chant3

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentes Révision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
Prochaine révisionLes deux révisions suivantes
chant3 [2017/01/31 00:09] Timothée Léchotchant3 [2017/01/31 00:37] Timothée Léchot
Ligne 116: Ligne 116:
 \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines, \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines,
 \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis, \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis,
-\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(Aux voyageurs encore en fait de longs récits. \\ \\ Ces accidents sont assez fréquents, mais ils sont peu considérables, ou, arrivant dans des endroits non habités, ils sont bientôt oubliés, et souvent même inconnus. On trouve de ces faits dans l’histoire ancienne : Pausanias en cite un au sujet de la ville Idée, au pied du mont Sipyle. Un exemple des plus frappants dans ce genre est la destruction du magnifique bourg de Pleurs, riche par ses fonds de terre, par le commerce et l’industrie de ses habitants, environné de belles maisons de campagne, et situé dans la Valteline au pied du mont Conto. Le 6 septembre 1718, après des pluies abondantes, par une nuit calme et un temps serein, tout-à-coup la montagne s’entr-ouvrit, tomba sur ce bourg, l’abyma, et ensevelit tout vifs ou écrasa sous ses ruines deux mille quatre cent trente habitants, qui formoient sa population ; pas un seul n’échappa. La montagne enveloppa dans sa chûte le village de Schilano, composé de soixante et dix-huit feux, et couvrit une lieue quarrée de ses débris. Leurs voisins, les habitants de Chiavenne, furent surpris de voir à sec leur rivière, dont les eaux avoient été interceptées par la montagne en débris. La description de ce funeste événement se trouve dans l’Histoire naturelle de la Suisse, par Scheuchzer, en deux planches gravées : le bourg, tel qu’il étoit, se trouve sur l’une ; on voit sur l’autre la contrée telle qu’elle existe depuis l’écroulement. A la description de la catastrophe de Pleurs, que donne Robert dans son Voyage dans les treize cantons suisses, etc., il ajoute celle de la chûte de la partie supérieure de la montagne du Diableret, arrivée dans le Valais en 1714 ; et il cite un pareil événement arrivé précédemment dans le Valais en 1534, et qui fit périr deux villages. \\ \\ )].
 \\  \\
 \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes
Ligne 137: Ligne 137:
 \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ; \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ;
 \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines
-\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(L’observateur le suit d’un regard curieux. \\ \\ Personne n’a écrit sur cet objet d’une manière plus lumineuse que M. Rouenne, beau-père du célèbre Darcet, professeur au collége de France, l’un des plus fameux chimistes de l’Europe, et auteur de plusieurs mémoires excellents sur différents objets d’histoire naturelle, et particulièrement sur les montagnes. (//Note de l’auteur.//\\ \\ )].
 \\  \\
 \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ; \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ;
Ligne 192: Ligne 192:
 \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ; \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ;
 \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main, \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main,
-\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(A vu sa dernière heure et son dernier festin. \\ \\ Il seroit inutile de rappeler au lecteur la découverte qui a été faite dans ces derniers temps des villes de Pompeïa et d’Herculanum, englouties lors de la fameuse éruption du Vésuve décrite par Pline le jeune. \\ \\ )].
 \\  \\
-\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(1234567890 \\ \\ )], +\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages, etc. 
-\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(1234567890 \\ \\ )],+ 
 +Les Epoques de la nature sont l’ouvrage le plus étonnant qui ait paru dans le dix-huitième siècle ; aucun ne lui est comparable pour la grandeur des idées, l’étendue des connoissances, la majesté du style : nul écrivain n’a réuni autant de faits dans un aussi court espace, et n’a mieux  montré la dépendance des phénomènes particuliers des lois générales. S’il n’a pas trouvé la vraie manière dont notre systême planétaire a été formé, on doit au moins convenir qu’il est impossible de mieux lier tous les faits, toutes les observations, toutes les lois de la nature, avec une supposition, si toutefois on peut appeler supposition une idée qui dans cet immortel ouvrage ne paroit être qu’une conséquence des faits ; conséquence étonnante, à la vérité, mais arrachée par la force des analogies, et réclamée par toutes les lois qui maintiennent l’ordre admirable de l’univers. \\ En déroulant les archives du monde, Buffon a été frappé des grands et nombreux monuments qu’elles renferment. Il n’y a que l’éloquence du Pline français qui soit comparable à celle avec laquelle ces monuments déposent des changements arrivés au globe : il les a examinés ; et aidé d’une connoissance profonde des lois de la nature, et de la manière dont avec le temps elles modifient les êtres, il a conclu de leur état actuel les différents états où ils ont été : il s’en est servi comme d’échelons pour remonter les siècles ; et, les suivant toujours sur la route éternelle du temps, il indique les divers changements qu’ils ont éprouvés dans les différents âges du monde. Quoique la terre soit composée d’une immense quantité de substances différentes, aucune n’a échappé à ce vaste et puissant génie ; elles paroissent les unes après les autres, et semblent raconter toutes les révolutions qu’elles ont éprouvées depuis leur origine jusqu’à nos jours. \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(Eleva sept fanaux sur l’océan des âges. \\ \\ L’auteur craint que ce vers ne soit une réminiscence, et se croit obligé d’en avertir le lecteur. (//Note de l’auteur.//\\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers, \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers,
 \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers ! \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers !
Ligne 203: Ligne 205:
 \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain, \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain,
 \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture, \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture,
-\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(Par ses ambassadeurs courtisa la nature. \\ \\ Plusieurs naturalistes ont reproché à Buffon d’avoir trop peu voyagé, trop peu vu par lui-même. Le nombre prodigieux des mémoires qu’il se procuroit sur les différents objets de son travail ne pouvoit le dédommager des connoissances qu’il auroit acquises sur les lieux, et des impressions qu’il auroit reçues des objets mêmes. Il ne faut pas cependant trop étendre ce reproche ; car si pour écrire l’histoire du monde il falloit avoir tout vu par ses yeux, les connoissances des générations passées seroient inutiles, les recherches, les voyages des savants seroient superflus. Buffon a consulté tous les naturalistes anciens et modernes. Si, comme lui, tous n’ont pas été doués de cette étendue de génie qui embrasse l’univers, le plus grand nombre a été capable d’en décrire exactement quelque partie : chacun d’eux avoit mis sur la place quelques matériaux, comme on amoncelle confusément les pierres, les bois et les marbres destinés à la construction d’un grand édifice. Buffon arrive ; il s’en empare, il les met chacun à leur place ; et devenant l’architecte du monde, il déchire le voile qui cachoit la nature, et la montre au genre humain telle qu’elle a été et telle qu’elle est. Mieux vaut qu’il ait bàti l’édifice que d’être allé chercher au loin quelque pièce nouvelle, qui, si elle est trouvée, aura sûrement sa place dans le temple magnifique qu’il a élevé. \\ \\ )].
 \\  \\
 \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux, \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux,
Ligne 241: Ligne 243:
 \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ; \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ;
 \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde, \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde,
-\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(L’histoire de ce grain est l’histoire du monde. \\ \\ Si on examine avec un peu d’attention les marbres, les pierres, les craies, etc., on voit qu’elles contiennent encore des coquilles ou des détriments de coquilles très reconnoissables, et en si grande quantité qu’on ne peut douter qu’elles ne forment la base de toutes les substances calcaires. En y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de croire que le plus puissant moyen que la nature ait employé pour la formation de ces substances ne soit le //filtre// de ces animaux à coquilles, dont les facultés digestives ont la propriété de convertir l’eau en pierre ; car toutes les coquilles formées par la sécrétion ou l’exsudation de ces animaux sont de véritables pierres, qui, soumises à l’analyse chimique, donnent les mêmes résultats que celles qu’on tire des carrières. L’esprit a de la peine à se familiariser avec la prodigieuse quantité de ces animaux à coquilles, nécessaire pour la formation de toutes les substances calcaires ; aussi est-ce de tous les phénomènes que présente l’histoire du monde celui qui a le plus étonné les naturalistes : ils ont trouvé des couches et des amas immenses de coquillages dans toutes les parties de la terre ; ils en ont vu sur les montagnes à quinze cents toises au-dessus du niveau de la mer, et dans les plaines les plus éloignées du séjour naturel de ces animaux, à cent et deux cents pieds de profondeur. Tous les bancs de pierres calcaires, de marbre, de craie, de plâtre, etc. paroissent composés des débris de ces animaux marins ; c’est par lieues quarrées, c’est par provinces, qu’il faut estimer leur nombre. « Tout nous démontre, dit Buffon, que la pierre calcaire, produite par l’intermède de l’eau, est un des plus étonnants ouvrages de la nature, et en même temps un des plus universels : il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait enfantée dans sa première fécondité ; cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux, et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux et produisent la matière calcaire, sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature, puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des ressifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Toutes les isles basses du tropique austral semblent, dit M. Forster, avoir été produites par des polypes de mer ; une des isles basses découverte par M. Bougainville, quoiqu’à moitié submergée, parut à M. Forster n’être qu’un grand banc de corail de vingt lieues de tour ; les bords de l’isle sauvage, l’une des Amies, ne sont que des rochers de productions de polypes. \\ 
 +Qu’on se représente pour un instant, dit encore Buffon, le nombre des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous comprendre, de ces animaux à transsudation pierreuse ; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer que ne l’est sur la terre le nombre des espèces d’insectes : qu’on se représente ensuite leur prompt accroissement, leur prodigieuse multiplication, le peu de durée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans ; qu’ensuite on considère qu’il faut multiplier par cinquante ou soixante le nombre presque immense de tous les individus de ce genre pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans ; qu’enfin on considère que ce bloc, déjà si gros, de matière pierreuse doit être augmenté d’autant de pareils blocs qu’il y a de fois dix dans tous les siècles qui se sont écoulés depuis le commencement du monde, et l’on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité, d’abord repoussante, que toutes nos collines, tous les rochers de pierres calcaires, de marbres, de craies, etc. ne viennent originairement que de la dépouille de ces animaux. » \\ 
 +Mais comment des animaux qui ne peuvent vivre et se multiplier qu’au sein des ondes ont-ils formé par leurs dépouilles la majeure partie des matières qui recouvrent le continent ? Ce fait incontestable ne peut être expliqué qu’en adoptant l’opinion des naturalistes qui pensent que ces mêmes continents ont été couverts par les eaux dans les premiers âges du monde, et que pendant une longue suite de siècles les animaux marins y ont vécu et multiplié comme ils vivent et multiplient aujourd’hui dans les mers ; peut-être même y étoient-ils en plus grande abondance : probablement les espèces étoient plus nombreuses ; car parmi les dépouilles de ces animaux il en est un grand nombre dont on ne retrouve plus les analogues vivants. Sans doute que dans sa première jeunesse la nature travailloit la matière vivante avec plus d’énergie, puisque parmi ces mêmes dépouilles on trouve des espèces gigantesques qui n’existent plus. 
 +En examinant avec un peu plus d’attention la manière dont les chaînes de montagnes sont sillonnées, on ne peut s’empêcher de croire qu’elles doivent leurs formes et leurs contours aux courants des eaux ; les angles saillants qui correspondent exactement aux angles rentrants dans les montagnes opposées en sont une probabilité. Cette probabilité devient une certitude si on considère que les montagnes séparées par un vallon sont de la même hauteur ; qu’elles sont composées de couches de matières placées horizontalement, ou également inclinées les unes sur les autres, et de la même épaisseur ; que dans les montagnes ou collines opposées les substances de même nature se trouvent à la même hauteur, c’est-à-dire que si à droite on trouve à cinquante toises un banc de marbre ou d’ardoise, ce banc de marbre ou d’ardoise se retrouve à la même hauteur et dans les mêmes dimensions dans la montagne à gauche. Si l’on remarque que toutes les couches de terres, de sables, de pierres calcaires, d’argiles, de marbres, de graviers, de craies, de plâtres, etc. sont ou composées des dépouilles d’animaux à coquilles, ou renferment des plantes marines, des squelettes de poissons marins, etc. ; que les coquilles sont dans les marbres et les pierres les plus dures aussi bien que dans les craies, les plâtres et les terres ; qu’elles sont incorporées dans ces matières et remplies des substances qui les environnent ; on ne pourra guère douter du séjour des eaux sur nos continents, où elles ont produit les mêmes effets qui se passent aujourd’hui au sein des mers. Régulièrement soulevées et abaissées deux fois le jour par les forces attractives de la lune et du soleil ; agitées par les vents alizés, les eaux ont formé des courants qui ont sillonné les montagnes en creusant les vallées, de manière que par-tout où il y aura un angle rentrant il s’en trouve vis-à-vis un saillant dans la montagne opposée. A chaque mouvement de flux et de reflux, les eaux, chargées des matières qu’elles détachent et qu’elles transportent quelquefois à de grandes distances, les ont déposées en forme de sédiments. Ces sédiments multipliés ont formé des couches, qui, parce que l’eau tend toujours à se mettre de niveau, sont horizontales ou également inclinées, selon la disposition de la base qui les a reçues. Ces couches ont été mélangées de différentes substances marines que les eaux ont apportées avec les autres matières. Les coquillages étant les plus abondants ont dominé dans la composition de ces couches ; ils se sont remplis des matières environnantes, et se sont pétrifiées dans ces matières, lorsque, par quelqu’une de ces révolutions physiques dont parle l’histoire du monde, les eaux se sont retirées, et ont laissé les continents à découvert. Alors ces matières se sont peu-à-peu déchargées des eaux dont elles étoient saturées ; en se desséchant leur volume a diminué ; elles se sont fendues, et ces fentes ont dû se faire dans la direction de la force de pesanteur ; c’est-à-dire perpendiculaire à l’horizon : c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les bancs de pierre, de marbre, etc., qui sont tous divisés par des fentes perpendiculaires qui les traversent dans toute leur épaisseur. \\ \\ )].
 \\  \\
 \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs, \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs,
Ligne 261: Ligne 266:
 \\ <BOOKMARK:v236>[[3-236|236]]<tab> Leur or, leurs bataillons, et leurs flottes entières ; \\ <BOOKMARK:v236>[[3-236|236]]<tab> Leur or, leurs bataillons, et leurs flottes entières ;
 \\ <BOOKMARK:v237>[[3-237|237]]<tab> Tantôt, avec Linnée enfoncé sous les eaux, \\ <BOOKMARK:v237>[[3-237|237]]<tab> Tantôt, avec Linnée enfoncé sous les eaux,
-\\ <BOOKMARK:v238>[[3-238|238]]<tab> Vous cherchez ces forêts de fucus, de roseaux[(1234567890 \\ \\ )],+\\ <BOOKMARK:v238>[[3-238|238]]<tab> Vous cherchez ces forêts de //fucus//, de roseaux[(Vous cherchez ces forêts de fucus, de roseaux. \\ \\ On désigne ici sous les noms de fucus et de roseaux toutes les plantes qui croissent sous les eaux sans le contact immédiat de l’air, ou celles qui ne participent aux influences de l’atmosphère que par leurs sommités, et dont les racines sont constamment submergées : elles sont connues sous les noms d’//algue//, de //varec//, de //goëmons//, de //sargazo//, d’//herbes flottantes//, de //roseaux//, de //joncs//, de //bambous//, etc. \\ L’histoire naturelle de ces plantes est devenue singulièrement intéressante par les recherches et les découvertes de plusieurs naturalistes célèbres, qui ont fait connoître la manière dont elles croissent et se reproduisent, qui ont exactement décrit leurs formes variées, et dépeint les nuances de leurs couleurs, comme on peut le voir dans les ouvrages de Linné, Adanson, Klein, Donati, et dans les Mémoires de Réaumur, lus à l’académie des sciences en 1711 et 1712. \\ On sait que ces plantes ne croissent que sur les plages basses de la mer, comme sur les côtes, sur les collines et les montagnes sous-marines ; qu’elles ne se trouvent point dans les hautes mers : seroit-ce parce que les rayons du soleil ne pénètrent pas jusqu’à ces profondeurs ? Quoi qu’il en soit, c’est un fait que cette espèce de végétation s’établit sur les côtes et dans les mers basses, comme la mer Pacifique, la mer Atlantique, à la Guyane, au cap de Bonne-Espérance, dans l’Archipel indien, dans la mer de Corée, etc. Ces plantes se trouvent quelquefois en si grande abondance, qu’elles gênent et même arrêtent les vaisseaux dans leur route. La navigation de plusieurs fleuves est impraticable à cause des forêts de joncs et de bambous qui les obstruent. \\ L’homme, qui met à contribution toute la nature pour augmenter ses jouissances, a su tirer parti de tous ces végétaux : dans quelques uns, qui renferment des parties sucrées, il a trouvé un aliment agréable ; d’autres ont été employés à la nourriture des bestiaux : il s’en est servi pour couvrir sa maison, pour former des clôtures, etc. Ceux dont la fibre s’est trouvée forte, souple et élastique, ont été apprêtés et filés en cordages. La médecine a recherché les propriétés salutaires de ces végétaux, et plusieurs expériences ont réussi. Il en est, comme les //algues//, qui résistent long-temps à la corruption, et qui par cette raison entrent avec avantage dans la composition des digues. En brûlant les //algues// elles donnent un sel abondant, qu’on emploie utilement pour accélérer la fusion du sel vitrifiable. Par la combustion de toutes ces plantes on obtient un sel connu dans le commerce sous le nom de //soude//, qui s’emploie le plus ordinairement au blanchissage des toiles. \\ Cette végétation marine favorise la multiplication des poissons, qui y déposent leur frai ; elle nourrit une grande quantité d’insectes, qui deviennent la pâture des jeunes habitants des eaux ; ceux-ci, en filtrant dans les détours de ces forêts sous-marines, échappent à la voracité des tyrans des mers. Peut-être même que cette végétation aquatique purifie l’élément liquide, comme la végétation terrestre purifie l’atmosphère. Après avoir rempli ces différentes destinations dans l’économie de la nature, ces végétaux se détachent du sol qui les a vu naître ; ils sont emportés par les vagues, et, inutiles aux habitants des eaux, l’océan, par ses oscillations constantes, les porte sur les côtés, en forme des amas, dont l’homme tire le plus grand avantage en les employant comme engrais. Par une suite des lois admirables de la nature, ces plantes ne sont pas plutôt livrées aux influences de l’air et de la chaleur qu’elles entrent en fermentation ; elles se décomposent et deviennent un terreau, qui, répandu sur les champs, les fertilise en rendant la végétation plus active et plus vigoureuse. C’est ainsi que la nature fournit à l’homme des moyens de rajeunir son domaine épuisé par les dons fréquents qu’il en a reçus ; c’est ainsi que la fécondité de la terre ne vieillit pas, et qu’elle promet aux générations suivantes des subsistances toujours assurées. \\ Des naturalistes pensent que la plupart des bancs de houille, de tourbe, et même de charbons de terre, ne sont autre chose que des amas de ces végétaux pourris et entassés. Les substances marines, les coquillages, les empreintes des poissons, etc. qu’on y remarque, paroissent justifier ces conjectures. On voit que le père du genre humain, dans la formation de l’univers, a prévu que les végétaux du continent ne suffiroient pas aux différents besoins des hommes, et qu’il leur a ménagé pendant des milliers de siècles ces amas de matières combustibles propres à entretenir le feu actuel, si nécessaire à la vie et au bonheur de ses enfants. \\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v239>[[3-239|239]]<tab> De la Flore des mers invisible héritage, \\ <BOOKMARK:v239>[[3-239|239]]<tab> De la Flore des mers invisible héritage,
 \\ <BOOKMARK:v240>[[3-240|240]]<tab> Qui ne viennent à nous qu’apportés par l’orage ; \\ <BOOKMARK:v240>[[3-240|240]]<tab> Qui ne viennent à nous qu’apportés par l’orage ;