chant3

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chant3 [2017/01/31 15:58] Timothée Léchotchant3 [2017/02/08 12:59] Timothée Léchot
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 ===== ARGUMENT. ===== ===== ARGUMENT. =====
 <BOOKMARK:A>[[3-A|A]]<tab>LE NATURALISTE ; l'art de voir la campagne et les phénomènes de la nature des yeux observateurs.\\ <BOOKMARK:A>[[3-A|A]]<tab>LE NATURALISTE ; l'art de voir la campagne et les phénomènes de la nature des yeux observateurs.\\
-<BOOKMARK:B>[[3-A|B]]<tab>1° L’importance de l’étude de la nature. 2° La grandeur de la nature, soit dans les révolutions du globe, soit dans l’action continue qu’elle exerce. Divers phénomènes ; récit de la destruction de Pleurs (sujet de la gravure de ce chant). Désastre d’Herculanum ; [[buffon|Buffon]] ; volcans de l’Auvergne ; le grain de sable ; la mer ; les eaux thermales, leur utilité, leurs plaisirs (sujet de la première vignette). 3° Charme attaché à la contemplation de diverses scènes de la nature et à la recherche de leurs causes. Montagnes, avalanches, beaux sites ; excursions botaniques ; Bernard Jussieu ; l’étude des animaux. 4° Ce charme se perpétue et s’augmente par la formation et la jouissance de cabinets d’histoire naturelle. Description des principales divisions d’un cabinet. Souvenir à Raton, chatte de l’auteur (sujet de la seconde vignette).+<BOOKMARK:B>[[3-A|B]]<tab>1° L’importance de l’étude de la nature. 2° La grandeur de la nature, soit dans les révolutions du globe, soit dans l’action continue qu’elle exerce. Divers phénomènes ; récit de la destruction de Pleurs (sujet de la gravure de ce chant). Désastre d’Herculanum ; Buffon ; volcans de l’Auvergne ; le grain de sable ; la mer ; les eaux thermales, leur utilité, leurs plaisirs (sujet de la première vignette). 3° Charme attaché à la contemplation de diverses scènes de la nature et à la recherche de leurs causes. Montagnes, avalanches, beaux sites ; excursions botaniques ; Bernard Jussieu ; l’étude des animaux. 4° Ce charme se perpétue et s’augmente par la formation et la jouissance de cabinets d’histoire naturelle. Description des principales divisions d’un cabinet. Souvenir à Raton, chatte de l’auteur (sujet de la seconde vignette).
 ===== TROISIEME CHANT. ===== ===== TROISIEME CHANT. =====
 <BOOKMARK:v001>[[3-001|001]]<tab> !!Que!! j'aime le mortel, noble dans ses penchants, <BOOKMARK:v001>[[3-001|001]]<tab> !!Que!! j'aime le mortel, noble dans ses penchants,
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 \\ <BOOKMARK:v056>[[3-056|056]]<tab> Et roula le chaos sur les débris du monde. \\ <BOOKMARK:v056>[[3-056|056]]<tab> Et roula le chaos sur les débris du monde.
 \\ <BOOKMARK:v057>[[3-057|057]]<tab> De là ces grands amas dans la terre enfermés, \\ <BOOKMARK:v057>[[3-057|057]]<tab> De là ces grands amas dans la terre enfermés,
-\\ <BOOKMARK:v058>[[3-058|058]]<tab> Ces bois, noirs aliments des volcans enflammés[(<tab>Ces bois, noirs aliments des volcants enflammés. \\ \\ !!On!! a voulu renfermer dans l’expression la plus succincte les différentes matières que la nature emploie pour l’entretien des feux volcaniques. Il paroit néanmoins, par les expériences de plusieurs physiciens célèbres, que les bois et tous les végétaux fossiles ne sont pas les seules matières propres à entretenir les feux souterrains. Lemery, Homberg, Newton, Hoffmann et Boerhaave ont obtenu, par le mélange du soufre, du fer et de l’eau, des effets à-peu-près semblables aux feux qui embrasent les volcans. Ces expériences, présentant en petit les mêmes résultats que la nature produit en grand, doivent au moins faire soupçonner que les bois noirs, les charbons de pierre, etc. ne sont pas les seules matières que la nature puisse employer pour alimenter le foyer des volcans, sur-tout si l’on fait attention que la terre renferme des amas considérables de pyrites sulfureuses et ferrugineuses qui n’ont besoin que du concours de l’eau pour s’enflammer. Si l’on observe que l’acide vitriolique, se combinant avec le fer, produit une grande chaleur, et beaucoup d’air inflammable que mille circonstances peuvent allumer, il sera bien évident que ces feux produits sans l’entremise d’aucune substance végétale pourroient causer les plus terribles explosions, soit en vaporisant l’eau, soit en dilatant l’air atmosphérique, qui, selon M. Hales, se trouve concentré dans les pyrites vitrioliques ou sulfureuses, dans la proportion de 1 à 83. Si on ajoute à ces réflexions celles de Spallanzani sur le même sujet, on doutera au moins que le foyer des volcans soit alimenté par des végétaux fossiles. \\ \\ )],+\\ <BOOKMARK:v058>[[3-058|058]]<tab> Ces bois, noirs aliments des volcans enflammés[(<tab>Ces bois, noirs aliments des volcans enflammés. \\ \\ [[3-1-A|A]] !!On!! a voulu renfermer dans l’expression la plus succincte les différentes matières que la nature emploie pour l’entretien des feux volcaniques. Il paroit néanmoins, par les expériences de plusieurs physiciens célèbres, que les bois et tous les végétaux fossiles ne sont pas les seules matières propres à entretenir les feux souterrains. Lemery, Homberg, Newton, Hoffmann et Boerhaave ont obtenu, par le mélange du soufre, du fer et de l’eau, des effets à-peu-près semblables aux feux qui embrasent les volcans. Ces expériences, présentant en petit les mêmes résultats que la nature produit en grand, doivent au moins faire soupçonner que les bois noirs, les charbons de pierre, etc. ne sont pas les seules matières que la nature puisse employer pour alimenter le foyer des volcans, sur-tout si l’on fait attention que la terre renferme des amas considérables de pyrites sulfureuses et ferrugineuses qui n’ont besoin que du concours de l’eau pour s’enflammer. Si l’on observe que l’acide vitriolique, se combinant avec le fer, produit une grande chaleur, et beaucoup d’air inflammable que mille circonstances peuvent allumer, il sera bien évident que ces feux produits sans l’entremise d’aucune substance végétale pourroient causer les plus terribles explosions, soit en vaporisant l’eau, soit en dilatant l’air atmosphérique, qui, selon M. Hales, se trouve concentré dans les pyrites vitrioliques ou sulfureuses, dans la proportion de 1 à 83. Si on ajoute à ces réflexions celles de Spallanzani sur le même sujet, on doutera au moins que le foyer des volcans soit alimenté par des végétaux fossiles. \\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v059>[[3-059|059]]<tab> Et ces énormes lits, ces couches intestines,  \\ <BOOKMARK:v059>[[3-059|059]]<tab> Et ces énormes lits, ces couches intestines, 
 \\ <BOOKMARK:v060>[[3-060|060]]<tab> Qui d’un monde sur l’autre entassent les ruines. \\ <BOOKMARK:v060>[[3-060|060]]<tab> Qui d’un monde sur l’autre entassent les ruines.
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 \\ <BOOKMARK:v074>[[3-074|074]]<tab> Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux, \\ <BOOKMARK:v074>[[3-074|074]]<tab> Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux,
 \\ <BOOKMARK:v075>[[3-075|075]]<tab> Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères \\ <BOOKMARK:v075>[[3-075|075]]<tab> Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères
-\\ <BOOKMARK:v076>[[3-076|076]]<tab> Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères[(<tab>Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères. \\ \\ Les empreintes que l’on trouve dans nos climats sur les schistes, qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd’hui : il s’y trouve, par exemple, des calamites, des écorces de palmiers de la forme la plus variée et la plus curieuse ; si l’on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c’est que dans cette classe extrêmement nombreuse il est un grand nombre d’espèces exotiques échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l’œil exercé du botaniste ne peut qu’à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les mémoires de l’académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays. Lemonnier, dans ses Observations d’histoire naturelle, croit avoir reconnu l’//osmunda regalis// sur un schiste d’une houillère d’Auvergne  ; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé  les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu’elles sont de l’espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l’une des empreintes venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, est l’//aspleniven nodosum// de l’Amérique méridionale ; et il existe un si grand nombre d’empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l’on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu’ils sont aujourd’hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur-tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l’appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l’ouvrage de Moraud sur les charbons de pierre, l’//Herbarium diluvianum// de Scheuchzer, la //Silesia subterranea// de Volckmann, et la belle suite d’empreintes que Mylius a publiées dans l’ouvrage intitulé //Memorabilia Saxoniæ subterranea//. \\ \\ )]+\\ <BOOKMARK:v076>[[3-076|076]]<tab> Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères[(<tab>Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères. \\ \\ [[3-2-A|A]] Les empreintes que l’on trouve dans nos climats sur les schistes, qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd’hui : il s’y trouve, par exemple, des calamites, des écorces de palmiers de la forme la plus variée et la plus curieuse ; si l’on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c’est que dans cette classe extrêmement nombreuse il est un grand nombre d’espèces exotiques échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l’œil exercé du botaniste ne peut qu’à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les mémoires de l’académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays. Lemonnier, dans ses Observations d’histoire naturelle, croit avoir reconnu l’//osmunda regalis// sur un schiste d’une houillère d’Auvergne  ; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé  les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu’elles sont de l’espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l’une des empreintes venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, est l’//aspleniven nodosum// de l’Amérique méridionale ; et il existe un si grand nombre d’empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l’on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu’ils sont aujourd’hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur-tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l’appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l’ouvrage de Moraud sur les charbons de pierre, l’//Herbarium diluvianum// de Scheuchzer, la //Silesia subterranea// de Volckmann, et la belle suite d’empreintes que Mylius a publiées dans l’ouvrage intitulé //Memorabilia Saxoniæ subterranea//. \\ \\ )]
 \\ <BOOKMARK:v077>[[3-077|077]]<tab> Que des fleuves, des lacs, et des mers en courroux, \\ <BOOKMARK:v077>[[3-077|077]]<tab> Que des fleuves, des lacs, et des mers en courroux,
 \\ <BOOKMARK:v078>[[3-078|078]]<tab> Le roulement affreux apporta parmi nous : \\ <BOOKMARK:v078>[[3-078|078]]<tab> Le roulement affreux apporta parmi nous :
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 \\ <BOOKMARK:v080>[[3-080|080]]<tab> Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ; \\ <BOOKMARK:v080>[[3-080|080]]<tab> Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ;
 \\ <BOOKMARK:v081>[[3-081|081]]<tab> Souvent deux minces lits, léger travail des eaux, \\ <BOOKMARK:v081>[[3-081|081]]<tab> Souvent deux minces lits, léger travail des eaux,
-\\ <BOOKMARK:v082>[[3-082|082]]<tab> L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux[(<tab>L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux. \\ \\ Jussieu, dans les Mémoires de l’académie de 1718, donne l’explication suivante de la raison pour laquelle, dans deux couches de schiste à empreintes séparées l’une de l’autre, on ne voit pas sur l’une l’impression de la page supérieure de la feuille, et sur l’autre celle de l’inférieure. \\  +\\ <BOOKMARK:v082>[[3-082|082]]<tab> L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux[(<tab>L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux. \\ \\ [[3-3-A|A]] Jussieu, dans les Mémoires de l’académie de 1718, donne l’explication suivante de la raison pour laquelle, dans deux couches de schiste à empreintes séparées l’une de l’autre, on ne voit pas sur l’une l’impression de la page supérieure de la feuille, et sur l’autre celle de l’inférieure. \\ [[3-3-B|B]] « Nous supposons, dit-il, les feuilles flottantes sur la superficie d’une eau qui, dans ses agitations, étoit encore plus chargée d’un limon bitumineux qu’elle avoit détrempé, que du sel dont elle étoit naturellement imprégnée. Ce limon a couvert la surface de ces feuilles flottantes, y a été retenu par la quantité de nervures dont elles sont traversées, s’y est uni si intimement à elles qu’elles en ont pris jusqu’aux moindres vestiges, et y ont acquis d’autant plus de consistance que ces feuilles, par la qualité de leur tissu serré, ont résisté plus long-temps à la corruption. Comme néanmoins elles se sont enfin pourries, et que le limon qui les couvroit n’a pu manquer de se précipiter soit par la soustraction du corps qui le soutenoit, soit parceque, devenu par cette soustraction plus pénétrable à l’eau, il s’est trouvé plus pesant ; c’est dans cette précipitation que ces lames limoneuses tombant sur les surfaces unies d’un limon détrempé, y ont marqué la figure des feuilles dont elles avoient conservé l’empreinte. \\ [[3-3-C|C]] L’explication de ce mécanisme rend sensible la singularité de la représentation d’une seule et même face de ces feuilles de plantes en relief sur une lame, et en creux sur celle qui lui est opposée : ce qui arrive de la même manière qu’un cachet, imprimé en relief sur une lame de terre, se rend en creux sur une autre lame molle sur laquelle celle-là es appliquée. \\ [[3-3-D|D]] L’on ne peut pas dire que l’une soit celle du revers de la feuille, tandis que l’autre est celle du dessus, puisque cette feuille ayant été pourrie, est devenue incapable d’imprimer ce revers ; sa pourriture est si certaine, que sa substance ayant changé, a teint ces empreintes en noir, et ce qui est resté attaché à cette lame n’a rendu tout au plus que quelques empreintes moins parfaites, parceque ce superflu a rempli la gravure de l’impression, et s’y trouve aujourd’hui en poudre entre quelques unes de ces lames lorsqu’on les sépare. » \\ \\ )] ;
-« Nous supposons, dit-il, les feuilles flottantes sur la superficie d’une eau qui, dans ses agitations, étoit encore plus chargée d’un limon bitumineux qu’elle avoit détrempé, que du sel dont elle étoit naturellement imprégnée. Ce limon a couvert la surface de ces feuilles flottantes, y a été retenu par la quantité de nervures dont elles sont traversées, s’y est uni si intimement à elles qu’elles en ont pris jusqu’aux moindres vestiges, et y ont acquis d’autant plus de consistance que ces feuilles, par la qualité de leur tissu serré, ont résisté plus long-temps à la corruption. Comme néanmoins elles se sont enfin pourries, et que le limon qui les couvroit n’a pu manquer de se précipiter soit par la soustraction du corps qui le soutenoit, soit parceque, devenu par cette soustraction plus pénétrable à l’eau, il s’est trouvé plus pesant ; c’est dans cette précipitation que ces lames limoneuses tombant sur les surfaces unies d’un limon détrempé, y ont marqué la figure des feuilles dont elles avoient conservé l’empreinte. \\ +
-L’explication de ce mécanisme rend sensible la singularité de la représentation d’une seule et même face de ces feuilles de plantes en relief sur une lame, et en creux sur celle qui lui est opposée : ce qui arrive de la même manière qu’un cachet, imprimé en relief sur une lame de terre, se rend en creux sur une autre lame molle sur laquelle celle-là es appliquée. \\ +
-L’on ne peut pas dire que l’une soit celle du revers de la feuille, tandis que l’autre est celle du dessus, puisque cette feuille ayant été pourrie, est devenue incapable d’imprimer ce revers ; sa pourriture est si certaine, que sa substance ayant changé, a teint ces empreintes en noir, et ce qui est resté attaché à cette lame n’a rendu tout au plus que quelques empreintes moins parfaites, parceque ce superflu a rempli la gravure de l’impression, et s’y trouve aujourd’hui en poudre entre quelques unes de ces lames lorsqu’on les sépare. » \\ \\ )] ;+
 \\ <BOOKMARK:v083>[[3-083|083]]<tab> Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage. \\ <BOOKMARK:v083>[[3-083|083]]<tab> Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage.
 \\ <BOOKMARK:v084>[[3-084|084]]<tab> Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage, \\ <BOOKMARK:v084>[[3-084|084]]<tab> Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage,
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 \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines, \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines,
 \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis, \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis,
-\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(<tab>Aux voyageurs encore en fait de longs récits. \\ \\ Ces accidents sont assez fréquents, mais ils sont peu considérables, ou, arrivant dans des endroits non habités, ils sont bientôt oubliés, et souvent même inconnus. On trouve de ces faits dans l’histoire ancienne : Pausanias en cite un au sujet de la ville Idée, au pied du mont Sipyle. Un exemple des plus frappants dans ce genre est la destruction du magnifique bourg de Pleurs, riche par ses fonds de terre, par le commerce et l’industrie de ses habitants, environné de belles maisons de campagne, et situé dans la Valteline au pied du mont Conto. Le 6 septembre 1718, après des pluies abondantes, par une nuit calme et un temps serein, tout-à-coup la montagne s’entr-ouvrit, tomba sur ce bourg, l’abyma, et ensevelit tout vifs ou écrasa sous ses ruines deux mille quatre cent trente habitants, qui formoient sa population ; pas un seul n’échappa. La montagne enveloppa dans sa chûte le village de Schilano, composé de soixante et dix-huit feux, et couvrit une lieue quarrée de ses débris. Leurs voisins, les habitants de Chiavenne, furent surpris de voir à sec leur rivière, dont les eaux avoient été interceptées par la montagne en débris. La description de ce funeste événement se trouve dans l’Histoire naturelle de la Suisse, par Scheuchzer, en deux planches gravées : le bourg, tel qu’il étoit, se trouve sur l’une ; on voit sur l’autre la contrée telle qu’elle existe depuis l’écroulement. A la description de la catastrophe de Pleurs, que donne Robert dans son Voyage dans les treize cantons suisses, etc., il ajoute celle de la chûte de la partie supérieure de la montagne du Diableret, arrivée dans le Valais en 1714 ; et il cite un pareil événement arrivé précédemment dans le Valais en 1534, et qui fit périr deux villages. \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(<tab>Aux voyageurs encore en fait de longs récits. \\ \\ [[3-4-A|A]] Ces accidents sont assez fréquents, mais ils sont peu considérables, ou, arrivant dans des endroits non habités, ils sont bientôt oubliés, et souvent même inconnus. On trouve de ces faits dans l’histoire ancienne : Pausanias en cite un au sujet de la ville Idée, au pied du mont Sipyle. Un exemple des plus frappants dans ce genre est la destruction du magnifique bourg de Pleurs, riche par ses fonds de terre, par le commerce et l’industrie de ses habitants, environné de belles maisons de campagne, et situé dans la Valteline au pied du mont Conto. Le 6 septembre 1718, après des pluies abondantes, par une nuit calme et un temps serein, tout-à-coup la montagne s’entr-ouvrit, tomba sur ce bourg, l’abyma, et ensevelit tout vifs ou écrasa sous ses ruines deux mille quatre cent trente habitants, qui formoient sa population ; pas un seul n’échappa. La montagne enveloppa dans sa chûte le village de Schilano, composé de soixante et dix-huit feux, et couvrit une lieue quarrée de ses débris. Leurs voisins, les habitants de Chiavenne, furent surpris de voir à sec leur rivière, dont les eaux avoient été interceptées par la montagne en débris. La description de ce funeste événement se trouve dans l’Histoire naturelle de la Suisse, par Scheuchzer, en deux planches gravées : le bourg, tel qu’il étoit, se trouve sur l’une ; on voit sur l’autre la contrée telle qu’elle existe depuis l’écroulement. A la description de la catastrophe de Pleurs, que donne Robert dans son Voyage dans les treize cantons suisses, etc., il ajoute celle de la chûte de la partie supérieure de la montagne du Diableret, arrivée dans le Valais en 1714 ; et il cite un pareil événement arrivé précédemment dans le Valais en 1534, et qui fit périr deux villages. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes
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 \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ; \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ;
 \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines
-\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(<tab>L’observateur le suit d’un regard curieux. \\ \\ Personne n’a écrit sur cet objet d’une manière plus lumineuse que M. Rouenne, beau-père du célèbre Darcet, professeur au collége de France, l’un des plus fameux chimistes de l’Europe, et auteur de plusieurs mémoires excellents sur différents objets d’histoire naturelle, et particulièrement sur les montagnes. (//Note de l’auteur.//) \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(<tab>L’observateur le suit d’un regard curieux. \\ \\  [[3-5-A|A]] Personne n’a écrit sur cet objet d’une manière plus lumineuse que M. Rouenne, beau-père du célèbre Darcet, professeur au collége de France, l’un des plus fameux chimistes de l’Europe, et auteur de plusieurs mémoires excellents sur différents objets d’histoire naturelle, et particulièrement sur les montagnes. (//Note de l’auteur.//) \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ; \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ;
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 \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ; \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ;
 \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main, \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main,
-\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(<tab>A vu sa dernière heure et son dernier festin. \\ \\ Il seroit inutile de rappeler au lecteur la découverte qui a été faite dans ces derniers temps des villes de Pompeïa et d’Herculanum, englouties lors de la fameuse éruption du Vésuve décrite par Pline le jeune. \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(<tab>A vu sa dernière heure et son dernier festin. \\ \\  [[3-6-A|A]] Il seroit inutile de rappeler au lecteur la découverte qui a été faite dans ces derniers temps des villes de Pompeïa et d’Herculanum, englouties lors de la fameuse éruption du Vésuve décrite par Pline le jeune. \\ \\ )].
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-\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(<tab>Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages, etc. +\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(<tab>Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages, etc. \\ \\  [[3-7-A|A]] Les Epoques de la nature sont l’ouvrage le plus étonnant qui ait paru dans le dix-huitième siècle ; aucun ne lui est comparable pour la grandeur des idées, l’étendue des connoissances, la majesté du style : nul écrivain n’a réuni autant de faits dans un aussi court espace, et n’a mieux  montré la dépendance des phénomènes particuliers des lois générales. S’il n’a pas trouvé la vraie manière dont notre systême planétaire a été formé, on doit au moins convenir qu’il est impossible de mieux lier tous les faits, toutes les observations, toutes les lois de la nature, avec une supposition, si toutefois on peut appeler supposition une idée qui dans cet immortel ouvrage ne paroit être qu’une conséquence des faits ; conséquence étonnante, à la vérité, mais arrachée par la force des analogies, et réclamée par toutes les lois qui maintiennent l’ordre admirable de l’univers. \\ [[3-7-B|B]] En déroulant les archives du monde, Buffon a été frappé des grands et nombreux monuments qu’elles renferment. Il n’y a que l’éloquence du Pline français qui soit comparable à celle avec laquelle ces monuments déposent des changements arrivés au globe : il les a examinés ; et aidé d’une connoissance profonde des lois de la nature, et de la manière dont avec le temps elles modifient les êtres, il a conclu de leur état actuel les différents états où ils ont été : il s’en est servi comme d’échelons pour remonter les siècles ; et, les suivant toujours sur la route éternelle du temps, il indique les divers changements qu’ils ont éprouvés dans les différents âges du monde. Quoique la terre soit composée d’une immense quantité de substances différentes, aucune n’a échappé à ce vaste et puissant génie ; elles paroissent les unes après les autres, et semblent raconter toutes les révolutions qu’elles ont éprouvées depuis leur origine jusqu’à nos jours. \\ \\ )], 
- +\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(<tab>Eleva sept fanaux sur l’océan des âges. \\ \\ [[3-8-A|A]] L’auteur craint que ce vers ne soit une réminiscence, et se croit obligé d’en avertir le lecteur. (//Note de l’auteur.//) \\ \\ )],
-Les Epoques de la nature sont l’ouvrage le plus étonnant qui ait paru dans le dix-huitième siècle ; aucun ne lui est comparable pour la grandeur des idées, l’étendue des connoissances, la majesté du style : nul écrivain n’a réuni autant de faits dans un aussi court espace, et n’a mieux  montré la dépendance des phénomènes particuliers des lois générales. S’il n’a pas trouvé la vraie manière dont notre systême planétaire a été formé, on doit au moins convenir qu’il est impossible de mieux lier tous les faits, toutes les observations, toutes les lois de la nature, avec une supposition, si toutefois on peut appeler supposition une idée qui dans cet immortel ouvrage ne paroit être qu’une conséquence des faits ; conséquence étonnante, à la vérité, mais arrachée par la force des analogies, et réclamée par toutes les lois qui maintiennent l’ordre admirable de l’univers. \\ En déroulant les archives du monde, Buffon a été frappé des grands et nombreux monuments qu’elles renferment. Il n’y a que l’éloquence du Pline français qui soit comparable à celle avec laquelle ces monuments déposent des changements arrivés au globe : il les a examinés ; et aidé d’une connoissance profonde des lois de la nature, et de la manière dont avec le temps elles modifient les êtres, il a conclu de leur état actuel les différents états où ils ont été : il s’en est servi comme d’échelons pour remonter les siècles ; et, les suivant toujours sur la route éternelle du temps, il indique les divers changements qu’ils ont éprouvés dans les différents âges du monde. Quoique la terre soit composée d’une immense quantité de substances différentes, aucune n’a échappé à ce vaste et puissant génie ; elles paroissent les unes après les autres, et semblent raconter toutes les révolutions qu’elles ont éprouvées depuis leur origine jusqu’à nos jours. \\ \\ )], +
-\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(<tab>Eleva sept fanaux sur l’océan des âges. \\ \\ L’auteur craint que ce vers ne soit une réminiscence, et se croit obligé d’en avertir le lecteur. (//Note de l’auteur.//) \\ \\ )],+
 \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers, \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers,
 \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers ! \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers !
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 \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain, \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain,
 \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture, \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture,
-\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(<tab>Par ses ambassadeurs courtisa la nature. \\ \\ Plusieurs naturalistes ont reproché à Buffon d’avoir trop peu voyagé, trop peu vu par lui-même. Le nombre prodigieux des mémoires qu’il se procuroit sur les différents objets de son travail ne pouvoit le dédommager des connoissances qu’il auroit acquises sur les lieux, et des impressions qu’il auroit reçues des objets mêmes. Il ne faut pas cependant trop étendre ce reproche ; car si pour écrire l’histoire du monde il falloit avoir tout vu par ses yeux, les connoissances des générations passées seroient inutiles, les recherches, les voyages des savants seroient superflus. Buffon a consulté tous les naturalistes anciens et modernes. Si, comme lui, tous n’ont pas été doués de cette étendue de génie qui embrasse l’univers, le plus grand nombre a été capable d’en décrire exactement quelque partie : chacun d’eux avoit mis sur la place quelques matériaux, comme on amoncelle confusément les pierres, les bois et les marbres destinés à la construction d’un grand édifice. Buffon arrive ; il s’en empare, il les met chacun à leur place ; et devenant l’architecte du monde, il déchire le voile qui cachoit la nature, et la montre au genre humain telle qu’elle a été et telle qu’elle est. Mieux vaut qu’il ait bàti l’édifice que d’être allé chercher au loin quelque pièce nouvelle, qui, si elle est trouvée, aura sûrement sa place dans le temple magnifique qu’il a élevé. \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(<tab>Par ses ambassadeurs courtisa la nature. \\ \\ [[3-9-A|A]] Plusieurs naturalistes ont reproché à Buffon d’avoir trop peu voyagé, trop peu vu par lui-même. Le nombre prodigieux des mémoires qu’il se procuroit sur les différents objets de son travail ne pouvoit le dédommager des connoissances qu’il auroit acquises sur les lieux, et des impressions qu’il auroit reçues des objets mêmes. Il ne faut pas cependant trop étendre ce reproche ; car si pour écrire l’histoire du monde il falloit avoir tout vu par ses yeux, les connoissances des générations passées seroient inutiles, les recherches, les voyages des savants seroient superflus. Buffon a consulté tous les naturalistes anciens et modernes. Si, comme lui, tous n’ont pas été doués de cette étendue de génie qui embrasse l’univers, le plus grand nombre a été capable d’en décrire exactement quelque partie : chacun d’eux avoit mis sur la place quelques matériaux, comme on amoncelle confusément les pierres, les bois et les marbres destinés à la construction d’un grand édifice. Buffon arrive ; il s’en empare, il les met chacun à leur place ; et devenant l’architecte du monde, il déchire le voile qui cachoit la nature, et la montre au genre humain telle qu’elle a été et telle qu’elle est. Mieux vaut qu’il ait bàti l’édifice que d’être allé chercher au loin quelque pièce nouvelle, qui, si elle est trouvée, aura sûrement sa place dans le temple magnifique qu’il a élevé. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux, \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux,
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 \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ; \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ;
 \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde, \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde,
-\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(<tab>L’histoire de ce grain est l’histoire du monde. \\ \\ Si on examine avec un peu d’attention les marbres, les pierres, les craies, etc., on voit qu’elles contiennent encore des coquilles ou des détriments de coquilles très reconnoissables, et en si grande quantité qu’on ne peut douter qu’elles ne forment la base de toutes les substances calcaires. En y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de croire que le plus puissant moyen que la nature ait employé pour la formation de ces substances ne soit le //filtre// de ces animaux à coquilles, dont les facultés digestives ont la propriété de convertir l’eau en pierre ; car toutes les coquilles formées par la sécrétion ou l’exsudation de ces animaux sont de véritables pierres, qui, soumises à l’analyse chimique, donnent les mêmes résultats que celles qu’on tire des carrières. L’esprit a de la peine à se familiariser avec la prodigieuse quantité de ces animaux à coquilles, nécessaire pour la formation de toutes les substances calcaires ; aussi est-ce de tous les phénomènes que présente l’histoire du monde celui qui a le plus étonné les naturalistes : ils ont trouvé des couches et des amas immenses de coquillages dans toutes les parties de la terre ; ils en ont vu sur les montagnes à quinze cents toises au-dessus du niveau de la mer, et dans les plaines les plus éloignées du séjour naturel de ces animaux, à cent et deux cents pieds de profondeur. Tous les bancs de pierres calcaires, de marbre, de craie, de plâtre, etc. paroissent composés des débris de ces animaux marins ; c’est par lieues quarrées, c’est par provinces, qu’il faut estimer leur nombre. « Tout nous démontre, dit Buffon, que la pierre calcaire, produite par l’intermède de l’eau, est un des plus étonnants ouvrages de la nature, et en même temps un des plus universels : il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait enfantée dans sa première fécondité ; cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux, et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux et produisent la matière calcaire, sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature, puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des ressifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Toutes les isles basses du tropique austral semblent, dit M. Forster, avoir été produites par des polypes de mer ; une des isles basses découverte par M. Bougainville, quoiqu’à moitié submergée, parut à M. Forster n’être qu’un grand banc de corail de vingt lieues de tour ; les bords de l’isle sauvage, l’une des Amies, ne sont que des rochers de productions de polypes. \\ +\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(<tab>L’histoire de ce grain est l’histoire du monde. \\ \\ [[3-10-A|A]] Si on examine avec un peu d’attention les marbres, les pierres, les craies, etc., on voit qu’elles contiennent encore des coquilles ou des détriments de coquilles très reconnoissables, et en si grande quantité qu’on ne peut douter qu’elles ne forment la base de toutes les substances calcaires. En y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de croire que le plus puissant moyen que la nature ait employé pour la formation de ces substances ne soit le //filtre// de ces animaux à coquilles, dont les facultés digestives ont la propriété de convertir l’eau en pierre ; car toutes les coquilles formées par la sécrétion ou l’exsudation de ces animaux sont de véritables pierres, qui, soumises à l’analyse chimique, donnent les mêmes résultats que celles qu’on tire des carrières. L’esprit a de la peine à se familiariser avec la prodigieuse quantité de ces animaux à coquilles, nécessaire pour la formation de toutes les substances calcaires ; aussi est-ce de tous les phénomènes que présente l’histoire du monde celui qui a le plus étonné les naturalistes : ils ont trouvé des couches et des amas immenses de coquillages dans toutes les parties de la terre ; ils en ont vu sur les montagnes à quinze cents toises au-dessus du niveau de la mer, et dans les plaines les plus éloignées du séjour naturel de ces animaux, à cent et deux cents pieds de profondeur. Tous les bancs de pierres calcaires, de marbre, de craie, de plâtre, etc. paroissent composés des débris de ces animaux marins ; c’est par lieues quarrées, c’est par provinces, qu’il faut estimer leur nombre. « Tout nous démontre, dit Buffon, que la pierre calcaire, produite par l’intermède de l’eau, est un des plus étonnants ouvrages de la nature, et en même temps un des plus universels : il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait enfantée dans sa première fécondité ; cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux, et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux et produisent la matière calcaire, sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature, puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des ressifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Toutes les isles basses du tropique austral semblent, dit M. Forster, avoir été produites par des polypes de mer ; une des isles basses découverte par M. Bougainville, quoiqu’à moitié submergée, parut à M. Forster n’être qu’un grand banc de corail de vingt lieues de tour ; les bords de l’isle sauvage, l’une des Amies, ne sont que des rochers de productions de polypes. \\ 
-Qu’on se représente pour un instant, dit encore Buffon, le nombre des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous comprendre, de ces animaux à transsudation pierreuse ; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer que ne l’est sur la terre le nombre des espèces d’insectes : qu’on se représente ensuite leur prompt accroissement, leur prodigieuse multiplication, le peu de durée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans ; qu’ensuite on considère qu’il faut multiplier par cinquante ou soixante le nombre presque immense de tous les individus de ce genre pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans ; qu’enfin on considère que ce bloc, déjà si gros, de matière pierreuse doit être augmenté d’autant de pareils blocs qu’il y a de fois dix dans tous les siècles qui se sont écoulés depuis le commencement du monde, et l’on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité, d’abord repoussante, que toutes nos collines, tous les rochers de pierres calcaires, de marbres, de craies, etc. ne viennent originairement que de la dépouille de ces animaux. » \\ +[[3-10-B|B]] Qu’on se représente pour un instant, dit encore Buffon, le nombre des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous comprendre, de ces animaux à transsudation pierreuse ; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer que ne l’est sur la terre le nombre des espèces d’insectes : qu’on se représente ensuite leur prompt accroissement, leur prodigieuse multiplication, le peu de durée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans ; qu’ensuite on considère qu’il faut multiplier par cinquante ou soixante le nombre presque immense de tous les individus de ce genre pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans ; qu’enfin on considère que ce bloc, déjà si gros, de matière pierreuse doit être augmenté d’autant de pareils blocs qu’il y a de fois dix dans tous les siècles qui se sont écoulés depuis le commencement du monde, et l’on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité, d’abord repoussante, que toutes nos collines, tous les rochers de pierres calcaires, de marbres, de craies, etc. ne viennent originairement que de la dépouille de ces animaux. » \\ 
-Mais comment des animaux qui ne peuvent vivre et se multiplier qu’au sein des ondes ont-ils formé par leurs dépouilles la majeure partie des matières qui recouvrent le continent ? Ce fait incontestable ne peut être expliqué qu’en adoptant l’opinion des naturalistes qui pensent que ces mêmes continents ont été couverts par les eaux dans les premiers âges du monde, et que pendant une longue suite de siècles les animaux marins y ont vécu et multiplié comme ils vivent et multiplient aujourd’hui dans les mers ; peut-être même y étoient-ils en plus grande abondance : probablement les espèces étoient plus nombreuses ; car parmi les dépouilles de ces animaux il en est un grand nombre dont on ne retrouve plus les analogues vivants. Sans doute que dans sa première jeunesse la nature travailloit la matière vivante avec plus d’énergie, puisque parmi ces mêmes dépouilles on trouve des espèces gigantesques qui n’existent plus. +[[3-10-C|C]] Mais comment des animaux qui ne peuvent vivre et se multiplier qu’au sein des ondes ont-ils formé par leurs dépouilles la majeure partie des matières qui recouvrent le continent ? Ce fait incontestable ne peut être expliqué qu’en adoptant l’opinion des naturalistes qui pensent que ces mêmes continents ont été couverts par les eaux dans les premiers âges du monde, et que pendant une longue suite de siècles les animaux marins y ont vécu et multiplié comme ils vivent et multiplient aujourd’hui dans les mers ; peut-être même y étoient-ils en plus grande abondance : probablement les espèces étoient plus nombreuses ; car parmi les dépouilles de ces animaux il en est un grand nombre dont on ne retrouve plus les analogues vivants. Sans doute que dans sa première jeunesse la nature travailloit la matière vivante avec plus d’énergie, puisque parmi ces mêmes dépouilles on trouve des espèces gigantesques qui n’existent plus. \\ 
-En examinant avec un peu plus d’attention la manière dont les chaînes de montagnes sont sillonnées, on ne peut s’empêcher de croire qu’elles doivent leurs formes et leurs contours aux courants des eaux ; les angles saillants qui correspondent exactement aux angles rentrants dans les montagnes opposées en sont une probabilité. Cette probabilité devient une certitude si on considère que les montagnes séparées par un vallon sont de la même hauteur ; qu’elles sont composées de couches de matières placées horizontalement, ou également inclinées les unes sur les autres, et de la même épaisseur ; que dans les montagnes ou collines opposées les substances de même nature se trouvent à la même hauteur, c’est-à-dire que si à droite on trouve à cinquante toises un banc de marbre ou d’ardoise, ce banc de marbre ou d’ardoise se retrouve à la même hauteur et dans les mêmes dimensions dans la montagne à gauche. Si l’on remarque que toutes les couches de terres, de sables, de pierres calcaires, d’argiles, de marbres, de graviers, de craies, de plâtres, etc. sont ou composées des dépouilles d’animaux à coquilles, ou renferment des plantes marines, des squelettes de poissons marins, etc. ; que les coquilles sont dans les marbres et les pierres les plus dures aussi bien que dans les craies, les plâtres et les terres ; qu’elles sont incorporées dans ces matières et remplies des substances qui les environnent ; on ne pourra guère douter du séjour des eaux sur nos continents, où elles ont produit les mêmes effets qui se passent aujourd’hui au sein des mers. Régulièrement soulevées et abaissées deux fois le jour par les forces attractives de la lune et du soleil ; agitées par les vents alizés, les eaux ont formé des courants qui ont sillonné les montagnes en creusant les vallées, de manière que par-tout où il y aura un angle rentrant il s’en trouve vis-à-vis un saillant dans la montagne opposée. A chaque mouvement de flux et de reflux, les eaux, chargées des matières qu’elles détachent et qu’elles transportent quelquefois à de grandes distances, les ont déposées en forme de sédiments. Ces sédiments multipliés ont formé des couches, qui, parce que l’eau tend toujours à se mettre de niveau, sont horizontales ou également inclinées, selon la disposition de la base qui les a reçues. Ces couches ont été mélangées de différentes substances marines que les eaux ont apportées avec les autres matières. Les coquillages étant les plus abondants ont dominé dans la composition de ces couches ; ils se sont remplis des matières environnantes, et se sont pétrifiées dans ces matières, lorsque, par quelqu’une de ces révolutions physiques dont parle l’histoire du monde, les eaux se sont retirées, et ont laissé les continents à découvert. Alors ces matières se sont peu-à-peu déchargées des eaux dont elles étoient saturées ; en se desséchant leur volume a diminué ; elles se sont fendues, et ces fentes ont dû se faire dans la direction de la force de pesanteur ; c’est-à-dire perpendiculaire à l’horizon : c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les bancs de pierre, de marbre, etc., qui sont tous divisés par des fentes perpendiculaires qui les traversent dans toute leur épaisseur. \\ \\ )].+[[3-10-D|D]] En examinant avec un peu plus d’attention la manière dont les chaînes de montagnes sont sillonnées, on ne peut s’empêcher de croire qu’elles doivent leurs formes et leurs contours aux courants des eaux ; les angles saillants qui correspondent exactement aux angles rentrants dans les montagnes opposées en sont une probabilité. Cette probabilité devient une certitude si on considère que les montagnes séparées par un vallon sont de la même hauteur ; qu’elles sont composées de couches de matières placées horizontalement, ou également inclinées les unes sur les autres, et de la même épaisseur ; que dans les montagnes ou collines opposées les substances de même nature se trouvent à la même hauteur, c’est-à-dire que si à droite on trouve à cinquante toises un banc de marbre ou d’ardoise, ce banc de marbre ou d’ardoise se retrouve à la même hauteur et dans les mêmes dimensions dans la montagne à gauche. Si l’on remarque que toutes les couches de terres, de sables, de pierres calcaires, d’argiles, de marbres, de graviers, de craies, de plâtres, etc. sont ou composées des dépouilles d’animaux à coquilles, ou renferment des plantes marines, des squelettes de poissons marins, etc. ; que les coquilles sont dans les marbres et les pierres les plus dures aussi bien que dans les craies, les plâtres et les terres ; qu’elles sont incorporées dans ces matières et remplies des substances qui les environnent ; on ne pourra guère douter du séjour des eaux sur nos continents, où elles ont produit les mêmes effets qui se passent aujourd’hui au sein des mers. Régulièrement soulevées et abaissées deux fois le jour par les forces attractives de la lune et du soleil ; agitées par les vents alizés, les eaux ont formé des courants qui ont sillonné les montagnes en creusant les vallées, de manière que par-tout où il y aura un angle rentrant il s’en trouve vis-à-vis un saillant dans la montagne opposée. A chaque mouvement de flux et de reflux, les eaux, chargées des matières qu’elles détachent et qu’elles transportent quelquefois à de grandes distances, les ont déposées en forme de sédiments. Ces sédiments multipliés ont formé des couches, qui, parce que l’eau tend toujours à se mettre de niveau, sont horizontales ou également inclinées, selon la disposition de la base qui les a reçues. Ces couches ont été mélangées de différentes substances marines que les eaux ont apportées avec les autres matières. Les coquillages étant les plus abondants ont dominé dans la composition de ces couches ; ils se sont remplis des matières environnantes, et se sont pétrifiées dans ces matières, lorsque, par quelqu’une de ces révolutions physiques dont parle l’histoire du monde, les eaux se sont retirées, et ont laissé les continents à découvert. Alors ces matières se sont peu-à-peu déchargées des eaux dont elles étoient saturées ; en se desséchant leur volume a diminué ; elles se sont fendues, et ces fentes ont dû se faire dans la direction de la force de pesanteur ; c’est-à-dire perpendiculaire à l’horizon : c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les bancs de pierre, de marbre, etc., qui sont tous divisés par des fentes perpendiculaires qui les traversent dans toute leur épaisseur. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs, \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs,
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 \\ <BOOKMARK:v236>[[3-236|236]]<tab> Leur or, leurs bataillons, et leurs flottes entières ; \\ <BOOKMARK:v236>[[3-236|236]]<tab> Leur or, leurs bataillons, et leurs flottes entières ;
 \\ <BOOKMARK:v237>[[3-237|237]]<tab> Tantôt, avec Linnée enfoncé sous les eaux, \\ <BOOKMARK:v237>[[3-237|237]]<tab> Tantôt, avec Linnée enfoncé sous les eaux,
-\\ <BOOKMARK:v238>[[3-238|238]]<tab> Vous cherchez ces forêts de //fucus//, de roseaux[(<tab>Vous cherchez ces forêts de fucus, de roseaux. \\ \\ On désigne ici sous les noms de fucus et de roseaux toutes les plantes qui croissent sous les eaux sans le contact immédiat de l’air, ou celles qui ne participent aux influences de l’atmosphère que par leurs sommités, et dont les racines sont constamment submergées : elles sont connues sous les noms d’//algue//, de //varec//, de //goëmons//, de //sargazo//, d’//herbes flottantes//, de //roseaux//, de //joncs//, de //bambous//, etc. \\ L’histoire naturelle de ces plantes est devenue singulièrement intéressante par les recherches et les découvertes de plusieurs naturalistes célèbres, qui ont fait connoître la manière dont elles croissent et se reproduisent, qui ont exactement décrit leurs formes variées, et dépeint les nuances de leurs couleurs, comme on peut le voir dans les ouvrages de Linné, Adanson, Klein, Donati, et dans les Mémoires de Réaumur, lus à l’académie des sciences en 1711 et 1712. \\ On sait que ces plantes ne croissent que sur les plages basses de la mer, comme sur les côtes, sur les collines et les montagnes sous-marines ; qu’elles ne se trouvent point dans les hautes mers : seroit-ce parce que les rayons du soleil ne pénètrent pas jusqu’à ces profondeurs ? Quoi qu’il en soit, c’est un fait que cette espèce de végétation s’établit sur les côtes et dans les mers basses, comme la mer Pacifique, la mer Atlantique, à la Guyane, au cap de Bonne-Espérance, dans l’Archipel indien, dans la mer de Corée, etc. Ces plantes se trouvent quelquefois en si grande abondance, qu’elles gênent et même arrêtent les vaisseaux dans leur route. La navigation de plusieurs fleuves est impraticable à cause des forêts de joncs et de bambous qui les obstruent. \\ L’homme, qui met à contribution toute la nature pour augmenter ses jouissances, a su tirer parti de tous ces végétaux : dans quelques uns, qui renferment des parties sucrées, il a trouvé un aliment agréable ; d’autres ont été employés à la nourriture des bestiaux : il s’en est servi pour couvrir sa maison, pour former des clôtures, etc. Ceux dont la fibre s’est trouvée forte, souple et élastique, ont été apprêtés et filés en cordages. La médecine a recherché les propriétés salutaires de ces végétaux, et plusieurs expériences ont réussi. Il en est, comme les //algues//, qui résistent long-temps à la corruption, et qui par cette raison entrent avec avantage dans la composition des digues. En brûlant les //algues// elles donnent un sel abondant, qu’on emploie utilement pour accélérer la fusion du sel vitrifiable. Par la combustion de toutes ces plantes on obtient un sel connu dans le commerce sous le nom de //soude//, qui s’emploie le plus ordinairement au blanchissage des toiles. \\ Cette végétation marine favorise la multiplication des poissons, qui y déposent leur frai ; elle nourrit une grande quantité d’insectes, qui deviennent la pâture des jeunes habitants des eaux ; ceux-ci, en filtrant dans les détours de ces forêts sous-marines, échappent à la voracité des tyrans des mers. Peut-être même que cette végétation aquatique purifie l’élément liquide, comme la végétation terrestre purifie l’atmosphère. Après avoir rempli ces différentes destinations dans l’économie de la nature, ces végétaux se détachent du sol qui les a vu naître ; ils sont emportés par les vagues, et, inutiles aux habitants des eaux, l’océan, par ses oscillations constantes, les porte sur les côtés, en forme des amas, dont l’homme tire le plus grand avantage en les employant comme engrais. Par une suite des lois admirables de la nature, ces plantes ne sont pas plutôt livrées aux influences de l’air et de la chaleur qu’elles entrent en fermentation ; elles se décomposent et deviennent un terreau, qui, répandu sur les champs, les fertilise en rendant la végétation plus active et plus vigoureuse. C’est ainsi que la nature fournit à l’homme des moyens de rajeunir son domaine épuisé par les dons fréquents qu’il en a reçus ; c’est ainsi que la fécondité de la terre ne vieillit pas, et qu’elle promet aux générations suivantes des subsistances toujours assurées. \\ Des naturalistes pensent que la plupart des bancs de houille, de tourbe, et même de charbons de terre, ne sont autre chose que des amas de ces végétaux pourris et entassés. Les substances marines, les coquillages, les empreintes des poissons, etc. qu’on y remarque, paroissent justifier ces conjectures. On voit que le père du genre humain, dans la formation de l’univers, a prévu que les végétaux du continent ne suffiroient pas aux différents besoins des hommes, et qu’il leur a ménagé pendant des milliers de siècles ces amas de matières combustibles propres à entretenir le feu actuel, si nécessaire à la vie et au bonheur de ses enfants. \\ \\ )],+\\ <BOOKMARK:v238>[[3-238|238]]<tab> Vous cherchez ces forêts de //fucus//, de roseaux[(<tab>Vous cherchez ces forêts de fucus, de roseaux. \\ \\ [[3-11-A|A]] On désigne ici sous les noms de fucus et de roseaux toutes les plantes qui croissent sous les eaux sans le contact immédiat de l’air, ou celles qui ne participent aux influences de l’atmosphère que par leurs sommités, et dont les racines sont constamment submergées : elles sont connues sous les noms d’//algue//, de //varec//, de //goëmons//, de //sargazo//, d’//herbes flottantes//, de //roseaux//, de //joncs//, de //bambous//, etc. \\ [[3-11-B|B]] L’histoire naturelle de ces plantes est devenue singulièrement intéressante par les recherches et les découvertes de plusieurs naturalistes célèbres, qui ont fait connoître la manière dont elles croissent et se reproduisent, qui ont exactement décrit leurs formes variées, et dépeint les nuances de leurs couleurs, comme on peut le voir dans les ouvrages de Linné, Adanson, Klein, Donati, et dans les Mémoires de Réaumur, lus à l’académie des sciences en 1711 et 1712. \\ [[3-11-C|C]] On sait que ces plantes ne croissent que sur les plages basses de la mer, comme sur les côtes, sur les collines et les montagnes sous-marines ; qu’elles ne se trouvent point dans les hautes mers : seroit-ce parce que les rayons du soleil ne pénètrent pas jusqu’à ces profondeurs ? Quoi qu’il en soit, c’est un fait que cette espèce de végétation s’établit sur les côtes et dans les mers basses, comme la mer Pacifique, la mer Atlantique, à la Guyane, au cap de Bonne-Espérance, dans l’Archipel indien, dans la mer de Corée, etc. Ces plantes se trouvent quelquefois en si grande abondance, qu’elles gênent et même arrêtent les vaisseaux dans leur route. La navigation de plusieurs fleuves est impraticable à cause des forêts de joncs et de bambous qui les obstruent. \\ [[3-11-D|D]] L’homme, qui met à contribution toute la nature pour augmenter ses jouissances, a su tirer parti de tous ces végétaux : dans quelques uns, qui renferment des parties sucrées, il a trouvé un aliment agréable ; d’autres ont été employés à la nourriture des bestiaux : il s’en est servi pour couvrir sa maison, pour former des clôtures, etc. Ceux dont la fibre s’est trouvée forte, souple et élastique, ont été apprêtés et filés en cordages. La médecine a recherché les propriétés salutaires de ces végétaux, et plusieurs expériences ont réussi. Il en est, comme les //algues//, qui résistent long-temps à la corruption, et qui par cette raison entrent avec avantage dans la composition des digues. En brûlant les //algues// elles donnent un sel abondant, qu’on emploie utilement pour accélérer la fusion du sel vitrifiable. Par la combustion de toutes ces plantes on obtient un sel connu dans le commerce sous le nom de //soude//, qui s’emploie le plus ordinairement au blanchissage des toiles. \\ [[3-11-E|E]] Cette végétation marine favorise la multiplication des poissons, qui y déposent leur frai ; elle nourrit une grande quantité d’insectes, qui deviennent la pâture des jeunes habitants des eaux ; ceux-ci, en filtrant dans les détours de ces forêts sous-marines, échappent à la voracité des tyrans des mers. Peut-être même que cette végétation aquatique purifie l’élément liquide, comme la végétation terrestre purifie l’atmosphère. Après avoir rempli ces différentes destinations dans l’économie de la nature, ces végétaux se détachent du sol qui les a vu naître ; ils sont emportés par les vagues, et, inutiles aux habitants des eaux, l’océan, par ses oscillations constantes, les porte sur les côtés, en forme des amas, dont l’homme tire le plus grand avantage en les employant comme engrais. Par une suite des lois admirables de la nature, ces plantes ne sont pas plutôt livrées aux influences de l’air et de la chaleur qu’elles entrent en fermentation ; elles se décomposent et deviennent un terreau, qui, répandu sur les champs, les fertilise en rendant la végétation plus active et plus vigoureuse. C’est ainsi que la nature fournit à l’homme des moyens de rajeunir son domaine épuisé par les dons fréquents qu’il en a reçus ; c’est ainsi que la fécondité de la terre ne vieillit pas, et qu’elle promet aux générations suivantes des subsistances toujours assurées. \\ [[3-11-F|F]] Des naturalistes pensent que la plupart des bancs de houille, de tourbe, et même de charbons de terre, ne sont autre chose que des amas de ces végétaux pourris et entassés. Les substances marines, les coquillages, les empreintes des poissons, etc. qu’on y remarque, paroissent justifier ces conjectures. On voit que le père du genre humain, dans la formation de l’univers, a prévu que les végétaux du continent ne suffiroient pas aux différents besoins des hommes, et qu’il leur a ménagé pendant des milliers de siècles ces amas de matières combustibles propres à entretenir le feu actuel, si nécessaire à la vie et au bonheur de ses enfants. \\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v239>[[3-239|239]]<tab> De la Flore des mers invisible héritage, \\ <BOOKMARK:v239>[[3-239|239]]<tab> De la Flore des mers invisible héritage,
 \\ <BOOKMARK:v240>[[3-240|240]]<tab> Qui ne viennent à nous qu’apportés par l’orage ; \\ <BOOKMARK:v240>[[3-240|240]]<tab> Qui ne viennent à nous qu’apportés par l’orage ;
 \\ <BOOKMARK:v241>[[3-241|241]]<tab> Éponges, polypiers, madrépores, coraux, \\ <BOOKMARK:v241>[[3-241|241]]<tab> Éponges, polypiers, madrépores, coraux,
-\\ <BOOKMARK:v242>[[3-242|242]]<tab> Des insectes des mers miraculeux travaux[(<tab>Des insectes des mers miraculeux travaux. \\ \\ C’est de nos jours seulement que les naturalistes ont enfin découvert l’origine de ces substances marines. De très bons observateurs, comme M. de Marsigli, avoient rangé les matières pierreuses qui composent l’habitation des polypes de mer dans le règne végétal, et parmi les plantes sous-marines. Mais, d’après les observations de MM. Peyssonel, Réaumur et Jussieu, on ne peut douter aujourd’hui que les coraux, les corallines, les litophytes, les eschares, les alcyons, les éponges, et toutes les variétés nombreuses des madrépores, ne soient des cellules de diverses espèces de vers-insectes qui se multiplient avec une abondance incalculable, de manière que chacune des cellules loge un insecte, comme chacune des alvéoles de la ruche loge une abeille, et que toute la masse des polypiers divers est pour les républiques de ces différents insectes ce que la ruche est pour la république des abeilles, avec cette différence cependant que l’alvéole n’est pas absolument nécessaire à l’existence de l’abeille, au lieu que les vers-insectes, générateurs des polypiers, ne peuvent vivre sans leur cellule ; elle est aussi nécessaire à leur existence que la coquille l’est à la vie de l’huître. \\ Les formes variées de ces ruches calcaires, les rameaux dont elles se composent, qui souvent, à la manière des plantes, sont postés sur un seul tronc, avoient séduit les naturalistes, qui ont pris les bras du polype pour des étamines, ses œufs pour des graines, et les polypiers pour des plantes. Cependant ces prétendues plantes sont sans racines ; elles sont fixées sur des corps durs par une substance glutino-pierreuse, et elles font effervescence avec les acides, comme toutes les matières calcaires. La composition de ces prétendues plantes décèle qu’elles ont pris leur accroissement par juxta-position, et non pas par intus-susception, comme les végétaux ; et les animaux vivants qu’elles renferment déposent assez énergiquement contre l’erreur des premières observations. \\ On peut d’ailleurs se rendre raison de la manière dont les différentes branches des polypiers ont pu se former. Que quelques uns de ces insectes innombrables qui suent la pierre, de l’espèce qui forme le corail, par exemple, aient établi leur demeure sur le coin d’un rocher, ils auront d’abord élevé un bloc de corail nécessaire à leur existence, et qui se sera durci à mesure qu’avec le temps ces animaux auront transpiré la matière qui le compose ; ils se seront multipliés, et leur demeure sera devenue insuffisante : les générations nouvelles auront été obligées de se construire de nouvelles habitations, et, prenant pour base le premier bloc construit par les fondateurs de la colonie, ils se seront écartés à droite, à gauche, dans tous les sens, selon qu’ils auront été plus ou moins nombreux ; ce qui a pu produire ces différents rameaux qui partent du même tronc : les premiers habitants eux-mêmes auront été obligés de quitter leur première demeure, dont la capacité diminue à chaque instant, en se solidifiant par l’exsudation constante de ces animaux, qui disparoît à la fin totalement, comme on peut s’en convaincre en rompant les parties du polypier naturellement abandonnées. \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v242>[[3-242|242]]<tab> Des insectes des mers miraculeux travaux[(<tab>Des insectes des mers miraculeux travaux. \\ \\ [[3-12-A|A]] C’est de nos jours seulement que les naturalistes ont enfin découvert l’origine de ces substances marines. De très bons observateurs, comme M. de Marsigli, avoient rangé les matières pierreuses qui composent l’habitation des polypes de mer dans le règne végétal, et parmi les plantes sous-marines. Mais, d’après les observations de MM. Peyssonel, Réaumur et Jussieu, on ne peut douter aujourd’hui que les coraux, les corallines, les litophytes, les eschares, les alcyons, les éponges, et toutes les variétés nombreuses des madrépores, ne soient des cellules de diverses espèces de vers-insectes qui se multiplient avec une abondance incalculable, de manière que chacune des cellules loge un insecte, comme chacune des alvéoles de la ruche loge une abeille, et que toute la masse des polypiers divers est pour les républiques de ces différents insectes ce que la ruche est pour la république des abeilles, avec cette différence cependant que l’alvéole n’est pas absolument nécessaire à l’existence de l’abeille, au lieu que les vers-insectes, générateurs des polypiers, ne peuvent vivre sans leur cellule ; elle est aussi nécessaire à leur existence que la coquille l’est à la vie de l’huître. \\ [[3-12-B|B]] Les formes variées de ces ruches calcaires, les rameaux dont elles se composent, qui souvent, à la manière des plantes, sont postés sur un seul tronc, avoient séduit les naturalistes, qui ont pris les bras du polype pour des étamines, ses œufs pour des graines, et les polypiers pour des plantes. Cependant ces prétendues plantes sont sans racines ; elles sont fixées sur des corps durs par une substance glutino-pierreuse, et elles font effervescence avec les acides, comme toutes les matières calcaires. La composition de ces prétendues plantes décèle qu’elles ont pris leur accroissement par juxta-position, et non pas par intus-susception, comme les végétaux ; et les animaux vivants qu’elles renferment déposent assez énergiquement contre l’erreur des premières observations. \\ [[3-12-C|C]] On peut d’ailleurs se rendre raison de la manière dont les différentes branches des polypiers ont pu se former. Que quelques uns de ces insectes innombrables qui suent la pierre, de l’espèce qui forme le corail, par exemple, aient établi leur demeure sur le coin d’un rocher, ils auront d’abord élevé un bloc de corail nécessaire à leur existence, et qui se sera durci à mesure qu’avec le temps ces animaux auront transpiré la matière qui le compose ; ils se seront multipliés, et leur demeure sera devenue insuffisante : les générations nouvelles auront été obligées de se construire de nouvelles habitations, et, prenant pour base le premier bloc construit par les fondateurs de la colonie, ils se seront écartés à droite, à gauche, dans tous les sens, selon qu’ils auront été plus ou moins nombreux ; ce qui a pu produire ces différents rameaux qui partent du même tronc : les premiers habitants eux-mêmes auront été obligés de quitter leur première demeure, dont la capacité diminue à chaque instant, en se solidifiant par l’exsudation constante de ces animaux, qui disparoît à la fin totalement, comme on peut s’en convaincre en rompant les parties du polypier naturellement abandonnées. \\ \\ )].
 \\ <BOOKMARK:v243>[[3-243|243]]<tab> Que de fleuves obscurs y dérobent leur source ! \\ <BOOKMARK:v243>[[3-243|243]]<tab> Que de fleuves obscurs y dérobent leur source !
 \\ <BOOKMARK:v244>[[3-244|244]]<tab> Que de fleuves fameux y terminent leur course ! \\ <BOOKMARK:v244>[[3-244|244]]<tab> Que de fleuves fameux y terminent leur course !
 \\ <BOOKMARK:v245>[[3-245|245]]<tab> Tantôt avec effroi vous y suivez de l’œil  \\ <BOOKMARK:v245>[[3-245|245]]<tab> Tantôt avec effroi vous y suivez de l’œil 
-\\ <BOOKMARK:v246>[[3-246|246]]<tab> Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil[(<tab>Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil. \\ \\ Ces monstrueuses baleines, ces cachalots, qui abondent non seulement dans les mers du nord où l’on va à leur pêche, mais encore dans d’autres mers, et dont la majeure partie est encore si peu connue. Parmi ces grandes espèces marines il en est une, réputée fabuleuse à la vérité par plusieurs écrivains, mais dont l’existence a cependant été rendue probable d’après les différentes relations de plusieurs auteurs modernes dignes de foi ; c’est le fameux //kraken//, dont néanmoins les dimensions ont pu être grossies par la peur. Le grand poulpe de mer, //sepia octopedia//, parvient aussi à une grosseur monstrueuse. Pourquoi dans les mers peu fréquentées ne pourroit-il pas parvenir à un accroissement extraordinaire, comme dans certains pays des serpents parviennent à une taille gigantesque ? \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v246>[[3-246|246]]<tab> Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil[(<tab>Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil. \\ \\ [[3-13-A|A]] Ces monstrueuses baleines, ces cachalots, qui abondent non seulement dans les mers du nord où l’on va à leur pêche, mais encore dans d’autres mers, et dont la majeure partie est encore si peu connue. Parmi ces grandes espèces marines il en est une, réputée fabuleuse à la vérité par plusieurs écrivains, mais dont l’existence a cependant été rendue probable d’après les différentes relations de plusieurs auteurs modernes dignes de foi ; c’est le fameux //kraken//, dont néanmoins les dimensions ont pu être grossies par la peur. Le grand poulpe de mer, //sepia octopedia//, parvient aussi à une grosseur monstrueuse. Pourquoi dans les mers peu fréquentées ne pourroit-il pas parvenir à un accroissement extraordinaire, comme dans certains pays des serpents parviennent à une taille gigantesque ? \\ \\ )].
 \\ <BOOKMARK:v247>[[3-247|247]]<tab> Souvent avec Buffon vos yeux y viennent lire \\ <BOOKMARK:v247>[[3-247|247]]<tab> Souvent avec Buffon vos yeux y viennent lire
 \\ <BOOKMARK:v248>[[3-248|248]]<tab> Les révolutions de ce bruyant empire, \\ <BOOKMARK:v248>[[3-248|248]]<tab> Les révolutions de ce bruyant empire,
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 \\ <BOOKMARK:v340>[[3-340|340]]<tab> Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde ; \\ <BOOKMARK:v340>[[3-340|340]]<tab> Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde ;
 \\ <BOOKMARK:v341>[[3-341|341]]<tab> A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers. \\ <BOOKMARK:v341>[[3-341|341]]<tab> A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers.
-\\ <BOOKMARK:v342>[[3-342|342]]<tab> Salut, pompeux Jura[(<tab>//Salut, pompeux Jura !// \\ \\ Le Jura est un des rameaux principaux des Alpes, qui de la Cluse au voisinage du lac de Genève prend sa direction vers le nord, et s’étend entre la France et la Suisse ; il produit la chaîne des Vosges ; celles-ci en s’abaissant se perdent dans les montagnes des Ardennes, qui expirent aux plaines des Pays-Bas. Peut-être les montagnes de la Forêt-Noire sont-elles encore une prolongation du Jura. \\ \\ )], terrible Montanverts[(<tab>//Terrible Montanvert !// \\ \\ « Entre la France et la belle Italie, je vois réunies les horreurs des deux pôles et l’image de la nature telle qu’elle a dû être au sortir du chaos ; des monts sourcilleux, décharnés, déchirés du haut en bas, crevassés, fracturés dans toute leur étendue, menaçant les cieux de leurs cimes chenues, paroissent défier la fureur des éléments réunis et la marche destructive du temps.... Au bas de ces monts, que vois-je encore ? l’image d’une mer en courroux qu’un gel subit auroit saisie, une vaste étendue d’une glace solide épaisse de plusieurs centaines de pieds ! Mes regards étonnés en suivent les ondes, les couches, les crevasses, et je vois ces glaces énormes se prolonger au loin et se joindre à d’autres masses de glaces qui couvrent les sommets. Nous voilà transportés dans la nouvelle //Zemble//, dans un autre //Spitzberg//, pays perdus pour les hommes : comment se peut-il que si loin des pôles, sous un ciel tempéré, nous retrouvions les mêmes phénomènes ? Description du Montanvert, par M. Bourrit, dans sa //Nouvelle description générale et particulière des glacières, vallées de glaces et glaciers qui forment la grande chaîne des Alpes de Suisse, d’Italie et de Savoie ;// tome III. \\ \\ )],+\\ <BOOKMARK:v342>[[3-342|342]]<tab> Salut, pompeux Jura[(<tab>//Salut, pompeux Jura !// \\ \\ [[3-14-A|A]] Le Jura est un des rameaux principaux des Alpes, qui de la Cluse au voisinage du lac de Genève prend sa direction vers le nord, et s’étend entre la France et la Suisse ; il produit la chaîne des Vosges ; celles-ci en s’abaissant se perdent dans les montagnes des Ardennes, qui expirent aux plaines des Pays-Bas. Peut-être les montagnes de la Forêt-Noire sont-elles encore une prolongation du Jura. \\ \\ )], terrible Montanverts[(<tab>//Terrible Montanvert !// \\ \\ [[3-15-A|A]] « Entre la France et la belle Italie, je vois réunies les horreurs des deux pôles et l’image de la nature telle qu’elle a dû être au sortir du chaos ; des monts sourcilleux, décharnés, déchirés du haut en bas, crevassés, fracturés dans toute leur étendue, menaçant les cieux de leurs cimes chenues, paroissent défier la fureur des éléments réunis et la marche destructive du temps.... Au bas de ces monts, que vois-je encore ? l’image d’une mer en courroux qu’un gel subit auroit saisie, une vaste étendue d’une glace solide épaisse de plusieurs centaines de pieds ! Mes regards étonnés en suivent les ondes, les couches, les crevasses, et je vois ces glaces énormes se prolonger au loin et se joindre à d’autres masses de glaces qui couvrent les sommets. Nous voilà transportés dans la nouvelle //Zemble//, dans un autre //Spitzberg//, pays perdus pour les hommes : comment se peut-il que si loin des pôles, sous un ciel tempéré, nous retrouvions les mêmes phénomènes ? Description du Montanvert, par M. Bourrit, dans sa //Nouvelle description générale et particulière des glacières, vallées de glaces et glaciers qui forment la grande chaîne des Alpes de Suisse, d’Italie et de Savoie ;// tome III. \\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v343>[[3-343|343]]<tab> De neiges, de glaçons entassements énormes, \\ <BOOKMARK:v343>[[3-343|343]]<tab> De neiges, de glaçons entassements énormes,
 \\ <BOOKMARK:v344>[[3-344|344]]<tab> Du temple des frimas colonnades informes, \\ <BOOKMARK:v344>[[3-344|344]]<tab> Du temple des frimas colonnades informes,
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 \\ <BOOKMARK:v375>[[3-375|375]]<tab> De malheur en malheur sa chûte se consomme : \\ <BOOKMARK:v375>[[3-375|375]]<tab> De malheur en malheur sa chûte se consomme :
 \\ <BOOKMARK:v376>[[3-376|376]]<tab> Tyr n’est plus, Thèbes meurt, et les yeux cherchent Rome ! \\ <BOOKMARK:v376>[[3-376|376]]<tab> Tyr n’est plus, Thèbes meurt, et les yeux cherchent Rome !
-\\ <BOOKMARK:v377>[[3-377|377]]<tab> O France, ô ma patrie ! ô séjour de douleurs[(<tab>O France, ô ma patrie ! ô séjour de douleur ! \\ \\ Ce morceau a été écrit en 1793. \\ \\ )] !+\\ <BOOKMARK:v377>[[3-377|377]]<tab> O France, ô ma patrie ! ô séjour de douleurs[(<tab>O France, ô ma patrie ! ô séjour de douleur ! \\ \\ [[3-16-A|A]] Ce morceau a été écrit en 1793. \\ \\ )] !
 \\ <BOOKMARK:v378>[[3-378|378]]<tab> Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs. \\ <BOOKMARK:v378>[[3-378|378]]<tab> Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs.
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