet, comme on aura déjà pu s'en apercevoir, est d'assurer une opposition ferme et continuelle aux Idéologues de l'Institut. Dans la dernière partie du compte rendu, il réagit à une critique qu'avait formulée Ginguené dans la recension du poème qu'il avait écrite pour la //Décade//. Selon lui, la critique de Ginguené est motivée par un détestable esprit de parti :  L'une des grands chevaux de bataille de Colnet, comme on aura déjà pu s'en apercevoir, est d'assurer une opposition ferme et continuelle aux Idéologues de l'Institut. Dans la dernière partie du compte rendu, il réagit à une critique qu'avait formulée Ginguené dans la recension du poème qu'il avait écrite pour la //Décade//. Selon lui, la critique de Ginguené est motivée par un détestable esprit de parti : 
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-\\ <tab> A cette description succède l'éloge de Buffon. Je lis et j'admire ce vers de goût : Buffon, +A cette description succède l'éloge de Buffon. Je lis et j'admire ce vers de goût : Buffon, 
  
-\\ Par ses ambassadeurs courtisa la nature.+Par ses ambassadeurs courtisa la nature.
  
-\\ Ici le rédacteur de la Décade, Ginguené, s'écrie : "Vous avez tort de l'appeler un grand génie, puisqu'il n'a pas vu la nature par lui-même." Quelle puérile objection ! Buffon cesseroit-il donc d'être un homme de génie, parce qu'il auroit ajouté foi trop aveugle aux relations des savans qu'il envoyoit dans les pays étrangers, pour y observer la nature?  +Ici le rédacteur de la Décade, Ginguené, s'écrie : "Vous avez tort de l'appeler un grand génie, puisqu'il n'a pas vu la nature par lui-même." Quelle puérile objection! Buffon cesseroit-il donc d'être un homme de génie, parce qu'il auroit ajouté foi trop aveugle aux relations des savans qu'il envoyoit dans les pays étrangers, pour y observer la nature(nbsp)?  
-\\ C'est ce même Ginguené, qui blâme dans le premier chant le portrait du curé, parce qu'il n'est pas assez philosophique; c'est le même Ginguené qui reproche à l'Homme des Champs des fautes (1) qui ne peuvent être attribuées qu'à l'imprimeur, tant est aveugle l'esprit de parti ! C'est enfin ce Ginguené qui veut opposer à notre Virgile un je ne sais quel Lebrun, membre de l'Institut national. Nous ne tarderons pas à les mettre l'un et l'autre à leur place ; en attendant, pardonnons aux taches de l'Homme des Champs, en faveur des beautés dont il étincelle[(//Ibid.//, p. 303-304.)].+\\ C'est ce même Ginguené, qui blâme dans le premier chant le portrait du curé, parce qu'il n'est pas assez philosophique; c'est le même Ginguené qui reproche à l'Homme des Champs des fautes qui ne peuvent être attribuées qu'à l'imprimeur, tant est aveugle l'esprit de parti! C'est enfin ce Ginguené qui veut opposer à notre Virgile un je ne sais quel Lebrun, membre de l'Institut national. Nous ne tarderons pas à les mettre l'un et l'autre à leur place(nbsp); en attendant, pardonnons aux taches de l'Homme des Champs, en faveur des beautés dont il étincelle[(//Ibid.//, p. 303-304.)].
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 +
 +Vers cité(nbsp): [[chant3#v184|chant 3, vers 184]].
 +
 +===== Une reprise  =====
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 +L'année même de sa parution, Colnet du Ravel reprend le cœur de ce compte rendu, dans un **pamphlet anonyme** au fil duquel Delille est constamment loué comme un modèle littéraire et moral qui contraste avec la production et l'attitude des écrivains ayant accepté de s'associer à l'Institut[([Colnet du Ravel], //Les Étrennes de l'Institut national et des lycées ou Revue littéraire de l'an VIII//, Paris, Moller, 1800, p. 104-113, accessible sur [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6282008t/f108.image|Gallica]].)].
  
 ===== Liens externes ===== ===== Liens externes =====
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 Auteur de la page   --- //[[nicolas.leblanc@unibas.ch|Nicolas Leblanc]] 2017/08/25 21:51// Auteur de la page   --- //[[nicolas.leblanc@unibas.ch|Nicolas Leblanc]] 2017/08/25 21:51//
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