chant3

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révisionLes deux révisions suivantes
chant3 [2017/01/31 00:25] Timothée Léchotchant3 [2017/01/31 00:30] Timothée Léchot
Ligne 243: Ligne 243:
 \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ; \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ;
 \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde, \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde,
-\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(L’histoire de ce grain est l’histoire du monde. \\ \\ Si on examine avec un peu d’attention les marbres, les pierres, les craies, etc., on voit qu’elles contiennent encore des coquilles ou des détriments de coquilles très reconnoissables, et en si grande quantité qu’on ne peut douter qu’elles ne forment la base de toutes les substances calcaires. En y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de croire que le plus puissant moyen que la nature ait employé pour la formation de ces substances ne soit le //filtre// de ces animaux à coquilles, dont les facultés digestives ont la propriété de convertir l’eau en pierre ; car toutes les coquilles formées par la sécrétion ou l’exsudation de ces animaux sont de véritables pierres, qui, soumises à l’analyse chimique, donnent les mêmes résultats que celles qu’on tire des carrières. L’esprit a de la peine à se familiariser avec la prodigieuse quantité de ces animaux à coquilles, nécessaire pour la formation de toutes les substances calcaires ; aussi est-ce de tous les phénomènes que présente l’histoire du monde celui qui a le plus étonné les naturalistes : ils ont trouvé des couches et des amas immenses de coquillages dans toutes les parties de la terre ; ils en ont vu sur les montagnes à quinze cents toises au-dessus du niveau de la mer, et dans les plaines les plus éloignées du séjour naturel de ces animaux, à cent et deux cents pieds de profondeur. Tous les bancs de pierres calcaires, de marbre, de craie, de plâtre, etc. paroissent composés des débris de ces animaux marins ; c’est par lieues quarrées, c’est par provinces, qu’il faut estimer leur nombre. « Tout nous démontre, dit Buffon, que la pierre calcaire, produite par l’intermède de l’eau, est un des plus étonnants ouvrages de la nature, et en même temps un des plus universels : il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait enfantée dans sa première fécondité ; cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux, et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux et produisent la matière calcaire, sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature, puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des ressifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Toutes les isles basses du tropique austral semblent, dit M. Forster, avoir été produites par des polypes de mer ; une des isles basses découverte par M. Bougainville, quoiqu’à moitié submergée, parut à M. Forster n’être qu’un grand banc de corail de vingt lieues de tour ; les bords de l’isle sauvage, l’une des Amies, ne sont que des rochers de productions de polypes. \\ 
 +Qu’on se représente pour un instant, dit encore Buffon, le nombre des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous comprendre, de ces animaux à transsudation pierreuse ; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer que ne l’est sur la terre le nombre des espèces d’insectes : qu’on se représente ensuite leur prompt accroissement, leur prodigieuse multiplication, le peu de durée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans ; qu’ensuite on considère qu’il faut multiplier par cinquante ou soixante le nombre presque immense de tous les individus de ce genre pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans ; qu’enfin on considère que ce bloc, déjà si gros, de matière pierreuse doit être augmenté d’autant de pareils blocs qu’il y a de fois dix dans tous les siècles qui se sont écoulés depuis le commencement du monde, et l’on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité, d’abord repoussante, que toutes nos collines, tous les rochers de pierres calcaires, de marbres, de craies, etc. ne viennent originairement que de la dépouille de ces animaux. » \\ 
 +Mais comment des animaux qui ne peuvent vivre et se multiplier qu’au sein des ondes ont-ils formé par leurs dépouilles la majeure partie des matières qui recouvrent le continent ? Ce fait incontestable ne peut être expliqué qu’en adoptant l’opinion des naturalistes qui pensent que ces mêmes continents ont été couverts par les eaux dans les premiers âges du monde, et que pendant une longue suite de siècles les animaux marins y ont vécu et multiplié comme ils vivent et multiplient aujourd’hui dans les mers ; peut-être même y étoient-ils en plus grande abondance : probablement les espèces étoient plus nombreuses ; car parmi les dépouilles de ces animaux il en est un grand nombre dont on ne retrouve plus les analogues vivants. Sans doute que dans sa première jeunesse la nature travailloit la matière vivante avec plus d’énergie, puisque parmi ces mêmes dépouilles on trouve des espèces gigantesques qui n’existent plus. 
 +En examinant avec un peu plus d’attention la manière dont les chaînes de montagnes sont sillonnées, on ne peut s’empêcher de croire qu’elles doivent leurs formes et leurs contours aux courants des eaux ; les angles saillants qui correspondent exactement aux angles rentrants dans les montagnes opposées en sont une probabilité. Cette probabilité devient une certitude si on considère que les montagnes séparées par un vallon sont de la même hauteur ; qu’elles sont composées de couches de matières placées horizontalement, ou également inclinées les unes sur les autres, et de la même épaisseur ; que dans les montagnes ou collines opposées les substances de même nature se trouvent à la même hauteur, c’est-à-dire que si à droite on trouve à cinquante toises un banc de marbre ou d’ardoise, ce banc de marbre ou d’ardoise se retrouve à la même hauteur et dans les mêmes dimensions dans la montagne à gauche. Si l’on remarque que toutes les couches de terres, de sables, de pierres calcaires, d’argiles, de marbres, de graviers, de craies, de plâtres, etc. sont ou composées des dépouilles d’animaux à coquilles, ou renferment des plantes marines, des squelettes de poissons marins, etc. ; que les coquilles sont dans les marbres et les pierres les plus dures aussi bien que dans les craies, les plâtres et les terres ; qu’elles sont incorporées dans ces matières et remplies des substances qui les environnent ; on ne pourra guère douter du séjour des eaux sur nos continents, où elles ont produit les mêmes effets qui se passent aujourd’hui au sein des mers. Régulièrement soulevées et abaissées deux fois le jour par les forces attractives de la lune et du soleil ; agitées par les vents alizés, les eaux ont formé des courants qui ont sillonné les montagnes en creusant les vallées, de manière que par-tout où il y aura un angle rentrant il s’en trouve vis-à-vis un saillant dans la montagne opposée. A chaque mouvement de flux et de reflux, les eaux, chargées des matières qu’elles détachent et qu’elles transportent quelquefois à de grandes distances, les ont déposées en forme de sédiments. Ces sédiments multipliés ont formé des couches, qui, parce que l’eau tend toujours à se mettre de niveau, sont horizontales ou également inclinées, selon la disposition de la base qui les a reçues. Ces couches ont été mélangées de différentes substances marines que les eaux ont apportées avec les autres matières. Les coquillages étant les plus abondants ont dominé dans la composition de ces couches ; ils se sont remplis des matières environnantes, et se sont pétrifiées dans ces matières, lorsque, par quelqu’une de ces révolutions physiques dont parle l’histoire du monde, les eaux se sont retirées, et ont laissé les continents à découvert. Alors ces matières se sont peu-à-peu déchargées des eaux dont elles étoient saturées ; en se desséchant leur volume a diminué ; elles se sont fendues, et ces fentes ont dû se faire dans la direction de la force de pesanteur ; c’est-à-dire perpendiculaire à l’horizon : c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les bancs de pierre, de marbre, etc., qui sont tous divisés par des fentes perpendiculaires qui les traversent dans toute leur épaisseur. \\ \\ )].
 \\  \\
 \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs, \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs,