chant3

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chant3 [2017/01/17 14:09] Timothée Léchotchant3 [2017/01/28 01:45] Timothée Léchot
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-====== L'HOMME DES CHAMPS. ====== +<title classes #id> 
-====== TROISIÈME CHANT. ======+L'HOMME DES CHAMPS.\\ 
 +TROISIÈME CHANT. 
 +</title>
 ===== ARGUMENT. ===== ===== ARGUMENT. =====
 <BOOKMARK:A>[[3-A|A]]<tab>LE NATURALISTE ; l'art de voir la campagne et les phénomènes de la nature des yeux observateurs.\\ <BOOKMARK:A>[[3-A|A]]<tab>LE NATURALISTE ; l'art de voir la campagne et les phénomènes de la nature des yeux observateurs.\\
 <BOOKMARK:B>[[3-A|B]]<tab>1° L’importance de l’étude de la nature. 2° La grandeur de la nature, soit dans les révolutions du globe, soit dans l’action continue qu’elle exerce. Divers phénomènes ; récit de la destruction de Pleurs (sujet de la gravure de ce chant). Désastre d’Herculanum ; [[buffon|Buffon]] ; volcans de l’Auvergne ; le grain de sable ; la mer ; les eaux thermales, leur utilité, leurs plaisirs (sujet de la première vignette). 3° Charme attaché à la contemplation de diverses scènes de la nature et à la recherche de leurs causes. Montagnes, avalanches, beaux sites ; excursions botaniques ; Bernard Jussieu ; l’étude des animaux. 4° Ce charme se perpétue et s’augmente par la formation et la jouissance de cabinets d’histoire naturelle. Description des principales divisions d’un cabinet. Souvenir à Raton, chatte de l’auteur (sujet de la seconde vignette). <BOOKMARK:B>[[3-A|B]]<tab>1° L’importance de l’étude de la nature. 2° La grandeur de la nature, soit dans les révolutions du globe, soit dans l’action continue qu’elle exerce. Divers phénomènes ; récit de la destruction de Pleurs (sujet de la gravure de ce chant). Désastre d’Herculanum ; [[buffon|Buffon]] ; volcans de l’Auvergne ; le grain de sable ; la mer ; les eaux thermales, leur utilité, leurs plaisirs (sujet de la première vignette). 3° Charme attaché à la contemplation de diverses scènes de la nature et à la recherche de leurs causes. Montagnes, avalanches, beaux sites ; excursions botaniques ; Bernard Jussieu ; l’étude des animaux. 4° Ce charme se perpétue et s’augmente par la formation et la jouissance de cabinets d’histoire naturelle. Description des principales divisions d’un cabinet. Souvenir à Raton, chatte de l’auteur (sujet de la seconde vignette).
 ===== TROISIEME CHANT. ===== ===== TROISIEME CHANT. =====
-<BOOKMARK:v001>[[3-001|001]]<tab>!!Que!! j'aime le mortel, noble dans ses penchants, +<BOOKMARK:v001>[[3-001|001]]<tab> !!Que!! j'aime le mortel, noble dans ses penchants, 
-\\ <BOOKMARK:v002>[[3-002|002]]<tab>Qui cultive à la fois son esprit et ses champs ! +\\ <BOOKMARK:v002>[[3-002|002]]<tab> Qui cultive à la fois son esprit et ses champs ! 
-\\ <BOOKMARK:v003>[[3-003|003]]<tab>Lui seul jouit de tout. Dans sa triste ignorance +\\ <BOOKMARK:v003>[[3-003|003]]<tab> Lui seul jouit de tout. Dans sa triste ignorance 
-\\ <BOOKMARK:v004>[[3-004|004]]<tab>Le vulgaire voit tout avec indifférence : +\\ <BOOKMARK:v004>[[3-004|004]]<tab> Le vulgaire voit tout avec indifférence : 
-\\ <BOOKMARK:v005>[[3-005|005]]<tab>Des desseins du grand Être atteignant la hauteur, +\\ <BOOKMARK:v005>[[3-005|005]]<tab> Des desseins du grand Être atteignant la hauteur, 
-\\ <BOOKMARK:v006>[[3-006|006]]<tab>Il ne sait point monter de l’ouvrage à l’auteur. +\\ <BOOKMARK:v006>[[3-006|006]]<tab> Il ne sait point monter de l’ouvrage à l’auteur. 
-\\ <BOOKMARK:v007>[[3-007|007]]<tab>Non, ce n’est pas pour lui qu’en ses tableaux si vastes +\\ <BOOKMARK:v007>[[3-007|007]]<tab> Non, ce n’est pas pour lui qu’en ses tableaux si vastes 
-\\ <BOOKMARK:v008>[[3-008|008]]<tab>Le grand peintre forma d’harmonieux contrastes : +\\ <BOOKMARK:v008>[[3-008|008]]<tab> Le grand peintre forma d’harmonieux contrastes : 
-\\ <BOOKMARK:v009>[[3-009|009]]<tab>Il ne sait pas comment, dans ses secrets canaux, +\\ <BOOKMARK:v009>[[3-009|009]]<tab> Il ne sait pas comment, dans ses secrets canaux, 
-\\ <BOOKMARK:v010>[[3-010|010]]<tab>De la racine au tronc, du tronc jusqu’aux rameaux, +\\ <BOOKMARK:v010>[[3-010|010]]<tab> De la racine au tronc, du tronc jusqu’aux rameaux, 
-\\ <BOOKMARK:v011>[[3-011|011]]<tab>Des rameaux au feuillage accourt la sève errante ; +\\ <BOOKMARK:v011>[[3-011|011]]<tab> Des rameaux au feuillage accourt la sève errante ; 
-\\ <BOOKMARK:v012>[[3-012|012]]<tab>Comment naît des crystaux la masse transparente, +\\ <BOOKMARK:v012>[[3-012|012]]<tab> Comment naît des crystaux la masse transparente, 
-\\ <BOOKMARK:v013>[[3-013|013]]<tab>L’union, les reflets et le jeu des couleurs : +\\ <BOOKMARK:v013>[[3-013|013]]<tab> L’union, les reflets et le jeu des couleurs : 
-\\ <BOOKMARK:v014>[[3-014|014]]<tab>Étranger à ses bois, étranger à ses fleurs, +\\ <BOOKMARK:v014>[[3-014|014]]<tab> Étranger à ses bois, étranger à ses fleurs, 
-\\ <BOOKMARK:v015>[[3-015|015]]<tab>Il ne sait point leurs noms, leurs vertus, leur famille ; +\\ <BOOKMARK:v015>[[3-015|015]]<tab> Il ne sait point leurs noms, leurs vertus, leur famille ; 
-\\ <BOOKMARK:v016>[[3-016|016]]<tab>D’une grossière main il prend dans la charmille +\\ <BOOKMARK:v016>[[3-016|016]]<tab> D’une grossière main il prend dans la charmille 
-\\ <BOOKMARK:v017>[[3-017|017]]<tab>Ses fils au rossignol, au printemps ses concerts. +\\ <BOOKMARK:v017>[[3-017|017]]<tab> Ses fils au rossignol, au printemps ses concerts. 
-\\ <BOOKMARK:v018>[[3-018|018]]<tab>Le sage seul, instruit des lois de l’univers, +\\ <BOOKMARK:v018>[[3-018|018]]<tab> Le sage seul, instruit des lois de l’univers, 
-\\ <BOOKMARK:v019>[[3-019|019]]<tab>Sait goûter dans les champs une volupté pure : +\\ <BOOKMARK:v019>[[3-019|019]]<tab> Sait goûter dans les champs une volupté pure : 
-\\ <BOOKMARK:v020>[[3-020|020]]<tab>C’est pour l’ami des arts qu’existe la nature.+\\ <BOOKMARK:v020>[[3-020|020]]<tab> C’est pour l’ami des arts qu’existe la nature.
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-\\ <BOOKMARK:v021>[[3-021|021]]<tab>Vous donc, quand des travaux ou des soins importants +\\ <BOOKMARK:v021>[[3-021|021]]<tab> Vous donc, quand des travaux ou des soins importants 
-\\ <BOOKMARK:v022>[[3-022|022]]<tab>Du bonheur domestique ont rempli les instants, +\\ <BOOKMARK:v022>[[3-022|022]]<tab> Du bonheur domestique ont rempli les instants, 
-\\ <BOOKMARK:v023>[[3-023|023]]<tab>Cherchez autour de vous de riches connoissances +\\ <BOOKMARK:v023>[[3-023|023]]<tab> Cherchez autour de vous de riches connoissances 
-\\ <BOOKMARK:v024>[[3-024|024]]<tab>Qui, charmant vos loisirs, doublent vos jouissances. +\\ <BOOKMARK:v024>[[3-024|024]]<tab> Qui, charmant vos loisirs, doublent vos jouissances. 
-\\ <BOOKMARK:v025>[[3-025|025]]<tab>Trois règnes à vos yeux étalent leurs secrets. +\\ <BOOKMARK:v025>[[3-025|025]]<tab> Trois règnes à vos yeux étalent leurs secrets. 
-\\ <BOOKMARK:v026>[[3-026|026]]<tab>Un maître doit toujours connoître ses sujets : +\\ <BOOKMARK:v026>[[3-026|026]]<tab> Un maître doit toujours connoître ses sujets : 
-\\ <BOOKMARK:v027>[[3-027|027]]<tab>Observez les trésors que la nature assemble. +\\ <BOOKMARK:v027>[[3-027|027]]<tab> Observez les trésors que la nature assemble. 
-\\ <BOOKMARK:v028>[[3-028|028]]<tab>Venez ; marchons, voyons, et jouissons ensemble. +\\ <BOOKMARK:v028>[[3-028|028]]<tab> Venez ; marchons, voyons, et jouissons ensemble.
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-\\ <BOOKMARK:v058>[[3-058|058]]<tab>Ces bois, noirs aliments des volcans enflammés[(Ces bois, noirs aliments des volcants enflammés. \\ \\ !!On!! a voulu renfermer dans l'expression la plus succincte les différentes matières que la nature emploie pour l'entretien des feux volcaniques. Il paroit néanmoins, par les expériences de plusieurs physiciens célèbres, que les bois et tous les végétaux fossiles ne sont pas les seules matières propres à entretenir les feux souterrains. Lemery, Homberg, Newton, Hoffmann et Boerhaave ont obtenu, par le mélange du soufre, du fer et de l'eau, des effets à-peu-près semblables aux feux qui embrasent les volcans. Ces expériences, présentant en petit les mêmes résultats que la nature produit en grand, doivent [...])], +
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-\\ +\\ <BOOKMARK:v029>[[3-029|029]]<tab> Dans ces aspects divers que de variété ! 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v030>[[3-030|030]]<tab> Là tout est élégance, harmonie, et beauté. 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v031>[[3-031|031]]<tab> C’est la molle épaisseur de la fraîche verdure, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v032>[[3-032|032]]<tab> C’est de mille ruisseaux le caressant murmure, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v033>[[3-033|033]]<tab> Des coteaux arrondis, des bois majestueux, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v034>[[3-034|034]]<tab> Et des antres riants l’abri voluptueux ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v035>[[3-035|035]]<tab> Ici d’affreux débris, des crevasses affreuses, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v036>[[3-036|036]]<tab> Des ravages du temps empreintes désastreuses ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v037>[[3-037|037]]<tab> Un sable infructueux aux vents abandonné ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v038>[[3-038|038]]<tab> Des rebelles torrents le cours désordonné ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v039>[[3-039|039]]<tab> La ronce, la bruyère, et la mousse sauvage, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v040>[[3-040|040]]<tab> Et d’un sol dévasté l’épouvantable image. 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v041>[[3-041|041]]<tab> Par-tout des biens, des maux, des fléaux, des bienfaits ! 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v042>[[3-042|042]]<tab> Pour en interpréter les causes, les effets, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v043>[[3-043|043]]<tab> Vous n’aurez point recours à ce double génie 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v044>[[3-044|044]]<tab> Dont l’un veut le désordre, et l’autre l’harmonie : 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v045>[[3-045|045]]<tab> Pour vous développer ces mystères profonds, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v046>[[3-046|046]]<tab> Venez, le vrai génie est celui des Buffons. 
-\\ +\\  
-\\ +\\ <BOOKMARK:v047>[[3-047|047]]<tab> Autrefois, disent-ils, un terrible déluge, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v048>[[3-048|048]]<tab> Laissant l’onde sans frein et l’homme sans refuge, 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v049>[[3-049|049]]<tab> Répandit, confondit en une vaste mer 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v050>[[3-050|050]]<tab> Et les eaux de la terre et les torrents de l’air ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v051>[[3-051|051]]<tab> Où s’élevoient des monts étendit des campagnes ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v052>[[3-052|052]]<tab> Où furent des vallons éleva des montagnes ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v053>[[3-053|053]]<tab> Joignit deux continents dans les mêmes tombeaux ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v054>[[3-054|054]]<tab> Du globe déchiré dispersa les lambeaux ; 
-\\ +\\ <BOOKMARK:v055>[[3-055|055]]<tab> Lança l’eau sur la terre et la terre dans l’onde, 
-end+\\ <BOOKMARK:v056>[[3-056|056]]<tab> Et roula le chaos sur les débris du monde. 
 +\\ <BOOKMARK:v057>[[3-057|057]]<tab> De là ces grands amas dans la terre enfermés, 
 +\\ <BOOKMARK:v058>[[3-058|058]]<tab> Ces bois, noirs aliments des volcans enflammés[(Ces bois, noirs aliments des volcants enflammés. \\ \\ !!On!! a voulu renfermer dans l’expression la plus succincte les différentes matières que la nature emploie pour l’entretien des feux volcaniques. Il paroit néanmoins, par les expériences de plusieurs physiciens célèbres, que les bois et tous les végétaux fossiles ne sont pas les seules matières propres à entretenir les feux souterrains. Lemery, Homberg, Newton, Hoffmann et Boerhaave ont obtenu, par le mélange du soufre, du fer et de l’eau, des effets à-peu-près semblables aux feux qui embrasent les volcans. Ces expériences, présentant en petit les mêmes résultats que la nature produit en grand, doivent au moins faire soupçonner que les bois noirs, les charbons de pierre, etc. ne sont pas les seules matières que la nature puisse employer pour alimenter le foyer des volcans, sur-tout si l’on fait attention que la terre renferme des amas considérables de pyrites sulfureuses et ferrugineuses qui n’ont besoin que du concours de l’eau pour s’enflammer. Si l’on observe que l’acide vitriolique, se combinant avec le fer, produit une grande chaleur, et beaucoup d’air inflammable que mille circonstances peuvent allumer, il sera bien évident que ces feux produits sans l’entremise d’aucune substance végétale pourroient causer les plus terribles explosions, soit en vaporisant l’eau, soit en dilatant l’air atmosphérique, qui, selon M. Hales, se trouve concentré dans les pyrites vitrioliques ou sulfureuses, dans la proportion de 1 à 83. Si on ajoute à ces réflexions celles de Spallanzani sur le même sujet, on doutera au moins que le foyer des volcans soit alimenté par des végétaux fossiles. \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v059>[[3-059|059]]<tab> Et ces énormes lits, ces couches intestines,  
 +\\ <BOOKMARK:v060>[[3-060|060]]<tab> Qui d’un monde sur l’autre entassent les ruines. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v061>[[3-061|061]]<tab> Ailleurs d’autres dépôts se présentent à vous, 
 +\\ <BOOKMARK:v062>[[3-062|062]]<tab> Formés plus lentement par des moyens plus doux. 
 +\\ <BOOKMARK:v063>[[3-063|063]]<tab> Les fleuves, nous dit-on, dans leurs errantes courses, 
 +\\ <BOOKMARK:v064>[[3-064|064]]<tab> En apportant aux mers les tributs de leurs sources, 
 +\\ <BOOKMARK:v065>[[3-065|065]]<tab> Entraînèrent des corps l’un à l’autre étrangers, 
 +\\ <BOOKMARK:v066>[[3-066|066]]<tab> Quelques uns plus pesants, les autres plus légers ; 
 +\\ <BOOKMARK:v067>[[3-067|067]]<tab> Les uns au fond de l’eau tout-à-coup se plongèrent, 
 +\\ <BOOKMARK:v068>[[3-068|068]]<tab> Quelque temps suspendus les autres surnagèrent ; 
 +\\ <BOOKMARK:v069>[[3-069|069]]<tab> De là précipités dans l’humide séjour, 
 +\\ <BOOKMARK:v070>[[3-070|070]]<tab> Sur ces premiers dépôts s’assirent à leur tour : 
 +\\ <BOOKMARK:v071>[[3-071|071]]<tab> Des couches de limon sur eux se répandirent, 
 +\\ <BOOKMARK:v072>[[3-072|072]]<tab> Sur ces lits étendus d’autres lits s’étendirent ; 
 +\\ <BOOKMARK:v073>[[3-073|073]]<tab> Des arbustes sur eux gravèrent leurs rameaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v074>[[3-074|074]]<tab> Non brisés par des chocs, non dissous par les eaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v075>[[3-075|075]]<tab> Mais dans leur forme pure. En vain leurs caractères 
 +\\ <BOOKMARK:v076>[[3-076|076]]<tab> Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères[(Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères. \\ \\ Les empreintes que l’on trouve dans nos climats sur les schistes, qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd’hui : il s’y trouve, par exemple, des calamites, des écorces de palmiers de la forme la plus variée et la plus curieuse ; si l’on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c’est que dans cette classe extrêmement nombreuse il est un grand nombre d’espèces exotiques échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l’œil exercé du botaniste ne peut qu’à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les mémoires de l’académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays. Lemonnier, dans ses Observations d’histoire naturelle, croit avoir reconnu l’//osmunda regalis// sur un schiste d’une houillère d’Auvergne  ; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé  les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu’elles sont de l’espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l’une des empreintes venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société linnéenne de Londres, est l’//aspleniven nodosum// de l’Amérique méridionale ; et il existe un si grand nombre d’empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l’on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu’ils sont aujourd’hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur-tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l’appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l’ouvrage de Moraud sur les charbons de pierre, l’//Herbarium diluvianum// de Scheuchzer, la //Silesia subterranea// de Volckmann, et la belle suite d’empreintes que Mylius a publiées dans l’ouvrage intitulé //Memorabilia Saxoniæ subterranea//. \\ \\ )] 
 +\\ <BOOKMARK:v077>[[3-077|077]]<tab> Que des fleuves, des lacs, et des mers en courroux, 
 +\\ <BOOKMARK:v078>[[3-078|078]]<tab> Le roulement affreux apporta parmi nous : 
 +\\ <BOOKMARK:v079>[[3-079|079]]<tab> Leurs traits inaltérés, les couches plus profondes 
 +\\ <BOOKMARK:v080>[[3-080|080]]<tab> Des lits que de la mer ont arrêtés les ondes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v081>[[3-081|081]]<tab> Souvent deux minces lits, léger travail des eaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v082>[[3-082|082]]<tab> L’un sur l’autre sculptés par les mêmes rameaux[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v083>[[3-083|083]]<tab> Tout d’une cause lente annonce aux yeux l’ouvrage. 
 +\\ <BOOKMARK:v084>[[3-084|084]]<tab> Ainsi, sans recourir à tout ce grand ravage, 
 +\\ <BOOKMARK:v085>[[3-085|085]]<tab> Le sage ne voit plus que des effets constants, 
 +\\ <BOOKMARK:v086>[[3-086|086]]<tab> Le cours de la nature et la marche du temps. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v087>[[3-087|087]]<tab> Mais j’apperçois d’ici les débris d’un village ; 
 +\\ <BOOKMARK:v088>[[3-088|088]]<tab> D’un désastre fameux tout annonce l’image : 
 +\\ <BOOKMARK:v089>[[3-089|089]]<tab> Quels malheurs l’ont produit ? avançons, consultons 
 +\\ <BOOKMARK:v090>[[3-090|090]]<tab> Les lieux et les vieillards de ces tristes cantons. 
 +\\ <BOOKMARK:v091>[[3-091|091]]<tab> Dans les concavités de ces roches profondes, 
 +\\ <BOOKMARK:v092>[[3-092|092]]<tab> Où des fleuves futurs l’air déposoit les ondes, 
 +\\ <BOOKMARK:v093>[[3-093|093]]<tab> L’eau, parmi les rochers se filtrant[4] lentement, 
 +\\ <BOOKMARK:v094>[[3-094|094]]<tab> De ces grands réservoirs mina le fondement : 
 +\\ <BOOKMARK:v095>[[3-095|095]]<tab> Les voûtes, tout-à-coup à grand bruit écroulées, 
 +\\ <BOOKMARK:v096>[[3-096|096]]<tab> Remplirent ces bassins ; et les eaux refoulées, 
 +\\ <BOOKMARK:v097>[[3-097|097]]<tab> Se soulevant en masse et brisant leurs remparts, 
 +\\ <BOOKMARK:v098>[[3-098|098]]<tab> Avec les bois, les rocs, et leurs débris épars, 
 +\\ <BOOKMARK:v099>[[3-099|099]]<tab> Des hameaux, des cités traînèrent les ruines ; 
 +\\ <BOOKMARK:v100>[[3-100|100]]<tab> Leurs cours se lit encore au creux de ces ravines, 
 +\\ <BOOKMARK:v101>[[3-101|101]]<tab> Et l’ermite du lieu, sur un décombre assis, 
 +\\ <BOOKMARK:v102>[[3-102|102]]<tab> Aux voyageurs encore en fait de longs récits[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v103>[[3-103|103]]<tab> Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes 
 +\\ <BOOKMARK:v104>[[3-104|104]]<tab> Versèrent tout-à-coup leurs liquides montagnes, 
 +\\ <BOOKMARK:v105>[[3-105|105]]<tab> Et le débordement de leurs bruyantes eaux 
 +\\ <BOOKMARK:v106>[[3-106|106]]<tab> Forma de nouveaux lacs et des courants nouveaux. 
 +\\ <BOOKMARK:v107>[[3-107|107]]<tab> Voyez-vous ce mont chauve et dépouillé de terre 
 +\\ <BOOKMARK:v108>[[3-108|108]]<tab> A qui fait l’aquilon une éternelle guerre ? 
 +\\ <BOOKMARK:v109>[[3-109|109]]<tab> L’olympe pluvieux, de son front escarpé 
 +\\ <BOOKMARK:v110>[[3-110|110]]<tab> Détachant le limon par ses eaux détrempé, 
 +\\ <BOOKMARK:v111>[[3-111|111]]<tab> L’emporta dans les champs, et de sa cime nue 
 +\\ <BOOKMARK:v112>[[3-112|112]]<tab> Laissa les noirs sommets se perdre dans la nue : 
 +\\ <BOOKMARK:v113>[[3-113|113]]<tab> L’œil s’afflige à l’aspect de ses rochers hideux. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v114>[[3-114|114]]<tab> Poursuivons, descendons de ces sauvages lieux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v115>[[3-115|115]]<tab> Des terrains variés marquons la différence. 
 +\\ <BOOKMARK:v116>[[3-116|116]]<tab> Voyons comment le sol, dont la simple substance 
 +\\ <BOOKMARK:v117>[[3-117|117]]<tab> Sur les monts primitifs où les dieux l’ont jeté 
 +\\ <BOOKMARK:v118>[[3-118|118]]<tab> Conserve, vierge encor, toute sa pureté, 
 +\\ <BOOKMARK:v119>[[3-119|119]]<tab> S’altère en descendant des montagnes aux plaines ; 
 +\\ <BOOKMARK:v120>[[3-120|120]]<tab> De nuance en nuance et de veines en veines 
 +\\ <BOOKMARK:v121>[[3-121|121]]<tab> L’observateur le suit d’un regard curieux[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v122>[[3-122|122]]<tab> Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v123>[[3-123|123]]<tab> Terrible il prend son vol, et dans des flots de poudre 
 +\\ <BOOKMARK:v124>[[3-124|124]]<tab> Part, conduisant la nuit, la tempête, et la foudre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v125>[[3-125|125]]<tab> Balaye, en se jouant, et forêt et cité ; 
 +\\ <BOOKMARK:v126>[[3-126|126]]<tab> Refoule dans son lit le fleuve épouvanté ; 
 +\\ <BOOKMARK:v127>[[3-127|127]]<tab> Jusqu’au sommet des monts lance la mer profonde, 
 +\\ <BOOKMARK:v128>[[3-128|128]]<tab> Et tourmente en courant les airs, la terre, et l’onde : 
 +\\ <BOOKMARK:v129>[[3-129|129]]<tab> De là sous d’autres champs ces champs ensevelis, 
 +\\ <BOOKMARK:v130>[[3-130|130]]<tab> Ces monts changeant de place, et ces fleuves de lits ; 
 +\\ <BOOKMARK:v131>[[3-131|131]]<tab> Et la terre sans fruits, sans fleurs, et sans verdure, 
 +\\ <BOOKMARK:v132>[[3-132|132]]<tab> Pleure en habit de deuil sa riante parure. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v133>[[3-133|133]]<tab> Non moins impétueux et non moins dévorants 
 +\\ <BOOKMARK:v134>[[3-134|134]]<tab> Les feux ont leur tempête et l’Etna ses torrents.  
 +\\ <BOOKMARK:v135>[[3-135|135]]<tab> La terre dans son sein, épouvantable gouffre, 
 +\\ <BOOKMARK:v136>[[3-136|136]]<tab> Nourrit de noirs amas de bitume et de soufre, 
 +\\ <BOOKMARK:v137>[[3-137|137]]<tab> Enflamme l’air et l’onde, et de ses propres flancs 
 +\\ <BOOKMARK:v138>[[3-138|138]]<tab> Sur ses fruits et ses fleurs vomit des flots bouillants : 
 +\\ <BOOKMARK:v139>[[3-139|139]]<tab> Emblême trop frappant des ardeurs turbulentes 
 +\\ <BOOKMARK:v140>[[3-140|140]]<tab> Dans le volcan de l’ame incessamment brûlantes, 
 +\\ <BOOKMARK:v141>[[3-141|141]]<tab> Et qui, sortant soudain de l’abyme des cœurs, 
 +\\ <BOOKMARK:v142>[[3-142|142]]<tab> Dévorent de la vie et les fruits et les fleurs ! 
 +\\ <BOOKMARK:v143>[[3-143|143]]<tab> Ces rocs tout calcinés, cette terre noirâtre, 
 +\\ <BOOKMARK:v144>[[3-144|144]]<tab> Tout d’un grand incendie annonce le théâtre. 
 +\\ <BOOKMARK:v145>[[3-145|145]]<tab> Là grondoit un volcan : ses feux sont assoupis ; 
 +\\ <BOOKMARK:v146>[[3-146|146]]<tab> Flore y donne des fleurs et Cérès des épis ; 
 +\\ <BOOKMARK:v147>[[3-147|147]]<tab> Sur l’un de ses côtés son désastre s’efface, 
 +\\ <BOOKMARK:v148>[[3-148|148]]<tab> Mais la pente opposée en garde encor la trace : 
 +\\ <BOOKMARK:v149>[[3-149|149]]<tab> C’est ici que la lave en longs torrents coula ; 
 +\\ <BOOKMARK:v150>[[3-150|150]]<tab> Voici le lit profond où le fleuve roula, 
 +\\ <BOOKMARK:v151>[[3-151|151]]<tab> Et plus loin à longs flots sa masse répandue 
 +\\ <BOOKMARK:v152>[[3-152|152]]<tab> Se refroidit soudain et resta suspendue. 
 +\\ <BOOKMARK:v153>[[3-153|153]]<tab> Dans ce désastre affreux quels fleuves ont tari ! 
 +\\ <BOOKMARK:v154>[[3-154|154]]<tab> Quels sommets ont croulé, quels peuples ont péri ! 
 +\\ <BOOKMARK:v155>[[3-155|155]]<tab> Les vieux âges l’ont su, l’âge présent l’ignore ; 
 +\\ <BOOKMARK:v156>[[3-156|156]]<tab> Mais de ce grand fléau la terreur dure encore. 
 +\\ <BOOKMARK:v157>[[3-157|157]]<tab> Un jour, peut-être, un jour les peuples de ces lieux 
 +\\ <BOOKMARK:v158>[[3-158|158]]<tab> Que l’horrible volcan inonda de ses feux, 
 +\\ <BOOKMARK:v159>[[3-159|159]]<tab> Heurtant avec le soc des restes de murailles, 
 +\\ <BOOKMARK:v160>[[3-160|160]]<tab> Découvriront ce gouffre, et, creusant ses entrailles, 
 +\\ <BOOKMARK:v161>[[3-161|161]]<tab> Contempleront au loin avec étonnement  
 +\\ <BOOKMARK:v162>[[3-162|162]]<tab> Des hommes et des arts ce profond monument ; 
 +\\ <BOOKMARK:v163>[[3-163|163]]<tab> Cet aspect si nouveau des demeures antiques, 
 +\\ <BOOKMARK:v164>[[3-164|164]]<tab> Ces cirques, ces palais, ces temples, ces portiques, 
 +\\ <BOOKMARK:v165>[[3-165|165]]<tab> Ces gymnases du sage autrefois fréquentés, 
 +\\ <BOOKMARK:v166>[[3-166|166]]<tab> D’hommes qui semblent vivre encor tout habités ; 
 +\\ <BOOKMARK:v167>[[3-167|167]]<tab> Simulacres légers, prêts à tomber en poudre, 
 +\\ <BOOKMARK:v168>[[3-168|168]]<tab> Tous gardant l’attitude où les surprit la foudre : 
 +\\ <BOOKMARK:v169>[[3-169|169]]<tab> L’un enlevant son fils, l’autre emportant son or ; 
 +\\ <BOOKMARK:v170>[[3-170|170]]<tab> Cet autre ses écrits, son plus riche trésor ; 
 +\\ <BOOKMARK:v171>[[3-171|171]]<tab> Celui-ci dans ses mains tient son dieu tutélaire ; 
 +\\ <BOOKMARK:v172>[[3-172|172]]<tab> L’autre, non moins pieux, s’est chargé de son père ; 
 +\\ <BOOKMARK:v173>[[3-173|173]]<tab> L’autre, paré de fleurs et la coupe à la main, 
 +\\ <BOOKMARK:v174>[[3-174|174]]<tab> A vu sa dernière heure et son dernier festin[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v175>[[3-175|175]]<tab> Gloire, honneur à Buffon, qui, pour guider nos sages[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v176>[[3-176|176]]<tab> Éleva sept fanaux sur l’océan des âges[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v177>[[3-177|177]]<tab> Et, noble historien de l’antique univers, 
 +\\ <BOOKMARK:v178>[[3-178|178]]<tab> Nous peignit à grands traits ces changements divers ! 
 +\\ <BOOKMARK:v179>[[3-179|179]]<tab> Mais il quitta trop peu sa retraite profonde : 
 +\\ <BOOKMARK:v180>[[3-180|180]]<tab> Des bosquets de Monbar Buffon jugeoit le monde ; 
 +\\ <BOOKMARK:v181>[[3-181|181]]<tab> A des yeux étrangers se confiant en vain, 
 +\\ <BOOKMARK:v182>[[3-182|182]]<tab> Il vit peu par lui-même, et, tel qu’un souverain, 
 +\\ <BOOKMARK:v183>[[3-183|183]]<tab> De loin, et sur la foi d’une vaine peinture, 
 +\\ <BOOKMARK:v184>[[3-184|184]]<tab> Par ses ambassadeurs courtisa la nature[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v185>[[3-185|185]]<tab> O ma chère patrie ! ô champs délicieux, 
 +\\ <BOOKMARK:v186>[[3-186|186]]<tab> Où les fastes du temps frappent par-tout les yeux ! 
 +\\ <BOOKMARK:v187>[[3-187|187]]<tab> Oh ! s’il eût parcouru cette belle Limagne, 
 +\\ <BOOKMARK:v188>[[3-188|188]]<tab> Qu’il eût joui de voir dans la même campagne 
 +\\ <BOOKMARK:v189>[[3-189|189]]<tab> Trois âges de volcans que distinguent entre eux 
 +\\ <BOOKMARK:v190>[[3-190|190]]<tab> Leurs aspects, leurs courants, leurs foyers sulphureux ! 
 +\\ <BOOKMARK:v191>[[3-191|191]]<tab> La mer couvrit les uns par des couches profondes, 
 +\\ <BOOKMARK:v192>[[3-192|192]]<tab> D’autres ont recouvert le vieux séjour des ondes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v193>[[3-193|193]]<tab> L’un d’une côte à l’autre étendit ses torrents, 
 +\\ <BOOKMARK:v194>[[3-194|194]]<tab> L’autre en fleuve de feu versa ses flots errants 
 +\\ <BOOKMARK:v195>[[3-195|195]]<tab> Dans ces fonds qu’a creusé la longue main des âges. 
 +\\ <BOOKMARK:v196>[[3-196|196]]<tab> En voyant du passé ces sublimes images, 
 +\\ <BOOKMARK:v197>[[3-197|197]]<tab> Ces grands foyers éteints dans des siècles divers, 
 +\\ <BOOKMARK:v198>[[3-198|198]]<tab> Des mers sur des volcans, des volcans sur des mers, 
 +\\ <BOOKMARK:v199>[[3-199|199]]<tab> Vers l’antique chaos notre ame est repoussée, 
 +\\ <BOOKMARK:v200>[[3-200|200]]<tab> Et des âges sans fin pèsent sur la pensée. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v201>[[3-201|201]]<tab> Mais, sans quitter vos monts et vos vallons chéris, 
 +\\ <BOOKMARK:v202>[[3-202|202]]<tab> Voyez d’un marbre usé le plus mince débris : 
 +\\ <BOOKMARK:v203>[[3-203|203]]<tab> Quel riche monument ! de quelle grande histoire 
 +\\ <BOOKMARK:v204>[[3-204|204]]<tab> Ses révolutions conservent la mémoire ! 
 +\\ <BOOKMARK:v205>[[3-205|205]]<tab> Composé des dépôts de l’empire animé, 
 +\\ <BOOKMARK:v206>[[3-206|206]]<tab> Par la destruction ce marbre fut formé ; 
 +\\ <BOOKMARK:v207>[[3-207|207]]<tab> Pour créer les débris dont les eaux le pêtrirent 
 +\\ <BOOKMARK:v208>[[3-208|208]]<tab> De générations quelles foules périrent ! 
 +\\ <BOOKMARK:v209>[[3-209|209]]<tab> Combien de temps sur lui l’océan a coulé ! 
 +\\ <BOOKMARK:v210>[[3-210|210]]<tab> Que de temps dans leur sein les vagues l’ont roulé ! 
 +\\ <BOOKMARK:v211>[[3-211|211]]<tab> En descendant des monts dans ses profonds abymes 
 +\\ <BOOKMARK:v212>[[3-212|212]]<tab> L’océan autrefois le laissa sur leurs cimes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v213>[[3-213|213]]<tab> L’orage dans les mers de nouveau le porta ; 
 +\\ <BOOKMARK:v214>[[3-214|214]]<tab> De nouveau sur ses bords la mer le rejeta, 
 +\\ <BOOKMARK:v215>[[3-215|215]]<tab> Le reprit, le rendit : ainsi, rongé par l’âge, 
 +\\ <BOOKMARK:v216>[[3-216|216]]<tab> Il endura les vents, et les flots, et l’orage : 
 +\\ <BOOKMARK:v217>[[3-217|217]]<tab> Enfin, de ces grands monts humble contemporain, 
 +\\ <BOOKMARK:v218>[[3-218|218]]<tab> Ce marbre fut un roc, ce roc n’est plus qu’un grain ; 
 +\\ <BOOKMARK:v219>[[3-219|219]]<tab> Mais, fils du temps, de l’air, de la terre, et de l’onde, 
 +\\ <BOOKMARK:v220>[[3-220|220]]<tab> L’histoire de ce grain est l’histoire du monde[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v221>[[3-221|221]]<tab> Et quelle source encor d’études, de plaisirs, 
 +\\ <BOOKMARK:v222>[[3-222|222]]<tab> Va de pensers sans nombre occuper vos loisirs, 
 +\\ <BOOKMARK:v223>[[3-223|223]]<tab> Si la mer elle-même et ses vastes domaines 
 +\\ <BOOKMARK:v224>[[3-224|224]]<tab> Vous offrent de plus près leurs riches phénomènes ! 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v225>[[3-225|225]]<tab> O mer, terrible mer, quel homme à ton aspect 
 +\\ <BOOKMARK:v226>[[3-226|226]]<tab> Ne se sent pas saisi de crainte et de respect ! 
 +\\ <BOOKMARK:v227>[[3-227|227]]<tab> De quelle impression tu frappas mon enfance ! 
 +\\ <BOOKMARK:v228>[[3-228|228]]<tab> Mais alors je ne vis que ton espace immense : 
 +\\ <BOOKMARK:v229>[[3-229|229]]<tab> Combien l’homme et ses arts t’agrandissent encor ! 
 +\\ <BOOKMARK:v230>[[3-230|230]]<tab> Là le génie humain prit son plus noble essor ; 
 +\\ <BOOKMARK:v231>[[3-231|231]]<tab> Tous ces nombreux vaisseaux suspendus sur ses ondes 
 +\\ <BOOKMARK:v232>[[3-232|232]]<tab> Sont le nœud des états, les couriers des deux mondes. 
 +\\ <BOOKMARK:v233>[[3-233|233]]<tab> Comme elle à son aspect vos pensers sont profonds : 
 +\\ <BOOKMARK:v234>[[3-234|234]]<tab> Tantôt vous demandez à ces gouffres sans fonds 
 +\\ <BOOKMARK:v235>[[3-235|235]]<tab> Les débris disparus des nations guerrières, 
 +\\ <BOOKMARK:v236>[[3-236|236]]<tab> Leur or, leurs bataillons, et leurs flottes entières ; 
 +\\ <BOOKMARK:v237>[[3-237|237]]<tab> Tantôt, avec Linnée enfoncé sous les eaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v238>[[3-238|238]]<tab> Vous cherchez ces forêts de fucus, de roseaux[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v239>[[3-239|239]]<tab> De la Flore des mers invisible héritage, 
 +\\ <BOOKMARK:v240>[[3-240|240]]<tab> Qui ne viennent à nous qu’apportés par l’orage ; 
 +\\ <BOOKMARK:v241>[[3-241|241]]<tab> Éponges, polypiers, madrépores, coraux, 
 +\\ <BOOKMARK:v242>[[3-242|242]]<tab> Des insectes des mers miraculeux travaux[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v243>[[3-243|243]]<tab> Que de fleuves obscurs y dérobent leur source ! 
 +\\ <BOOKMARK:v244>[[3-244|244]]<tab> Que de fleuves fameux y terminent leur course ! 
 +\\ <BOOKMARK:v245>[[3-245|245]]<tab> Tantôt avec effroi vous y suivez de l’œil  
 +\\ <BOOKMARK:v246>[[3-246|246]]<tab> Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v247>[[3-247|247]]<tab> Souvent avec Buffon vos yeux y viennent lire 
 +\\ <BOOKMARK:v248>[[3-248|248]]<tab> Les révolutions de ce bruyant empire, 
 +\\ <BOOKMARK:v249>[[3-249|249]]<tab> Ses courants, ses reflux, ces grands évènements 
 +\\ <BOOKMARK:v250>[[3-250|250]]<tab> Qui de l’axe incliné suivent les mouvements ; 
 +\\ <BOOKMARK:v251>[[3-251|251]]<tab> Tous ces volcans éteints qui du sein de la terre 
 +\\ <BOOKMARK:v252>[[3-252|252]]<tab> Jadis alloient aux cieux défier le tonnerre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v253>[[3-253|253]]<tab> Ceux dont le foyer brûle au sein des flots amers, 
 +\\ <BOOKMARK:v254>[[3-254|254]]<tab> Ceux dont la voûte ardente est la base des mers, 
 +\\ <BOOKMARK:v255>[[3-255|255]]<tab> Et qui peut-être un jour sur les eaux écumantes 
 +\\ <BOOKMARK:v256>[[3-256|256]]<tab> Vomiront des rochers et des îles fumantes. 
 +\\ <BOOKMARK:v257>[[3-257|257]]<tab> Peindrai-je ces vieux caps sur les ondes pendants, 
 +\\ <BOOKMARK:v258>[[3-258|258]]<tab> Ces golfes qu’à leur tour rongent les flots grondants, 
 +\\ <BOOKMARK:v259>[[3-259|259]]<tab> Ces monts ensevelis sous ces voûtes obscures, 
 +\\ <BOOKMARK:v260>[[3-260|260]]<tab> Les Alpes d’autrefois et les Alpes futures ; 
 +\\ <BOOKMARK:v261>[[3-261|261]]<tab> Tandis que ces vallons, ces monts que voit le jour, 
 +\\ <BOOKMARK:v262>[[3-262|262]]<tab> Dans les profondes eaux vont rentrer à leur tour ? 
 +\\ <BOOKMARK:v263>[[3-263|263]]<tab> Échanges éternels de la terre et de l’onde, 
 +\\ <BOOKMARK:v264>[[3-264|264]]<tab> Qui semblent lentement se disputer le monde ! 
 +\\ <BOOKMARK:v265>[[3-265|265]]<tab> Ainsi l’ancre s’attache où paissoient les troupeaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v266>[[3-266|266]]<tab> Ainsi roulent des chars où voguoient des vaisseaux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v267>[[3-267|267]]<tab> Et le monde, vieilli par la mer qui voyage, 
 +\\ <BOOKMARK:v268>[[3-268|268]]<tab> Dans l’abyme des temps s’en va cacher son âge. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v269>[[3-269|269]]<tab> Après les vastes mers et leurs mouvants tableaux 
 +\\ <BOOKMARK:v270>[[3-270|270]]<tab> Vous aimerez à voir les fleuves, les ruisseaux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v271>[[3-271|271]]<tab> Non point ceux qu’ont chantés tous ces rimeurs si fades 
 +\\ <BOOKMARK:v272>[[3-272|272]]<tab> De qui les vers usés ont vieilli leurs Naïades, 
 +\\ <BOOKMARK:v273>[[3-273|273]]<tab> Mais ceux de qui les eaux présentent à vos yeux 
 +\\ <BOOKMARK:v274>[[3-274|274]]<tab> Des effets nobles, grands, rares, ou curieux. 
 +\\ <BOOKMARK:v275>[[3-275|275]]<tab> Tantôt dans son berceau vous recherchez leur source ; 
 +\\ <BOOKMARK:v276>[[3-276|276]]<tab> Tantôt dans ses replis vous observez leur course, 
 +\\ <BOOKMARK:v277>[[3-277|277]]<tab> Comme, d’un bord à l’autre errants en longs détours, 
 +\\ <BOOKMARK:v278>[[3-278|278]]<tab> D’angles creux ou saillants chacun marque son cours. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v279>[[3-279|279]]<tab> Dirai-je ces ruisseaux, ces sources, ces fontaines 
 +\\ <BOOKMARK:v280>[[3-280|280]]<tab> Qui de nos corps souffrants adoucissent les peines ? 
 +\\ <BOOKMARK:v281>[[3-281|281]]<tab> Là, de votre canton doux et tristes tableaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v282>[[3-282|282]]<tab> La joie et la douleur, les plaisirs et les maux, 
 +\\ <BOOKMARK:v283>[[3-283|283]]<tab> Vous font chaque printemps leur visite annuelle ; 
 +\\ <BOOKMARK:v284>[[3-284|284]]<tab> Là, mêlant leur gaîté, leur plainte mutuelle, 
 +\\ <BOOKMARK:v285>[[3-285|285]]<tab> Viennent de tous côtés, exacts au rendez-vous, 
 +\\ <BOOKMARK:v286>[[3-286|286]]<tab> Des vieillards éclopés, un jeune essaim de fous ; 
 +\\ <BOOKMARK:v287>[[3-287|287]]<tab> Dans le même salon là viennent se confondre 
 +\\ <BOOKMARK:v288>[[3-288|288]]<tab> La belle vaporeuse et le triste hypocondre : 
 +\\ <BOOKMARK:v289>[[3-289|289]]<tab> Lise y vient de son teint rafraîchir les couleurs ; 
 +\\ <BOOKMARK:v290>[[3-290|290]]<tab> Le guerrier de sa plaie adoucir les douleurs ; 
 +\\ <BOOKMARK:v291>[[3-291|291]]<tab> Le gourmand de sa table expier les délices : 
 +\\ <BOOKMARK:v292>[[3-292|292]]<tab> Au dieu de la santé tous font leurs sacrifices ;   
 +\\ <BOOKMARK:v293>[[3-293|293]]<tab> Tous, lassant de leurs maux valets, amis, voisins, 
 +\\ <BOOKMARK:v294>[[3-294|294]]<tab> Veulent être guéris, mais sur-tout être plaints. 
 +\\ <BOOKMARK:v295>[[3-295|295]]<tab> Le matin voit errer l’essaim mélancolique ; 
 +\\ <BOOKMARK:v296>[[3-296|296]]<tab> Le soir le jeu, le bal, les festins, la musique, 
 +\\ <BOOKMARK:v297>[[3-297|297]]<tab> Mêlent à mille maux mille plaisirs divers : 
 +\\ <BOOKMARK:v298>[[3-298|298]]<tab> On croit voir l’Élysée au milieu des Enfers. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v299>[[3-299|299]]<tab> Mais, laissant là la foule et ses bruyantes scènes, 
 +\\ <BOOKMARK:v300>[[3-300|300]]<tab> Reprenons notre course autour de vos domaines, 
 +\\ <BOOKMARK:v301>[[3-301|301]]<tab> Et du palais magique où se rendent les eaux 
 +\\ <BOOKMARK:v302>[[3-302|302]]<tab> Ensemble remontons aux lieux de leurs berceaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v303>[[3-303|303]]<tab> Vers ces monts, de vos champs dominateurs antiques. 
 +\\ <BOOKMARK:v304>[[3-304|304]]<tab> Quels sublimes aspects ! quels tableaux romantiques ! 
 +\\ <BOOKMARK:v305>[[3-305|305]]<tab> Sur ces vastes rochers, confusément épars, 
 +\\ <BOOKMARK:v306>[[3-306|306]]<tab> Je crois voir le génie appeler tous les arts : 
 +\\ <BOOKMARK:v307>[[3-307|307]]<tab> Le peintre y vient chercher, sous des teintes sans nombre, 
 +\\ <BOOKMARK:v308>[[3-308|308]]<tab> Les jets de la lumière et les masses de l’ombre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v309>[[3-309|309]]<tab> Le poëte y conçoit de plus sublimes chants ; 
 +\\ <BOOKMARK:v310>[[3-310|310]]<tab> Le sage y voit des mœurs les spectacles touchants : 
 +\\ <BOOKMARK:v311>[[3-311|311]]<tab> Des siècles autour d’eux ont passé comme une heure, 
 +\\ <BOOKMARK:v312>[[3-312|312]]<tab> Et l’aigle et l’homme libre en aiment la demeure ; 
 +\\ <BOOKMARK:v313>[[3-313|313]]<tab> Et vous, vous y venez, d’un œil observateur, 
 +\\ <BOOKMARK:v314>[[3-314|314]]<tab> Admirer dans ses plans l’éternel Créateur. 
 +\\ <BOOKMARK:v315>[[3-315|315]]<tab> Là le temps a tracé les annales du monde : 
 +\\ <BOOKMARK:v316>[[3-316|316]]<tab> Vous distinguez ces monts, lents ouvrages de l’onde ; 
 +\\ <BOOKMARK:v317>[[3-317|317]]<tab> Ceux que des feux soudains ont lancés dans les airs, 
 +\\ <BOOKMARK:v318>[[3-318|318]]<tab> Et les monts primitifs nés avec l’univers ; 
 +\\ <BOOKMARK:v319>[[3-319|319]]<tab> Leurs lits si variés, leur couche verticale, 
 +\\ <BOOKMARK:v320>[[3-320|320]]<tab> Leurs terrains inclinés, leur forme horizontale, 
 +\\ <BOOKMARK:v321>[[3-321|321]]<tab> Du hasard et du temps travail mystérieux : 
 +\\ <BOOKMARK:v322>[[3-322|322]]<tab> Tantôt vous parcourez d’un regard curieux 
 +\\ <BOOKMARK:v323>[[3-323|323]]<tab> De leurs rochers pendants l’informe amphithéâtre, 
 +\\ <BOOKMARK:v324>[[3-324|324]]<tab> L’ouvrage des volcans, le basalte noirâtre, 
 +\\ <BOOKMARK:v325>[[3-325|325]]<tab> Le granit par les eaux lentement façonné, 
 +\\ <BOOKMARK:v326>[[3-326|326]]<tab> Et les feuilles du schiste, et le marbre veiné ; 
 +\\ <BOOKMARK:v327>[[3-327|327]]<tab> Vous fouillez dans leur sein, vous percez leur structure ; 
 +\\ <BOOKMARK:v328>[[3-328|328]]<tab> Vous y voyez empreints Dieu, l’homme, et la nature : 
 +\\ <BOOKMARK:v329>[[3-329|329]]<tab> La nature, tantôt riante en tous ses traits, 
 +\\ <BOOKMARK:v330>[[3-330|330]]<tab> De verdure et de fleurs égayant ses attraits ; 
 +\\ <BOOKMARK:v331>[[3-331|331]]<tab> Tantôt mâle, âpre et forte, et dédaignant les graces, 
 +\\ <BOOKMARK:v332>[[3-332|332]]<tab> Fière, et du vieux chaos gardant encor les traces. 
 +\\ <BOOKMARK:v333>[[3-333|333]]<tab> Ici, modeste encore au sortir du berceau, 
 +\\ <BOOKMARK:v334>[[3-334|334]]<tab> Glisse en minces filets un timide ruisseau ; 
 +\\ <BOOKMARK:v335>[[3-335|335]]<tab> Là s’élance en grondant la cascade écumante ; 
 +\\ <BOOKMARK:v336>[[3-336|336]]<tab> Là le zéphir caresse ou l’aquilon tourmente ; 
 +\\ <BOOKMARK:v337>[[3-337|337]]<tab> Vous y voyez unis des volcans, des vergers, 
 +\\ <BOOKMARK:v338>[[3-338|338]]<tab> Et l’écho du tonnerre, et l’écho des bergers ; 
 +\\ <BOOKMARK:v339>[[3-339|339]]<tab> Ici de frais vallons, une terre féconde ; 
 +\\ <BOOKMARK:v340>[[3-340|340]]<tab> Là des rocs décharnés, vieux ossements du monde ; 
 +\\ <BOOKMARK:v341>[[3-341|341]]<tab> A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers. 
 +\\ <BOOKMARK:v342>[[3-342|342]]<tab> Salut, pompeux Jura[(1234567890 \\ \\ )], terrible Montanverts[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v343>[[3-343|343]]<tab> De neiges, de glaçons entassements énormes, 
 +\\ <BOOKMARK:v344>[[3-344|344]]<tab> Du temple des frimas colonnades informes, 
 +\\ <BOOKMARK:v345>[[3-345|345]]<tab> Prismes éblouissants, dont les pans azurés, 
 +\\ <BOOKMARK:v346>[[3-346|346]]<tab> Défiant le soleil dont ils sont colorés, 
 +\\ <BOOKMARK:v347>[[3-347|347]]<tab> Peignent de pourpre et d’or leur éclatante masse, 
 +\\ <BOOKMARK:v348>[[3-348|348]]<tab> Tandis que, triomphant sur son trône de glace, 
 +\\ <BOOKMARK:v349>[[3-349|349]]<tab> L’hiver s’enorgueillit de voir l’astre du jour  
 +\\ <BOOKMARK:v350>[[3-350|350]]<tab> Embellir son palais et décorer sa cour. 
 +\\ <BOOKMARK:v351>[[3-351|351]]<tab> Non, jamais, au milieu de ces grands phénomènes, 
 +\\ <BOOKMARK:v352>[[3-352|352]]<tab> De ces tableaux touchants, de ces terribles scènes, 
 +\\ <BOOKMARK:v353>[[3-353|353]]<tab> L’imagination ne laisse dans ces lieux 
 +\\ <BOOKMARK:v354>[[3-354|354]]<tab> Ou languir la pensée ou reposer les yeux. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v355>[[3-355|355]]<tab> Malheureux cependant les mortels téméraires 
 +\\ <BOOKMARK:v356>[[3-356|356]]<tab> Qui viennent visiter ces horreurs solitaires, 
 +\\ <BOOKMARK:v357>[[3-357|357]]<tab> Si par un bruit prudent de tous ces noirs frimas 
 +\\ <BOOKMARK:v358>[[3-358|358]]<tab> Leurs tubes enflammés n’interrogent l’amas ! 
 +\\ <BOOKMARK:v359>[[3-359|359]]<tab> Souvent un grand effet naît d’une foible cause ; 
 +\\ <BOOKMARK:v360>[[3-360|360]]<tab> Souvent sur ces hauteurs l’oiseau qui se repose 
 +\\ <BOOKMARK:v361>[[3-361|361]]<tab> Détache un grain de neige ; à ce léger fardeau 
 +\\ <BOOKMARK:v362>[[3-362|362]]<tab> Des grains dont il s’accroît se joint le poids nouveau ; 
 +\\ <BOOKMARK:v363>[[3-363|363]]<tab> La neige autour de lui rapidement s’amasse ; 
 +\\ <BOOKMARK:v364>[[3-364|364]]<tab> De moment en moment il augmente sa masse : 
 +\\ <BOOKMARK:v365>[[3-365|365]]<tab> L’air en tremble, et soudain, s’écroulant à la fois, 
 +\\ <BOOKMARK:v366>[[3-366|366]]<tab> Des hivers entassés l’épouvantable poids 
 +\\ <BOOKMARK:v367>[[3-367|367]]<tab> Bondit de roc en roc, roule de cime en cime, 
 +\\ <BOOKMARK:v368>[[3-368|368]]<tab> Et de sa chûte immense ébranle au loin l’abyme : 
 +\\ <BOOKMARK:v369>[[3-369|369]]<tab> Les hameaux sont détruits et les bois emportés ; 
 +\\ <BOOKMARK:v370>[[3-370|370]]<tab> On cherche en vain la place où furent les cités, 
 +\\ <BOOKMARK:v371>[[3-371|371]]<tab> Et sous le vent lointain de ces Alpes qui tombent, 
 +\\ <BOOKMARK:v372>[[3-372|372]]<tab> Avant d’être frappés les voyageurs succombent. 
 +\\ <BOOKMARK:v373>[[3-373|373]]<tab> Ainsi quand des excès suivis d’excès nouveaux 
 +\\ <BOOKMARK:v374>[[3-374|374]]<tab> D’un état par degrés ont préparé les maux, 
 +\\ <BOOKMARK:v375>[[3-375|375]]<tab> De malheur en malheur sa chûte se consomme : 
 +\\ <BOOKMARK:v376>[[3-376|376]]<tab> Tyr n’est plus, Thèbes meurt, et les yeux cherchent Rome ! 
 +\\ <BOOKMARK:v377>[[3-377|377]]<tab> O France, ô ma patrie ! ô séjour de douleurs[(1234567890 \\ \\ )] ! 
 +\\ <BOOKMARK:v378>[[3-378|378]]<tab> Mes yeux à ces pensers se sont mouillés de pleurs. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v379>[[3-379|379]]<tab> Vos pas sont-ils lassés de ces sites sauvages ? 
 +\\ <BOOKMARK:v380>[[3-380|380]]<tab> Eh bien ! redescendez dans ces frais paysages ; 
 +\\ <BOOKMARK:v381>[[3-381|381]]<tab> Là le long des vallons, au bord des clairs ruisseaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v382>[[3-382|382]]<tab> De fertiles vergers, d’aimables arbrisseaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v383>[[3-383|383]]<tab> Et des arbres pompeux, et des fleurs odorantes, 
 +\\ <BOOKMARK:v384>[[3-384|384]]<tab> Viennent vous étaler leurs races différentes. 
 +\\ <BOOKMARK:v385>[[3-385|385]]<tab> Quel nouvel intérêt ils donnent à vos champs ! 
 +\\ <BOOKMARK:v386>[[3-386|386]]<tab> Observez leurs couleurs, leurs formes, leurs penchants, 
 +\\ <BOOKMARK:v387>[[3-387|387]]<tab> Leurs amours, leurs hymens, la greffe et ses prodiges ; 
 +\\ <BOOKMARK:v388>[[3-388|388]]<tab> Comment, des sauvageons civilisant les tiges, 
 +\\ <BOOKMARK:v389>[[3-389|389]]<tab> L’art corrige leurs fruits, leur prête des rameaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v390>[[3-390|390]]<tab> Et peuple ces vergers de citoyens nouveaux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v391>[[3-391|391]]<tab> Comment, dans les canaux où sa course s’achève, 
 +\\ <BOOKMARK:v392>[[3-392|392]]<tab> Dans ses balancements monte et descend la sève[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v393>[[3-393|393]]<tab> Comment le suc enfin de la même liqueur 
 +\\ <BOOKMARK:v394>[[3-394|394]]<tab> Forme le bois, la feuille, et le fruit, et la fleur. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v395>[[3-395|395]]<tab> Et les humbles tribus, le peuple immense d’herbes 
 +\\ <BOOKMARK:v396>[[3-396|396]]<tab> Qu’effleure l’ignorant de ses regards superbes, 
 +\\ <BOOKMARK:v397>[[3-397|397]]<tab> N’ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ? 
 +\\ <BOOKMARK:v398>[[3-398|398]]<tab> Le même Dieu créa la mousse et l’univers. 
 +\\ <BOOKMARK:v399>[[3-399|399]]<tab> De leurs secrets pouvoirs connoissez les mystères[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v400>[[3-400|400]]<tab> Leurs utiles vertus, leurs poisons salutaires[(1234567890 \\ \\ )] : 
 +\\ <BOOKMARK:v401>[[3-401|401]]<tab> Par eux autour de vous rien n’est inhabité, 
 +\\ <BOOKMARK:v402>[[3-402|402]]<tab> Et même le désert n’est jamais sans beauté ; 
 +\\ <BOOKMARK:v403>[[3-403|403]]<tab> Souvent, pour visiter leurs riantes peuplades, 
 +\\ <BOOKMARK:v404>[[3-404|404]]<tab> Vous dirigez vers eux vos douces promenades, 
 +\\ <BOOKMARK:v405>[[3-405|405]]<tab> Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli, 
 +\\ <BOOKMARK:v406>[[3-406|406]]<tab> Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli[14]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v407>[[3-407|407]]<tab> Et voulez-vous encore embellir le voyage ? 
 +\\ <BOOKMARK:v408>[[3-408|408]]<tab> Qu’une troupe d’amis avec vous le partage ; 
 +\\ <BOOKMARK:v409>[[3-409|409]]<tab> La peine est plus légère et le plaisir plus doux : 
 +\\ <BOOKMARK:v410>[[3-410|410]]<tab> Le jour vient, et la troupe arrive au rendez-vous. 
 +\\ <BOOKMARK:v411>[[3-411|411]]<tab> Ce ne sont point ici de ces guerres barbares 
 +\\ <BOOKMARK:v412>[[3-412|412]]<tab> Où les accents du cor et le bruit des fanfares 
 +\\ <BOOKMARK:v413>[[3-413|413]]<tab> Épouvantent de loin les hôtes des forêts ; 
 +\\ <BOOKMARK:v414>[[3-414|414]]<tab> Paissez, jeunes chevreuils, sous vos ombrages frais ; 
 +\\ <BOOKMARK:v415>[[3-415|415]]<tab> Oiseaux, ne craignez rien : ces chasses innocentes 
 +\\ <BOOKMARK:v416>[[3-416|416]]<tab> Ont pour objets les fleurs, les arbres, et les plantes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v417>[[3-417|417]]<tab> Et des prés et des bois, et des champs et des monts, 
 +\\ <BOOKMARK:v418>[[3-418|418]]<tab> Le porte-feuille avide attend déjà les dons. 
 +\\ <BOOKMARK:v419>[[3-419|419]]<tab> On part : l’air du matin, la fraîcheur de l’aurore 
 +\\ <BOOKMARK:v420>[[3-420|420]]<tab> Appellent à l’envi les disciples de Flore. 
 +\\ <BOOKMARK:v421>[[3-421|421]]<tab> Jussieu marche à leur tête ; il parcourt avec eux 
 +\\ <BOOKMARK:v422>[[3-422|422]]<tab> Du règne végétal les nourrissons nombreux : 
 +\\ <BOOKMARK:v423>[[3-423|423]]<tab> Pour tenter son savoir quelquefois leur malice 
 +\\ <BOOKMARK:v424>[[3-424|424]]<tab> De plusieurs végétaux compose un tout factice ; 
 +\\ <BOOKMARK:v425>[[3-425|425]]<tab> Le sage l’apperçoit, sourit avec bonté, 
 +\\ <BOOKMARK:v426>[[3-426|426]]<tab> Et rend à chaque plant son débris emprunté[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v427>[[3-427|427]]<tab> Chacun dans sa recherche à l’envi se signale ; 
 +\\ <BOOKMARK:v428>[[3-428|428]]<tab> Étamine, pistil, et corolle, et pétale, 
 +\\ <BOOKMARK:v429>[[3-429|429]]<tab> On interroge tout. Parmi ces végétaux 
 +\\ <BOOKMARK:v430>[[3-430|430]]<tab> Les uns vous sont connus, d’autres vous sont nouveaux : 
 +\\ <BOOKMARK:v431>[[3-431|431]]<tab> Vous voyez les premiers avec reconnoissance, 
 +\\ <BOOKMARK:v432>[[3-432|432]]<tab> Vous voyez les seconds des yeux de l’espérance ; 
 +\\ <BOOKMARK:v433>[[3-433|433]]<tab> L’un est un vieil ami qu’on aime à retrouver, 
 +\\ <BOOKMARK:v434>[[3-434|434]]<tab> L’autre est un inconnu que l’on doit éprouver. 
 +\\ <BOOKMARK:v435>[[3-435|435]]<tab> Et quel plaisir encor lorsque des objets rares, 
 +\\ <BOOKMARK:v436>[[3-436|436]]<tab> Dont le sol, le climat, et le ciel sont avares, 
 +\\ <BOOKMARK:v437>[[3-437|437]]<tab> Rendus par votre attente encor plus précieux, 
 +\\ <BOOKMARK:v438>[[3-438|438]]<tab> Par un heureux hasard se montrent à vos yeux ! 
 +\\ <BOOKMARK:v439>[[3-439|439]]<tab> Voyez quand la pervenche, en nos champs ignorée, 
 +\\ <BOOKMARK:v440>[[3-440|440]]<tab> Offre à Rousseau sa fleur si long-temps désirée ; 
 +\\ <BOOKMARK:v441>[[3-441|441]]<tab> La pervenche, grand Dieu ! la pervenche ! Soudain 
 +\\ <BOOKMARK:v442>[[3-442|442]]<tab> Il la couve des yeux, il y porte la main, 
 +\\ <BOOKMARK:v443>[[3-443|443]]<tab> Saisit sa douce proie : avec moins de tendresse 
 +\\ <BOOKMARK:v444>[[3-444|444]]<tab> L’amant voit, reconnoît, adore sa maîtresse. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v445>[[3-445|445]]<tab> Mais le besoin commande : un champêtre repas, 
 +\\ <BOOKMARK:v446>[[3-446|446]]<tab> Pour ranimer leur force, a suspendu leurs pas ; 
 +\\ <BOOKMARK:v447>[[3-447|447]]<tab> C’est au bord des ruisseaux, des sources, des cascades : 
 +\\ <BOOKMARK:v448>[[3-448|448]]<tab> Bacchus se rafraîchit dans les eaux des Naïades   
 +\\ <BOOKMARK:v449>[[3-449|449]]<tab> Des arbres pour lambris, pour tableaux l’horizon, 
 +\\ <BOOKMARK:v450>[[3-450|450]]<tab> Les oiseaux pour concert, pour table le gazon ; 
 +\\ <BOOKMARK:v451>[[3-451|451]]<tab> Le laitage, les œufs, l’abricot, la cerise, 
 +\\ <BOOKMARK:v452>[[3-452|452]]<tab> Et la fraise des bois, que leurs mains ont conquise[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v453>[[3-453|453]]<tab> Voilà leurs simples mets : grace à leurs doux travaux 
 +\\ <BOOKMARK:v454>[[3-454|454]]<tab> Leur appétit insulte à tout l’art des Méots[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v455>[[3-455|455]]<tab> On fête, on chante Flore et l’antique Cybèle, 
 +\\ <BOOKMARK:v456>[[3-456|456]]<tab> Éternellement jeune, éternellement belle : 
 +\\ <BOOKMARK:v457>[[3-457|457]]<tab> Leurs discours ne sont pas tous ces riens si vantés, 
 +\\ <BOOKMARK:v458>[[3-458|458]]<tab> Par la mode introduits, par la mode emportés ; 
 +\\ <BOOKMARK:v459>[[3-459|459]]<tab> Mais la grandeur d’un Dieu, mais sa bonté féconde, 
 +\\ <BOOKMARK:v460>[[3-460|460]]<tab> La nature immortelle, et les secrets du monde. 
 +\\ <BOOKMARK:v461>[[3-461|461]]<tab> La troupe enfin se lève ; on vole de nouveau 
 +\\ <BOOKMARK:v462>[[3-462|462]]<tab> Des bois à la prairie, et des champs au coteau ; 
 +\\ <BOOKMARK:v463>[[3-463|463]]<tab> Et le soir dans l’herbier, dont les feuilles sont prêtes, 
 +\\ <BOOKMARK:v464>[[3-464|464]]<tab> Chacun vient en triomphe apporter ses conquêtes[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v465>[[3-465|465]]<tab> Aux plantes toutefois le destin n’a donné 
 +\\ <BOOKMARK:v466>[[3-466|466]]<tab> Qu’une vie imparfaite et qu’un instinct borné. 
 +\\ <BOOKMARK:v467>[[3-467|467]]<tab> Moins étrangers à l’homme, et plus près de son être, 
 +\\ <BOOKMARK:v468>[[3-468|468]]<tab> Les animaux divers sont plus doux à connoître : 
 +\\ <BOOKMARK:v469>[[3-469|469]]<tab> Les uns sont ses sujets, d’autres ses ennemis ; 
 +\\ <BOOKMARK:v470>[[3-470|470]]<tab> Ceux-ci ses compagnons, et ceux-là ses amis. 
 +\\ <BOOKMARK:v471>[[3-471|471]]<tab> Suivez, étudiez ces familles sans nombre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v472>[[3-472|472]]<tab> Ceux que cachent les bois, qu’abrite un antre sombre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v473>[[3-473|473]]<tab> Ceux dont l’essaim léger perche sur des rameaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v474>[[3-474|474]]<tab> Les hôtes de vos cours, les hôtes des hameaux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v475>[[3-475|475]]<tab> Ceux qui peuplent les monts, qui vivent sous la terre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v476>[[3-476|476]]<tab> Ceux que vous combattez, qui vous livrent la guerre ; 
 +\\ <BOOKMARK:v477>[[3-477|477]]<tab> Étudiez leurs mœurs, leurs ruses, leurs combats, 
 +\\ <BOOKMARK:v478>[[3-478|478]]<tab> Et sur-tout les degrés si fins, si délicats, 
 +\\ <BOOKMARK:v479>[[3-479|479]]<tab> Par qui l’instinct changeant de l’échelle vivante 
 +\\ <BOOKMARK:v480>[[3-480|480]]<tab> Ou s’élève vers l’homme, ou descend vers la plante. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v481>[[3-481|481]]<tab> C’est peu ; pour vous donner un intérêt nouveau, 
 +\\ <BOOKMARK:v482>[[3-482|482]]<tab> De ces vastes objets rassemblez le tableau : 
 +\\ <BOOKMARK:v483>[[3-483|483]]<tab> Que d’un lieu préparé l’étroite enceinte assemble 
 +\\ <BOOKMARK:v484>[[3-484|484]]<tab> Les trois règnes rivaux, étonnés d’être ensemble ; 
 +\\ <BOOKMARK:v485>[[3-485|485]]<tab> Que chacun ait ici ses tiroirs, ses cartons ; 
 +\\ <BOOKMARK:v486>[[3-486|486]]<tab> Que, divisé par classe, et rangés par cantons, 
 +\\ <BOOKMARK:v487>[[3-487|487]]<tab> Ils offrent de plaisir une source féconde, 
 +\\ <BOOKMARK:v488>[[3-488|488]]<tab> L’extrait de la nature et l’abrégé du monde. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v489>[[3-489|489]]<tab> Mais plutôt réprimez de trop vastes projets ; 
 +\\ <BOOKMARK:v490>[[3-490|490]]<tab> Contentez-vous d’abord d’étaler les objets 
 +\\ <BOOKMARK:v491>[[3-491|491]]<tab> Dont le ciel a pour vous peuplé votre domaine, 
 +\\ <BOOKMARK:v492>[[3-492|492]]<tab> Sur qui votre regard chaque jour se promène : 
 +\\ <BOOKMARK:v493>[[3-493|493]]<tab> Nés dans vos propres champs ils vous en plairont mieux. 
 +\\ <BOOKMARK:v494>[[3-494|494]]<tab> Entre les minéraux présentez à nos yeux 
 +\\ <BOOKMARK:v495>[[3-495|495]]<tab> Les terres et les sels, le soufre, le bitume ; 
 +\\ <BOOKMARK:v496>[[3-496|496]]<tab> La pyrite, cachant le feu qui la consume ; 
 +\\ <BOOKMARK:v497>[[3-497|497]]<tab> Les métaux colorés et les brillants crystaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v498>[[3-498|498]]<tab> Nobles fils du rocher, aussi purs que ses eaux ; 
 +\\ <BOOKMARK:v499>[[3-499|499]]<tab> L’argile à qui le feu donna l’éclat du verre[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v500>[[3-500|500]]<tab> Et les bois que les eaux ont transformés en pierre[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v501>[[3-501|501]]<tab> Soit qu’un limon durci les recouvre au dehors, 
 +\\ <BOOKMARK:v502>[[3-502|502]]<tab> Soit que des sucs pierreux aient pénétré leurs corps ; 
 +\\ <BOOKMARK:v503>[[3-503|503]]<tab> Enfin tous ces objets, combinaison féconde 
 +\\ <BOOKMARK:v504>[[3-504|504]]<tab> De la flamme, de l’air, de la terre, et de l’onde. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v505>[[3-505|505]]<tab> D’un œil plus curieux et plus avide encor 
 +\\ <BOOKMARK:v506>[[3-506|506]]<tab> Du règne végétal je cherche le trésor. 
 +\\ <BOOKMARK:v507>[[3-507|507]]<tab> Là sont en cent tableaux, avec art mariées, 
 +\\ <BOOKMARK:v508>[[3-508|508]]<tab> Du varec, fils des mers, les teintes variées ; 
 +\\ <BOOKMARK:v509>[[3-509|509]]<tab> Le lichen parasite, aux chênes attaché[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v510>[[3-510|510]]<tab> Le puissant agaric, qui du sang épanché[(1234567890 \\ \\ )] 
 +\\ <BOOKMARK:v511>[[3-511|511]]<tab> Arrête les ruisseaux, et dont le sein fidèle 
 +\\ <BOOKMARK:v512>[[3-512|512]]<tab> Du caillou pétillant recueille l’étincelle ; 
 +\\ <BOOKMARK:v513>[[3-513|513]]<tab> Le nénuphar, ami de l’humide séjour[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v514>[[3-514|514]]<tab> Destructeur des plaisirs et poison de l’amour, 
 +\\ <BOOKMARK:v515>[[3-515|515]]<tab> Et ces rameaux vivants, ces plantes populeuses[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v516>[[3-516|516]]<tab> De deux règnes rivaux races miraculeuses. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v517>[[3-517|517]]<tab> Dans le monde vivant même variété : 
 +\\ <BOOKMARK:v518>[[3-518|518]]<tab> Le contraste sur-tout en fera la beauté. 
 +\\ <BOOKMARK:v519>[[3-519|519]]<tab> Un même lieu voit l’aigle et la mouche légère, 
 +\\ <BOOKMARK:v520>[[3-520|520]]<tab> Les oiseaux du climat, la caille passagère,  
 +\\ <BOOKMARK:v521>[[3-521|521]]<tab> L’ours à la masse informe, et le léger chevreuil,  
 +\\ <BOOKMARK:v522>[[3-522|522]]<tab> Et la lente tortue, et le vif écureuil ; 
 +\\ <BOOKMARK:v523>[[3-523|523]]<tab> L’animal recouvert de son épaisse croûte[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v524>[[3-524|524]]<tab> Celui dont la coquille est arrondie en voûte[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v525>[[3-525|525]]<tab> L’écaille du serpent, et celle du poisson, 
 +\\ <BOOKMARK:v526>[[3-526|526]]<tab> Le poil uni du rat, les dards du hérisson ; 
 +\\ <BOOKMARK:v527>[[3-527|527]]<tab> Le nautile, sur l’eau dirigeant sa gondole[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v528>[[3-528|528]]<tab> La grue, au haut des airs naviguant sans boussole ; 
 +\\ <BOOKMARK:v529>[[3-529|529]]<tab> Le perroquet, le singe, imitateurs adroits, 
 +\\ <BOOKMARK:v530>[[3-530|530]]<tab> L’un des gestes de l’homme, et l’autre de sa voix ; 
 +\\ <BOOKMARK:v531>[[3-531|531]]<tab> Les peuples casaniers, les races vagabondes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v532>[[3-532|532]]<tab> L’équivoque habitant de la terre et des ondes[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v533>[[3-533|533]]<tab> Et les oiseaux rameurs[(1234567890 \\ \\ )], et les poissons ailés[(1234567890 \\ \\ )].  
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v534>[[3-534|534]]<tab> Vous-mêmes dans ces lieux vous serez appelés, 
 +\\ <BOOKMARK:v535>[[3-535|535]]<tab> Vous, le dernier degré de cette grande échelle, 
 +\\ <BOOKMARK:v536>[[3-536|536]]<tab> Vous, insectes sans nombre, ou volants ou sans aile, 
 +\\ <BOOKMARK:v537>[[3-537|537]]<tab> Qui rampez dans les champs, sucez les arbrisseaux, 
 +\\ <BOOKMARK:v538>[[3-538|538]]<tab> Tourbillonnez dans l’air, ou jouez sur les eaux. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v539>[[3-539|539]]<tab> Là je place le ver, la nymphe, la chenille ; 
 +\\ <BOOKMARK:v540>[[3-540|540]]<tab> Son fils, beau parvenu, honteux de sa famille ; 
 +\\ <BOOKMARK:v541>[[3-541|541]]<tab> L’insecte de tout rang et de toutes couleurs, 
 +\\ <BOOKMARK:v542>[[3-542|542]]<tab> L’habitant de la fange et les hôtes des fleurs, 
 +\\ <BOOKMARK:v543>[[3-543|543]]<tab> Et ceux qui, se creusant un plus secret asile, 
 +\\ <BOOKMARK:v544>[[3-544|544]]<tab> Des tumeurs d’une feuille ont fait leur domicile[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v545>[[3-545|545]]<tab> Le ver rongeur des fruits, et le ver assassin, 
 +\\ <BOOKMARK:v546>[[3-546|546]]<tab> En rubans animés vivant dans notre sein[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v547>[[3-547|547]]<tab> J’y veux voir de nos murs la tapissière agile, 
 +\\ <BOOKMARK:v548>[[3-548|548]]<tab> La mouche qui bâtit[(1234567890 \\ \\ )], et la mouche qui file[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v549>[[3-549|549]]<tab> Ceux qui d’un fil doré composent leur tombeau[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v550>[[3-550|550]]<tab> Ceux dont l’amour dans l’ombre allume le flambeau[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v551>[[3-551|551]]<tab> L’insecte dont un an borne la destinée[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v552>[[3-552|552]]<tab> Celui qui naît, jouit, et meurt dans la journée, 
 +\\ <BOOKMARK:v553>[[3-553|553]]<tab> Et dont la vie au moins n’a pas d’instants perdus. 
 +\\ <BOOKMARK:v554>[[3-554|554]]<tab> Vous tous, dans l’univers en foule répandus, 
 +\\ <BOOKMARK:v555>[[3-555|555]]<tab> Dont les races, sans fin, sans fin se renouvellent, 
 +\\ <BOOKMARK:v556>[[3-556|556]]<tab> Insectes, paroissez, vos cartons vous appellent ; 
 +\\ <BOOKMARK:v557>[[3-557|557]]<tab> Venez avec l’éclat de vos riches habits, 
 +\\ <BOOKMARK:v558>[[3-558|558]]<tab> Vos aigrettes, vos fleurs, vos perles, vos rubis, 
 +\\ <BOOKMARK:v559>[[3-559|559]]<tab> Et ces fourreaux brillants, et ces étuis fidèles, 
 +\\ <BOOKMARK:v560>[[3-560|560]]<tab> Dont l’écaille défend la gaze de vos ailes[(1234567890 \\ \\ )] ; 
 +\\ <BOOKMARK:v561>[[3-561|561]]<tab> Ces prismes, ces miroirs, savamment travaillés, 
 +\\ <BOOKMARK:v562>[[3-562|562]]<tab> Ces yeux qu’avec tant d’art la nature a taillés[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v563>[[3-563|563]]<tab> Les uns semés sur vous en brillants microscopes, 
 +\\ <BOOKMARK:v564>[[3-564|564]]<tab> D’autres se déployant en de longs télescopes ; 
 +\\ <BOOKMARK:v565>[[3-565|565]]<tab> Montrez-moi ces fuseaux, ces tarrières, ces dards, 
 +\\ <BOOKMARK:v566>[[3-566|566]]<tab> Armes de vos combats, instruments de vos arts[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v567>[[3-567|567]]<tab> Et les filets prudents de ces longues antennes 
 +\\ <BOOKMARK:v568>[[3-568|568]]<tab> Qui sondent devant vous les routes incertaines. 
 +\\ <BOOKMARK:v569>[[3-569|569]]<tab> Que j’observe de près ces clairons, ces tambours[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v570>[[3-570|570]]<tab> Signal de vos fureurs, signal de vos amours, 
 +\\ <BOOKMARK:v571>[[3-571|571]]<tab> Qui guidoient vos héros dans les champs de la gloire, 
 +\\ <BOOKMARK:v572>[[3-572|572]]<tab> Et sonnoient le danger, la charge, et la victoire ; 
 +\\ <BOOKMARK:v573>[[3-573|573]]<tab> Enfin tous ces ressorts, organes merveilleux[(1234567890 \\ \\ )], 
 +\\ <BOOKMARK:v574>[[3-574|574]]<tab> Qui confondent des arts le savoir orgueilleux, 
 +\\ <BOOKMARK:v575>[[3-575|575]]<tab> Chefs-d’œuvre d’une main en merveilles féconde, 
 +\\ <BOOKMARK:v576>[[3-576|576]]<tab> Dont un seul prouve un Dieu, dont un seul vaut un monde. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v577>[[3-577|577]]<tab> Tel est le triple empire à vos ordres soumis ; 
 +\\ <BOOKMARK:v578>[[3-578|578]]<tab> De nouveaux citoyens sans cesse y sont admis. 
 +\\ <BOOKMARK:v579>[[3-579|579]]<tab> Cette ardeur d’acquérir, que chaque jour augmente, 
 +\\ <BOOKMARK:v580>[[3-580|580]]<tab> Vous embellira tout : une pierre, une plante, 
 +\\ <BOOKMARK:v581>[[3-581|581]]<tab> Un insecte qui vole, une fleur qui sourit, 
 +\\ <BOOKMARK:v582>[[3-582|582]]<tab> Tout vous plaît, tout vous charme, et déjà votre esprit 
 +\\ <BOOKMARK:v583>[[3-583|583]]<tab> Voit le rang, le gradin, la tablette fidèle, 
 +\\ <BOOKMARK:v584>[[3-584|584]]<tab> Tout prêts à recevoir leur richesse nouvelle ; 
 +\\ <BOOKMARK:v585>[[3-585|585]]<tab> Et peut-être en secret déjà vous flattez-vous 
 +\\ <BOOKMARK:v586>[[3-586|586]]<tab> Du dépit d’un rival et d’un voisin jaloux. 
 +\\ <BOOKMARK:v587>[[3-587|587]]<tab> Là les yeux sont charmés, la pensée est active, 
 +\\ <BOOKMARK:v588>[[3-588|588]]<tab> L’imagination n’y reste point oisive ; 
 +\\ <BOOKMARK:v589>[[3-589|589]]<tab> Et quand par les frimas vous êtes retenus, 
 +\\ <BOOKMARK:v590>[[3-590|590]]<tab> Elle part, elle vole aux lieux, aux champs connus ; 
 +\\ <BOOKMARK:v591>[[3-591|591]]<tab> Elle revoit le bois, le coteau, la prairie, 
 +\\ <BOOKMARK:v592>[[3-592|592]]<tab> Où, s’offrant tout-à-coup à votre rêverie, 
 +\\ <BOOKMARK:v593>[[3-593|593]]<tab> Une fleur, un arbuste, un caillou précieux 
 +\\ <BOOKMARK:v594>[[3-594|594]]<tab> Vint suspendre vos pas, et vint frapper vos yeux. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v595>[[3-595|595]]<tab> Et lorsque vous quittez enfin votre retraite, 
 +\\ <BOOKMARK:v596>[[3-596|596]]<tab> Combien des souvenirs l’illusion secrète 
 +\\ <BOOKMARK:v597>[[3-597|597]]<tab> Des campagnes pour vous embellit le tableau ! 
 +\\ <BOOKMARK:v598>[[3-598|598]]<tab> Là votre œil découvrit un insecte nouveau ; 
 +\\ <BOOKMARK:v599>[[3-599|599]]<tab> Ici la mer, couvrant ou quittant son rivage, 
 +\\ <BOOKMARK:v600>[[3-600|600]]<tab> Vous fit don d’un fucus, ou d’un beau coquillage : 
 +\\ <BOOKMARK:v601>[[3-601|601]]<tab> Là sortit de la mine un riche échantillon ; 
 +\\ <BOOKMARK:v602>[[3-602|602]]<tab> Ici, nouveau pour vous, un brillant papillon 
 +\\ <BOOKMARK:v603>[[3-603|603]]<tab> Fut surpris sur ces fleurs, et votre main avide 
 +\\ <BOOKMARK:v604>[[3-604|604]]<tab> De son règne incomplet courut remplir le vide. 
 +\\ <BOOKMARK:v605>[[3-605|605]]<tab> Vous marchez ; vos trésors, vos plaisirs sont par-tout. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v606>[[3-606|606]]<tab> Cependant arrangez ces trésors avec goût ; 
 +\\ <BOOKMARK:v607>[[3-607|607]]<tab> Que dans tous vos cartons un ordre heureux réside ; 
 +\\ <BOOKMARK:v608>[[3-608|608]]<tab> Qu’à vos compartiments avec grace préside 
 +\\ <BOOKMARK:v609>[[3-609|609]]<tab> La propreté, l’aimable et simple propreté, 
 +\\ <BOOKMARK:v610>[[3-610|610]]<tab> Qui donne un air d’éclat même à la pauvreté. 
 +\\ <BOOKMARK:v611>[[3-611|611]]<tab> Sur-tout des animaux consultez l’habitude ; 
 +\\ <BOOKMARK:v612>[[3-612|612]]<tab> Conservez à chacun son air, son attitude, 
 +\\ <BOOKMARK:v613>[[3-613|613]]<tab> Son maintien, son regard : que l’oiseau semble encor, 
 +\\ <BOOKMARK:v614>[[3-614|614]]<tab> Perché sur son rameau, méditer son essor ; 
 +\\ <BOOKMARK:v615>[[3-615|615]]<tab> Avec son air frippon montrez-nous la belette 
 +\\ <BOOKMARK:v616>[[3-616|616]]<tab> A la mine alongée, à la taille fluette ; 
 +\\ <BOOKMARK:v617>[[3-617|617]]<tab> Et, sournois dans son air, rusé dans son regard, 
 +\\ <BOOKMARK:v618>[[3-618|618]]<tab> Qu’un projet d’embuscade occupe le renard ; 
 +\\ <BOOKMARK:v619>[[3-619|619]]<tab> Que la nature enfin soit par-tout embellie, 
 +\\ <BOOKMARK:v620>[[3-620|620]]<tab> Et même après la mort y ressemble à la vie[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\  
 +\\ <BOOKMARK:v621>[[3-621|621]]<tab> Laissez aux cabinets des villes et des rois 
 +\\ <BOOKMARK:v622>[[3-622|622]]<tab> Ces corps où la nature a violé ses lois, 
 +\\ <BOOKMARK:v623>[[3-623|623]]<tab> Ces fœtus monstrueux, ces corps à double tête, 
 +\\ <BOOKMARK:v624>[[3-624|624]]<tab> La momie à la mort disputant sa conquête, 
 +\\ <BOOKMARK:v625>[[3-625|625]]<tab> Et ces os de géant, et l’avorton hideux 
 +\\ <BOOKMARK:v626>[[3-626|626]]<tab> Que l’être et le néant réclamèrent tous deux[(1234567890 \\ \\ )]. 
 +\\ <BOOKMARK:v627>[[3-627|627]]<tab> Mais si quelque oiseau cher, un chien, ami fidèle, 
 +\\ <BOOKMARK:v628>[[3-628|628]]<tab> A distrait vos chagrins, vous a marqué son zèle, 
 +\\ <BOOKMARK:v629>[[3-629|629]]<tab> Au lieu de lui donner les honneurs du cercueil 
 +\\ <BOOKMARK:v630>[[3-630|630]]<tab> Qui dégradent la tombe et profanent le deuil, 
 +\\ <BOOKMARK:v631>[[3-631|631]]<tab> Faites-en dans ces lieux la simple apothéose, 
 +\\ <BOOKMARK:v632>[[3-632|632]]<tab> Que dans votre Élysée avec grace il repose ; 
 +\\ <BOOKMARK:v633>[[3-633|633]]<tab> C’est là qu’on peut le voir : c’est là que tu vivrois, 
 +\\ <BOOKMARK:v634>[[3-634|634]]<tab> O toi, dont La Fontaine eût vanté les attraits, 
 +\\ <BOOKMARK:v635>[[3-635|635]]<tab> O ma chère Raton ! qui, rare en ton espèce, 
 +\\ <BOOKMARK:v636>[[3-636|636]]<tab> Eus la grace du chat et du chien la tendresse ; 
 +\\ <BOOKMARK:v637>[[3-637|637]]<tab> Qui, fière avec douceur et fine avec bonté, 
 +\\ <BOOKMARK:v638>[[3-638|638]]<tab> Ignoras l’égoïsme à ta race imputé : 
 +\\ <BOOKMARK:v639>[[3-639|639]]<tab> Là je voudrois te voir telle que je t’ai vue, 
 +\\ <BOOKMARK:v640>[[3-640|640]]<tab> De ta molle fourrure élégamment vêtue, 
 +\\ <BOOKMARK:v641>[[3-641|641]]<tab> Affectant l’air distrait, jouant l’air endormi, 
 +\\ <BOOKMARK:v642>[[3-642|642]]<tab> Épier une mouche, ou le rat ennemi, 
 +\\ <BOOKMARK:v643>[[3-643|643]]<tab> Si funeste aux auteurs, dont la dent téméraire 
 +\\ <BOOKMARK:v644>[[3-644|644]]<tab> Ronge indifféremment Dubartas[(1234567890 \\ \\ )] ou Voltaire ; 
 +\\ <BOOKMARK:v645>[[3-645|645]]<tab> Ou telle que tu viens, minaudant avec art, 
 +\\ <BOOKMARK:v646>[[3-646|646]]<tab> De mon sobre dîner solliciter ta part ; 
 +\\ <BOOKMARK:v647>[[3-647|647]]<tab> Ou bien, le dos en voûte et la queue ondoyante, 
 +\\ <BOOKMARK:v648>[[3-648|648]]<tab> Offrir ta douce hermine à ma main caressante, 
 +\\ <BOOKMARK:v649>[[3-649|649]]<tab> Ou déranger gaîment par mille bonds divers 
 +\\ <BOOKMARK:v650>[[3-650|650]]<tab> Et la plume et la main qui t’adressa ces vers.