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chant3 [2017/01/28 01:36] Timothée Léchotchant3 [2017/01/31 00:30] Timothée Léchot
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 \\ <BOOKMARK:v074>[[3-074|074]]<tab> Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux, \\ <BOOKMARK:v074>[[3-074|074]]<tab> Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux,
 \\ <BOOKMARK:v075>[[3-075|075]]<tab> Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères \\ <BOOKMARK:v075>[[3-075|075]]<tab> Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères
-\\ <BOOKMARK:v076>[[3-076|076]]<tab> Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères[(Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères. \\ \\ Les empreintes que l’on trouve dans nos climats sur les schistes, qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd’hui : il s’y trouve, par exemple, des calamites , des écorces de palmiers de la forme la plus variée et la plus curieuse ; si l’on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c’est que dans cette classe extrêmement nombreuse il est un grand nombre d’espèces exotiques échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l’œil exercé du botaniste ne peut qu’à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les mémoires de l’académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays. Lemonnier, dans ses Observations d’histoire naturelle, croit avoir reconnu l’//osmunda regalis// sur un schiste d’une houillère d’Auvergne  ; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé  les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu’elles sont de l’espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l’une des empreintes venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, est l’//aspleniven nodosum// de l’Amérique méridionale ; et il existe un si grand nombre d’empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l’on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu’ils sont aujourd’hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur-tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l’appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l’ouvrage de Moraud sur les charbons de pierre, l’//Herbarium diluvianum// de Scheuchzer, la //Silesia subterranea// de Volckmann, et la belle suite d’empreintes que Mylius a publiées dans l’ouvrage intitulé //Memorabilia Saxoniæ subterranea//. \\ \\ )]+\\ <BOOKMARK:v076>[[3-076|076]]<tab> Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères[(Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères. \\ \\ Les empreintes que l’on trouve dans nos climats sur les schistes, qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd’hui : il s’y trouve, par exemple, des calamites, des écorces de palmiers de la forme la plus variée et la plus curieuse ; si l’on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c’est que dans cette classe extrêmement nombreuse il est un grand nombre d’espèces exotiques échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l’œil exercé du botaniste ne peut qu’à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les mémoires de l’académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays. Lemonnier, dans ses Observations d’histoire naturelle, croit avoir reconnu l’//osmunda regalis// sur un schiste d’une houillère d’Auvergne  ; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé  les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu’elles sont de l’espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l’une des empreintes venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, est l’//aspleniven nodosum// de l’Amérique méridionale ; et il existe un si grand nombre d’empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l’on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu’ils sont aujourd’hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur-tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l’appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l’ouvrage de Moraud sur les charbons de pierre, l’//Herbarium diluvianum// de Scheuchzer, la //Silesia subterranea// de Volckmann, et la belle suite d’empreintes que Mylius a publiées dans l’ouvrage intitulé //Memorabilia Saxoniæ subterranea//. \\ \\ )]
 \\ <BOOKMARK:v077>[[3-077|077]]<tab> Que des fleuves, des lacs, et des mers en courroux, \\ <BOOKMARK:v077>[[3-077|077]]<tab> Que des fleuves, des lacs, et des mers en courroux,
 \\ <BOOKMARK:v078>[[3-078|078]]<tab> Le roulement affreux apporta parmi nous : \\ <BOOKMARK:v078>[[3-078|078]]<tab> Le roulement affreux apporta parmi nous :
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 \\ <BOOKMARK:v080>[[3-080|080]]<tab> Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ; \\ <BOOKMARK:v080>[[3-080|080]]<tab> Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ;
 \\ <BOOKMARK:v081>[[3-081|081]]<tab> Souvent deux minces lits, léger travail des eaux, \\ <BOOKMARK:v081>[[3-081|081]]<tab> Souvent deux minces lits, léger travail des eaux,
-\\ <BOOKMARK:v082>[[3-082|082]]<tab> L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux[(1234567890 \\ \\ )] ;+\\ <BOOKMARK:v082>[[3-082|082]]<tab> L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux[(L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux. \\ \\ Jussieu, dans les Mémoires de l’académie de 1718, donne l’explication suivante de la raison pour laquelle, dans deux couches de schiste à empreintes séparées l’une de l’autre, on ne voit pas sur l’une l’impression de la page supérieure de la feuille, et sur l’autre celle de l’inférieure. \\  
 +« Nous supposons, dit-il, les feuilles flottantes sur la superficie d’une eau qui, dans ses agitations, étoit encore plus chargée d’un limon bitumineux qu’elle avoit détrempé, que du sel dont elle étoit naturellement imprégnée. Ce limon a couvert la surface de ces feuilles flottantes, y a été retenu par la quantité de nervures dont elles sont traversées, s’y est uni si intimement à elles qu’elles en ont pris jusqu’aux moindres vestiges, et y ont acquis d’autant plus de consistance que ces feuilles, par la qualité de leur tissu serré, ont résisté plus long-temps à la corruption. Comme néanmoins elles se sont enfin pourries, et que le limon qui les couvroit n’a pu manquer de se précipiter soit par la soustraction du corps qui le soutenoit, soit parceque, devenu par cette soustraction plus pénétrable à l’eau, il s’est trouvé plus pesant ; c’est dans cette précipitation que ces lames limoneuses tombant sur les surfaces unies d’un limon détrempé, y ont marqué la figure des feuilles dont elles avoient conservé l’empreinte. \\ 
 +L’explication de ce mécanisme rend sensible la singularité de la représentation d’une seule et même face de ces feuilles de plantes en relief sur une lame, et en creux sur celle qui lui est opposée : ce qui arrive de la même manière qu’un cachet, imprimé en relief sur une lame de terre, se rend en creux sur une autre lame molle sur laquelle celle-là es appliquée. \\ 
 +L’on ne peut pas dire que l’une soit celle du revers de la feuille, tandis que l’autre est celle du dessus, puisque cette feuille ayant été pourrie, est devenue incapable d’imprimer ce revers ; sa pourriture est si certaine, que sa substance ayant changé, a teint ces empreintes en noir, et ce qui est resté attaché à cette lame n’a rendu tout au plus que quelques empreintes moins parfaites, parceque ce superflu a rempli la gravure de l’impression, et s’y trouve aujourd’hui en poudre entre quelques unes de ces lames lorsqu’on les sépare. » \\ \\ )] ;
 \\ <BOOKMARK:v083>[[3-083|083]]<tab> Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage. \\ <BOOKMARK:v083>[[3-083|083]]<tab> Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage.
 \\ <BOOKMARK:v084>[[3-084|084]]<tab> Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage, \\ <BOOKMARK:v084>[[3-084|084]]<tab> Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage,
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 \\ <BOOKMARK:v091>[[3-091|091]]<tab> Dans les concavités de ces roches profondes, \\ <BOOKMARK:v091>[[3-091|091]]<tab> Dans les concavités de ces roches profondes,
 \\ <BOOKMARK:v092>[[3-092|092]]<tab> Où des fleuves futurs l’air déposoit les ondes, \\ <BOOKMARK:v092>[[3-092|092]]<tab> Où des fleuves futurs l’air déposoit les ondes,
-\\ <BOOKMARK:v093>[[3-093|093]]<tab> L’eau, parmi les rochers se filtrant[4] lentement,+\\ <BOOKMARK:v093>[[3-093|093]]<tab> L’eau, parmi les rochers se filtrant lentement,
 \\ <BOOKMARK:v094>[[3-094|094]]<tab> De ces grands réservoirs mina le fondement : \\ <BOOKMARK:v094>[[3-094|094]]<tab> De ces grands réservoirs mina le fondement :
 \\ <BOOKMARK:v095>[[3-095|095]]<tab> Les voûtes, tout-à-coup à grand bruit écroulées, \\ <BOOKMARK:v095>[[3-095|095]]<tab> Les voûtes, tout-à-coup à grand bruit écroulées,
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 \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines, \\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines,
 \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis, \\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis,
-\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(Aux voyageurs encore en fait de longs récits. \\ \\ Ces accidents sont assez fréquents, mais ils sont peu considérables, ou, arrivant dans des endroits non habités, ils sont bientôt oubliés, et souvent même inconnus. On trouve de ces faits dans l’histoire ancienne : Pausanias en cite un au sujet de la ville Idée, au pied du mont Sipyle. Un exemple des plus frappants dans ce genre est la destruction du magnifique bourg de Pleurs, riche par ses fonds de terre, par le commerce et l’industrie de ses habitants, environné de belles maisons de campagne, et situé dans la Valteline au pied du mont Conto. Le 6 septembre 1718, après des pluies abondantes, par une nuit calme et un temps serein, tout-à-coup la montagne s’entr-ouvrit, tomba sur ce bourg, l’abyma, et ensevelit tout vifs ou écrasa sous ses ruines deux mille quatre cent trente habitants, qui formoient sa population ; pas un seul n’échappa. La montagne enveloppa dans sa chûte le village de Schilano, composé de soixante et dix-huit feux, et couvrit une lieue quarrée de ses débris. Leurs voisins, les habitants de Chiavenne, furent surpris de voir à sec leur rivière, dont les eaux avoient été interceptées par la montagne en débris. La description de ce funeste événement se trouve dans l’Histoire naturelle de la Suisse, par Scheuchzer, en deux planches gravées : le bourg, tel qu’il étoit, se trouve sur l’une ; on voit sur l’autre la contrée telle qu’elle existe depuis l’écroulement. A la description de la catastrophe de Pleurs, que donne Robert dans son Voyage dans les treize cantons suisses, etc., il ajoute celle de la chûte de la partie supérieure de la montagne du Diableret, arrivée dans le Valais en 1714 ; et il cite un pareil événement arrivé précédemment dans le Valais en 1534, et qui fit périr deux villages. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes \\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes
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 \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ; \\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ;
 \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines \\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines
-\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(L’observateur le suit d’un regard curieux. \\ \\ Personne n’a écrit sur cet objet d’une manière plus lumineuse que M. Rouenne, beau-père du célèbre Darcet, professeur au collége de France, l’un des plus fameux chimistes de l’Europe, et auteur de plusieurs mémoires excellents sur différents objets d’histoire naturelle, et particulièrement sur les montagnes. (//Note de l’auteur.//\\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ; \\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ;
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 \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ; \\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ;
 \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main, \\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main,
-\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(A vu sa dernière heure et son dernier festin. \\ \\ Il seroit inutile de rappeler au lecteur la découverte qui a été faite dans ces derniers temps des villes de Pompeïa et d’Herculanum, englouties lors de la fameuse éruption du Vésuve décrite par Pline le jeune. \\ \\ )].
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-\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(1234567890 \\ \\ )], +\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages, etc. 
-\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(1234567890 \\ \\ )],+ 
 +Les Epoques de la nature sont l’ouvrage le plus étonnant qui ait paru dans le dix-huitième siècle ; aucun ne lui est comparable pour la grandeur des idées, l’étendue des connoissances, la majesté du style : nul écrivain n’a réuni autant de faits dans un aussi court espace, et n’a mieux  montré la dépendance des phénomènes particuliers des lois générales. S’il n’a pas trouvé la vraie manière dont notre systême planétaire a été formé, on doit au moins convenir qu’il est impossible de mieux lier tous les faits, toutes les observations, toutes les lois de la nature, avec une supposition, si toutefois on peut appeler supposition une idée qui dans cet immortel ouvrage ne paroit être qu’une conséquence des faits ; conséquence étonnante, à la vérité, mais arrachée par la force des analogies, et réclamée par toutes les lois qui maintiennent l’ordre admirable de l’univers. \\ En déroulant les archives du monde, Buffon a été frappé des grands et nombreux monuments qu’elles renferment. Il n’y a que l’éloquence du Pline français qui soit comparable à celle avec laquelle ces monuments déposent des changements arrivés au globe : il les a examinés ; et aidé d’une connoissance profonde des lois de la nature, et de la manière dont avec le temps elles modifient les êtres, il a conclu de leur état actuel les différents états où ils ont été : il s’en est servi comme d’échelons pour remonter les siècles ; et, les suivant toujours sur la route éternelle du temps, il indique les divers changements qu’ils ont éprouvés dans les différents âges du monde. Quoique la terre soit composée d’une immense quantité de substances différentes, aucune n’a échappé à ce vaste et puissant génie ; elles paroissent les unes après les autres, et semblent raconter toutes les révolutions qu’elles ont éprouvées depuis leur origine jusqu’à nos jours. \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(Eleva sept fanaux sur l’océan des âges. \\ \\ L’auteur craint que ce vers ne soit une réminiscence, et se croit obligé d’en avertir le lecteur. (//Note de l’auteur.//\\ \\ )],
 \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers, \\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers,
 \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers ! \\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers !
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 \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain, \\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain,
 \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture, \\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture,
-\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(Par ses ambassadeurs courtisa la nature. \\ \\ Plusieurs naturalistes ont reproché à Buffon d’avoir trop peu voyagé, trop peu vu par lui-même. Le nombre prodigieux des mémoires qu’il se procuroit sur les différents objets de son travail ne pouvoit le dédommager des connoissances qu’il auroit acquises sur les lieux, et des impressions qu’il auroit reçues des objets mêmes. Il ne faut pas cependant trop étendre ce reproche ; car si pour écrire l’histoire du monde il falloit avoir tout vu par ses yeux, les connoissances des générations passées seroient inutiles, les recherches, les voyages des savants seroient superflus. Buffon a consulté tous les naturalistes anciens et modernes. Si, comme lui, tous n’ont pas été doués de cette étendue de génie qui embrasse l’univers, le plus grand nombre a été capable d’en décrire exactement quelque partie : chacun d’eux avoit mis sur la place quelques matériaux, comme on amoncelle confusément les pierres, les bois et les marbres destinés à la construction d’un grand édifice. Buffon arrive ; il s’en empare, il les met chacun à leur place ; et devenant l’architecte du monde, il déchire le voile qui cachoit la nature, et la montre au genre humain telle qu’elle a été et telle qu’elle est. Mieux vaut qu’il ait bàti l’édifice que d’être allé chercher au loin quelque pièce nouvelle, qui, si elle est trouvée, aura sûrement sa place dans le temple magnifique qu’il a élevé. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux, \\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux,
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 \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ; \\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ;
 \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde, \\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde,
-\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(1234567890 \\ \\ )].+\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(L’histoire de ce grain est l’histoire du monde. \\ \\ Si on examine avec un peu d’attention les marbres, les pierres, les craies, etc., on voit qu’elles contiennent encore des coquilles ou des détriments de coquilles très reconnoissables, et en si grande quantité qu’on ne peut douter qu’elles ne forment la base de toutes les substances calcaires. En y réfléchissant, on ne peut s’empêcher de croire que le plus puissant moyen que la nature ait employé pour la formation de ces substances ne soit le //filtre// de ces animaux à coquilles, dont les facultés digestives ont la propriété de convertir l’eau en pierre ; car toutes les coquilles formées par la sécrétion ou l’exsudation de ces animaux sont de véritables pierres, qui, soumises à l’analyse chimique, donnent les mêmes résultats que celles qu’on tire des carrières. L’esprit a de la peine à se familiariser avec la prodigieuse quantité de ces animaux à coquilles, nécessaire pour la formation de toutes les substances calcaires ; aussi est-ce de tous les phénomènes que présente l’histoire du monde celui qui a le plus étonné les naturalistes : ils ont trouvé des couches et des amas immenses de coquillages dans toutes les parties de la terre ; ils en ont vu sur les montagnes à quinze cents toises au-dessus du niveau de la mer, et dans les plaines les plus éloignées du séjour naturel de ces animaux, à cent et deux cents pieds de profondeur. Tous les bancs de pierres calcaires, de marbre, de craie, de plâtre, etc. paroissent composés des débris de ces animaux marins ; c’est par lieues quarrées, c’est par provinces, qu’il faut estimer leur nombre. « Tout nous démontre, dit Buffon, que la pierre calcaire, produite par l’intermède de l’eau, est un des plus étonnants ouvrages de la nature, et en même temps un des plus universels : il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait enfantée dans sa première fécondité ; cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux, et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux et produisent la matière calcaire, sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature, puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des ressifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Toutes les isles basses du tropique austral semblent, dit M. Forster, avoir été produites par des polypes de mer ; une des isles basses découverte par M. Bougainville, quoiqu’à moitié submergée, parut à M. Forster n’être qu’un grand banc de corail de vingt lieues de tour ; les bords de l’isle sauvage, l’une des Amies, ne sont que des rochers de productions de polypes. \\ 
 +Qu’on se représente pour un instant, dit encore Buffon, le nombre des espèces de ces animaux à coquilles, ou, pour les tous comprendre, de ces animaux à transsudation pierreuse ; elles sont peut-être en plus grand nombre dans la mer que ne l’est sur la terre le nombre des espèces d’insectes : qu’on se représente ensuite leur prompt accroissement, leur prodigieuse multiplication, le peu de durée de leur vie, dont nous supposerons néanmoins le terme moyen à dix ans ; qu’ensuite on considère qu’il faut multiplier par cinquante ou soixante le nombre presque immense de tous les individus de ce genre pour se faire une idée de toute la matière pierreuse produite en dix ans ; qu’enfin on considère que ce bloc, déjà si gros, de matière pierreuse doit être augmenté d’autant de pareils blocs qu’il y a de fois dix dans tous les siècles qui se sont écoulés depuis le commencement du monde, et l’on se familiarisera avec cette idée, ou plutôt cette vérité, d’abord repoussante, que toutes nos collines, tous les rochers de pierres calcaires, de marbres, de craies, etc. ne viennent originairement que de la dépouille de ces animaux. » \\ 
 +Mais comment des animaux qui ne peuvent vivre et se multiplier qu’au sein des ondes ont-ils formé par leurs dépouilles la majeure partie des matières qui recouvrent le continent ? Ce fait incontestable ne peut être expliqué qu’en adoptant l’opinion des naturalistes qui pensent que ces mêmes continents ont été couverts par les eaux dans les premiers âges du monde, et que pendant une longue suite de siècles les animaux marins y ont vécu et multiplié comme ils vivent et multiplient aujourd’hui dans les mers ; peut-être même y étoient-ils en plus grande abondance : probablement les espèces étoient plus nombreuses ; car parmi les dépouilles de ces animaux il en est un grand nombre dont on ne retrouve plus les analogues vivants. Sans doute que dans sa première jeunesse la nature travailloit la matière vivante avec plus d’énergie, puisque parmi ces mêmes dépouilles on trouve des espèces gigantesques qui n’existent plus. 
 +En examinant avec un peu plus d’attention la manière dont les chaînes de montagnes sont sillonnées, on ne peut s’empêcher de croire qu’elles doivent leurs formes et leurs contours aux courants des eaux ; les angles saillants qui correspondent exactement aux angles rentrants dans les montagnes opposées en sont une probabilité. Cette probabilité devient une certitude si on considère que les montagnes séparées par un vallon sont de la même hauteur ; qu’elles sont composées de couches de matières placées horizontalement, ou également inclinées les unes sur les autres, et de la même épaisseur ; que dans les montagnes ou collines opposées les substances de même nature se trouvent à la même hauteur, c’est-à-dire que si à droite on trouve à cinquante toises un banc de marbre ou d’ardoise, ce banc de marbre ou d’ardoise se retrouve à la même hauteur et dans les mêmes dimensions dans la montagne à gauche. Si l’on remarque que toutes les couches de terres, de sables, de pierres calcaires, d’argiles, de marbres, de graviers, de craies, de plâtres, etc. sont ou composées des dépouilles d’animaux à coquilles, ou renferment des plantes marines, des squelettes de poissons marins, etc. ; que les coquilles sont dans les marbres et les pierres les plus dures aussi bien que dans les craies, les plâtres et les terres ; qu’elles sont incorporées dans ces matières et remplies des substances qui les environnent ; on ne pourra guère douter du séjour des eaux sur nos continents, où elles ont produit les mêmes effets qui se passent aujourd’hui au sein des mers. Régulièrement soulevées et abaissées deux fois le jour par les forces attractives de la lune et du soleil ; agitées par les vents alizés, les eaux ont formé des courants qui ont sillonné les montagnes en creusant les vallées, de manière que par-tout où il y aura un angle rentrant il s’en trouve vis-à-vis un saillant dans la montagne opposée. A chaque mouvement de flux et de reflux, les eaux, chargées des matières qu’elles détachent et qu’elles transportent quelquefois à de grandes distances, les ont déposées en forme de sédiments. Ces sédiments multipliés ont formé des couches, qui, parce que l’eau tend toujours à se mettre de niveau, sont horizontales ou également inclinées, selon la disposition de la base qui les a reçues. Ces couches ont été mélangées de différentes substances marines que les eaux ont apportées avec les autres matières. Les coquillages étant les plus abondants ont dominé dans la composition de ces couches ; ils se sont remplis des matières environnantes, et se sont pétrifiées dans ces matières, lorsque, par quelqu’une de ces révolutions physiques dont parle l’histoire du monde, les eaux se sont retirées, et ont laissé les continents à découvert. Alors ces matières se sont peu-à-peu déchargées des eaux dont elles étoient saturées ; en se desséchant leur volume a diminué ; elles se sont fendues, et ces fentes ont dû se faire dans la direction de la force de pesanteur ; c’est-à-dire perpendiculaire à l’horizon : c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les bancs de pierre, de marbre, etc., qui sont tous divisés par des fentes perpendiculaires qui les traversent dans toute leur épaisseur. \\ \\ )].
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 \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs, \\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs,
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 \\ <BOOKMARK:v404>[[3-404|404]]<tab> Vous dirigez vers eux vos douces promenades, \\ <BOOKMARK:v404>[[3-404|404]]<tab> Vous dirigez vers eux vos douces promenades,
 \\ <BOOKMARK:v405>[[3-405|405]]<tab> Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli, \\ <BOOKMARK:v405>[[3-405|405]]<tab> Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli,
-\\ <BOOKMARK:v406>[[3-406|406]]<tab> Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli[14].+\\ <BOOKMARK:v406>[[3-406|406]]<tab> Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli.
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 \\ <BOOKMARK:v407>[[3-407|407]]<tab> Et voulez-vous encore embellir le voyage ? \\ <BOOKMARK:v407>[[3-407|407]]<tab> Et voulez-vous encore embellir le voyage ?
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 \\ <BOOKMARK:v649>[[3-649|649]]<tab> Ou déranger gaîment par mille bonds divers \\ <BOOKMARK:v649>[[3-649|649]]<tab> Ou déranger gaîment par mille bonds divers
 \\ <BOOKMARK:v650>[[3-650|650]]<tab> Et la plume et la main qui t’adressa ces vers. \\ <BOOKMARK:v650>[[3-650|650]]<tab> Et la plume et la main qui t’adressa ces vers.
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 +\\ <tab><tab><tab><tab>FIN DU TROISIÈME CHANT.
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