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 ===== Présentation de l’œuvre ===== ===== Présentation de l’œuvre =====
-Propriété du satirique royaliste Colnet du Ravel, le //Journal de l'opposition// publie en 1800 une **recension positive** de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, prenant parfois ceux-ci à parti. Selon lui, l'harmonie, l'élégance, les contrastes, le style et les images de la poésie dellilienne produisent un tel enchantement qu'elles rachètent amplement les défauts liés au plan, aux descriptions ou aux épisodes.     +Propriété du satirique royaliste Colnet du Ravel, le //Journal de l'opposition// publie en 1800 une **recension positive** de //L'Homme des champs//[(Nous n'avons pu mettre la main sur l'article original, mais celui-ci se trouve repris dans le volume //Recueil des poésies et de morceaux choisis de Jacques Delille//, qui réunit des pièces de Delille et plusieurs articles critiques favorables à //L'Homme des Champs//.)]. S'il reconnaît que le poème n'est pas exempt de quelques défauts, Colnet s'efforce de défendre Delille contre ses détracteurs, prenant parfois ceux-ci à parti. Selon lui, l'harmonie, l'élégance, les contrastes, le style et les images de la poésie dellilienne produisent un tel enchantement qu'elles rachètent amplement les défauts liés au plan, aux descriptions ou aux épisodes.     
  
 ===== Les raisons d'un triomphe  ===== ===== Les raisons d'un triomphe  =====
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 \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un //monde//,  \\ Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un //monde//, 
  
-\\ L'on ne m'accusera pas d'aimer trop peu l'abbé Delille; je dois cependant avouer que ces négligences déparent son poëme; espérons qu'une nouvelle édition les fera disparoître[(//Ibid.//, p. 301-303)]. +\\ L'on ne m'accusera pas d'aimer trop peu l'abbé Delille; je dois cependant avouer que ces négligences déparent son poëme; espérons qu'une nouvelle édition les fera disparoître[(//Ibid.//, p. 301-303.)]. 
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-* **Une peinture saisissante**+  * **Une peinture saisissante**
 Après le temps des reproches vient celui des louanges. Les petits défauts qui entachent l'ouvrage de Delille ne doivent pas masquer ses beautés abondantes. Colnet, comme beaucoup d'autres critiques, exalte le passage dans lequel Delille imagine un visiteur parcourant une ville autrefois détruite par une éruption volcanique. Il met particulièrement l'accent sur la capacité du texte à se faire image. L'énergie, première qualité de la peinture delillienne selon Colnet, est l'effet attendu de l'hypotypose :  Après le temps des reproches vient celui des louanges. Les petits défauts qui entachent l'ouvrage de Delille ne doivent pas masquer ses beautés abondantes. Colnet, comme beaucoup d'autres critiques, exalte le passage dans lequel Delille imagine un visiteur parcourant une ville autrefois détruite par une éruption volcanique. Il met particulièrement l'accent sur la capacité du texte à se faire image. L'énergie, première qualité de la peinture delillienne selon Colnet, est l'effet attendu de l'hypotypose : 
  
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 \\ D'hommes qui semblent vivre encor tout habités,  \\ D'hommes qui semblent vivre encor tout habités, 
 \\ Simulacres légers prêts à tomber en poudre,  \\ Simulacres légers prêts à tomber en poudre, 
-\\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre [(Colnet du Ravel, art. cit., p. 303)].+\\ Tous gardant l'attitude où les surprit la foudre [(Colnet du Ravel, art. cit., p. 303.)].
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-* **Contre Ginguené**+  * **Contre Ginguené**
 L'une des grands chevaux de bataille de Colnet, comme on aura déjà pu s'en apercevoir, est d'assurer une opposition ferme et continuelle aux Idéologues de l'Institut. Dans la dernière partie du compte rendu, il réagit à une critique qu'avait formulée Ginguené dans la recension du poème qu'il avait écrite pour la //Décade//. Selon lui, la critique de Ginguené est motivée par un détestable esprit de parti :  L'une des grands chevaux de bataille de Colnet, comme on aura déjà pu s'en apercevoir, est d'assurer une opposition ferme et continuelle aux Idéologues de l'Institut. Dans la dernière partie du compte rendu, il réagit à une critique qu'avait formulée Ginguené dans la recension du poème qu'il avait écrite pour la //Décade//. Selon lui, la critique de Ginguené est motivée par un détestable esprit de parti : 
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 \\ Ici le rédacteur de la Décade, Ginguené, s'écrie : "Vous avez tort de l'appeler un grand génie, puisqu'il n'a pas vu la nature par lui-même." Quelle puérile objection ! Buffon cesseroit-il donc d'être un homme de génie, parce qu'il auroit ajouté foi trop aveugle aux relations des savans qu'il envoyoit dans les pays étrangers, pour y observer la nature?  \\ Ici le rédacteur de la Décade, Ginguené, s'écrie : "Vous avez tort de l'appeler un grand génie, puisqu'il n'a pas vu la nature par lui-même." Quelle puérile objection ! Buffon cesseroit-il donc d'être un homme de génie, parce qu'il auroit ajouté foi trop aveugle aux relations des savans qu'il envoyoit dans les pays étrangers, pour y observer la nature? 
-\\ C'est ce même Ginguené, qui blâme dans le premier chant le portrait du curé, parce qu'il n'est pas assez philosophique; c'est le même Ginguené qui reproche à l'Homme des Champs des fautes (1) qui ne peuvent être attribuées qu'à l'imprimeur, tant est aveugle l'esprit de parti ! C'est enfin ce Ginguené qui veut opposer à notre Virgile un je ne sais quel Lebrun, membre de l'Institut national. Nous ne tarderons pas à les mettre l'un et l'autre à leur place ; en attendant, pardonnons aux taches de l'Homme des Champs, en faveur des beautés dont il étincelle[(//Ibid.//, p. 303-304)].+\\ C'est ce même Ginguené, qui blâme dans le premier chant le portrait du curé, parce qu'il n'est pas assez philosophique; c'est le même Ginguené qui reproche à l'Homme des Champs des fautes (1) qui ne peuvent être attribuées qu'à l'imprimeur, tant est aveugle l'esprit de parti ! C'est enfin ce Ginguené qui veut opposer à notre Virgile un je ne sais quel Lebrun, membre de l'Institut national. Nous ne tarderons pas à les mettre l'un et l'autre à leur place ; en attendant, pardonnons aux taches de l'Homme des Champs, en faveur des beautés dont il étincelle[(//Ibid.//, p. 303-304.)].
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